Et les chevaux, les mulets dans tout çà !!!

[rolando]

Bonjour à toutes et à tous,

Teinture des chevaux pour les camoufler ? Tout savoir ou presque !

Le besoin a probablement stimulé les imaginations, pourquoi ne pas teindre la robe claire des chevaux ? Les Britanniques avaient précédé les Français, en employant le permanganate de potassium à 50 %, les résultats auraient été considérés comme satisfaisants. En date du 23 mars 1915, une circulaire du ministre de la Guerre informe le général commandant en chef que des expériences avaient été réalisées par le service de remonte de Paris... “ Afin d’apprécier sur des bases plus larges, dans les troupes à cheval actuellement sur le front ”. En annexe, une note rappelle que l’on obtient une teinte kaki plus ou moins foncée qui va de l’isabelle à l’alezan brûlé, la couleur passant un peu avec le temps, traiter à une date en fonction de la mue. En effet, si la pousse des crins est continue, leur longueur reste à peu près constante, contrairement aux poils, plus longs à la saison d’hiver qu’en été. La mue se produisant au printemps et de nouveau à l’automne, le meilleur moment pour pratiquer la teinture se situe d’un part vers le 1er avril, d’autre part autour du 15 novembre, et permet d’obtenir des teintes uniformes. Une teinture en fin de mue donne des couleurs aux nuances plus foncées à son début et plus claires par la suite. La quantité de solution nécessaire à la teinture d’un cheval est évaluée à 150 g de permanganate de potasse dilué dans trois litres d’eau. Une dépêche du ministre de la Guerre du 15 avril 1915 allouait la quantité de produit pour teindre environ 66 000 chevaux. Le coût d’une teinture par animal était évalué à deux francs.
D’après le vétérinaire-major de 2ème classe BRETON, l’utilisation du permanganate n’a pas produit les résultats attendus, la technique a été abandonnée. Une autre méthode “ basée sur l’oxydation de la paraphénylène-diamine par le bichromate de potasse... (n’a pas donné satisfaction) : les opérés déteignent vite et leur couleur lie-de-vin n’a rien d’agréable ”.
L’auteur a d’abord observé in situ quelles couleurs de robes se confondent le mieux avec différents décors : ce sont les rouan, les alezan, les isabelle et les gris foncés mélangés. Ces couleurs s’obtiennent en choisissant le moment de la teinture par rapport à la mue, afin d’avoir un mélange de poils nouveaux demeurés à leur couleur initiale et de poils plus anciens colorés artificiellement. La mue bisannuelle oblige à teindre les animaux deux fois par an. La technique de la teinture comprenait deux opérations distinctes : la préparation du cheval puis l’application de la teinture. Le premier travail consiste à débarrasser les poils et crins des poussières, déchets épidermiques et matières grasses produites par les glandes sébacées. Pour ce faire, on lessive l’animal avec une solution savonneuse puissante, puis on le rince à grande eau et on le sèche au “ couteau de chaleur ”. Ensuite, on passe un shampooing énergique (solution ammoniacale) pour finir le dégraissage des poils. Cette opération terminée, on passe à l’application de la teinture. A l’aide d’une brosse trempée dans la teinture en solution, “ on commencera par les parties supérieures du corps en imbibant les poils par petits coups, uniformément dans le sens de la fourrure, de cette façon, on aura une imprégnation régulière. Les coups de brosse donnés dans tous les sens et surtout à rebrousse-poil et en tourbillon, déterminent des taches et des irrégularités de ton des plus disgracieuses... ”.
Pour la crinière et la queue, il faut teindre par couches successives de crins. Les naseaux et les yeux ne seront pas touchés, de même qu’il ne faut pas mettre trop de teinture sur la peau, certaines substances étant agressives. Suivant leur origine : minérale, végétale ou synthétique, plusieurs types de matières colorantes ont été testées sur les chevaux. Nous avons vu que le permanganate de potassium avait été autorisé par circulaire ministérielle, mais selon BRETON, la méthode prescrite ne permet pas de teindre la robe du cheval mais de la poudrer, sauf pour les crins, et après quelques semaines, les poils redeviennent blancs. Les essais effectués par le même auteur, en ajoutant au colorant de l’alcool et de la glycérine ont permis de fixer la teinture dans le poil. L’opération achevée, on rince le cheval à grande eau. En ajoutant à l’eau de rinçage de l’eau oxygénée, on a un animal alezan clair, en ajoutant de l’acide pyrogallique, la robe est alezan brûlé. Autre produit essayé : le nitrate d’argent. Il donne une teinture brune ou noire plus ou moins foncée et très solide. Le procédé de teinture avec le permanganate de potassium et le nitrate d’argent consiste à imprégner les poils et crins avec un sel métallique qui se décompose et se précipite en formant un oxyde adhérent au support et insoluble. Une autre technique nécessite l’application successive sur l’animal de deux solutions métalliques différentes qui forment entre elles un précipité adhérent insoluble sur la robe. Il a été utilisé le sulfure de plomb qui donne une teinte alezan brûlé, on peut foncer la couleur par une seconde application. Ce produit ne passerait que très lentement, supporterait le ponçage, le lavage et la sudation si l’opération a été correctement effectuée. Son prix de revient est faible. Le même procédé a été employé avec le sulfure de cuivre associé au polysulfure de potassium pour obtenir une double décomposition : la teinte obtenue est le gris brun.
La teinture avec des colorants végétaux a fait l’objet d’essais nombreux dont seul l’acide pyrogallique associé avec le cachou ont été retenus. Ces produits mélangés sont appliqués après mordançage et donnent des nuances, selon le mordant, de l’alezan café au lait au gris fer foncé. La fixité insuffisante de la teinture, qui ne résiste pas plus d’un mois aux soins normaux du cheval et à sa sudation ne permettaient pas d’envisager une extension du procédé. Un seul colorant synthétique (autorisé par la notice ministérielle) a été utilisé : la paraphényle-diamine. BRETON propose d’améliorer la technique de la teinture par adjonction d’un oxydant au colorant, et de faire une seule opération au lieu de deux : sur l’animal sec, on enlève l’excédent de teinture en frottant la robe avec de la sciure de bois sèche ou par lavage à l’éponge avec de l’eau tiède additionnée d’eau oxygénée. La couleur obtenue est lie-de-vin très foncé qui brunit vers la couleur ardoise (rouan plus ou moins foncé et le gris ardoise). Cette méthode donnerait une coloration solide, non toxique, dissimulant bien le cheval dans la nature. L’expérimentateur ne nous informe pas à quelle échelle ces manipulations ont été réalisées, ni même si les chevaux ainsi traités ont fait campagne dans les mêmes conditions que leurs congénères à robe foncée (déplacements, intempéries, bivouacs), pour vérifier la fiabilité des teintures et les éventuelles conséquences sur la santé des animaux. Par ailleurs, l’exécution de la teinture dans des conditions matérielles rustiques semble délicate : préparation de solutions complexes, manipulation de produits corrosifs dont l’application est minutieuse, longue, sur des surfaces importantes, qui demandent de grandes quantités d’eau (parfois chaude).
Les moyens divers utilisés pour masquer ou camoufler nous indiquent bien que la guerre avait changé de visage. Pour ne pas être aisément repérés ou hors de combat, hommes, chevaux et matériels devaient être discrets sinon invisibles. Les tentatives de teinture des chevaux montrent à quel point ceux-ci devaient être nombreux pour que les combats continuent. Etre camouflé rend, en apparence, le champ de bataille complètement vide, mais les acteurs s’observent avant d’agir.

Bien cordialement,
Caballero.

[rolando]

Bonjour Mercadal, bonjour à tous,

Merci pour cette publication que je ne connaissais pas.

Les équidés, sont l'objet de nombreuses communications, le cheval demeure le plus apprécié.

Bien cordialement,
Caballero.