65e RI Août 1914 Maissin Anloy

[bernard berthion]

Bonjour " Popol ",
je lis vos messages intéressants sur les combats de Maissin vus dans les Historiques Allemands .
Auriez-vous les Historiques des unités allemandes qui poussérent les français à la retraite et les combats des 29, 30, 31 août dans les Ardennes ( secteur Attigny-Tourteron-Ecordal-Guincourt-Jonval ) ?
Je vous ai écrit en MP.
Merci, cordialement BB

[anloy]

Bonjour à tous,

En réponse au message de Mr Jean-Yves Rio daté du 18 juillet à propos des 4000 bretons et vendéens.
je me permets d'apporter une précision : les 2 fosses communes de 3001 soldats français inconnus, sont composées du rassemblement des corps des inconnus de plusieurs cimetières. Ces 2 fosses datent de 1923 (date de mise en ossuaire fin janvier et février 1923) lors d'un premier regroupement et réorganisation des cimetières militaires en Belgique.
J'ai la liste officielle de la provenance des corps.
En exemple il a été transféré d'Anloy-Bruyères 257 corps, d'Anloy-Bois 233 corps de Bertrix-La Flèche 388 corps de Bertrix-Bruyères 221 corps de Bièvre 280 corps....... de Maissin n° 1, 167 corps,- de Maissin n° 2, 613 corps - de Maissin n° 3 146 corps...... 22 anciens cimetières sont concernés par ce regroupement.
L'autel central dans la rotonde indique le nombre de soldats français tombés à Maissin le 22 août 1914 soit 674 soldats + 9 officiers.
Ces plaques sur l'autel reprennent les chiffres originaux de ce cimetière avant les rassemblements.
Cette mise au point, afin de comprendre que les chiffres de 3001 soldats inconnus de Maissin, ne sont pas uniquement des Bretons et Vendéens, mais également des soldats du Sud-Ouest (7e 9e 11e 14e 20e 59e 88e et soldats provenant d'autres CA).

Je profite également de ce message pour signaler que le 22 août, le cercle d'histoire de Libin sortira sa revue n° 9 dans laquelle un article est consacré à la bataille de Luchy (Bertrix). Le prix est toujours de 20 euros + frais de port.
Le lendemain 23 août, comme chaque année, cérémonie patriotique au cimetière Anloy-Bruyères, avec l'inauguration de la nouvelle statue "La Mélancolie", en remplacement de celle volée au cours du week-end de la Toussaint 2008.
La cérémonie a lieu a 11 heures.
Une bonne fin de soirée à tous

[anloy]

Une précision dans mon message précédent :
674 + 9 concerne le cimetière n° 2 ( actuel Massé, le seul qui reste)
Pour le cimetière n° 1 (route de Transinne, qui a existé jusque 1958) 171 soldats français
Pour le cimetière n° 3 ( Le Bolet qui en 1929 était déjà disparu) 232 soldats français
Si je compare avec les 2 cimetières qui existaient à Anloy : Anloy-Bruyères 661 français et Anloy-Bois 373 français.

Les chiffres actuels dans les cimetières ne représentent plus les chiffres d'origine, suite à tous les regroupements des nécropoles.

[tad-kozh]

Bonjour à toutes & tous
Bonjour à nos ami(e)s Belges

Merci Marie-Thérèse pour vos compléments d’informations , avec des chiffres précis, concernant les regroupements de corps au cimetière actuel Pierre Massé de Maissin.
Je suis ravi d’apprendre qu’une nouvelle statue, "La Mélancolie", honore à nouveau de sa présence le souvenir des soldats Inhumés au cimetière d’Anloy-Bruyères.

Cordialement
Jean-Louis

[Popol]

Bonsoir à Toutes & Tous,
Bonsoir Marie-Thérèse, Martine, Sophie, Jean-Louis, Jean-Yves, Bernard, Barth et tous les amis de Maissin-Anloy

- Une fois de plus le samedi 22 août approche à grands pas ... et la Belgique n'oublie pas les poilus tombés sur son sol!

- Marie-Thérèse: vos nouvelles sont toujours les bienvenues et un grand merci pour les dernières informations locales, j'espère être de passage le 23 ... Nous sommes très heureux d'apprendre le retour de "La Mélancolie" au cimetière d'Anloy-Bruyères!

- Martine: nous retenons notre souffle dans l'attente des nouvelles de votre GP, merci d'avance! En attendant, j'ai enfin achevé mon devoir de vacances. La traduction des pages de l'historique du 61e FAR relatives au combat d'Anloy est terminée et est disponible auprès de notre ami Barth: il suffit de le contacter!
En voici un petit extrait:

(...)

"Vers 12h (heure allemande > 10h locale), notre pointe d’infanterie sortant de Libin reçoit le feu. Tout s’arrête et écoute essoufflé. Là reviennent des dragons au galop et tiennent à la pointe de leurs lances des képis rouges. Nous nous trouvons à l’ennemi. Le jour attendu du combat est là. Bientôt notre 1er groupe (I/61e FAR) fut poussé à l’avant par Glaireuse et prit position au sud-est d’Anloy. De cette position entre-ouverte, le champ de bataille s’offre aux batteries : d’une dépression, qui se trouve à droite en avant du village d’Anloy, il monte vers le sud-est à une chaîne de hauteurs dominantes. Des haies (buissons) et des bois, répartis partout dans le terrain, gênent la vue. On entend la fusillade de notre infanterie qui se trouve devant nous dans le champ de blé et dans les haies bordés de chemins de campagne. Le paysage se trouve dégarni devant nous, sous le soleil chaud des hauts jours d’été. Là se détachent à mi-hauteur hors des haies des points rouge/bleu et se dépêchent vers le bas de la pente : l’infanterie française avance. Les ordres retentissent déjà des postes d’observation à proximité immédiate des batteries : « Tout droit devant, infanterie en progression, fusée schrapnell, le train droit seulement, hauteur 1, 1600, feu ! ». La batterie 3/61e FAR peut revendiquer d’avoir fait le premier tir sur l’ennemi. Bientôt cela tonne de tous les tubes, le bon effet est même en partie reconnaissable des positions de tir, notamment par le tir des fusées profondément au sol ( ?...). Chaque coup bien porté fut joyeusement salué. Soudain plus loin au-dessus de notre objectif, latéralement à un petit bosquet : mouvement, des hommes, des chevaux, des cavaliers > cela montre déjà l’appel à la fois d’un groupe d’artillerie et de postes d’observation : « Artillerie française montante !» et le feu de toutes les batteries est dirigé sur cette cible opportune pour saisir l’ennemi par notre feu avant même qu’il puisse ôter les avant-trains et renvoyer les attelages. Cela réussit : déjà les premiers coups se trouvent dans la cible, suivis par conséquent par plusieurs tirs groupés. Egarés au loin, les chevaux furieux nous montrent aussi que notre feu a l’effet escompté à cette distance."
(...)

Une bonne veillée de Belgique !

[tad-kozh]

Bonsoir à toutes & tous
Bonsoir à nos ami(e)s Belges

Encore merci et bravo au soldat discipliné Popol qui, lorsqu’il a reçu un ordre l’exécute avec talent ; prend sur son temps de repos pour aider, par ses traductions, "ses camarades de tranchée" à reconstituer dans le détail la bataille de Maissin. :

Dans l’extrait fourni, pourquoi lorsqu’il est 12h à Berlin il est 10h à Libin ?
Je pensais que les Allemands avançaient d’une heure, et non de deux, les horloges des églises des villages envahis .

Cordialement
Jean-Louis

[los]

Bonjour à toutes et tous

Merci Marie Thérése pour vos précisions concernant la provenance des corps reposant dans les fosses communes. C'est très interessant.

Merci Popol pour vos travaux de traduction de ces historiques et pour ce nouvel extrait.
Je vais de ce pas demander à Barth votre traduction de cet historique.

Amicalement
Sophie qui attend également avec impatience les nouvelles du grand père de Martine.

[bernard berthion]

Bonjour,
souvenons nous des combats de Maissin en Belgique .
Ce fut une victoire dûrement payée, mais nos troupes durent reculer pour alligner le front ..... et de là, la retraite en combattant jusqu'à la Marne ... Que de souffrance, que de tués, que de blessés, que de disparus .....
Cordialement BB

[martine A]

Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour à Jean-Yves, DHG, Popol, Sophie, Yves (re),

Me voici prête à écrire comme promis.
Le voyage dans les Ardennes belges a été passionnant de découvertes, sur les traces de mon grand-père. Mais le voyage en Belgique (aprés les Ardennes : Bruges et Bruxelles) s'est interrompu brutalement à Bruxelles pas loin de la Grand-Place (magnifique) : chute et fracture de l'épaule gauche... Bref,retour anticipé et fin des vacances...sans même pouvoir taper sur l'ordinateur pour participer au forum. Trop mal au bras.

Voici le début du carnet de mon grand-père.
Il démarre au 22 août 1914. Il est écrit sur un carnet allemand avec un calendrier en allemand de l'année 1914. Sur la 1ère page, mon GP a écrit : "Journal d'un captif à Zossen". Mon GP a donc dû le commencer une fois au camp de Zossen et se remémorer les jours qui précédaient.

Voici :

"" 22 Août - départ du cantonnement vers les 6 h. Grand’halte (11 h.) : 2 cafés et sieste.
Vers midi entendons le canon. Emoi. Départ. Passage à Paliseul. Rencontre de chasseurs de Pontivy blessés. Direction Maissin (Belgique). Arrivée sur les lieux du combat : dispositions prises dans le bois.
Depuis 10 h le 19ème, 118ème et chasseurs sont aux prises avec l’ennemi. Notre arrivée sur la ligne de feu. Manque de résistance de nos troupes dans le début. Enfin nous reprenons le dessus mais battons en retraite pendant un moment. Retour brusque de nos troupes, magnifiques assauts à la baïonnette. Pertes nombreuses à l’ennemi ; notre artillerie fait des ravages, l’artillerie ennemie au contraire peu efficace.
Positions parfaites des Allemands (tranchées à la lisière d’un bois).
Vers les 3 h ½ traversée d’un champ d’avoine : marche rampante. Les obus pleuvent, les balles sifflent ; beaucoup de mes camarades tombent pour ne plus se relever. Moment terrible. Tout à coup j’ai la sensation d’une jambe enlevée, je suis blessé. Je regagne le bois avec mille misères : éclat d’obus dans mon sac, shrapnel à la main ; me cache dans un fossé, y trouve mon capitaine et un camarade, tous 2 blessés. Je m’aplatis sur le sol car la fusillade est à son maximum. Assauts terribles de nos troupes, ennemi bat en retraite : combat terminé pour la journée : il est 7 h ½. Je lève la tête : sol jonché de cadavres et de blessés délirants ; cris, soupirs, râles. Pas un infirmier ; je me traîne jusqu’à des pièces d’artillerie non loin de là (35ème) ; soins apportés par un camarade de la 7ème Cie ; pansement sommaire. Pas encore d’infirmiers, je ne puis bouger. Bottes de paille pour la nuit. J’appelle ; 2 artilleurs m’emmènent dans un caisson. Ils me déposent dans un champ où ils cantonnent ; trentaine de blessés ; plaintes. Froid de la nuit qui augmente notre souffrance.
Vers minuit coups de feu ; tout autour de nous villages en feu ; anxiété des blessés. Tout le corps d’armée défile ; le 11ème corps bat en retraite. Nous sommes affolés ; je vois brancard. 2 soldats du 93ème m’emportent dans une localité avoisinante (2 km). On me dépose dans la cour de l’école ; j’y reste jusqu’au jour. (Our)
23 Août - Vers 7 h fusillade . coups de feu dans la cour : patrouille allemande dans le hameau ; elle est détruite par nos troupes.
Le calme renaît.
J’ai faim et soif (rhum).
Vers les 9 h. on commence à nous évacuer vers la France. 1er départ réussit ; 2ème échoue. Je suis de ce dernier convoi. Arrêtés par Allemands à Opont : on nous enlève couteaux et on nous dépose dans l’école (2 j). 1er pansement. On m’enlève la balle : je la ramasse précieusement. Allemands ont été gentils pour nous, les majors ont soigné le plus possible de blessés.
24 et 25 Août - Toujours à l’école. Pommes de terre.
Qqs coups de feu. Camarade blessé à la tête et devenu fou.
26 Août - Changement de domicile. Couvent et château.
27 Août au 11 Septembre - Séjour au château agréable. Salle, parc magnifique. Habitants fort aimables (1 dame et 2 jeunes filles). Soins donnés aux blessés. Economie de pansements.
matin : 1 quart de café.
midi : pommes de terre et un peu de rata.
soir : comme à midi.
Mais le pain fait défaut. Vers la fin un petit morceau (frères).
Sorties quotidiennes (matin et soir) bâton ou chaise ou 4 pattes.
Connaissance de la jeune fille de la maison : Julienne 19 ans. Elle me gâte, me réclame pour lui tenir compagnie, va au devant de mes désirs. Elle finit par m’aimer sincèrement et moi réciproquement. Tous les matins elle vient me chercher, me donne une tasse de lait chaud et une tartine. Le soir, tilleul, grog. Enfin je suis heureux ; nous parlons déjà d’amour etc.
Un jour un allemand nous annonce notre départ pour l’ Allemagne. Tristesse. Changement chez Julienne : elle ne me quitte plus ; elle m’appelle à présent Pauvre Eugène.
Dernier soir : Invitation pour le soir : tilleul, grog, rhum. Nous parlons de guerre, du sort qui m’est réservé, d’amour etc. Elle ne veut plus me quitter, elle a presque les larmes aux yeux.
11 Septembre - départ en voiture. Adieux touchants : Julienne est bien triste ; elle me conduit jusqu’à la porte. Monte dans la chambre (signaux mouchoir). Souvenirs (médaillon).
Nous voici en route (30 voitures. temps affreux. trempés jusqu’aux os. souffrances).
Arrivée à Libramont où nous devons embarquer. Wagons à bestiaux (bancs). Luxembourg (cabinet. jeune garçon). Tartines, café. Cassel. Cologne. Torgau etc.
3 jours de voyage.
Arrivée au camp le 14 Septembre : tentes en toile. distribution de pain, gamelles. Souper (riz). ""

Je vous raconterai mon séjour dans les Ardennes petit à petit.
A suivre...
Amicalement.
Martine.

[RIO Jean-Yves]

Bonjour à toutes et à tous
bonjour Martine

Tout d'abord très bon rétablissement ! Et merci de nous offrir ce nouveau et émouvant témoignage.
Encore une fois, c'est plein de petits détails "qui confirment", sans en avoir l'air ....
A mon sens, le bois cité par Eugène pourrait plus être le petit bois se trouvant au N-E du bois BAN que celui-ci d'où s'est élancé le IIe Bataillon, petit bois qui existe toujours, les batteries du 35e étant effectivement positionnées tout à coté. La progression en "marche rampante" au travers du champ d'avoine (même céréale que celui traversé par mon GP sous Bellevue !) correspond de même au témoignage du Capitaine LAINEZ (6e Cie) dans sa progression vers MAISSIN ... Confirmation aussi de LIBRAMONT comme lieu d'embarquement des prisonniers (cf témoignage Lt VESQUE).
Un inédit aussi : la blessure du Capitaine ANIREPOQUE (cdt la 8e Cie).

Et puis cette idylle qui se noue entre Juliette et Eugène nous offre beaucoup d'humanité dans un monde qui a désormais basculé.
Un grand Merci.

Bien cordialement à tous.
Avec un salut amical particulier aux habitants de MAISSIN, à Paul et à Barth qui a eu la gentillesse de me faire part de son périple.

Jean-Yves