Déminage et nettoyage des zones de combat

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Arnaud Carobbi
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Re: Déminage et nettoyage des zones de combat

Message par Arnaud Carobbi »

Bonjour Fabien,
Bonjour à tous,


Quelques données sur le "désobusage" du Pas-de-Calais en 1920 sont disponibles dans ce sujet :
pages1418/Pagesvecuesrecitstemoignages/ ... .htm#t2242
Les données liées aux pertes sont précises et circonstanciées et j'imagine qu'il doit exister des informations dans les Archives départementales des départements concernés.
Bien cordialement,
Arnaud
steinbach frederic
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Re: Déminage et nettoyage des zones de combat

Message par steinbach frederic »

Bonjour à toutes et tous,
Par rapport au questionnement de monte-au-creneau sur les reboisements, cela peremet de traiter directement de la "Zone Rouge". Tout d'abord au niveau de sa définition : la zone rouge est avant tout basée sur des notions économiques. Il s'agit des terres dont le coût de remise en état post 1918 est supérieur à la valeur du sol 1914. Il est vrai que pour des régions comme la Lorraine, il y avait avant guerre une perte de valeur du sol et beaucoup d'agriculteurs avaient une double profession en allant travailler dans les usines comme c'est le cas des villages autour de Pont-à-Mousson. Les terres étaient très morcellées (en moyenne de 10 à 30 ares dans les secteurs de Flirey, Saint-Baussant, Limey, Remenauville, Fey-en-Haye, Régniéville) secteurs sur lesquels seront implantés en 1925 deux zones rouges remises à l'administration des Eaux et Forêts pour boisement. Or, initialment, il en était de même pour d'autres secteurs comme la Picardie, la Champagne. C'est alors que les habitants ont préféré remettre à leur charge le terrain en l'état (comblement des tranchées) que de voir ces bonnes terres de culture leur être achetées par l'Etat pour une misère, classées en Zone Rouge et remise soit au ministère de la Guerre soit à celui de l'Agriculture ou encore à celui de la Culture (moins probable sur ces lieux), afin d'être transformées en camp militaire ou être boisées.
Pour répondre à la question initiale sur le déminage, il est vrai qu'après la libération des zones de combats il est procédé à un déminage, mais celui-ci est parfois succinct car sur le secteur de Flirey (54), l'autorité militaire procéde pour se faire à incendier les friches dans l'espoir de faire exploser un certain nombre de munitions par un feu courrant. Puis les terrains sont mis en adjudication à des ferrailleurs qui seront chargés de relever les munitions et de les faire exploser dans des zones identifiées (comme cela se fait encore aujourd'hui).
Bien cordialement.
Joyeux Noël à toutes et tous.
Frédéric STEINBACH
humanbonb
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Re: Déminage et nettoyage des zones de combat

Message par humanbonb »

Bonjour,
Pour répondre à une question un peu plus haut, les mines durant la guerre n'ont pas réellement existées. Cependant, des obus munis d'un système artisanal ont été placés sous terre afin que lorsqu'un véhicule roule sur l'endroit en question, ceux-ci éclatent ... on peut ainsi parler de l'ancêtre des mines d'aujourd'hui.

Pour en revenir au sujet .... voici une petite photo qui rentre à peu prêt dans ce thème:
Récolte des territoriaux sur le "no man's land" après l'assault de l'armée françaises sur les tranchées allemandes !

Image


Photo en provenance d'un article de Militaria Magazine écrit par Gérard LACHAUD.


Bonne journée à tous et joyeuses fêtes de Noel.
Cdlt Julien.

humanbonb
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Re: Déminage et nettoyage des zones de combat

Message par humanbonb »

Re-bonjour,

Ce qui me fait employer le mot "artisanal", c'est que ce genre d'engins explosifs est plutot élaboré de manière rustique et je doute fortement que son utilisation ce soit étendue à toute l'armée ... cela reste cependant à confirmer, il y a surement une trace de cela dans les archives de l'Armée!

Voici ce que je pense être l'une des "mines" les plus élaborés du premier conflit mondial.

Photo supprimée ...


La mise à feu se fesait à l'aide d'un corps de fusée IAL modèle 1916 raccourcie.

Photo supprimée ...


Et pour finir sur ce sujet, voici une petite photo d'époque présentant des mines ( 3 au total ? ) que l'on devrait plutot dénommé piège; piège qui consistait à creuser un trou d'une certaine taille afin d'y mettre, par exemple, un obus; le tout était recouvert d'un madrier en chène auquel était fixé un clou qui se trouvait au dessus même de la fusée. Ainsi recouvert de terre, l'épaisseur assez importante du madrier permettait que l'explosion ne se produise que lors de passage de véhicule motorisé ( explications données par Junger dans " Orages d'acier " ).

Image

Photo présentée par un membre d'un autre forum et qui a pour pseudo MAS68.


Voila voila.
Bonne journée à tous.
Cdlt JuLien.
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Alain Dubois-Choulik
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Re: Déminage et nettoyage des zones de combat

Message par Alain Dubois-Choulik »

Voici ce que je pense être l'une des "mines" les plus élaborés du premier conflit mondial.
Bonjour,
C'est certainement ce qu'on a fait de plus (je n'ose dire de mieux), le terme de mine à cette époque ne s'emploie que pour les mines (et ses mineurs) et pour les fourneaux de mines, et par extension pour les explosifs destinés à ces fourneaux ( voir les camouflets en passant). Le reste était surtout composé de pièges, notamment lorsqu'en reculant sans précipitation, l'ennemi piégeait ce qui aux yeux du nouvel occupant pouvait passer pour un "souvenir" ...
Il n'empèche que c'était assez préoccupant pour que dans son discours à la chambre le 11/11/1918, Clémenceau intervient sur le sujet en énonçant les termes de la convention d'armistice qui venait d'être signée
8. Le commandement allemand sera tenu de signaler dans un délai de quarante-huit heures après la signature de l’armistice toutes les mines ou dispositifs à retard (Vifs applaudissements) agencés sur les territoires évacués par les troupes allemandes et d’en faciliter la recherche et la destruction.
" Il signalera également toutes les dispositions nuisibles qui auraient pu être prises tels qu’empoisonnement ou pollution de sources et de puits, etc.
" Le tout sous peine de représailles (Applaudissements.)
(site de l'A.N.)
90 ans après, l'interdiction des mines anti-personnels et des bombes à sous-munition n'est pas encore acquise ...
Cordialement
Alain
voir par exemple
Derrière cette porte, les Allemands avaient déposé dans une brouette trois mines à retardement. Elles explosèrent en emportant le bâtiment et une partie de ses occupants. Quarante-neuf soldats de la 3e compagnie, dont Emmanuel Delage furent déchiquetés dans cet effroyable accident. Quarante-trois autres soldats, qui avaient seulement été blessés purent être évacués. Il n’y eut pas d’autres témoins à part les soldats survivants, car le hameau était dépourvu d’habitants, tous évacués depuis longtemps
sur http://pagesperso-orange.fr/milleansabo ... rre-f2.htm
et
Le 12 octobre, pressé de tout part, l'ennemi lâche pied, talonné par nos bataillons qui se lancent à sa poursuite et traversent de nuit la foret de Saint-Gobain au milieu des pires difficultés. Les Allemands ont méthodiquement préparé Lleur retraite. Les routes, coupées par d'énormes entonnoirs de mine, sont de plus, obstruées en pleine forêt par de grands arbres soigneusement abattus. Des pièges de toute nature sont semés sous nos pas (obus amorcés, mines à retard, effondrements, etc..)
là : http://vinny03.club.fr/gg/leshistos/96RI.htm
ou encore
Le 2 décembre 1918, une mine à retardement explose sur la voie ferrée devant l’usine à gaz ; 46 jours après le départ des derniers Allemands !
sur http://brandodean.over-blog.org/archive-10-7-2008.html
ou
Raoul Briquet
Né le 4 novembre 1875 à Douai (Nord), cet avocat du syndicat des mineurs est élu en 1910 député socialiste du Pas-de-Calais. Réfugié à Paris après l’offensive allemande, il revient en mars 1917, avec son collègue de droite Tailliandier, dans sa circonscription qui vient d’être libérée par l’avancée des troupes françaises. Dans la nuit du 25 mars 1917, il disparaît dans l’explosion de la mairie de Bapaume : seul bâtiment encore habitable de la localité, l’hôtel de ville avait été piégé par les Allemands qui y avaient laissé une bombe à retardement.
qui doit correspondre à ce que MaC évoque plus haut (site de l'A.N. toujours)
ImageBapaume nettoyé par les Australiens, sur le site -australien- http://www.ww1westernfront.gov.au/fr/ba ... airie.html
etc...
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steinbach frederic
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Re: Déminage et nettoyage des zones de combat

Message par steinbach frederic »

Bonsoir à toutes et tous,
Il est vrai qu'à de nombreuses reprises des dépôts ont été piégés par l'ennemie en retraite. Qu'il s'agisse de munitions de crapouillots ou de minenwerfer mais aussi de caisses de grenades ou d'armes entreposées dans les sapes. La manière la plus simple étant de coincer une grenade dégoupillée dans le lot de munitions et d'attendre que l'adversaire n'examine ce lot par curiosité mais aussi pour purger le terrain. Encore de nos jours quand les services de déminages tombent sur ce genre de dépots ils font très attention avant d'y toucher qu'il n'y ait pas un système de piégage d'actionné.
Bien cordialement.
Et ce coup ci Joyeux Noël, à toutes et tous car nous y sommes en espérant que le Père ou la Mère Noël vous gatera avec des objets (livres matériels, documents, photos....) en lien avec notre passion commune.
Frédéric STEINBACH
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le begue
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Re: Déminage et nettoyage des zones de combat

Message par le begue »

Bonjour à tous,

Pour une fois que je peux me rendre utile...
Toutes ces petites friandises qui explosent ici ou là et qui sont laissées en guirlande à travers les zones praticables sont rangées sous le terme générique de "combat de contre-mobilité".

J'ai lu ici et là que les mines personnelles n'existaient pas.
Je suis au regret de vous informez que si. Si vous lisez les JMO Génie et si la compagnie de combat réalise des fougasses, vous y êtes.
Quant au reste, abattis, entonnoirs, camouflets (surtout sous une route, c'est le nec plus ultra ! ) pièges en tous genres sont encore de nous jours monnaie courante sur tous les théâtres d'opération...
Ce qui est de sympa avec la guerre, c'est qu'elle est éternelle.

Amicalement à tous,
Louis.
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Alain Dubois-Choulik
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Re: Déminage et nettoyage des zones de combat

Message par Alain Dubois-Choulik »

Bonjour,
Parmi les pièges en tout genre :
Tiré du JMO Ourcq, Aisne, Belgique 26 N 1310/19 du 7e Btn indépendant du Génie, page 33
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... e2eb4cda06
Une question : si la mise de feu est un allumeur à traction, il fallait quelqu'un pour déclencher (de loin), ou le passage d'un véhicule aurait pu suffire ????
Cordialement
Alain
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air339
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Re: Déminage et nettoyage des zones de combat

Message par air339 »

Bonsoir Alain,

Voilà un document intéressant, qui peut venir en complément des informations que l'on trouve dans le bulletin de renseignement du génie (n°4 et n°8, voir Gallica). Il peut s'agir d'un piège pour les chars, déclenché à grande distance (250 kg d'explosif !!!).
La revue du génie décrit des systèmes de fil de fer passant dans des tuyaux de poêle enterrés, mais le fil de traction peut être aussi relié par un clou à un madrier enterré : lors du passage du tank, le madrier se plie, la ficelle se tend et déclenche l'explosion...

Cordialement,

Régis
Haudromont
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Re: Déminage et nettoyage des zones de combat

Message par Haudromont »

Bonjour,

A ce sujet, je vous livre le fruit de mes recherches concernant Verdun:

La récupération de la ferraille et du matériel traînant sur les champs de bataille est assurée par l’armée jusqu’au 1er juillet 1922. Ce sont ensuite des sociétés privées, utilisant une main d’œuvre principalement étrangère, qui effectuent ce dangereux travail. Les accidents mortels sont nombreux. Le cahier des charges impose l’arrêt des travaux dès que les ouvriers découvrent un corps ou des ossements. L’identificateur, représentant le service des sépultures militaires dans le secteur est aussitôt prévenu. Ensuite, c’est le représentant du service des pensions, un Français, un ancien combattant, qui procède lui, à l’exhumation.
« Les ouvriers avancent en ligne, fouillant le sol sur une profondeur de 60 centimètres, comblant les entonnoirs et nivelant le sol. Il semble que les terrains de Douaumont et de Vaux aient échappé à ce procédé. » (Bulletin Meusien du 11 décembre 1926)


Reboiser ou non la zone rouge, voici une question qui a fait couler beaucoup d’encre dans les journaux d’Anciens Combattants dans les années vingt et trente.
Ces derniers tiennent absolument à ce que leurs souffrances ne soient pas oubliées, que les générations suivantes puissent par le terrain labouré par les obus se rendre compte de ce qui s’est passé en ces lieux, marcher dans leurs traces et qu’ils puissent eux-mêmes retrouver les lieux où ils ont combattu. Mais déjà en 1930, ils ne s’y retrouvent plus.
Ils déplorent que dans le futur, seules les nécropoles et quelques monuments subsisteront.
Déjà, la récupération des ferrailles, le nivellement des terrains et l’utilisation de l’espace au nord de Douaumont comme champ de tir avaient choqué l’opinion du monde combattant.
Deux conceptions se font face. D’un côté ceux qui souhaitent laisser la nature faire son travail d’effacement et de laisser en paix les ossements enterrés.
De l’autre côté, les partisans du reboisement mettent en avant le symbolisme des arbres qui favorisent le recueillement et la méditation. Laisser faire la nature, c’est l’envahissement par les ronces. D’autres encore préconisent une solution mixte de clairières et de forêts.
En 1932, les Anciens Combattants obtiennent que le site de Douaumont ne soit pas reboisé afin de le laisser intact. (La Voix du Combattant, 13 août 1932)

Bonne journée
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