LA GARONNE - Compagnie Générale Transatlantique

olivier 12
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Re: LA GARONNE - Compagnie Générale Transatlantique

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Attaque par un sous-marin le 28 Février 1918

Navire de 2748 tx armé d’un canon de 90 mm à l’avant et d’un canon de 95 mm à l’arrière
Traversée Cardiff – Bordeaux via Brest et La Pallice avec un chargement de charbon

Image

Rapport du capitaine

Quitté Cardiff le 27 Février à 19h00 et fait route sur ma destination en suivant la terre comme le prescrivaient les ordres de l’Amirauté britannique. Grosse brise d’WNW et mer assez dure.
A 22h10 par le travers de Foreland à 2,5 milles. Le 28 Février à 00h04, relevé le feu de Bull Point par le travers à 3 milles ayant été rejeté au large par les manœuvres sur tribord nécessitées par la rencontre de plusieurs vapeurs. Vitesse moyenne 10 nœuds. Jusant favorable. A 02h27 par le travers de Hartland Point à 0,8 mille. A 08h25, relevé le feu de Trevose Head par le travers à 2 milles. Temps de plus en plus mauvais. Vent de NW force 8, grains de neige et de grêle, vue limitée à ½ mille dans les grains.

A 10h27, à 9 milles dans le N20E de Saint Yves, à environ 5 milles de terre, l’homme de vigie signale un périscope à 800 m à 2 quarts sur l’avant du travers, notre route étant au S45W. Le périscope disparaît presque aussitôt.
Venu à gauche toute et appelé aux postes de combat. Hissé signal B et boule noire pour prévenir du danger les vapeurs en vue. Commencé à zigzaguer brutalement en maintenant le gisement probable de l’ennemi dans le champ de tir de mes deux pièces.

A 10h32, le périscope reparaît à 2 quarts sur l’arrière du travers et la pièce de 90 mm avant ouvre le feu et tire deux obus bons en direction. Le périscope disparaît.
A 10h34, il reparaît à 4 quarts sur l’arrière du travers. La pièce de 90 avant envoie un autre obus avec hausse de 2000 m. Coup un peu court, mais bon en direction. L’ennemi disparaît et n’est plus revu, ayant renoncé sans doute à continuer l’attaque dans des conditions trop défavorables. La machine, qui donnait 65 tours correspondant à une vitesse de 9,5 nœuds arrive à monter à 79 tours correspondant à 11,5 nœuds.

Continué à zigzaguer jusqu’à midi en me rapprochant de terre puis repris une route rectiligne, les coups de mer au moment des embardées brusques devenant dangereux et l’ennemi aperçu ne paraissant plus à craindre.
Le temps devenait de plus en plus mauvais et à 12H15 l’embarcation de tribord est enlevée et son bossoir arraché.
L’état du temps a obligé ce sous-marin à attaquer à une immersion très faible. Son tube-guide de périscope était visible ce qui a permis de le suivre malgré la mer très dure.

J’ai le plaisir de vous signaler la conduite de l’équipage de GARONNE qui a permis par sa discipline et son sang froid de déjouer une attaque dangereuse étant donné la petite distance où l’ennemi a été découvert. Je me permets d’attirer particulièrement votre attention sur :

- Le matelot GEFFROY en vigie haute, où sa surveillance particulièrement pénible en raison du froid qu’il faisait a permis le déroulement des mesures de défense prises.
- Le 2e capitaine LE COZ, directeur de tir, qui a montré le plus grand sang froid et, par la rapidité d l’ouverture du feu à chaque apparition de l’ennemi, a obligé celui-ci à abandonner l’attaque.
- Le chef mécanicien MINIER qui a apporté le concours le plus efficace au salut du navire en obtenant une vitesse anormale pour GARONNE, résultat dû à son sang froid et à l’ascendant qu’il a su prendre sur ses hommes dans des circonstances critiques.

Rapport de la commission d’enquête

Il reprend tous les éléments du rapport du capitaine et conclut :

Tout le monde a fait son devoir. La conduite de l’équipage ne suggère aucune observation.

Récompenses

Témoignage Officiel de Satisfaction du Ministre

SIMON Jean Capitaine CLC Enseigne de Vaisseau de Réserve

Pour les qualités manœuvrières et le sang froid qui lui ont permis d’échapper à une attaque de sous-marin

LE COZ Yves 2e capitaine

Pour les qualités de Directeur de tir dont il a fait preuve en empêchant un sous-marin d’émerger

MINIER Yves Chef mécanicien

Pour le sang froid et l’autorité dont il a fait preuve et qui lui ont permis d’obtenir le rendement maximum de sa machine lors d’une rencontre de sous-marin.

GEFFROY Louis Matelot

Pour sa vigilance grâce à laquelle a pu être évitée une attaque de son navire par un sous-marin. (Prime de 500 francs)

Vapeur GARONNE

Pour le sang froid et la discipline dont chacun a fait preuve à bord lors d’une rencontre de sous-marin le 28 Février 1918.

Le sous-marin aperçu

N’est pas identifié.
On pourrait toutefois penser, sans certitude, à l’UC 56 de l’Oblt Wilhelm KIESEWETTER

Cdlt
olivier
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