Bonjour à tous,
Quelques nouvelles de l’EROS
Tout d’abord, celui mis sur le site au début de la discussion photographié dans le bassin du Havre vers 1903 devait être l’EROS 1 et non celui qui s’est échoué dans le Kattegat.
Celui qui s’est échoué était l’EROS 3, d’Henri de Rothschild, et l’accident s’est produit pendant l’été 1922.
Voici comment il est rapporté dans l’Illustration de l’époque
« L’été dernier le Dr Henri de Rothschild, accompagné d’un de ses fils, fit une longue et belle croisière sur son yacht l’EROS. Il allait de Stockholm à Copenhague et venait de s’engager dans le Kalmar Sund, grand canal très dangereux qui s’étend sur une largeur de 28 km entre la côte suédoise et l’ile d’Oaland.
Le Kalmar Sund n’est pas entièrement navigable car rochers et hauts fonds le rendent peu accessible ; aussi est-il balisé sur toute sa longueur avec des balises rouges et noires qui laissent une largeur de 5 km.
C’était vers 16h00 ; un soleil éclatant descendait, splendide. L’EROS marchait à toute vapeur, 11 nds, lorsqu’un craquement formidable accompagné d’un bruit prolongé se fit entendre. Tout chancela sur le bateau qui venait de toucher un dangereux récif, le Masnagen, situé en plein milieu du Sund.
Sur le pont, ce fut un moment d’émotion que l’on comprend.
Le capitaine comprit vite la raison de cet échouage : il avait confondu les deux balises repérant le récif avec celles du chenal. Au lieu de les contourner, il était passé entre elles et avait talonné sur le rocher. Il restait échoué.
On demanda du secours par TSF et l’on mit les canots à la mer pour parer à toute éventualité. Voici la mise à l’eau des canots.
Au bout d’une heure, qui parut infiniment longue, un bateau arriva de Kalmar. Mais ce n’est que le lendemain matin à 08h00 qu’un remorqueur de sauvetage de 800 tonnes, le NEPTUNE, toujours sous pression dans un port de la côte, arriva sur les lieux de l'accident. Ce bateau, pourvu de pompes, de scaphandriers et de tout le matériel de sauvetage vint accoster l’EROS.
Le Dr Rothschild signa l’engagement de payer les frais de sauvetage.
Voici le NEPTUNE le long de l’EROS
Des scaphandriers inspectèrent la coque qui n’avait pas de déchirures. On décida d'alléger le bateau en déchargeant seau par seau 70 tonnes de charbon et 20 tonnes d’eau.
Voici le débarquement du charbon dans des seaux
Ayant diminué le tirant d’eau de 20 cm, on put faire glisser lentement le yacht grâce à un câble d’acier. On le fit avancer de 33 m à raison de 22 cm à chaque traction, en vérifiant à chaque fois l’état de la coque. Le renflouage, mené avec précaution car il fallait remuer avec délicatesse cette masse de 800 tonnes, prit 46 heures.
L’EROS s’en tira sans voie d’eau, ni avarie et fut remorqué par le NEPTUNE jusqu’à Kalmar. Le commandant comptait remettre du charbon dans les soutes et de l’eau dans les caisses pour repartir.
Mais une surprise attendait le Dr Henri de Rothschild : la note présentée par le commandant du NEPTUNE s’élevait à 250 000 f. Il déclara alors que ces frais seraient versés par la compagnie d’assurance, le Lloyd. Mais on était Vendredi ; inconvénient de la semaine anglaise, il fallait attendre la réponse de l’assurance jusqu’au Mardi. Le bateau fut donc mis sous séquestre.
Finalement, le Dr de Rothschild versa 3000 livres de garantie pour lever le séquestre.
Le 16 Septembre, l’affaire fut jugée à l’amiable et la compagnie du NEPTUNE transigea pour 2000 f au lieu de 250 000 f !!
Voici le Dr Henri de Rothschild (à gauche) et son commandant lui expliquant la cause de l’échouage. L’histoire ne dit pas ce qu’il advint de lui par la suite…:)
Cdlt
Olivier