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Re: GOÉLAND-II — Patrouilleur — Division des patrouilles de Bretagne.

Publié : mar. oct. 28, 2008 7:59 pm
par Ar Brav
Bonsoir Daniel,
Bonsoir à tous,

D'où une interrogation complémentaire : lorsqu'un bâtiment de la Marine marchande se trouvait réquisitionné, le chiffre romain II. - ou, le cas échéant, un chiffre suivant - était-il alors systématiquement peint sur la coque dudit bâtiment à la suite de son nom ?

Je ne peux vous répondre de manière catégorique, en revanche, je vous livre le fond de ma pensée : plus nous avançons dans nos recherches, plus je deviens convaincu que cette dénomination de temps de guerre est surtout administrative. Les noms des navires sont constitués souvent de lettres pré-découpées, soudées ou rivetées sur la coque, en ce qui concerne les bateaux en fer.
J'imagine qu'en cette période bousculée, ils avaient mieux à faire qu'à jouer aux peintres, d'autant que les réquisitions se sont effectuées dans l'urgence, en particulier devant le péril sous-marin grandissant auquel personne n'était préparé côté allié.
Rien pour l'instant à vous proposer pour confirmer mon propos, hormis l'aspect pratique, qui lui, n'est pas dans les textes.

Bonne soirée,
Amicalement,
Franck

Re: GOÉLAND-II — Patrouilleur — Division des patrouilles de Bretagne.

Publié : mar. oct. 28, 2008 8:42 pm
par dbu55
Bonsoir à tous,

en cherchant sur internet j'ai trouvé les informations suivantes à propos d'un chalutier GOELAN II :

Nom complet Type Long Jauge Date Cause Zone Prof Latitude Longitude
GOELAND II Patrouilleur chalutier 293 04/01/1918 Sous-marin ABER VRACH 60 N 48°42.000' W 004°32.999'

J'ai trouvé ces informations sur un site qui recense les épaves (http://narcose29.free.fr/epaves/liste_ep.htm)

La date du nauffrage correspond à la date des fiches des marins retrouvés sur MDH et cités par Daniel

Le Goeland est un oiseau farceur :pt1cable:

Cordialement
Dominique

GOÉLAND-II — Patrouilleur — Division des patrouilles de Bretagne.

Publié : lun. juin 22, 2015 6:55 pm
par Rutilius
Bonjour à tous,


Marins disparus le 4 janvier 1918 avec le patrouilleur Goéland-II

[7]

Judiciairement déclarés « Morts pour la France »

Jugement déclaratif de décès rendu le 12 juin 1918 par le Tribunal civil de Brest et transcrit à Brest le 17 juillet 1918 (Registre des actes de décès de la ville de Brest, Année 1918, Vol. II., f° 159, acte n° 1.342).

« Attendu que le quatre janvier mil neuf cent dix-huit, à l’entrée de la Manche, à environ sept ou huit milles dans le Nord de l’île Vierge, le patrouilleur Goéland-II a été coulé par un sous-marin allemand qui ouvrit le feu sur lui à deux cent cinquante ou trois cents mètres ; que les corps des ci-après nommés n’ont pa été retrouvés et que les circonstances de leur disparition ne laissent aucun doute sur la réalité de leur mort.

Par ces motifs : Déclare par jugement collectif constants les décès de : ...
»


Commandant

— CORRE Jean Claude, né le 7 novembre 1883 à Plougastel-Daoulas (Finistère) et domicilié à Brest (– d° –), rue Jean-Jacques Rousseau. Premier maître de timonerie, inscrit au quartier de Brest, n° 10.910.

Fils de Pierre Mathieu CORRE, né vers 1859, caporal fourrier, et de Marie Anne Josèphe LE BOT, née vers 1862, cultivatrice, son épouse (Registre des actes de naissance de la commune de Plougastel-Daoulas, Année 1883, f° 45, acte n°175). Époux d’Eugénie Marie Louise JOMIER, avec laquelle il avait contracté mariage à Dunkerque, le 22 janvier 1906 (– d° –).

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http://auxmarins.net//fiche_marin/6469/Corre


Matelots

— GRIVAUD Étienne Paul, né le 21 octobre 1898 à Saint-Vallier (Saône-et-Loire) et y domicilié. Matelot de 2e classe fusilier, Matricule n° 62.483 – 5.

Fils de Jean Baptiste GRIVAUD, né vers 1858, mineur, et de Nicole LEBEAU, née vers 1868, sans profession, son épouse (Registre des actes de naissance de la commune de Saint-Vallier, Année 1898, f° 27, acte n°197). Célibataire.


— HENRY Yves Marie, né le 15 novembre 1894 à Lanmodez (Côtes-du-Nord – aujourd’hui Côtes-d’Armor –) et y domicilié. Matelot de 2e classe chauffeur, inscrit à Tréguier, n° 7.401.

Fils de François HENRY, né vers 1866, marin, et de Marie LE TALLEC, née vers 1866, « ménagère », son épouse (Registre des actes de naissance de la commune de Lanmodez, Année 1894, f° 6, acte n°10). Époux de Marie L’HOSTIS.


— JACQ Yves Marie, né le 26 avril 1890 à Hanvec (Finistère) et y domicilié. Matelot de 1re classe fusilier auxiliaire, Matricule n° 93.736 – 2.

Fils de Pierre JACQ et de Marie LE PAGE, son épouse. Célibataire.


— LE GUILLOU Victor, né le 23 juillet 1899 à Plouisy (Côtes-du-Nord – aujourd’hui Côtes-d’Armor –), pupille de l’Assistance publique des Côtes-du-Nord, domicilié à Guingamp (– d° –). Matelot de 3e classe cuisinier, Matricule n° 111.058 – 2. [Ne figure pas dans le jugement déclaratif de décès : corps retrouvé.].

Fils d’Yves Marie LE GUILLOU, né vers 1870, laboureur, et de Marie Madeleine GUÉGAN, née vers 1868, « ménagère », son épouse (Registre des actes de naissance de la commune de Plouisy, Année 1899, f° 19, acte n°36).


— MATEILLE Pierre, né le 18 février 1880 à La Teste-de-Buch (Gironde) et y domicilié. Matelot de 2e classe torpilleur breveté, inscrit au quartier d’Arcachon, n° 1.146 (Jug. transcrit à La Teste-de-Buch, le 22 juin 1918).

Fils de Jean MATEILLE et de Justine EUSTOQUIÉ, son épouse. Époux de Jeanne HARRISTOY.


— RAGUENÈS Eugène, né le 2 octobre 1891 à Camaret-sur-Mer (Finistère) et y domicilié. Matelot de 3e classe sans spécialité, inscrit au quartier de Camaret, n° 1.346.

Fils de François RAGUENÈS et de Rosalie GUÉGUINNO, son épouse. Célibataire.

GOÉLAND-II — Patrouilleur — Division des patrouilles de Bretagne.

Publié : lun. juin 22, 2015 7:01 pm
par Rutilius
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Récompenses posthumes


Citations à l'ordre de l'armée

Journal officiel du 6 février 1918, p. 1.357.

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Inscriptions au tableau spécial de la Médaille militaire

Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 4 juin 1919 (J.O. 7 juin 1919, p. 5.933), furent inscrits à titre posthume au tableau spécial de Médaille militaire dans les termes suivants :

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Par décret du Président de la République en date du 20 mai 1920 (J.O. 22 mai 1920, p. 7.621), furent inscrits à titre posthume au tableau spécial de la Médaille militaire dans les termes suivants :

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GOÉLAND-II — Patrouilleur — Division des patrouilles de Bretagne.

Publié : lun. juin 22, 2015 8:33 pm
par Rutilius
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Jean-Corre — Sous-marin dit « de moyenne patrouille »,
ex-UB-155 allemand
(1923~1937)


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Re: GOÉLAND-II — Patrouilleur — Division des patrouilles de Bretagne.

Publié : lun. juin 22, 2015 9:12 pm
par Memgam
Bonjour,

Jean Corre, sous-marin garde-côtes ex allemand type UBIII (1923-1937).

9/3/1919, transféré à la France, refondu à Brest
6/10/1920, incorporé dans la Marine française
24/1/1923 clôture d'armement
2/7/1924, classé sous-marin de 2ème classe
3/1927, affecté à la 6 ème escadrille de sous-marins à Bizerte
18/4/1931, mis en réserve normale à Toulon
21/1/1935, mis en réserve spéciale
17/4/1935, classé bâtiment statique à l'école de navigation sous-marine
7/10/1937, condamné et rayé.
5/5/1938, vendu 117 815 francs à M. Van Acker à Toulon pour démolition.

Premier commandant au 1er janvier 1921 : lieutenant de vaisseau Felix Hubert Raymond de Belot, né le 28 octobre 1889, entré au service en 1908, port de Brest, EV2 au 5 octobre 1911, alors sur le croiseur Marseillaise.

Source : Jean-Michel Roche, Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert à nos jours, 1870-2005, tome II, Rezotel Maury, 2005.
Gérard Garier, L'odyssée technique et humaine du sous-marin en France, Tome 4, Des Joëssel (1913-1919 au Jean Corre ex UB 155 (1920-1937), Marines éditions, 2004, chapitre 16, pages 268 à 273.
Liste navale française 1911.

Cordialement.

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Re: GOÉLAND-II — Patrouilleur — Division des patrouilles de Bretagne.

Publié : mar. nov. 24, 2015 2:31 pm
par olivier 12
Bonjour à tous,

GOELAND II

Rapport du Capitaine de Frégate commandant l’escadrille des patrouilleurs de Brest

Perte du GOELAND II coulé par un sous-marin ennemi dans la soirée du 4 Janvier 1918.

Les renseignements recueillis permettent de penser que les faits se sont déroulés de la manière suivante :
GOELAND II et ORVET avaient reçu la mission de remorquer de Brest à Lézardrieux le trois-mâts ARALIA pour GOELAND II et le dundee PROVIDENCE pour ORVET. Le 1er maître de timonerie Corre, commandant GOELAND II était chef de convoi.
Après avoir traversé le chenal du Four, le convoi a fait route pour tangenter la zone minée de 12 milles qui s’étend autour de l’île de Batz.
A 20h20, les groupes se trouvaient à 6 ou 7 milles au Nord de l’île Vierge, route au N55E à 6 nœuds les deux groupes à quelques centaines de mètres l’un de l’autre. Malgré la nuit sombre, ORVET n’a jamais perdu de vue le groupe GOELAND II. Celui-ci portait un feu de poupe au pétrole dont l’éclat était atténué par plusieurs couches d’étamine blanche.

A 20h25, un sous-marin ennemi a ouvert le feu sur GOELAND II à la distance de 250 à 300 m sur bâbord. Il tira avec deux pièces nettement visibles dans les lueurs des coups de canon. Il faisait une route parallèle à celle de GOELAND II et se tenait par son travers. Aucun indice n’avait révélé sa présence.

On fait le branle-bas de combat sur GOELAND II et le 2e maître de manœuvre chef de quart Ollivier, qui était de quart sur la passerelle donne l’ordre de mettre la barre toute à gauche pour tenter d’aborder le sous-marin. Mais le navire n’obéit pas, une drosse ayant été coupée par un obus. L’équipage rallie aux postes de combat et le matelot fusilier Jacq est tué en se rendant à la pièce de 47 mm. Le matelot chauffeur Henry est tué par un obus qui explose sur le treuil de pêche et blesse le second maître Ollivier.
La pièce de 47 est dévastée par un obus. La coque est enfoncée à la flottaison par un projectile qui vient crever la chaudière. La vapeur fuse avec bruit et couvre tout l’arrière de GOELAND II.
A la pièce de 47, deux hommes sont tués : Grivaud Etienne qui s’y trouvait en poste de veille et Raguenes Eugène, chargeur. Le feu de cette pièce est ouvert par le QM fusilier Joyeux qui tira environ dix coups dont le second parut tomber sur la pièce arrière du sous-marin ennemi. Celui-ci, dès l’ouverture du feu, tira alors des salves très rapides puis, après un coup de la pièce de 75 de GOELAND II, ne maintint plus en action qu’une seule pièce, celle de l’avant avec laquelle il envoya encore deux ou trois projectiles. Puis il cessa le feu et disparut.
Le QM Joyeux tira encore 4 ou 5 coups de la pièce de 75 et, ne voyant plus rien, cessa le feu.

Dix ou douze coups avaient frappé GOELAND II. Un incendie s’était déclenché dans le poste équipage et fut aussitôt combattu. Un obus avait ouvert une voie d’eau à la flottaison et crevé la chaudière. L’eau envahissait la chaufferie et la machine et quand le QM mécanicien Jezequel voulut, à la demande du matelot TSF Postic, mettre en marche le moteur de la dynamo alimentant la TSF, il en fut empêché par la montée d’eau qui atteignait déjà le dessus des cylindres.

Mis au courant de la situation, le 1er maître Corre, commandant GOELAND II, ordonna l’évacuation. La baleinière fut amenée sur ordre du Sd maître Ollivier, par Boutin, Marga, Jezequel, Le Cossec et Picot. Quelques hommes essayèrent vainement de mettre à l’eau le doris de bâbord posé sans amarrage sur les deux radeaux qui se trouvaient à plat pont. Puis ils se portèrent au berthon posé dans le doris de tribord et réussirent à le mettre à l’eau. Le berthon, criblé de projectiles, se remplit aussitôt. Les doris ne purent être mis à l’eau, collés par la mer sous le gaillard et sous la plate-forme du 75.

GOELAND II s’enfonçait de plus en plus de l’arrière, se mâtait l’avant hors de l’eau, et coulait. Il était 20h40.
Le 1er maître de timonerie Corre n’a pas été vu quittant son navire. Il n’a pas été vu après la disparition du bâtiment avec lequel il a du couler. Ses dernières paroles ont été « Sauvez-vous mes enfants… »
La baleinière étant à la mer, le QM Jezequel et les matelots Postic et Le Cossec ont sauté dedans. Deux radeaux flottaient à côté. Le berthon, rempli d’eau, chavira quand le matelot chauffeur Ronarch voulut s’y embarquer. Selon les matelots Postic et Marsac, craignant que le berthon ne coule, Ronarch l’abandonna pour chercher un radeau puis disparut à leurs yeux. C’est le 9 Janvier seulement, que l’on apprendra par un télégramme de Falmouth, que Ronarch avait été recueilli par un navire américain.

ORVET, remorquant PROVIDENCE, s’éloignait du lieu du combat. La baleinière, portant 12 naufragés, poursuivit ses recherches pendant plus d’une heure sans trouver personne. Le QM chauffeur Boutin entraîné sous l’eau par un fil de l’antenne qui avait accroché un boudin de sa brassière, revint à la surface, le boudin ayant cédé. Il fut recueilli par la baleinière.
Le Sd maître Ollivier fut aussi embarqué et, quoi que gravement blessé à la tête par un éclat d’obus, il prit le commandement de l’embarcation et dirigea les recherches. Dans l’ordre furent recueillis les matelots Marga, Postic, Marsac, Kerouredan, Darmusey, le QM Joyeux et le matelot Gaillard qui était parti loin en dérive.

Pendant ce combat rapide, ORVET qui était relativement près de GOELAND II puisque chacun était visible de l’autre malgré l’obscurité de la nuit, continua sa route.
Le maître de manœuvre Le Nen Baptiste, commandant ORVET, donne comme explication de son inertie qu’en voyant les lueurs des coups de canon il estima que les navires qui les échangeaient étaient à 6 milles de lui. Ne distinguant plus le groupe GOELAND II-ARALIA, il en conclut que ces navires avaient du changer de route pour courir au canon. A aucun moment l’idée ne lui vint que c’était GOELAND II lui-même qui était attaqué, à cause de la distance.
Cette explication ne me paraît pas acceptable et la non-intervention d’ORVET est d’autant plus regrettable que se produisant à courte distance et par surprise complète, son action aurait pu amener la destruction du sous-marin ennemi. En tous cas, c’était le strict devoir militaire de courir au canon comme le commandant d’ORVET supposait que celui de GOELAND II l’avait fait. Il y a là une incontestable défaillance dont l’origine est sans doute un manque de jugement, mais qui doit comporter comme sanction immédiate le retrait au maître de manœuvre Le Nen du commandement qu’il exerce.
Le maître Le Nen n’est pas un débutant. Il commande ORVET depuis le 20 Août 1917. Il a une citation à la brigade des fusiliers marins. Il a été blessé à la main et ces titres me font penser à une erreur d’appréciation de la situation plutôt qu’à une attitude pusillanime.

Les naufragés se dirigèrent alors à la voile et à l’aviron sur le feu de l’île Vierge qu’ils ont en vue. Malgré leurs blessures, le Sd maître Ollivier et le matelot Le Cossec nagent pendant plus de deux heures. Ils atterrissent vers 02h00 du matin le 5 Janvier dans les rochers situés à l’Ouest de l’île Vierge et s’échouent sans pouvoir trouver l’ouverture du chenal. Darmusey, Postic, Marsac, Le Cossec et Gaillard quittent la baleinière pour tenter de trouver du secours et arrivent vers 04h00 du matin à la ferme de Monsieur Laurence François (nota : nom incertain), où ils sont très bien accueillis. On leur donne des vêtements chauds et un repas. Le matelot Gaillard est hébergé par Monsieur Peu… (nom illisible) du même village
Dès l’arrivée des naufragés, Monsieur Laurance était parti à la recherche de la baleinière qu’il n’a pu trouver. Les hommes restés dedans entendirent bien ses appels, mais ne purent se faire entendre malgré leurs réponses. Pendant que les 3 hommes allaient chercher de l’aide, le autres s’installèrent à l’arrière de la baleinière, pressés les uns contre les autres pour se réchauffer. Ils se couvrirent avec les voiles pour se garantir de la brise d’Est et du froid très vif de la nuit. Quand la mer remonta, la baleinière flotta à nouveau et, sans difficultés, ils purent alors trouver leur route à travers les rochers et atterrirent sur l’île Vrac’h où ils furent bien reçu dans une maison située au pied du phare, par un gardien du vivier, Monsieur Pavas. Il a demandé un médecin qui est arrivé vers 09h30 avec un préposé des douanes.

Prévenues, les autorités de l’Aber Vrach ont dirigé les naufragés sur Brest où ils sont arrivés dans la journée du 6 Janvier. Les blessés ont été pris à l’Aber Vrach par une voiture automobile ambulance qui les a conduits à l’hôpital maritime.

Pendant le bref combat soutenu par GOELAND II et dans tous les évènements qui suivirent l’équipage de ce patrouilleur a fait preuve d’une activité et d’un sens professionnel qui méritent une mention. Il n’y a pas eu de désordre. Chacun a rempli la tâche assignée par ses fonctions à bord sans souci des projectiles qui tombaient et explosaient. Après la disparition du navire, c’est l’entraide des gens à l’eau, la recherche prolongée des naufragés et la traversée en baleinière faite sans une plainte par des gens mouillés et transis par le froid d’une nuit glaciale.
Ces hommes ont donné la mesure de leurs magnifiques qualités et ont une fois de plus fait honneur aux meilleures traditions de la Marine Française.

Plan du GOELAND II

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Liste d'équipage de GOELAND II

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Déposition du capitaine au cabotage Le Breton Pierre, commandant ARALIA

Quitté Brest à 14h00 le 4 Janvier 1918 en remorque de GOELAND II et en convoi avec ORVET remorquant PROVIDENCE. Franchi le chenal du Four à 19h40.
Vers 20h30 nous étions à 7 milles dans le NNE de l’île Vierge. J’écrivais mon journal dans la chambre de veille quand j’ai entendu le second, Darcel Félix qui signalait au canonnier de la pièce de 90 mm qu’il croyait apercevoir une noirceur sur l’eau, à 300 m sur bâbord, courant comme nous. Je suis aussitôt monté sur la dunette et le sous-marin a ouvert le feu à ce moment. Il tirait de 300 m par le travers. La pièce de 90 a aussitôt été pointée et a pu tirer 3 coups. J’ai abattu sur tribord pour dégager le champ de tir de la pièce.
Quand le feu a cessé, le navire ne gouvernait plus. Je suis allé voir ce que faisait la remorque et je l’ai trouvée tout à fait raide avec une inclination de 45° vers le fond de la mer. Je n’ai plus aperçu GOELAND II et j’ai filé la remorque pour libérer mon bateau. J’ai hissé les focs et établi les huniers et devenu manœuvrant vers 21h15, je me suis rapproché de terre. Vers 23h00, près des roches de l’île Vierge, j’ai couru au large. A 03h00 du matin le 5 j’ai à nouveau été attaqué.

Note du 6 Janvier 1918 de l’Attaché Naval à Londres, à Marine Paris

« Un Français nommé Pierre Ronarch, chauffeur, matricule 8173.1, du patrouilleur GOELAND II de Brest, a été trouvé à la mer sur un radeau par le vapeur américain RAVEL, à 24 milles au Nord d’Ouessant à 19h45 le 5 Janvier. Il a été débarqué à Penzance.
Ce survivant déclare que GOELAND II qui remorquait un trois-mâts a été attaqué par un sous-marin au large de l’île Vierge. Le 3e coup du sous-marin a fait exploser la chaudière du GOELAND II. Une embarcation fut mise à la mer dans laquelle ont pris place un certain nombre d’hommes dont il ignore le sort. Pierre Ronarch et un autre homme nommé Nabal Louis prirent place sur ce radeau. Nabal mourut sur le radeau cinq heures avant qu’il ne soit ramassé par le vapeur américain. Le survivant pense que GOELAND II a été coulé. Il est à l’infirmerie de Penzance et sera dirigé sur Brest aussitôt que son état le permettra. »

Une inscription manuscrite sur le télégramme signale : l’homme décédé doit être Mateille, signalé disparu.

Etat des blessés

OLLIVIER : blessé à la tête au milieu du navire alors qu’il était près du treuil de pêche
LE COSSEC : blessé à la jambe gauche auprès de la pièce de 75
GAILLARD : blessé à la cuisse gauche alors qu’il remontait du poste équipage
DARMUSEY : blessé aux mains et commotion à la tête

Récompenses

Médaille Militaire et Croix de guerre

OLLIVIER Albert Second maître chef de quart

A fait preuve de qualités supérieures d’énergie, de courage et de commandement au cours d’un combat de nuit contre un sous-marin. Gravement blessé à la tête par des éclats d’obus.

JOYEUX Albert Quartier maître fusilier

A atteint, grâce à son tir précis, le feu d’une pièce de sous-marin ennemi au cours d’un combat de nuit. A fait preuve du plus grand courage et d’un entier dévouement.

Citation à l’Ordre de l’Armée

CORRE Jean Premier maître de timonerie

Englouti glorieusement avec son bâtiment

JACQ Yves Matelot fusilier
RAGUENES Eugène Matelot sans spécialité
HENRY Yves Matelot chauffeur

Tués glorieusement au cours d’un combat de nuit avec un sous-marin

Citation à l’Ordre de la Division

DARMUSEY Armand Matelot sans spécialité
JEZEQUEL Eugène Quartier maître mécanicien
BOUTIN Yves Quartier maître chauffeur
POSTIC Eugène Matelot TSF
MARSAC Emile Matelot gabier
KEROUREDAN François Matelot mécanicien
RONARCH Pierre Matelot chauffeur

Ont fait preuve du plus grand courage et d’un entier dévouement au cours d’un combat de nuit contre un sous-marin. (Darmusey blessé à la main)

Citation à l’Ordre du Régiment

LE COSSEC Pierre Matelot sans spécialité
GAILLARD Gabriel Matelot timonier
MARGA Alexandre Matelot gabier
MATEILLE Louis Matelot chauffeur
PICOT Louis Matelot gabier
LE GUILLOU Victor Matelot cuisinier

Attitude courageuse et dévouée au cours d’un combat de nuit contre un sous-marin.

Le sous-marin attaquant

C’était donc l’U 93 du Kptlt Helmut GERLACH. On note que le dernier contact d’U 93 avec sa base eut lieu le 5 Janvier 1918. Il disparut avec tout son équipage entre le 5 et le 15 Janvier 1918, peut-être au large d’Hardelot.
Mais en ce qui concerne l’épave retrouvée à cet endroit, on hésite encore entre U 93 et U 95.

Cdlt

Re: GOÉLAND-II — Patrouilleur — Division des patrouilles de Bretagne.

Publié : sam. sept. 29, 2018 6:03 pm
par Memgam
Bonjour,

'Je viens d'interroger à l'hôpital, le matelot-chauffeur Ronarch, vingt-trois ans, surnommé l'Amiral, à cause de son glorieux homonyme. Il était sur un patrouilleur au moment où celui-ci fut coulé au canon par un sous-marin, auquel il infligeait d'ailleurs une sévère leçon, puisque, son kiosque démoli, il fut obligé de plonger...et qu'on en a jamais entendu parler.
Il resta vingt-quatre heure sur un radeau avec un camarade.
- Vers onze heures, d'après le soleil, X... qui, jusqu'alors causait souvent, s'est allongé tout d'un coup ; il est devenu tout noir ; il a poussé trois gros soupirs...
Il me regarde et, avec un mouvement lassé des épaules :
- Puis...il est mort...
Je lui demande ses impressions :
- Bien sûr...je croyais que j'étais f...
- Qu'est-ce que tu pensais à ce moment-là ?
Il roule son béret dans ses pauvres doigts rongés par le sel, puis très simplement :
-Je pensais...je pensais que c'était à mon tour de crever.."

Source : Marcel Nadaud, Les patrouilleurs de la Mer, souvenirs de guerre sous-marine, Albin Michel, 1918, pages 43-44.

Cordialement.

Re: GOÉLAND-II — Patrouilleur — Division des patrouilles de Bretagne.

Publié : sam. déc. 16, 2023 8:08 pm
par markab
Terraillon Marc a écrit : sam. oct. 04, 2008 8:14 pm Bonjour

C'est le genre de navire que j'adore ....


Image


A bientot
Bonjour,

L'image disparue :)

GOELAND_2.jpg
GOELAND_2.jpg (76.04 Kio) Consulté 285 fois

A bientôt.

Re: GOÉLAND-II — Patrouilleur — Division des patrouilles de Bretagne.

Publié : sam. déc. 16, 2023 8:20 pm
par markab
Bonjour,

Voici un article sur Jean Corre (patron du GOELAND II) paru en 1937 dans le journal "La Dépêche de Brest" (Gallica) :

GOELAND II
GOELAND II
Jean Corre La Dépêche de Brest 1937-02-22.jpeg (151.27 Kio) Consulté 280 fois

Je ne connais pas la fin de l'histoire et je ne sais pas si une rue de Plougastel Daoulas porte le nom de ce marin disparu en combattant.

A bientôt.