CHEMIN DES DAMES 15 avril

Sur les traces des combats et de combattants
Avatar de l’utilisateur
serge
Messages : 1171
Inscription : mar. mars 15, 2005 1:00 am
Localisation : Aisne

Re: CHEMIN DES DAMES 15 avril

Message par serge »

Perdu dans son petit vallon à l'écart des grands axes routiers, Sancy les Cheminots, qui doit son nom à l'aide apportée par ces derniers dans la reconstruction du village.
Si vous passez par là, rencontrez M. le Maire qui vous parlera de son village avec passion.

La mairie école:

Image


avec son blason, la locomotive:

Image


l'église:

Image


le village:

Image



La fontaine Saint-Ouen:

Image

Avatar de l’utilisateur
serge
Messages : 1171
Inscription : mar. mars 15, 2005 1:00 am
Localisation : Aisne

Re: CHEMIN DES DAMES 15 avril

Message par serge »

La vallée voisine part de Vailly sur Aisne, remonte à Aizy-Jouy villages jumelés, pour se terminer en Y, une branche ouest coté ferme de Bohéry, l'autre à l'est coté fort de La Malmaison.
A noter qu'à l'époque la ferme de Bohéry se trouvait de ce dernier coté, face au cimetière actuel de La Malmaison.
Comme la plupart des fermes du Chemin des Dames, elle a été reconstruite à l'écart.


Aizy-Jouy avec la ferme de Bohéry sur la crête:

Image

Image


Les deux églises d'Aizy et Jouy, Jouy cher à Henri Astoul où le Cne Deligné se sacrifia en 1918:

Image


Nombreux sont les Poilus qui sont passés par là en octobre 17 lors de l'offensive de la Malmaison:

Le Mont des Roches et les Roches du Cerf:

Image


Fermes de La Malmaison et de Bohéry:

Image


Avatar de l’utilisateur
serge
Messages : 1171
Inscription : mar. mars 15, 2005 1:00 am
Localisation : Aisne

Re: CHEMIN DES DAMES 15 avril

Message par serge »


Dirigeons-nous vers l'Aisne et Vailly, point de franchissement de la rivière connu de nombreux Poilus.
Le pont était une cible privilégiée par l'artillerie allemande et il ne fallait pas y "moisir" (voir récit du Cne Désagneaux):

Image


Image


A l'époque:
Image
Avatar de l’utilisateur
serge
Messages : 1171
Inscription : mar. mars 15, 2005 1:00 am
Localisation : Aisne

Re: CHEMIN DES DAMES 15 avril

Message par serge »

Sur la dernière carte de Vailly, commentaires du Poilu qui l'a écrite:

"Ici ça ne vaut pas Bordeaux, les trams électriques sont rares!"

Le Monument aux Morts de Vailly:

Image


Celui de Presles et Boves est mon préféré. Tout y est exprimé, pas besoin de commentaires !

Image


Bove est l'autre nom donné à une creute, donc toujours à Presles-et-Boves:

Image
Avatar de l’utilisateur
serge
Messages : 1171
Inscription : mar. mars 15, 2005 1:00 am
Localisation : Aisne

Re: CHEMIN DES DAMES 15 avril

Message par serge »


Reprenons notre parcours au Chemin des Dames, après les fermes de La Malmaison et de Bohéry, nous abordons la ferme du Panthéon, où la période des semailles amène encore la découverte de funestes vestiges:

Image


avec sa voisine, les Bovettes:

Image


puis La Royère:

Image





Avatar de l’utilisateur
serge
Messages : 1171
Inscription : mar. mars 15, 2005 1:00 am
Localisation : Aisne

Re: CHEMIN DES DAMES 15 avril

Message par serge »


De furieux combats eurent lieu vers cette ferme de La Royère sur la commune de Filain le 8 juillet 1917, entre le secteur de la Chapelle Sainte Berthe et l'Epine de Chevregny. Deux bataillons du 359e RI furent décimés. Je vous raconterai cet épisode tragique.

Voici la Chapelle Sainte Berthe et Monampteuil de l'autre coté de la vallée de l'Ailette:

Image


Les ruines de Monampteuil:

Image




A l'Epine de Chevregny, nous arrivons à Froidmont sur la commune de Braye en Laonnois, où nous avons déjà vu le passage des Chasseurs.
Braye en Laonnois:

Image


La mairie-école et l'église:

Image


Image


Avatar de l’utilisateur
serge
Messages : 1171
Inscription : mar. mars 15, 2005 1:00 am
Localisation : Aisne

Re: CHEMIN DES DAMES 15 avril

Message par serge »

Avant de quitter ce secteur, voici le récit du Capitaine Désagneaux dans son "Journal de guerre", sur son passage au Chemin des Dames du 17 juin au 10 juillet 1917, soit un an après être passé à Verdun (Thiaumont- juin 1916)

Il commandait la 21e Cie du 6e Btn du 359e RI rattaché à la 129e DI du Général Garbit.

Suivons son parcours:

17 juin 1917
"A 21 h, nous partons de Chassemy pour relever une compagnie à la tranchée d'Andrinople.
Quelle relève, le soir il fait une chaleur torride. Nous avons à franchir les deux ponts de Vailly où les 210 arrivent sans arrêt et la ferme de Rouge Maison où sont installées des batteries et où le déluge d'obus est encore plus dense. C'est un vrai tir de barrage. Une section s'égare et ne peut rejoindre qu'au jour.
Nous arrivons sur place à 2h30 du matin, assoiffés, exténués et pas une goutte d'eau.
Au cours de la relève, j'ai un tué et cinq blessés."



Image



"Nous prenons place dans un boyau sans abri, sans aucun aménagement. Pas un trou, pas une tôle ondulée! Et quel tir, les 150 et 210 font voler la terre de toute part. On se fait tout petit et on attend l'obus qui nous déchiquettera.
Au jour, je constate que je suis couvert de bêtes genre scarabée qui se faufilent sous les vêtements. Pas d'eau, pas de boisson et les obus continuent à passer au-dessus de nous et à faire voler la terre tout alentour.
C'est un second Verdun!"


Avatar de l’utilisateur
serge
Messages : 1171
Inscription : mar. mars 15, 2005 1:00 am
Localisation : Aisne

Re: CHEMIN DES DAMES 15 avril

Message par serge »

18 juin 1917

"Temps superbe. Dès 4h du matin, les avions boches sont au-dessus de nous, deux d'entre eux descendent jusqu'à 50m pour mitrailler les tranchées. Impression pénible que d'entendre ces tac-tac-tac et le sifflement des balles. On se fait tout petit. Une fois parti, ça ne chaume pas, le canon reprend ses tirs; ça tape et avec quel calibre!

Du Chemin des Dames même, il ne nous reste pour autant dire rien. Nous avons relevé ici le 3e C.A. parce qu'il ne voulait plus marcher et les boches ont profité du mauvais esprit pour reconquérir du terrain.
On n'entend parler que de mutineries, de troupes qui refusent la relève. Du coté de Braine, on a massé des goumiers et des Marocains chargés de faire monter les troupes aux tranchées, si besoin est. Il arrive que des troupes en secteur restent deux, trois et quatre jours supplémentaires parce que les remplaçants refusent de marcher. C'est l'esprit du jour.

Le soir après une journée de chaleur accablante et un bombardement intense, à 22h je vais faire la reconnaissance du secteur que nous devons prendre demain (sous-secteur Filain-CR Berthier); il faut passer à travers des tirs de barrage. Vers les lignes, plus de tranchées, tout est détruit!
Les compagnies ne peuvent même plus réparer les dégâts du jour. Les fusées éclairantes jaillissent à chaque instant, les rafales de mitrailleuses nous plaquent à terre. Péniblement on avance, on ne voit rien; c'est ce qu'on appelle une reconnaissance!
Enfin, sous un dernier éclatement, pas loin, on s'enfonce dans un trou où des dizaines de têtes sont là apeurées, d'autres couchés en travers; c'est un PC.
On souffle, on se passe de vagues consignes et après un coup d'oeil sur un vague croquis, le camarade vous dit: Filez vite et à demain.
Les obus arrivent par centaines, ça éclate de toute part. On circule avec peine. Les corvées de soupe et de munitions se perdent dans ce dédale. Puis c'est la file de blessés qu'on ramène des lignes vers l'arrière. Nous prenons à travers la plaine mais bientôt nous nous perdons, ce sont des boyaux dans tous les sens, des réseaux de fils de fer à contourner. Nous devons attendre le jour pour nous retouver.
Triste, triste vie! Comment ne crève-t'on pas au milieu de tout cela ?

Le 19 à 22h, nous relevons à la tranchée du Couteau, face à La Royère"


Image
Avatar de l’utilisateur
serge
Messages : 1171
Inscription : mar. mars 15, 2005 1:00 am
Localisation : Aisne

Re: CHEMIN DES DAMES 15 avril

Message par serge »

20 juin 1917

Communiqué officiel:

"Au sud de Filain, une tentative allemande sur un saillant de notre ligne à l'Est de la ferme de la Royère n'a obtenu aucun résultat"

"La journée se passe sous un bombardement inouï; on ne songe même plus à manger, la fièvre nous prend, la soif se fait sentir, même pas une goutte d'eau, rien, il faut attendre la nuit pour que les corvées ramènent quelques bidons".

21 juin 1917

" Enfin, on me donne ma permission. Avec mon ordonnance, nous filons. Il faut de nouveau passer à la ferme de Rouge Maison sous des tirs serrés d'artillerie. A Vailly, c'est la désolation, ruines partout. Nous soufflons pour franchir les ponts à bonne allure, les shrapnels éclatent à tout instant.
A Chassemy je me lave et à la nuit, je vais à la gare; encore six kimomètres à faire. Dix-huit kilomètres depuis les lignes!!! Quel civil peut se douter de ce que représente un tel départ".


Vailly sur Aisne:
Image


22 juin 1917

Communiqué officiel:

" Sur le chemin des Dames, le bombardement de nos positions au Sud de Filain et dans la région de Braye en Laonnois s'est prolongé par une série d'attaques très violentes. Sur un front de plus de deux kilomètres, depuis l'ouest de la ferme de la Royère jusqu'à l'Epine de Chevregny, les Allemands ont lancé des forces importantes composées de troupes spéciales qui ont attaqué avec un grand acharnement malgré les lourdes pertes que leur ont infligées nos feux. Sur la majeure partie du front attaqué, les efforts de l'ennemi ont été brisés. Nous avons maintenu nos positions, sauf au centre où l'ennemi a pu, après plusieurs tentatives, pénétrer dans un saillant de notre ligne".

23 juin 1917

Communiqué officiel:

"La nuit a été marquée par un violent bombardement suivi par une nouvelle série de tentatives allemandes sur les points attaqués les jours précédents.
La lutte a été particulièremant vive entre la ferme de la Royère et la ferme Froidmont. Les Allemands qui avaient élargi leur front d'attaque à l'Est de l'Epine de Chevregny jusqu'au nord de la ferme Froidmont, ont multiplié leurs efforts pour enlever les positions contre lesquelles ils s'étaient brisés la veille. Les vagues d'assaut, disloquées par nos feux, n'ont pu aborder nos lignes ni déboucher du saillant où elles avaient pénétré hier."


Image

Avatar de l’utilisateur
serge
Messages : 1171
Inscription : mar. mars 15, 2005 1:00 am
Localisation : Aisne

Re: CHEMIN DES DAMES 15 avril

Message par serge »

"Au retour de ma permission, je pense trouver le régiment au repos. Il est toujours en ligne.
Que d'évènements dans ce secteur depuis mon départ: dans la nuit du 22 au 23 juin, grosse attaque boche par troupes spéciales, à grand renfort d'artillerie, de liquides enflammés sur 2km du front, englobant le 297e à notre droite, le 6e bataillon du 359e (le mien) et le 5e bataillon à notre gauche".


Est de la Royère, secteur de la Chapelle Ste Berthe et de la ferme Saint Martin:
tranchées du Salepêtre et de la Mélinite.

Image

Image

[/i]"Le 297e lâche pied et se fait prendre sa première ligne et sa ligne de résistance.
Le 6e bataillon du 359e (22e et 23e Cies) débordé à droite perd sa première ligne sous le feu des liquides enflammés. Une cinquantaine d'hommes et d'officiers sont brûlés ou prisonniers. La 21e Cie en réserve détache un peloton en renfort. Il traverse les tirs de barrage et résiste sur place.
Pertes du bataillon pour la journée: 150.

Le lendemain, il doit y avoir contre-attaque par le 121e BCP, le 120e BCP et des troupes noires. Le 297e RI contre-attaque de son coté; un de ses bataillons est décimé.
Les 120e et 121e BCP refusent de marcher. La contre-attaque n'aura pas lieu.
Le Général Garbit commandant la division est dégommé et remplacé par le Général de Corn."[/i]

Regardons de près cet évènement:

En fait d'après les documents du SHD, le Général Garbit faisait état de l'incapacité de ses troupes à poursuivre l'offensive, chose mal acceptée par sa hiérarchie qui le "démissionna". A Verdun, il avait déjà fait preuve de son humanisme et était reconnu par sa troupe pour cela.
Une fois de plus, on constate que l' Etat-Major ne tient pas compte de l'avis des hommes de terrain, ce qui explique aussi les mutineries.

A ce sujet, je vous conseille l'excellent livre de Denis Rolland sur les mutineries de 1917 " La grève des tranchées".

Répondre

Revenir à « SITES ET VESTIGES DE LA GRANDE GUERRE »