Bonjour à tous
Après la visite de l'hôpital Michelin, je vous propose un petit séjour dans une structure sanitaire de la Croix-Rouge alti-ligérienne, à Brioude plus précisément. Ce petit topos apporte pas mal d'informations : de sa conception bien avant le conflit jusqu'à sa fermeture au grand dam semble-t-il de la population locale, en passant par l'énumération des personae gratae brivadoises qui ont contribuées à son bon fonctionnement.
Bonne lecture
"Parmi les œuvres intéressantes que la grande guerre a fait éclore dans notre région, il en est une dont nous croyons particulièrement utile de fixer des maintenant le souvenir. C’est l’hôpital pour blesses de guerre organisé sous le patronage de la Société Française de Secours aux blessés militaires, communément désignée sous le nom de Croix Rouge Française.
Contrairement à la croyance répandue dans un certain public, cet asile hospitalier n’est pas le résultat d’une manifestation spontanée, ou un ardent désir de venir en aide et de soulager nos héros blessés.
Cette œuvre avait été préparée depuis longtemps.
Avant 1914
Le Comité de la Croix Rouge de Brioude était fondé depuis plus de 25 ans. D’abord rattaché à celui du Puy, il fut ensuite rendu autonome et, à partir de ce moment, les personnes qui en faisaient partie s’ingénièrent pour se procurer des ressources leur permettant de faire œuvre utile.
Vers 1890, un concert produisit une somme qui servit de point de départ à la réserve financière, et les cotisations des membres adhérents, régulièrement recueillies, s’ajoutaient au pécule primitif et permettaient chaque année de faire un approvisionnement d’objets, de lingerie et literie, tout en constituant un capital de réserve.
L’hôpital lui-même avait été prévu dans tous ses détails et rien n’avait été laissé aux hasards d’un agencement précipité.
Un des membres les plus dévoués du comité, M. le Dr Mouret, avait pris à tache l’organisation du futur hôpital, et des 1895 il s’entendit pour cela avec l’autorité militaire.
Il résulta de ces pourparlers un journal de mobilisation, accepté par le directeur du Service de Santé du 13eme corps, sur lequel figuraient tous les renseignements propres ç faciliter une installation rapide et bien ordonnée.
A ce moment, la formation prit le nom d’Hôpital auxiliaire n°4 ; classée au début pour 20 lits de blessés, ce nombre fut plus tard porté à 49. Cet hôpital devait être prêt à fonctionner dès le 15eme jour de la mobilisation. L’immeuble choisi fut l’école libre de garçons, ancienne école des Frères, 18 boulevard Desaix, appartenant à cette époque à la mense épiscopale de l’Evêché du Puy ; ce choix fut approuvé par le ministre de la guerre en 1897.
Dés 1895, Mgr l’Evêque du Puy s’engageait à livrer l’immeuble le jour de la mobilisation et plus tard, en 1904, M. Engel, alors locataire et directeur de l’école libre de garçons, renonçait à sa location en faveur de la Croix Rouge, faisant en même temps l’offre de 50 lits et sommiers. Mais la séparation de l’Eglise et de l’Etat se produisit, et Mgr l’Evêque du Puy se vit dépossédé de l’immeuble du boulevard Desaix qui, devenu propriété de l’Etat, fut abandonné à la commune de Brioude. Cette dernière y installa une école supérieure de filles. Naturellement M. Engel avait disparu et était remplacé par la directrice de la nouvelle école.
En 1903, M. le Dr Devins fut nommé médecin-chef tandis que des 1902, M. Pierre Vacher avait été désigné comme pharmacien, et M. le Commandant en retraite Bosquet comme administrateur.
C’est encore en 1903 que le directeur du Service de Santé désigna le personnel secondaire de la formation ; c’étaient des hommes du service auxiliaire qui furent chargés du gros ouvrage, voici leurs noms : Delair Jean, Chapaveyre Pierre, Pagès Guillaume, Marchet Jean, tous de Saint Just, Maillot Pierre, de Brioude et Chapuis Jean Marie, d’Yssingeaux. Ce personnel fut changé par la suite.
Deux religieuses du couvent de Saint Dominique, les sœurs Saint Dominique et Joachim, infirmières diplômées, furent aussi affectées à l’hôpital.
En Juin 1903, M. le Dr Mouret promettait de fournir les instruments de chirurgie necessaires. Enfin il faut signaler que, dès Juillet 1897, M. Montalban avait mis à la disposition de la société 4 lits pour officiers dans sa villa Saint-Laurent.
En 1914
- En 1914, le comité de la Croix Rouge était ainsi composé : M.Georges Raynaud, président ; M.Albert Huguet, capitaine de vaisseau en retraite, vice-président ; M.le Dr Mouret, trésorier ; M.H .Denier, secrétaire ; M.Montalban, conseiller et MM le marquis du Crozet, Martial (de Paulhaguet), Vincent, Boyoud, Vacher, pharmacien, Maisonneuve et Mouihade, négociants, membres. Mme Boyoud était présidente du Comité des Dames.
Ce Comité n’avait à sa disposition qu’une somme d’environ 5200 francs. Il était évident qu’elle ne pouvait suffire à faire vivre longtemps l’hôpital, aussi, dès la déclaration de guerre, on se mit en campagne et on organisa des souscriptions volontaires dans les communes et cantons voisins. Les secours ainsi sollicités produisirent, soit à Brioude, soit dans les environs, des sommes importantes, et dans peu de jours il fut versé en faveur de l’hôpital près de 27000 francs.
Il faut signaler, parmi les personnes ayant aidé à obtenir ces fonds en dehors des affiliés de la Croix Rouge ou de l’hôpital, M. Chauvineau, alors sous-préfet de Brioude, qui intervint chaleureusement pour cela dans plusieurs communes. Par la suite, Ms Bouëry-Veysseyre, frères servirent à la formation une mensualité de 200 francs, et ce, pendant 20 mois ; cette générosité de 4000 francs fut très appréciée.
Pour compléter les renseignements financiers, il y a lieu d’ajouter que , pendant les trois premiers mois, le Service de Santé versa une subvention de 1 franc par journée de présence de malades ou de blessés ; mais on reconnut vite que cette somme était insuffisante et le secours de l’Etat fut porté à 2 francs par jour.
Pendant qu’on procédait à cet appel de fonds, une permanence avait été organisée dans une salle de l’ancienne Ecole de l’Instruction, et là toutes les personnes désireuses de se rendre utiles à l’œuvre virent s’enrôler ou firent connaître les objets mobiliers et les dons en nature dont elles disposaient pour la nouvelle formation hospitalière. Par ce moyen, en peu de jours, les organisateurs furent pourvus d’un personnel et d’un matériel suffisants, sans compter des provisions importantes en fruits et légumes.
En même temps, M. le Dr Mouret avait créé un cours d’instruction pour les futures infirmières. Ces cours furent suivis par de nombreuses personnes de bonne volonté. M.Mouret fut secondé dans cet enseignement par M.Barande, ancien infirmier militaire, qui donnait des indications pratiques de pansements.
- Le jour de la mobilisation, sur simple requête du Service de santé, la commune livra l’immeuble à la Croix-Rouge sans difficulté. Comme on était en pleines vacances, il n’y eu pas lieu de s’occuper des élèves. Cependant, la directrice de l’Ecole conserva dans l’établissement son logement personnel et le jardin ; deux chambres, servant au logement d’une maîtresse, furent aussi réservées.
L’immeuble choisi se prêtait on ne peut mieux à l’installation d’un hôpital, et les réparations importantes que la ville y avait fait exécuter l’année précédente, en rendirent l’usage commode et agréable. De luxueux lavabos avaient été installés à proximité des dortoirs. Le chauffage central donnait à toute la maison une température égale ; l’eau de la ville desservait tous les étages et une installation moderne de salle de bains pouvait rendre les plus grands services. Les dortoirs, réfectoire et cuisine étaient spacieux et aérés et les cours vastes et ensoleillées.
La ville ayant mis à la disposition de l’hôpital les lits qui servaient à l’école, et la literie ayant été facilement fournie par les prêts et dons recueillis, soit à Brioude, soit dans les pays voisins, l’installation fut rapidement achevée.
Aussi, dès le 15 août, c'est-à-dire quelques jours avant la date fixée par le journal de mobilisation, l’administrateur de l’hôpital put informer le directeur du Service de Santé de la 13eme région qu’il était prêt à recevoir les blessés qu’on voudrait bien lui confier.
- Le personnel de l’hôpital se composait définitivement de M.le Dr Devins, médecin-chef ; cependant, comme à cette époque son état de santé ne lui permettait aucun travail fatigant, et qu’il était en outre sénateur de la Haute-Loire, maire de Brioude et médecin de l’hospice civil, il comprit qu’il ne pourrait s’occuper utilement de l’hôpital de la Croix Rouge et pria son confrère, le Dr Mouret, d’en assurer le service médical. Ce dernier accepta cette lourde charge et s’en acquitta avec le plus grand dévouement. Pendant les 30 mois que l’hôpital auxiliaire a fonctionné, le Dr Mouret n’a pas manqué un seul jour de passer tous les matins, à 8 heures très précises, la visite de tous les hommes en traitement dans la formation. Et , s’il jugeait un cas grave, il ordonnait une contre-visite pour 16 heures ; souvent la visite du matin se prolongeait jusqu’à 11 heures ou midi. Prodigue de son temps, cependant bien recherché par sa clientèle civile, le Dr Mouret ne ménageait point sa peine et se montrait souvent très généreux.
Il a fait à l’hôpital 287 interventions chirurgicales graves, dont 82 sous chloroforme, 204 par anesthésie locale et une par rachistovaïnisation.
Les brivadois et les blessés lui doivent une très grande reconnaissance pour son dévouement, son talent et sa générosité.
- M. le commandant Bosquet prit la tête de l’administration, mais ne pouvant suffire à tout, il s’adjoignit Messieurs Henri Denier, banquier, et J.Pouget, architecte, qui se partagèrent la gestion et la comptabilité et les assurèrent pendant toute la durée de l’hôpital.
La direction du personnel infirmier fut confiée à Mme Emile Boyoud qui, obligée de quitter Brioude, n’occupa ce poste que pendant quelques semaines. Elle fut remplacée par Mme E.Rosset(née Devins) qui s’occupa avec un savoir et un dévouement remarquables de cet important service pendant 25 mois.
Des raisons de famille l’ayant forcée à s’installer à Paris, elle fut remplacée par Melle Alix de Lachapelle, qui fut la digne continuatrice de l’œuvre de ses devancières. Les dames infirmières furent divisées en 3 équipes également utiles et dévouées : les infirmières de pansement, les gardes de jour et les gardes de nuit.
- Les infirmiers bénévoles furent au début sous la direction de M.Barande, mais ayant dû partir pour prendre sa place aux armées, où il a été par la suite très grièvement blessé au combat d’Orfeuil (Ardennes), le 1er octobre 1918, il fut remplacé par M.Daumas, qui avec un entier dévouement, occupa ce poste jusqu’au bout. Son talent de photographe le fit apprécier dans l’aide qu’il donna au docteur pour la radiographie.
- Le service de pharmacie fut dès le début assuré par tous les pharmaciens de la ville qui fournissaient autant que possible à parts égales. M. Vacher, titulaire de l’hôpital, étant retenu chez lui, fut remplacé d’abord par M.Dauzat, puis par M.Pougheon, et enfin par M.Duverny, qui fut mobilisé dans la formation dans ce but.
- On doit citer encore M.Blüm, l’aimable et savant organiste de l’église saint Julien, comme grand directeur du personnel. Il sut avec un tact merveilleux assurer tous les services et recruter à l’heure nécessaire les personnes dont la présence était utile pour la bonne marche de l’hôpital.
- La direction générale de la cuisine fut assurée par Mme H.Denier, qui sut s’entourer d’un personnel capable et dévoué. On doit citer notamment M.Bros, ancien maître d’hôtel, qui s’occupa surtout des approvisionnements, et M.Doulcier, pâtissier, qui fut un très compétent caviste. Ces deux bénévoles n’ont pas vu finir la guerre, le premier est décédé des suites d’une ancienne maladie ; le second appelé au front a été glorieusement tué face à l’ennemi.
- La cuisine proprement dite, c'est-à-dire la préparation des aliments, fut tenue pendant les premières semaines par le jeune chef Servant, puis, obligé de partir à l’appel de sa classe, il fut remplacé par M.Jean Tourrette, qui, pendant plus de 20 mois assura avec un dévouement sans égal cet important service, agissant toujours avec exactitude et économie. Il est inutile d’ajouter que tous ces travaux étaient d’une gratuité absolue.
Madame Chaput aida pendant quelques lois tout ce personnel et enfin un certain nombres de jeunes filles assurent pendant toute la durée de l’hôpital les service des repas ; transportant les mets de la cuisine au réfectoire ou dans les salles auprès des blesses et malades qui, ne pouvant pas se lever ou marcher, prenaient leur repas près de leur lit. D’autres vinrent très régulièrement, chaque jour, préparer pour les malades les boissons rafraîchissantes.
- L’important service de lingerie fut confié à Mlle Coupe qui fut secondée par un actif et nombreux personnel ; elle s’occupa aussi du blanchissage qui fut confié par roulement aux diverses blanchisseuses de la ville.
On doit à ce sujet signaler l’aimable attention de M.Combes-Tourrette qui mit gracieusement à la disposition de l’hôpital la buanderie qu’il possède sur un bras de l’Allier, au Pont de Bois.
L'entretien et le nettoyage des vêtements fut assuré par les bons soins de Mme Burin-Desroziers. Mme Denier et Mlle Marie Portalier furent les comptables impeccables des nombreux objets de literie prêtés à l'hôpital et en assurèrent le bon entretien.
Telle était l'organisation de l'hôpital n°4 au début de son fonctionnement, et telle elle se continua pendant toute son existence.
L'administration avait comme principe de s'approvisionner autant que possible chez les fournisseurs brivadois, et elle n'y manqua qu'en cas d'impossibilité absolue.
L'hôpital n°4, prêt a fonctionner le 15 aout 1914, ne fut utilisé que le 28 du même mois. Par suite du désarroi qui régnait à cette époque dans le service de santé, cet établissement, agencé avec 49 lits, selon son classement, fut avisé de l'envoi de 80 blessés. On juge de l'embarras des organisateurs? Cependant, la liste des objets de literie offerts était loin d'être épuisée et dans quelques heures on parvint à organiser dans trois classes les 31 lits manquants. le nombre des infirmières était suffisant, on n'eut qu'à prélever quelques personnes dévouées dans les salles déjà pourvues.
Le 28 aout 1914, l'hôpital reçût son premier convoi de blessés, venant directement du front; ils étaient au nombre de 76.
Le transport de la gare à la formation fut fait par plusieurs voitures automobiles mises gracieusement à la disposition des blesses et à l'aide de camions de commerce sur lesquels les brancards s'adaptaient fort bien et qui furent toujours aimablement et gracieusement offerts par les camionneurs de la ville, parmi desquels on doit tout particulièrement signaler M.Giraud.
En peu de jours le nombreux personnel de l'hôpital fut entrainé et habitue aux soins des blesses, qu'il assura avec un inlassable dévouement. Une amélioration notable dans l'état des blesses se produisit rapidement; mais il est des cas où la science et les soins sont incapables d'éviter un dénouement fatal, ce fait se produisit malheureusement le 21 septembre 1914, le soldat Gaultier fut la première victime de la guerre décédant à Brioude.
Une foule énorme assista à ses obsèques, M.le curé de Brioude organisa une cérémonie imposante, de multiples couronnes furent offertes et M.Blüm se surpassa sur l'orgue de la basilique. Enfin la municipalité offrit un terrain à l'extrémité nord de l'allée centrale du cimetière.
Toutes ces manifestations de sympathies se produisirent pour chacun des décès, hélas trop nombreux, qu'on eut à regretter à l'hôpital.
Le 12 septembre 1914, le service de santé annonça un nouveau convoi de 83 blessés. Tous les hôpitaux de la région étaient plus que complets; et quoique ayant encore leur formation presque entièrement occupée, les administrateurs et médecins de l'hôpital n°4 firent tous leurs efforts pour recevoir les nouveaux arrivants. Une vingtaine d'hommes pouvant marcher furent envoyer au château de Paulhac, mis gracieusement à leur disposition par les propriétaires, Messieurs de Miramont et de Montmorand; Messieurs Bouëry-Veysseyre frères offrirent leur belle villa de l'avenue de la gare, M.Montalban mit deux chambres à leur disposition et enfin le Dr Szumlanski offrit de loger 20 ou 25 blessés dans son établissement.
Les choses étant ainsi organisées, on informa le Service de Santé de la possibilité de recevoir les blessés annoncés, mais l'attente fut vaine et jamais il ne fut plus question de ce convoi qui est resté pour tout le monde introuvable.
Cependant le Service de Santé insistait pour augmenter le nombre de lit de la formation de Brioude; on essaya alors d'une combinaison qui consistait à prendre comme annexe de l'hôpital n°4, en plus des maisons ci-dessus désignées, l'hospice civil de Paulhaguet, celui de Langeac et la grande maison des Sœurs de St Georges d'Aurac. Par ce moyen, on pouvait avoir 200 lits. Mais après de très longs pourparlers, tous ces projets furent abandonnés.
Le Service de Santé décida que les hospices de Paulhaguet et de Langeac seraient utilisés, mais qu'ils auraient leur autonomie et que l'hôpital n°4 serait porté à 55 lits et ce fut tout.
L'hôpital auxiliaire de Brioude continuait à fonctionner paisiblement, et quelques convois de blessés entretenaient le personnel de la formation, lorsque l'administration militaire créa à Brioude, un dépôt pour les mobilisé des 86e et 101 territoriaux. Une infirmerie d'une quinzaine de lits avait été organisée pour ces hommes, mais elle fut rapidement insuffisante et l'hôpital de la Croix-Rouge dut donner asile à de nombreux malades que le service de guerre ne pouvait soigner. Cette situation créa une sérieuse gêne au fonctionnement de l'hôpital, et M. le Dr Devins allant mieux, il décida au bout de quelques mois de prendre les malades du dépôt à l'hospice civil de la ville où il leur affecta une salle.
A cette époque M. le commandant Bosquet, âgé et fatigué, manifesta le désir de prendre du repos. son départ fut une perte pour l'hôpital qui avait en lui un administrateur zélé et entendu; il fut remplacé par le dévoué président du comité de la Croix-Rouge, M. Georges Reynaud qui, malgré son grand âge, voulut bien cumuler ces deux fonctions, qu'il remplit du reste avec le meilleur tact et la plus grande exactitude.
En 1915
Dans le courant de mars 1915, le Service de Santé, satisfait des services rendus, demanda à l'administration de l'hôpital d'augmenter le nombre de ses lits; cette proposition fut acceptée, les achats et agencements nécessaires exécutés, et le 9 mai suivant le nombre de lits fut porté à 80.
En 1916
Au commencement de 1916, nouvelle demande d'augmentation du nombre de lits et nouvelle acceptation. Mais cette fois le local disponible manquant dans l'immeuble, on dut aménager deux salles sous le préau de la cour du 1er étage. On hâta cette installation autant que possible, les lits et la literie nécessaires furent achetés et le 8 mars 1916 le nombre de lits de l'hôpital fut porté à 110.
Malgré ces augmentations, tous les services fonctionnaient normalement, chacun y mettait toute la bonne volonté désirable, et le 9 juillet 1916 le nombre de malades et blessés en traitement à l'hôpital atteignit le chiffre de 109.
Les médecins inspecteurs, qui passaient souvent à Brioude, se montraient tres satisfaits de la marche de cette formation sanitaire, ils donnèrent à plusieurs reprises des notes tres élogieuses aux médecins, infirmières, infirmiers, administrateurs et tout faisait présager que les soins donnés pourraient se continuer jusqu'à la fin des hostilités. les ressources financières étaient encore abondantes et les dévouements ne se fatiguaient pas, lorsque le 14 septembre 1916, au moment où on s'y attendait le moins, l'administration reçut la lettre suivante :
Ministère de la Guerre
cabinet du sous-secrétaire d'état
Paris le 13 septembre 1916
Monsieur
"La nécessité de rendre à sa destination normale l'école primaire supérieure de jeunes filles de Brioude, m'oblige à prononcer la fermeture de l'hôpital auxiliaire organisé dans cet établissement.
Je tiens, au moment où cette mesure intervient, à vous exprimer mes vifs remerciements pour les soins que vous avez donnés aux malades et blessés et pour le concours que vous avez prêté au Service de Santé.
Agréez....
Signé : Justin Godard
Cette décision produisit dans l'hôpital un moment de stupeur, personnel et blessés ne savaient que penser d'une telle mesure. L'école fonctionnait normalement, avec un peu de gêne il est vrai, dans les locaux de l'ancien presbytère, l'état sanitaire était bon et elle prospérait quand même, puisque le nombre de ses élèves s'était accru considérablement pendant la guerre.
Aussi, toute la population brivadoise signa une pétition demandant le maintien de l'hôpital, et en 48 heures elle se couvrit de 2240 signatures; on peut dire que bien peu de maisons de la ville se sont abstenues de protester contre cette mesure. Le conseil municipal ne fut même pas consulté et il protesta à son tour, mais rien n'y fit.
M. Devins fut à Paris au moins huit fois pour intervenir auprès des ministres intéressés, comme sénateur de la Haute-Loire, maire de Brioude, médecin-chef de l'hôpital, mais tout fut inutile
En 1917
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Le 5 février 1917, M. Devins, médecin-chef, reçut l'ordre formel de faire évacuer l'hôpital. Il était dans un état de santé bien précaire et cette mise en demeure, après tous les espoirs et promesses qu'il avait reçus, lui fut extrêmement pénible. Le lendemain il s'alitait et quatre jours après il était mort. L'hôpital perdit en lui un médecin bien dévoué et un ardent défenseur.
M. Mouret fut immédiatement désigné pour lui succéder comme médecin-chef, mais il n'eut malheureusement qu'à faire évacuer les blessés encore en traitement, qui furent renvoyés le 28 février 1917.
L'hôpital auxiliaire n°4 avait vécu exactement 30 mois. Pendant ce temps, nos dévoués compatriotes avaient eu la satisfaction de soigner 746 de nos vaillants défenseurs, ces derniers ayant passé à l'hôpital 34290 journées de présence, et la formation avait, tant pour les frais de première installation que pour ceux résultant de l'achat de vêtements, lingerie, blanchisserie, pharmacie, soins médicaux, radiologiques et radiographiques, chauffage, éclairage, nourriture des malades et blessés, ainsi que du personnel mobilisé et en général tous frais quelconques nécessités par cette œuvre, dépensé 94400 francs.
On ne peut clore ce trop succinct résumé de l'historique de l'hôpital n°4 sans féliciter et remercier les personnes qui se sont dépensées aux soins des malades et blessés. Les infirmiers et surtout les infirmières ont donné à cette occasion l'exemple d'un dévouement merveilleux. Etudiant sous la direction de M. le Dr Mouret, en dehors des heures de travail actif, elles devinrent toutes habiles et très instruites sur leur service. Quinze d'entre ces dames obtinrent dans un examen très sérieux leur diplôme d'infirmière de la Croix-Rouge, et certainement toutes auraient pu l'obtenir si elles avaient osé affronter l'épreuve. Deux d'entre elles et un infirmier avaient aussi suivi à Vichy les cours de massage et de mobilisation, et avaient obtenu à leur départ les notes les plus élogieuses. A toutes et à tous, il y a lieu de dire merci au nom de nos vaillants poilus."
Source : l'Almanach de Brioude, 1920
Auteur : J.Pouget
Photos : collection personnelle
En 2007
Nathalie