Bonjour,
Une photographie trouvée dans une plaquette éditée au Mans en 1910 à l'occasion de l'inauguration d'un monument commémoratif de la guerre de 1870 met en lumière l'importance dans certaines régions des "Sociétés de gymnastique" qui préparent les jeunes gens physiquement, moralement et parfois même en les initiant à la pratique du tir, à leur futur rôle de "soldats de la revanche".
Le département de la Sarthe a été le théatre de nombreux combats en 1870-71 culminant dans la bataille du Mans des 10, 11 et 12 janvier 1871 qui fut très meurtrière et dura trois jours.Il est intéressant d'analyser les circonstances des commémorations de deux grands épisodes de la bataille du Mans à 36 ans d'intervalle:
-le 14 avril 1874, le Monument d'Auvours est inauguré en présence de plus de 15000 personnes, de tous les corps constitués, du général commandant le 4ème Corps d'Armée, de nombreux officiers généraux, d'un important déploiement de troupes d'infanterie, d'artillerie, de cavalerie, de gendarmes et des évèques de Saint-Brieuc et du Mans.Cette imposante inauguration met particulièrement en valeur le rôle des "Volontaires de l'Ouest" (anciens Zouaves Pontificaux) qui eurent un rôle majeur dans l'offensive foudroyante qui permit la reprise du Plateau d'Auvours, clé de la défense du Mans.Le rôle des autres troupes, notamment celui des Mobiles des Côtes du Nord et des autres troupes présentes, est toutefois un peu occulté par l'exaltation du sacrifice des Zouaves Pontificaux, provoquant le mécontentement des anciens "Mobiles".
-le 23 octobre 1910, le monument du Tertre de Changé, autre haut-lieu de la bataille du Mans, est inauguré à l'initiative du "Souvenir Français", des anciens combattants de 1870 et des autorités locales.La cérémonie glorifie justement le rôle du 33ème Régiment des Mobiles de la Sarthe qui fut félicité par le général Chanzy pour sa résistance héroïque pendant deux jours face aux Brandebourgeois et autres Prussiens.
Le contraste est néanmoins saisissant en comparaison de l'inauguration du Monument d'Auvours: absence des autorités départementales, absence de troupes, seuls sont présents le chef d'état-major du général, commandant le 4ème Corps d'Armée avec quelques officiers envoyés en délégation par les nombreux régiments du Mans, un chanoine de la Cathédrale, aumonier désigné du 4ème Corps et la maigre cohorte des survivants du 33ème Mobiles.Quelques centaines d'habitants sont là mais un groupe de 300 jeunes gens appartenant aux Sociétés de Gymnastique "L'Alerte", "la Jeanne d'Arc", "la Liberté" et "l'Avenir" est heureusement là pour animer cette cérémonie, revêtus de tenues uniformes et de leur musique.
Ce sont ces jeunes gens et leur musique qui rendent les Honneurs au Drapeau du 33ème Mobiles porté par un ancien sous-lieutenant du 33ème Mobiles.
On comparera le déroulement de ces deux inaugurations avec les imposantes cérémonies organisées sans discontinuer outre-Rhin et même en Alsace-Lorraine devant des milliers de jeunes gens appartenant à des associations patriotiques dans une grande débauche de troupes de toutes armes et on pourra en tirer d'utiles réflexions car les jeunes que nous voyons sur la photographie sont les futurs soldats des classes 1914 à 1918.

Jeunes gens des Sociétés de Gymnastique du Mans rendant les Honneurs au Drapeau du 33ème Mobiles le 23 octobre 1910.
Source: Photographie tirée de la plaquette "Le Monument du Tertre de Changé-23 octobre 1910"-Le Mans-Imprimerie Monnoyer 1910.
Cordialement,
Guy François.