Voici un tout petit florilège d'intérieurs d'abris habituellement sous les eaux.
Je l'ai déjà indiqué dans ce sujet et au risque de me répéter, le niveau actuel est exceptionnellement bas, l'eau se fait rare (dans la Meuse) depuis début juillet...
Pour les amateurs de blockhaus et d'abris en tout genre c'est une nouvelle ère qui s'ouvre, l’inconvénient, si le phénomène dure ou se répète trop souvent c'est la disparition à brève échéance de tout ce mobilier que l'eau a conservée (mais aussi cachée) depuis 100 ans et plus.
Petit abri-observatoire avec bancs et...pioche, restée là depuis des décennies.
Diverses casemates avec restes de mobilier, notamment des lits.
Les dégradations suite à ces assèchements risquent d'être importantes : les boiseries déshydratées vont se fendre et casser, mais surtout l'oxyde de fer, qui était en suspension dans l'eau, s'est déposé partout, imprègne tout, et réagit au contact de l'air comme un acide en dégradant ce qui est organique : tissus, bois, carton, cuir... Si vous souhaitez sauvegarder des éléments de cuir, rincez-les à l'eau clair et stabilisez-les (avant qu'ils ne soient sec) avec un corps gras non acide, en insistant aux endroits où le fer est en contact avec le cuir (par exemple les clous de semelles).
Si vous souhaitez sauvegarder des éléments de cuir, rincez-les à l'eau clair et stabilisez-les (avant qu'ils ne soient sec) avec un corps gras non acide, en insistant aux endroits où le fer est en contact avec le cuir (par exemple les clous de semelles).
Il est trop tard pour celles-ci...
Voilà deux abris semi-enterré (pour l'infanterie) où l'eau s'est retirée de manière significative.
Abri (artillerie) quasiment sec, il reste 15mm d'eau seulement, photos de février et de novembre dernier.
Merci pour ces nouvelles photos. Non ! il n'est pas trop tard pour ces reliques ! Le cuir n'ayant pas encore séché, il suffirait de les envelopper chacune dans un sachet plastique (des petits éléments vont se détacher, comme les clous, il faut éviter de les mélanger pour la suite). Ces restes de chaussures peuvent se garder sans problème quelques semaines dans les sachets, tant qu'ils restent humides. Sinon vous pouvez les plonger dans une bassine d'eau, indéfiniment. Pour les semelles allemandes, il est essentiel que les petites chevilles de hêtre restent humides !
Pour stabiliser et conserver ensuite ces chaussures (Il ne s'agit pas de faire du neuf avec du vieux, mais simplement de rendre "lisible" des pièces tout en conservant leur patine) :
1 - il faut les rincer à l'eau clair, en les brossant doucement (un gros pinceau plat fait l'affaire). Des coutures vont lâcher, des clous vont tomber, ce n'est pas grave.
2 - Il faut ensuite laisser légèrement sécher le cuir (sec au toucher, mais encore souple et de couleur sombre),
3 - puis l'imprégner de graisse neutre (vaseline) côté fleur. C'est un travail de corroyage, qui consiste à faire entrer le corps gras tout en assouplissant très progressivement le cuir.
si des clous sont tombés, il faut les recoller à la néoprène (avant graissage de la semelle)
si le talon est parti en mille-feuilles, là-aussi un peu de néoprène avant tout graissage
4 - si des coutures ont lâché, un fil, une aiguille, de l'huile de coude... ou des petites boucles de fil de fer fin. Attention à être à jour dans sa vaccination contre le tétanos, le risque est sévère !
Ces pièces présentent un réel intérêt, la botte à gauche sur la photo a été découpée pour en faire un chausson, artefact observé dans les cantonnements et abris sans risque d'alerte.
Mais vous réalisez déjà un admirable travail de prospection et de restauration de monuments, et ce travail de patience est rebutant !
Verdun cet après-midi, (sous le soleil avec un petit 12°) abri pour l'infanterie défendant la corne d'un bois.
Le boisage est toujours bien présent aux entrées, sur les murs mais également avec les lits et les poteaux.
Son voisin est encore plus surprenant, les photos demain...
voici l'abri voisin, distant d'environ 180 mètres et ne présentant pas les mêmes caractéristiques, il est intéressant et a double titre.
Composé de plusieurs petites pièces, il conserve son boisage et on s’aperçoit qu'il a résisté a un puissant impact au niveau du couloir.
Objet insolite que ce grappin : pour l'escalade, ou pour arracher les barbelés comme les essais infructueux de 1915 ?
La découverte de plusieurs exemplaires près de Douaumont indique un dépôt de matériel en surface de sol, mais s'il date de la prise du fort, il aura alors échappé à l'enfouissement par les mois de bombardement qui ont suivi. maintenant, sur un champ de bataille, la logique est souvent prise à défaut.
L'impact au plafond de la galerie boisée, l'abri a dû rudement tanguer et les gars croire leur dernier moment venu !