Superbe collection.
Pour le carnet, Est ce bien la date du 20.9.1918 ? bizarre car le 132 est encore à Guise.
La dernière phase de cette longue guerre se termine par un nouveau succès très brillant. La mission de la 56e division est d ’attaquer Mont d’Origny, en traversant l’Oise, et de marcher sur Guise. Après la première attaque, le 132e, à gauche du dispositif, atteint ses objectifs et conserve le terrain conquis mais il est obligé d’attendre, dans une position difficile, que l’attaque qui a échoué sur sa droite soit reprise. Pendant 8 jours, cramponné à sa position, il résiste à toutes les attaques ennemies. Le 8 octobre, une attaque générale réussit enfin et aboutit à la prise de Mont d’Origny.
Par contre
Ce fut, le 18 novembre 1918, que le 132e R. I. passa la frontière, arriva en Lorraine naguère annexée et redevenue française, se dirigeant vers l’Alsace reconquise. Partout, l’accueil des populations libérées fut enthousiaste et chaleureux. Partout ce ne furent que des fleurs, des arcs de triomphe avec ces inscriptions : « Vive la France ! Gloire à nos libérateurs ! Soyez les bienvenus ! ». Partout la plus franche gaieté régna, partout des acclamations frénétiques, des larmes de joie pour fêter l’Armée, la France qui revenait …
Dés l’arrivée à la frontière lorraine, le 18 novembre, bien avant l’entrée à Niederhof, un groupe important de jeunes filles et d’enfants du village apportait au 132e, avec ses souhaits affectueux et ses gracieux sourires, des guirlandes et des fleurs Plus près du village, à deux kilomètres environ, les notables de la commune et une grande partie de la population, suivie des vétérans de 70, vint au devant du régiment et adressèrent au Colonel Perret un touchant message de bienvenue. L’émotion des habitants et de tous les soldats fût indicible. Tout, du reste, était d’accord pour rendre cette entrée particulièrement émouvante : une population qui n’avait jamais reçu de soldats français et qui avait tant souffert pendant l’occupation allemande ; un ciel serein dans un crépuscule d’automne ; l’allure martiale de nos fiers combattants défilant, au soin d’une musique entraînante, devant les trois couleurs, devant toutes ces victimes de la barbarie teutonne, dans un pays charmant, hospitalier, aux maisons pavoisées, aux rues enguirlandées ; le bonheur sur tous les visages et dans les cœurs, le sourire sur toutes les lèvres, des larmes dans tous les yeux …
Ce fut, dans ce pays et dans cette atmosphère de réconfortante sympathie, que commença la marche glorieuse du 132e à travers les pays reconquis. Dès lors, partout où il passa le régiment connut les mêmes joies, les mêmes émotions, les mêmes triomphes. Le 19, ce fut à Hommert, le 21 à Marmoutier. Dans cette ville, l’ovation faite au 132e dépassa encore en beauté les précédentes. Le défilé se fit à travers les rues de la petite cité, au milieu d’une population enthousiaste, avec de jeunes et nombreuses Alsaciennes qui avaient revêtu le costume traditionnel. Sur la place de l’hôtel de ville, une foule énorme se pressait et de partout, au passage des soldats, des cris de «Vive la France » très nourris se faisaient entendre, cependant que les hommes enlevaient leur chapeau, et que les jeunes filles envoyaient des baisers et des fleurs… Du haut de son balcon, le Maire de Marmoutier, ceint de son écharpe tricolore, entouré du Conseil Municipal et du Clergé de la commune, exprima la joie que tous éprouvaient de revoir et de recevoir les Français, leurs libérateurs. « C’est la joie » dit-il, « qu’éprouveraient des enfants, séparés injustement de leur mère depuis longtemps, la retrouvant enfin, plus belle, plus glorieuse que jamais ! » Après avoir assuré la France et l’Armée, représentée par le Général Demetz, commandant la 56e D. I., et par le Colonel Perret, commandant le 132e R. I., de la reconnaissance, de l’attachement, du dévouement de l’Alsace à la France, le maire laissa la parole au curé de la paroisse. Celui-ci en des paroles vibrantes de patriotisme, salua la France libératrice et généreuse, gardienne respectueuse des traditions et des croyances. Le Général Demetz, en des termes émus, remercia alors le maire et le curé, trouva dans leurs éloquents discours « le vibrant témoignage du profond et fidèle attachement de l’Alsace à la France » ; dans l’accueil si chaleureux de la commune « une preuve de plus que la France avait eu raison de garder sa foi à l’Alsace ». Après avoir salué, en la personne des vétérans, « les gloires du passé », le Général termina par cette acclamation : « Frères d’Alsace, citoyens et soldats de la France, unis dans une même pensée d’amour pour la Patrie, saluons les couleurs françaises » « au Drapeau ! » et aussitôt le Drapeau s’avança, salué par les soldats qui présentaient les armes, par les habitants qui se découvraient cependant que la cloche de l’église sonnait en volée, que les clairons jouaient « Au Drapeau », au milieu du silence religieux de la foule et dans un recueillement vraiment impressionnant.
L’ère des fêtes, à l’occasion du retour des Français, si bien commencée ne pouvait que continuer. Elle se poursuivit sans relâche les jours suivants.
Le 22 novembre, le régiment, précédé par des civils à cheval, faisait son entrée à Wintzenheim, où le maire, pour tout discours fondit en larmes et embrassa le Colonel ; le 23, il arrivait à Vendenheim : une véritable apothéose ; le 24, ce fut à Brumath, où le Maréchal Pétain vint encore rehausser l’éclat de la manifestation et où, sous les yeux de toute la population en larmes, la musique du 132e, le Drapeau et le 3e bataillon « aussi beau à la parade qu’au feu » défilèrent et se firent acclamer.
Mais là où la réception des troupes françaises frisa le délire et l’invraisemblable, ce fut, sans conteste, le 26 novembre à Haguenau. La traversée de la ville, sous les nombreux et splendides arcs de triomphe, sur les jonchées de fleurs, jetées sous nos pieds, le Drapeau précédé, encadré et suivi d’Alsaciennes aux costumes magnifiques, devant le Général Gérard, commandant la VIIIe Armée, devant le Général Duport, commandant le 6e Corps d’Armée et originaire de la ville, fut des plus émouvantes. Une ville entière rendant hommage aux libérateurs. Une ville importante acclamant les sauveurs de la petite patrie ! Ce fut de la frénésie, du délire !
Le même soir, le régiment allait cantonner à Bischwiller. Malheureusement, l’heure tardive de l’entrée du 132e et le mauvais temps empêchèrent les habitants de cette coquette et patriotique bourgade alsacienne de manifester, par une fête marquante, la joie qu’ils ressentaient. Aussi, le lendemain, dès le matin, la municipalité, les notables, le comité du Souvenir Français et le comité pour la réception des troupes, se firent un devoir de venir présenter leurs hommages au Colonel et d’inviter les officiers du régiment à un vin d’honneur. Au cours de cette réunion, pleine de cordialité,
Source : « 1 contre 8 », Le 132ème Régiment d’Infanterie, 1914 à Février 1919, Bischviller (Alsace) Imprimerie Louis Schneider 1919
NB : Florent, pas toujours la 12e DI mais toujours la 24 Brigade

Cdt
Armand