Pensée furtive...

[croc-5962]

Je viens de lire le texte de jochari 33, il est arrivée pendant que je pianotais le mien.
En effet, ce qu'il nous dit est exact.

[oratorio]

Mais une question à oratorio:
tu poses des questions sur les combats au corps à corps principalement, pourquoi? Es-tu en manque de sang? Penses-tu que l'un de nous peut répondre à ce que tu attends?
Non, personne ne le peut. Tous les combattants de 14/18, les vrais comme Genevoix, n'ont jamais voulu parler de ces choses là. Et pourtant, Genevoix est l'un des rares combattants à décrire ces tueries, mais lui aussi n'a pas pu dire ou trouver les mots pour nous transmettre leurs peurs, leurs furies, leurs douleurs, leurs angoisses...

Excellente question qui demande une réponse mesurée. Cette guerre est la première guerre moderne. Elle conduira directement à la Shoah. Entre les joueurs de cartes cités plus haut :"A peine sont-ils arrivés vers le milieu de la distance qu’un obus de 130 vient éclater en plein milieu de leur groupe. Nous nous précipitons mais ne relevons que trois cadavres horriblement muti-lés!", Hiroshima et les bombes intelligentes des américains, ce parcours moderne, laisse peu d'initiative et de conscience de la mort au combattant. C'est la guerre industrielle. C'est la guerre à distance. L'inhumanité en gros. Par contre la baîonnette ou la pelle c'est la proximité de celui que l'on veux/va tuer. La dimension est humaine, même si elle est atroce. On regarde l'autre directement dans les yeux. Ce n'est pas une réponse que je demande, mais c'est plutôt de vouloir rester suspendu au silence du grand-père de Terrasson, quand il ne pouvait plus aller plus loin dans sa description de la bataille. Ce silence révélateur à qui sait écouter ce qui ne se dit pas, plus.

[oratorio]

Mais une question à oratorio:
tu poses des questions sur les combats au corps à corps principalement, pourquoi? Es-tu en manque de sang?

Manque de sang? Absolument. Pour des raisons encore inconnues, je ne pense jamais:" Je me demande comment j'aurais vécu la guerre de cent ans, la Guerre d'Algérie, ou la guerre en Iraq". Par contre depuis mon enfance je me demande sans cesse:"Comment aurais-je vécu les tranchées?" Peut-être parce qu'un survivant de la Grande Guerre à su conter son parcours au gamin de onze que j'étais. Sans forfanterie, sans honte, sans modestie. La géographie de son corps, quand il prenait son bain avant la messe, reflète la topographie de son parcours. La moitié de la cuisse qui manquait, telle campagne. L'oeil qui ne voyait plus, telle autre campagne. Et les morceaux de metal qui étaient logés un peu partout dans un corps diminué, toutes les autres campagnes. Et toutes les blessures que j'ai oubliées, celles que je n'ai pu répertorier. J'aurais voulu être à ses côtés. Pour le soutenir. Pour qu'il ne sente pas seul quand il bondissait hors de la tranchée. Mais j'ai des doutes quand à ma qualité de guerrier. Aurait-il été fier de moi ou bien aurais-je été attaché au poteau d'exécution? Une question qui finit toujours aussi dans un silence épais comme la boue de la Somme. Au bout de la baïonnette se trouve la réponse que je n'arrive point à déchiffrer.

[Alain ORRIERE]

Bonjour Oratorio
Pour la question que vous me posée,je ne peux repondre exactement car les archives de la justice militaire de la 154eme DI ont disparues
Mon grand-oncle faisait parti du 416RI a cette epoque et je sais qu'il y a eu des problemes dans un bataillon(lequel?)lors d'une relève,fin Mai(vers le 24 ou le 26).Le regiment etait cantonné a Blanc-Sablon du coté de Craonnelle,et etait engagé sur l'offensive du chemin des Dames en Avril 1917.peux de temps après il etait affecté au 80RI et finissait la guerre avec ce regiment(citation+croix de guerre pour un coup de main le 11 juillet 1918 a Nomeny avec le sous-lieutenant CLAUZEL
bonne journée a tous
ORRIERE Alain