Merci à tous pour votre aide. Je pense que je vais rester sur le camp de Montboucher.
Merci aussi pour les fiches matricules qui apportent pas mal d'éclairages sur mon soldat.
Voici deux lettres qui illustrent les infos que vous m'avez transmises :
En rapport à sa citation :
En rapport à sa blessure :Mingoval (Pas-de-Calais), le 31 Décembre 1914
15 km de Calais, 15 km d’Arras, 3 km de Carency que les chasseurs ont repris aux Boches
Cher Monsieur Fournau
Je m’empresse de vous faire connaître tout d’abord que la santé est excellente et que j’ai eu la bonne veine de me tirer indemne d’une série de journées très meurtrières où nous avons laissé, malheureusement, beaucoup des nôtres. J’ai eu pour mon compte 3 balles : une qui a traversé mon béret, une seconde qui m’a touché à l’épaule et m’a légèrement blessé, et la troisième qui est resté dans mes molletières. Enfin, ce n’est rien et je suis bien content car j’ai fait bravement mon devoir, vous pouvez le croire, et j’espère même être cité à l’ordre du jour de l’armée.
Je vous remercie encore des bons colis que vous m’avez adressés. Mais je dois vous dire que je n’ai pas fumé le paquet de tabac bleu qui y était joint. Figurez-vous que le 28, nous nous sommes trouvés nez à nez avec les Boches dans une tranchée. Immédiatement, je fis faire, car mon chef de section venait d’être tué, une barrière de sacs avec de la terre, et le mien y est resté ; le paquet de tabac aussi. Mais au moins, les Boches n’en ont pas profité car le 27e Bat. de chasseurs étant venu nous renforcer, nous avons pu leur reprendre, encore ce jour-là, plus de 800 mètres et plus de 5 tranchées. Vous voyez que les chasseurs font de la belle et bonne besogne.
J’aime à penser que ma lettre vous trouvera en bonne santé ainsi que toute la famille. À bientôt, je l’espère, Mon cher Monsieur Fournau, et à bientôt, je l’espère, de vos bonnes nouvelles.
Présentez, je vous prie, mon meilleur souvenir à Mme Fournau ainsi qu’à Melles Louise et Edmée.
Recevez, Mon cher Monsieur Fournau, avec l’expression de ma vive et reconnaissante amitié, une très cordiale poignée de main de votre très dévoué
Imberton
Voici ma nouvelle adresse :
Mr Émile Imberton
Sergent, 11e Bat. de chasseurs,
5e Cie en campagne
Secteur Postal 96
Mercredi 24 nov. 1915
Mon cher Monsieur Fournau
J’ai été blessé avant-hier matin par un obus dont les éclats m’ont atteint au pied gauche et à la poitrine. Mon état n’est pas très grave, mais le docteur s’oppose cependant à mon évacuation sur l’intérieur à cause de ma lésion à la poitrine.
Ma femme ignore ce qui m’est arrivé. J’ai attribué ma présence à Gérardmer à une question de service. Ça a très bien marché, d’autant mieux que j’étais habitué à venir ici fréquemment.
Je pense être dirigé sur un hôpital de l’intérieur dans le courant de la semaine prochaine. D’ici deux ou trois jours, je pourrai me lever. C’est parfait, d’autant plus que j’ai les meilleurs raisons d’espérer une évacuation dans nos régions.
J’espère donc vous revoir bientôt. Voici mon adresse : Imberton Émile, sergent-major 11e chasseurs, en traitement à l’hôpital de la Poste à Gérardmer (Vosges).
Meilleur souvenir, je vous prie à votre aimable famille. À vous, mon cher Monsieur Fournau, toutes mes bonnes et respectueuses amitiés.
Je vous serre bien amicalement les deux mains.
Imberton
C’est après avoir pris avis du major que j’ai pris la décision de taire pendant mon séjour ici mon état réel à ma famille.
Je ne resterai pas certainement plus d’une douzaine de jours à Gérardmer et ma femme n’ayant pas le temps matériel de venir me voir se serait trop tourmentée.
À bientôt je l’espère, et je vous embrasse tous bien affectueusement.
Imberton
Bonne journée.
Cordialement,
Frédéric S.