Bonsoir à tous,
Pierre Marie Joseph LE HELLOCO
[Bréhan-Loudéac (Morbihan), 27 avril 1885 ― Rennes (Ille-et-Vilaine), 14 octobre 1947]
• La Croix, n° 9.737, Mercredi 9 décembre 1914,
p. 6, en rubrique « Apologétique tirée de la guerre ».
« Nous sommes fiers d'être leurs aumôniers.
Lettre de M. l'abbé Pouchard (*), aumônier militaire de Rennes.
X..., jeudi 29 octobre.
J'ai le regret et la douleur de vous annoncer que M. l'abbé Le Helloco, aumônier volontaire, a été grièvement blessés d'une balle dans les reins et d'une autre dans le bras, dans la nuit de dimanche à lundi. Mais je vais commencer par vous dire que les dernières nouvelles reçues sur son état sont rassurantes. Il a été évacué sur l'hôpital de D... et l'un de nos commissaires qui l'a vu hier soir vient de m'annoncer qu'on a bon espoir de le sauver. Voici comment l'accident s'est produit :
M. Le Helleco habitait, avec le colonel et le médecin principal, une petite maison pas trop ruinée, en deçà de D... en face de la nôtre. Vers 3 h. ½ au matin, un parti d'Allemands passa à R... les lignes belges. Les nôtres les refoulèrent, mais quelques-uns réussirent à pénétrer jusqu'à nos portes en poussant des cris. Le docteur et M. Le Helloco, sortis en toute hâte, reçurent des balles à bout portant. M. Le Helloco souffrant beaucoup fut soigné par un médecin belge et dirigé en auto sur l'hôpital de D... où il est en traitement. Un mot de vous et une bénédiction do Monseigneur lui feraient sûrement plaisir.
Depuis notre entrée en campagne, il s'est dépensé sans compter, et par l'apostolat le plus intelligent, un dévouement sans réserves et une bravoure intrépide, s'est acquis l'estime et affection des soldats et l'amitié de tous les officiers, que son accident a très affectés.
Nous sommes depuis quinze jours à une épreuve terrible. C'est un enfer par le tonnerre, la mitraille et le feu, par le sang, les plaies, les agonies et la mort mais un paradis par la croix, le courage, le sacrifice et toutes les vertus héroïques. Nos régiments, tenant tête à un ennemi dix fois plus nombreux, et ayant reçu la consigne de tenir jusqu'au dernier homme, sont admirables dans l'effort le plus dur, le plus ingrat et le plus constant. Nous sommes fiers d'être leurs aumôniers, et ils nous donnent toutes les consolations. Priez pour eux et pour nous, et vive la France ! Bien respectueusement et bien affectueusement. »
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(*) Jules Marie Joseph POUCHARD [Bais (Ille-et-Vilaine), 14 février 1879 ― Saint-Mandé (Val-de-Marne), 7 février 1944], aumônier temporaire de la Flotte alors affecté au 1er Régiment des fusiliers marins.
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Caserne de la Pépinière, Paris (VIIIe Arr.)
Remise de la Croix d'officier de la Légion d'honneur à l'abbé Pierre Le Helloco,
aumônier de la Brigade des fusilliers marins (1921)
Bibliothèque nationale de France – Département Estampes et photographie
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