Bonjour,
Moi itou.
Bonne journée.
Stéphan
"Fusillés - Enquête sur les crimes de la justice militaire"
Règles du forum
Publicité pour un ouvrage : Les membres qui contribuent aux échanges sur le forum peuvent faire la promotion des livres dont ils sont l’auteur et de ceux auxquels ils ont participé. La présentation d’un ouvrage coup de cœur est autorisée à condition de ne pas inclure dans le message de liens vers un bon de souscription ou un site marchand. Les messages postés par un membre qui s’est inscrit uniquement pour déposer une publicité sur le forum ne seront pas validés.
Publicité pour un ouvrage : Les membres qui contribuent aux échanges sur le forum peuvent faire la promotion des livres dont ils sont l’auteur et de ceux auxquels ils ont participé. La présentation d’un ouvrage coup de cœur est autorisée à condition de ne pas inclure dans le message de liens vers un bon de souscription ou un site marchand. Les messages postés par un membre qui s’est inscrit uniquement pour déposer une publicité sur le forum ne seront pas validés.
- Stephan @gosto
- Messages : 5598
- Inscription : dim. oct. 17, 2004 2:00 am
- Localisation : Paris | Chartres | Rouen
- Contact :
Re: "Fusillés - Enquête sur les crimes de la justice militaire"
Bonjour à tous,
Je ne fais que relever la conclusion du livre de Jean-Yves le Naour et effectivement, on peut en penser ce que l'on veut. Mais la réhabilitation de tous les fusillés, qui est son souhait et sa conclusion m'apparait comme étant une excellente chose. On peut ne pas être d'accord bien sur mais j'estime que c'est un combat citoyen louable.
Quant à Brasillach, ce n'est pas ma tasse de thé!!!
( et pour être clair et net, je préfére la poèsie d'Aragon, combattant de la grande guerre et Résistant de la seconde)
Bien à tous
Bruno
Je ne fais que relever la conclusion du livre de Jean-Yves le Naour et effectivement, on peut en penser ce que l'on veut. Mais la réhabilitation de tous les fusillés, qui est son souhait et sa conclusion m'apparait comme étant une excellente chose. On peut ne pas être d'accord bien sur mais j'estime que c'est un combat citoyen louable.
Quant à Brasillach, ce n'est pas ma tasse de thé!!!
( et pour être clair et net, je préfére la poèsie d'Aragon, combattant de la grande guerre et Résistant de la seconde)
Bien à tous
Bruno
- Eric Mansuy
- Messages : 4290
- Inscription : mer. oct. 27, 2004 2:00 am
Re: "Fusillés - Enquête sur les crimes de la justice militaire"
Bonjour à tous,
Je m'étais dit - tout en lisant, de mon côté également, le dernier opus de M. Le Naour - que je ne participerais pas à cette discussion sur la réhabilitation. Cela étant, face à la notion de "réhabilitation de tous les fusillés", je m'aperçois que l'on oublie un peu vite que tous les fusillés ne sont pas des "fusillés pour l'exemple" et qu'il y avait également parmi eux, entre autres, des assassins.
Ma question, sans volonté polémique, est toute simple : doivent-ils également être réhabilités ?
Bien cordialement,
Eric Mansuy
Je m'étais dit - tout en lisant, de mon côté également, le dernier opus de M. Le Naour - que je ne participerais pas à cette discussion sur la réhabilitation. Cela étant, face à la notion de "réhabilitation de tous les fusillés", je m'aperçois que l'on oublie un peu vite que tous les fusillés ne sont pas des "fusillés pour l'exemple" et qu'il y avait également parmi eux, entre autres, des assassins.
Ma question, sans volonté polémique, est toute simple : doivent-ils également être réhabilités ?
Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
- Stephan @gosto
- Messages : 5598
- Inscription : dim. oct. 17, 2004 2:00 am
- Localisation : Paris | Chartres | Rouen
- Contact :
Re: "Fusillés - Enquête sur les crimes de la justice militaire"
Salut Eric,
Tout comme toi, je m'étais prudemment mis de côté. Mais devant ce non-sens d'une "réhabilitation générale", qui plus est relayée par un historien, il devient difficile de rester de marbre...
J'espère que Dieu me prêtera vie jusqu'au moment où quelque génération à venir d'historiens militera alors pour la "réhabilitation générale" des "épurés" de 44-45... Vu comme c'est parti, y pas de raison pour qu'on y échappe...
Bonne journée.
Stéphan
Tout comme toi, je m'étais prudemment mis de côté. Mais devant ce non-sens d'une "réhabilitation générale", qui plus est relayée par un historien, il devient difficile de rester de marbre...
J'espère que Dieu me prêtera vie jusqu'au moment où quelque génération à venir d'historiens militera alors pour la "réhabilitation générale" des "épurés" de 44-45... Vu comme c'est parti, y pas de raison pour qu'on y échappe...
Bonne journée.
Stéphan
- Eric Mansuy
- Messages : 4290
- Inscription : mer. oct. 27, 2004 2:00 am
Re: "Fusillés - Enquête sur les crimes de la justice militaire"
Salut Stéphan,
Encore n'ai-je pas voulu entrer dans les détails, mais dans mon esprit - et je ne suis heureusement pas seul à le penser car, n'étant pas historien pour ma part, en quoi mon avis importe-t-il ? - il est évident que je ne souscris pas à l'amalgame, par exemple, de certains mutilés volontaires (qui n'ont pas eu la chance de passer entre les mailles du filet et ont eu droit au poteau alors que d'autres de leurs camarades, passés en conseil de guerre à leurs côtés pour le même motif y échappaient...) qui se retrouveraient mêlés, suite au "coup d'éponge", avec des hommes exécutés pour "assassinat", "meurtre avec préméditation", "crime et tentative de meurtre", "assassinat d'un camarade", "assassinat et vol qualifié", "meurtre", voire "viol, meurtre, désertion et vol", et qui n'ont pas été jugés dans l'urgence puisque la plupart de ces cas a amené une demande de recours en grâce, laquelle fut rejetée.
Amicalement,
Eric
Encore n'ai-je pas voulu entrer dans les détails, mais dans mon esprit - et je ne suis heureusement pas seul à le penser car, n'étant pas historien pour ma part, en quoi mon avis importe-t-il ? - il est évident que je ne souscris pas à l'amalgame, par exemple, de certains mutilés volontaires (qui n'ont pas eu la chance de passer entre les mailles du filet et ont eu droit au poteau alors que d'autres de leurs camarades, passés en conseil de guerre à leurs côtés pour le même motif y échappaient...) qui se retrouveraient mêlés, suite au "coup d'éponge", avec des hommes exécutés pour "assassinat", "meurtre avec préméditation", "crime et tentative de meurtre", "assassinat d'un camarade", "assassinat et vol qualifié", "meurtre", voire "viol, meurtre, désertion et vol", et qui n'ont pas été jugés dans l'urgence puisque la plupart de ces cas a amené une demande de recours en grâce, laquelle fut rejetée.
Amicalement,
Eric
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
-
- Messages : 249
- Inscription : mer. août 10, 2005 2:00 am
Re: "Fusillés - Enquête sur les crimes de la justice militaire"
Bonjour,
Je n'ai pas l'habitude donner mon avis sur les ouvrages. Mais lorsqu'un historien universitaire reconnu comme tel utilise sa notoriété pour faire une œuvre militante il me semble qu'il faut signaler cette confusion des genres.
Dans son ouvrage, M. Le Naour, s'affranchit complètement du contexte de l'époque. C'est une simplification commode, mais de la part d'un historien, c'est tout de même un comble. Son livre est un véritable plaidoyer à charge contre l'armée française de 1914, ses médecins, ses officiers et sa justice sans se soucier du contexte, notamment de celui du début de la guerre.
Le livre est essentiellement fondé sur les livres d'Andraud et de Réau. Il n'utilise les ouvrages de Offenstadt et Bach que lorsqu’ils lui permettent de conforter son discours partial et misérabiliste. Les cahiers de Ligue des droits de l'homme des années vingt sont aussi abondamment utilisés sans se poser la question de l’absence d'action de la Ligue pendant la Grande Guerre. La presse de l'époque tient aussi une bonne place dans ses sources, sans pour cela noter qu'au travers des cas des fusillés on fait aussi et peut-être surtout de la politique.
La série BB18 des Archives Nationales (correspondance de la division criminelle) est souvent citée. On notera qu'il s'agit dans ce fonds des courriers de contestations de la justice militaire. En revanche, aucune référence à la série BB24 (demandes de grâces). Ce fonds lui aurait permis de découvrir des cas intéressants qui ne sont certes pas à généraliser mais qui montrent que les choses n'étaient pas aussi simples que ce qu'il dit. J'en donne un seul exemple :
BB24-2115/ 1313 Sasci Lakdar, Abandon de poste par mutilation volontaire, condamné à mort le 15 mars 1915 CG 37e division, 1er RMTA
« placé en sentinelle à proximité des tranchées ennemie, cet indigène s’est tiré un coup de feu à la main gauche, prétendant que le coup de feu est parti accidentellement. Le médecin auxiliaire qui a examiné le blessé déclare que la blessure a été faite à bout portant. Le condamné illettré qui parle difficilement le français paraît, d’après le commissaire rapporteur, avoir agi sans discernement. Le Général de division et le général de corps d’armée font observer qu’on a eu tort de placer ce jeune indigène insuffisamment éduqué dans un poste trop avancé sans l’assistance d’un autre militaire. »
Tous les avis sont d’avis d'une commutation de peine à 10 ans.
Les archives du SHD sont presque totalement absentes des sources citées par l'auteur, si ce n'est qu'il cite Offenstatd et Bach quand ça l'arrange. Huit notes, sur 450 qui correspondent en fait à 3 sources.
Pour crédibiliser son discours, l'auteur cite en note des ouvrages qu'il n'a pas lus. Il cite en effet « La grève des tranchées ». Mais s'il avait lu ce livre il ne dirait pas (p. 293) que Renault a lancé des copeaux sur des officiers et il aurait ajouté dans les recalés le caporal Lebouc. De même, s'il avait lu « je t'écris de Vingré », aussi cité, il ne dirait pas (p. 68) que les veuves s'adressent aux associations d'AC puisque c'est Lafloque qui a mené l'affaire et que les associations ont récupéré l'affaire lorsqu'elle a été gagnée.
Les précautions de langage de l'historien ne sont pas de mise dans cet ouvrage. Je lis par exemple p 290 « elle est morte de chagrin et de honte » ou encore, inutile de citer d'autres exemples, il y en a à toutes les pages.
L'auteur se mélange les pédales dans les articles du code de justice militaire en citant à plusieurs reprises l'article 218 (refus de marcher contre l'ennemi, P. 173 et suivantes) à la place de l'article 213 (abandon de poste en présence de l'ennemi). Il aurait pu aussi se pencher sur les aspects juridiques : la cassation n'est pas un jugement au fond mais sur la forme.
À propos des affaires que je connais bien je pourrais citer de nombreuses erreurs : p 136 La tombe n'est pas interdite, elle est bien visibles au bord du chemin ; p 141 Cotet Dumoulin n'a pas été au bagne militaire algérien il a eu une suspension de peine et a été incorporé à l'armée d'Orient ; p 178 la citation est inexacte. Dans le dossier de BB18, Pinoteau n'est pas nommé et il est dit : « M. l’aumônier nous aurons demain 24 exécutions capitales ou 12. » ; il n'y a pas de déposition de Pierre Lardon (p. 179) dans le dossier de BB18. Vous me direz que ce sont des détails, mais il y en a beaucoup d'autres.
En fin des chapitres entiers ne font l'objet d'aucune note: p 222 à 225 et 239.
Dans la conclusion p. 320 L'auteur nous dit que la ville de Paris a déposé une gerbe en l'honneur des mutins, le 11 novembre 2007 à l'Arc de Triomphe. C'est faux, la réalité est que le groupe des verts avait fait accepter une délibération dans ce sens, tard dans la nuit, lors d'une fin de conseil municipal. Le maire de Paris s'y est opposé d'où ce communiqué : « Denis Baupin a regretté que le Maire de Paris n’ait pas souhaité organiser ce dépôt de gerbe à l’Arc de Triomphe comme l’avait pourtant demandé le Conseil de Paris et qu’aucune démarche en ce sens n’ait été effectuée auprès des organisateurs des cérémonies. »
Pour ceux qui s'intéressent à ce sujet des fusillés achetez la nouvelle édition du livre d'Offenstadt et/ou le livre de Bach vous pourrez vous faire votre propre opinion sur la base d'études sérieuses et bien documentées.
Cordialement
Je n'ai pas l'habitude donner mon avis sur les ouvrages. Mais lorsqu'un historien universitaire reconnu comme tel utilise sa notoriété pour faire une œuvre militante il me semble qu'il faut signaler cette confusion des genres.
Dans son ouvrage, M. Le Naour, s'affranchit complètement du contexte de l'époque. C'est une simplification commode, mais de la part d'un historien, c'est tout de même un comble. Son livre est un véritable plaidoyer à charge contre l'armée française de 1914, ses médecins, ses officiers et sa justice sans se soucier du contexte, notamment de celui du début de la guerre.
Le livre est essentiellement fondé sur les livres d'Andraud et de Réau. Il n'utilise les ouvrages de Offenstadt et Bach que lorsqu’ils lui permettent de conforter son discours partial et misérabiliste. Les cahiers de Ligue des droits de l'homme des années vingt sont aussi abondamment utilisés sans se poser la question de l’absence d'action de la Ligue pendant la Grande Guerre. La presse de l'époque tient aussi une bonne place dans ses sources, sans pour cela noter qu'au travers des cas des fusillés on fait aussi et peut-être surtout de la politique.
La série BB18 des Archives Nationales (correspondance de la division criminelle) est souvent citée. On notera qu'il s'agit dans ce fonds des courriers de contestations de la justice militaire. En revanche, aucune référence à la série BB24 (demandes de grâces). Ce fonds lui aurait permis de découvrir des cas intéressants qui ne sont certes pas à généraliser mais qui montrent que les choses n'étaient pas aussi simples que ce qu'il dit. J'en donne un seul exemple :
BB24-2115/ 1313 Sasci Lakdar, Abandon de poste par mutilation volontaire, condamné à mort le 15 mars 1915 CG 37e division, 1er RMTA
« placé en sentinelle à proximité des tranchées ennemie, cet indigène s’est tiré un coup de feu à la main gauche, prétendant que le coup de feu est parti accidentellement. Le médecin auxiliaire qui a examiné le blessé déclare que la blessure a été faite à bout portant. Le condamné illettré qui parle difficilement le français paraît, d’après le commissaire rapporteur, avoir agi sans discernement. Le Général de division et le général de corps d’armée font observer qu’on a eu tort de placer ce jeune indigène insuffisamment éduqué dans un poste trop avancé sans l’assistance d’un autre militaire. »
Tous les avis sont d’avis d'une commutation de peine à 10 ans.
Les archives du SHD sont presque totalement absentes des sources citées par l'auteur, si ce n'est qu'il cite Offenstatd et Bach quand ça l'arrange. Huit notes, sur 450 qui correspondent en fait à 3 sources.
Pour crédibiliser son discours, l'auteur cite en note des ouvrages qu'il n'a pas lus. Il cite en effet « La grève des tranchées ». Mais s'il avait lu ce livre il ne dirait pas (p. 293) que Renault a lancé des copeaux sur des officiers et il aurait ajouté dans les recalés le caporal Lebouc. De même, s'il avait lu « je t'écris de Vingré », aussi cité, il ne dirait pas (p. 68) que les veuves s'adressent aux associations d'AC puisque c'est Lafloque qui a mené l'affaire et que les associations ont récupéré l'affaire lorsqu'elle a été gagnée.
Les précautions de langage de l'historien ne sont pas de mise dans cet ouvrage. Je lis par exemple p 290 « elle est morte de chagrin et de honte » ou encore, inutile de citer d'autres exemples, il y en a à toutes les pages.
L'auteur se mélange les pédales dans les articles du code de justice militaire en citant à plusieurs reprises l'article 218 (refus de marcher contre l'ennemi, P. 173 et suivantes) à la place de l'article 213 (abandon de poste en présence de l'ennemi). Il aurait pu aussi se pencher sur les aspects juridiques : la cassation n'est pas un jugement au fond mais sur la forme.
À propos des affaires que je connais bien je pourrais citer de nombreuses erreurs : p 136 La tombe n'est pas interdite, elle est bien visibles au bord du chemin ; p 141 Cotet Dumoulin n'a pas été au bagne militaire algérien il a eu une suspension de peine et a été incorporé à l'armée d'Orient ; p 178 la citation est inexacte. Dans le dossier de BB18, Pinoteau n'est pas nommé et il est dit : « M. l’aumônier nous aurons demain 24 exécutions capitales ou 12. » ; il n'y a pas de déposition de Pierre Lardon (p. 179) dans le dossier de BB18. Vous me direz que ce sont des détails, mais il y en a beaucoup d'autres.
En fin des chapitres entiers ne font l'objet d'aucune note: p 222 à 225 et 239.
Dans la conclusion p. 320 L'auteur nous dit que la ville de Paris a déposé une gerbe en l'honneur des mutins, le 11 novembre 2007 à l'Arc de Triomphe. C'est faux, la réalité est que le groupe des verts avait fait accepter une délibération dans ce sens, tard dans la nuit, lors d'une fin de conseil municipal. Le maire de Paris s'y est opposé d'où ce communiqué : « Denis Baupin a regretté que le Maire de Paris n’ait pas souhaité organiser ce dépôt de gerbe à l’Arc de Triomphe comme l’avait pourtant demandé le Conseil de Paris et qu’aucune démarche en ce sens n’ait été effectuée auprès des organisateurs des cérémonies. »
Pour ceux qui s'intéressent à ce sujet des fusillés achetez la nouvelle édition du livre d'Offenstadt et/ou le livre de Bach vous pourrez vous faire votre propre opinion sur la base d'études sérieuses et bien documentées.
Cordialement
Re: "Fusillés - Enquête sur les crimes de la justice militaire"
Bonjour à Tous,
Diable, quelle diatribe!!
Il est vrai que, comme le dit fort justement le précédent message, jean-Yves le Naour charge contre l'Armée française et donc ça lui vaut en retour d'être accusé d'historien militant ( est-ce d'ailleurs un crime?)
Enfin, que diable va t-on remettre en cause l'assassinat de ces pauvres soldats par l'Armée? Ces affaires ne sont-elles que de grossières manipulations politiques d'après-guerre? Ne reposent-elles donc sur rien?
En ce qui me concerne, j'ai souvent apprécié les ouvrages cités précédemment sur ce sujet visiblement polémique ( à en croire les réactions sur ce forum) et celui-ci en dépit de ses imperfections et de son caractère militant d'ailleurs revendiqué ( en introduction et en conclusion) mérite à être lu , critiqué et commenté. Il ne peut se résumer à une succession d'erreurs et à la médiocrité, n'en déplaise !
Bonne journée à tous,
Bruno
Diable, quelle diatribe!!
Il est vrai que, comme le dit fort justement le précédent message, jean-Yves le Naour charge contre l'Armée française et donc ça lui vaut en retour d'être accusé d'historien militant ( est-ce d'ailleurs un crime?)
Enfin, que diable va t-on remettre en cause l'assassinat de ces pauvres soldats par l'Armée? Ces affaires ne sont-elles que de grossières manipulations politiques d'après-guerre? Ne reposent-elles donc sur rien?
En ce qui me concerne, j'ai souvent apprécié les ouvrages cités précédemment sur ce sujet visiblement polémique ( à en croire les réactions sur ce forum) et celui-ci en dépit de ses imperfections et de son caractère militant d'ailleurs revendiqué ( en introduction et en conclusion) mérite à être lu , critiqué et commenté. Il ne peut se résumer à une succession d'erreurs et à la médiocrité, n'en déplaise !
Bonne journée à tous,
Bruno
Re: "Fusillés - Enquête sur les crimes de la justice militaire"
Bonjour à tous,
Merci à Denis pour son intervention détaillée. Vous avez tès bien développé le sentiment que j'avais eu en parcourant ce bouquin chez mon libraire.
Ce type d'ouvrage, avec une couverture suffisement accrocheuse, est sûr d'être vendu : Il s'agit en fait de la manière moderne de traiter l'histoire, en oubliant totalement le contexte de l'époque étudiée, avec un à-priori de victimisation.
Bon week-end.
Jacques
Merci à Denis pour son intervention détaillée. Vous avez tès bien développé le sentiment que j'avais eu en parcourant ce bouquin chez mon libraire.
Ce type d'ouvrage, avec une couverture suffisement accrocheuse, est sûr d'être vendu : Il s'agit en fait de la manière moderne de traiter l'histoire, en oubliant totalement le contexte de l'époque étudiée, avec un à-priori de victimisation.
Ce n'est pas un crime, mais distordre l'histoire est tout simplement une malhonnêteté intellectuelle.et donc ça lui vaut en retour d'être accusé d'historien militant ( est-ce d'ailleurs un crime?)
Bon week-end.
Jacques
Un Homme n'est jamais tout à fait mort tant qu'il y a quelqu'un pour prononcer son nom.
Re: "Fusillés - Enquête sur les crimes de la justice militaire"
bonjour à tous,
Un historien qui choisit de raconter les crimes commis par l'armée française en étant plutôt du côté des victimes plutôt que de celui des bourreaux, une malhonnêteté intellectuelle?
C'est le monde à l'envers!
Bien à tous
Bruno
Un historien qui choisit de raconter les crimes commis par l'armée française en étant plutôt du côté des victimes plutôt que de celui des bourreaux, une malhonnêteté intellectuelle?
C'est le monde à l'envers!
Bien à tous
Bruno
Re: "Fusillés - Enquête sur les crimes de la justice militaire"
Bonjour,
Je n’ai pas l’habitude m’immiscer dans des discussions qui doivent demeurer libres et je m’en serai bien gardé si je ne m’étais senti quelque peu agressé par certains courriers. Je passe sur ceux qui m’accuse de « malhonnêteté intellectuelle » en reconnaissant qu’ils n’ont pas lu le livre, cela ne mérite pas de commentaires. Je voudrais juste apporter, avec mesure et correction, quelques réponses à la violente diatribe dont mon livre est l’objet par Denis Rolland. Je commencerai par dire que je n’ai pas compris la passion de M. Rolland, ou plutôt j’ai compris qu’il ne savait pas quel était le sujet de mon livre. En effet, ce n’est pas un livre sur les 600 fusillés de la Grande Guerre, mais un livre sur les fusillés réhabilités, sur la cinquantaine d’erreurs judiciaires qui ont conduit de braves poilus à la mort la plus infamante alors qu’ils étaient innocents. Si Larousse n’a pas retenu mon titre « Les fusillés réhabilités », c’est que le titre comme la 4e de couverture n’appartient pas à l’auteur, c’est peut-être déplorable mais c’est ainsi. Cependant, il n’y a pas que le titre de l’ouvrage pour savoir de quoi un livre parle ! Il aurait simplement fallu lire l’introduction (je sais, c’est banal, mais il faut commencer ainsi) :
« Après Nicolas Offenstadt qui livre dès 1999 un travail sur la construction de la mémoire des fusillés au cours du siècle passé, le général André Bach entreprend une étude factuelle, précise et détaillée, des conditions dans lesquelles plus de 400 hommes ont perdu la vie, fusillés par leurs camarades, de septembre 1914 à décembre 1915.
Notre propos n’est pas ici de refaire ce qui a déjà été fait mais, plus modestement, de mettre l’accent sur la cinquantaine de soldats tombés sous les balles françaises et qui, par la suite, ont été officiellement réhabilités. Pour ce faire nous avons conçu un livre en deux parties : la première replace le combat en faveur de la révision des sentences de la justice militaire dans son contexte politique et social, quand la seconde entreprend le récit biographique de toutes ces affaires de condamnés déclarés innocents après coup. L’une est indispensable à l’autre et toutes deux s’éclairent mutuellement. Dans l’entre-deux-guerres des ouvrages militants avaient déjà tenté de raconter la trajectoire dramatique de quelques fusillés par erreur, mais ils n’avaient ni ambition à l’exhaustivité ni démarche historique et les titres retenus, Les crimes des conseils de guerre, Quand on fusillait des innocent ou encore Les damnés de la guerre ne dissimulaient pas leurs drapeaux. Ces récits de vie s’apparentaient tout bonnement à un long martyrologe antimilitariste où les fusillés jouaient le rôle de saints pacifistes crucifiés sur l’autel du militarisme. L’idée même d’erreur judiciaire était contestée, il n’y avait que des crimes conscients commis par des officiers sadiques. »
Ainsi, le livre parle des erreurs judiciaires et il ne devrait donc pas y avoir de polémiques puisque la justice a tranché, à moins qu’il y ait des individus aujourd’hui pour justifier la mise à mort d’innocents ce que je ne crois pas puisqu’il n’y en avait pas dans les années vingt et trente. Je voudrais rappeler que l’armée a reconnu ses erreurs, et qu’il n’y a donc pas, comme pour l’affaire Dreyfus, un combat opposant la justice d’un côté à l’honneur de l’armée de l’autre, car il ne peut y avoir d’honneur sans justice. Je voudrais rappeler que toutes les associations d’anciens combattants ont mené le combat pour la réhabilitation des innocents. Je voudrais rappeler enfin que le Parlement a voté à l’unanimité, de l’extrême droite royaliste aux communistes, l’article 20 de la loi du 29 avril 1921 permettant la réhabilitation des fusillés sans la procédure habituelle du fait nouveau, et que les députés ont encore voté à l’unanimité la proposition du socialiste Valière en 1928 instituant un tribunal d’anciens combattants pour examiner les questions litigieuses. Les députés et sénateurs n’avaient pas le sentiment d’attenter à l’honneur de l’armée et l’armée ne le prenait pas comme cela non plus donc Denis Rolland ne devrait pas le prendre ainsi.
Mon contradicteur se trompe donc carrément de sujet en croyant que je parle de tous les fusillés, d’où l’accusation de partialité : il me renvoie à la série BB24 (demande de grâce) que je n’aurai pas dépouillé et me reproche d’avoir vu la série BB 18 (contentieux judiciaire). Mais comme mon sujet porte sur les réhabilités, il faut que je travaille sur la série BB18, alors que les fusillés coupables qui ont été graciés, ou non de la série BB24 ne m’intéressent pas. Même chose pour les archives militaires du SHD où l’on m’accuse de n’avoir vu que quelques cartons. Oui, c’est vrai, j’ai vu les cartons correspondant à la cour spéciale de justice militaire qui, de 1933 à 1935, a examiné 28 dossiers de condamnés à mort et en a réhabilité 18. Encore une fois, ne m’intéressant qu’à la réhabilitation des condamnés innocents, je n’allais pas dépouiller autre chose.
Maintenant, pour les petits coups de griffe et les petites erreurs par ci par là, je voudrais répondre que si je n’ai pas la prétention de ne pas faire d’erreurs, ce que l’on me reproche ici est bien injuste :
- Pour les copeaux de bois, je n’invente rien et vous renvoie au dossier SHD 11 J 3215.
- Pour l’affaire Vingré, je dis bien que c’est Lafloque qui est à l’origine de la plainte collective. Permettez-moi de me citer : « En correspondance avec toutes les familles de fusillés, il préconise l’unité d’action ». Après quoi je parle de la plainte des familles. En effet, la demande de réhabilitation ne peut être effectuée que par la famille (je vous renvoie à l’article 20 de la loi du 29 avril 1921). Lafloque a fait un travail formidable mais ce que je dis est vrai : « Le 28 mai 1919, les familles déposent un recours en révision commun ». Lafloque ne pouvait pas le déposer lui-même car il n’en avait pas le droit.
- Pour la citation « Elle est morte de chagrin et de honte » que vous trouvez contraire à la méthode historique, je vous renvoie au dossier de Désiré Maillet, réhabilité le 19 mai 1922 par un conseil de guerre (BB 18 6352 51 BL 7269) ou vous retrouverez cette citation que je n’ai pas inventé. Pardon de l’avoir reprise sans les guillemets ! Vous qui perlez de se remettre dans le contexte, imaginez ce que c’est d’être le père, la mère, l’épouse ou les enfants d’un fusillé !!
- Contrairement à vos dires, je dis bien que la peine de Cottet-Dumoulin a été suspendue (affaire Bersot) et qu’il est mort le 12 avril 1917 sur le front de Serbie.
- Vous dites que la tombe de Bersot est bien visible sur le bord d’une route ? Fort bien. Je dis simplement qu’il a été enterré comme un paria, hors du cimetière, sans même une croix, et que sa tombe a été proscrite aux soldats du cantonnements qui ont bravé l’interdiction pour planter une croix. C’était quelque chose de fréquent.
- La cour de cassation juge sur la forme et non sur le fond : ça c’est un peu fort, je n’arrête pas de le dire dans toute la première partie, c’est pourquoi d’ailleurs, après les échecs répétés de Flirey, Souain et Chapelant (les trois affaires les plus médiatiques) les députés ont décidé de voter la constitution d’un tribunal d’anciens combattants pour passer outre le blocage de la cour de cassation.
- Vous dites : « Il n’y a pas de déposition de Pierre Lardon dans le dossier BB 18 ». Je vous invite à aller le consulter aux Archives nationales. Vous y lirez ceci de sa part. Pierre Lardon BB18 6343 51 BL 6444 : « Devant le conseil, nous n’avons pas pu nous défendre comme nous aurions voulu… j’ai fait une déclaration identique à celle que j’avais faite au bureau de la compagnie, sentant bien que si je contredisais cette déclaration, c’était presque la certitude d’une condamnation. »
- Sur la gerbe de la municipalité de Paris, je vous remercie de rectifier une inexactitude fondée sur la lecture de la presse au lendemain du vote, car il y a bien eu ce vote du conseil municipal. Et puis, de grâce, ne faites pas comme celui qui regarde le doigt au lieu de regarder la montagne. Cet exemple (j’aurai pu en prendre d’autre, comme le vote d’un vœu du conseil général de l’Aisne, l’inauguration d’une rue, un nom ajouté sur un monument aux morts…) servait à illustrer dans ma conclusion la prégnance de la question de la réhabilitation des fusillés dans l’opinion aujourd’hui. D’ailleurs, si vous lisez bien cette conclusion, vous y verrez que je dresse le constat d’une mémoire dominante victimisante. C’est un constat et non un jugement. Constater n’est pas militer. Dans un article intitulé « le champ de bataille des historiens » paru sur le site « la vie des idées » où je levais le drapeau blanc entre les écoles historiques qui se divisent sur 14-18 (ce qui m’a valu une réponse « militante » puisque intitulée « retrouver la polémique » de quelques uns de vos amis du CRID), je disais d’ailleurs que l’effort des historiens était vain « face au rouleau compresseur d’une mémoire victimisante qui ne veut retenir que le sacrifice. On assiste même à un complet renversement de la figure du héros, les « sur-victimes » que sont les fusillés et les mutins prenant le pas sur tous les autres soldats qui ont suivi le troupeau jusqu’à l’abattoir quand d’autres ont eu le courage de dire non. Quant à la guerre, elle est devenue un chaos sans queue ni tête ou, au mieux, une guerre civile européenne. Si l’on peut considérer, en citoyen, que cette mémoire humaniste est utile et nécessaire au consensus politique fondant la réconciliation franco-allemande et la construction européenne, l’historien est plus réservé pour valider la pertinence de sa dimension pathologique qu’illustre, par exemple, le film Joyeux Noël de Christian Carion (2005). »
Enfin, vous avez raison de recommander la lecture des livres d’Offenstadt et de Bach, ce sont d’excellents livres. La lecture de celui du général Bach m’a d’ailleurs donné l’idée de mon livre et, sans divulguer la teneur d’une correspondance privée, celui m’a félicité chaudement à sa parution.
L’histoire est débats et interprétations, il est donc normal que nous ne soyons pas d’accord sur tout (ceci dit, il n’y a pas besoin de véhémence, la guerre est finie depuis longtemps !), mais je ne suis pas sûr que nous soyons vraiment en désaccord car j’ai bien vu que vous étiez victime d’une lecture biaisée. Je confesse juste de l’empathie pour les braves poilus qui ont été fusillés par leurs camarades alors qu’ils étaient innocents. Qui oserait dire qu’il n’en a pas ?
Avec mes salutations et mes félicitations pour ce forum,
JY Le Naour
PS : Je répondrai à toutes les questions de ceux qui le souhaitent directement sur mon site www.jeanyveslenaour.com
Je n’ai pas l’habitude m’immiscer dans des discussions qui doivent demeurer libres et je m’en serai bien gardé si je ne m’étais senti quelque peu agressé par certains courriers. Je passe sur ceux qui m’accuse de « malhonnêteté intellectuelle » en reconnaissant qu’ils n’ont pas lu le livre, cela ne mérite pas de commentaires. Je voudrais juste apporter, avec mesure et correction, quelques réponses à la violente diatribe dont mon livre est l’objet par Denis Rolland. Je commencerai par dire que je n’ai pas compris la passion de M. Rolland, ou plutôt j’ai compris qu’il ne savait pas quel était le sujet de mon livre. En effet, ce n’est pas un livre sur les 600 fusillés de la Grande Guerre, mais un livre sur les fusillés réhabilités, sur la cinquantaine d’erreurs judiciaires qui ont conduit de braves poilus à la mort la plus infamante alors qu’ils étaient innocents. Si Larousse n’a pas retenu mon titre « Les fusillés réhabilités », c’est que le titre comme la 4e de couverture n’appartient pas à l’auteur, c’est peut-être déplorable mais c’est ainsi. Cependant, il n’y a pas que le titre de l’ouvrage pour savoir de quoi un livre parle ! Il aurait simplement fallu lire l’introduction (je sais, c’est banal, mais il faut commencer ainsi) :
« Après Nicolas Offenstadt qui livre dès 1999 un travail sur la construction de la mémoire des fusillés au cours du siècle passé, le général André Bach entreprend une étude factuelle, précise et détaillée, des conditions dans lesquelles plus de 400 hommes ont perdu la vie, fusillés par leurs camarades, de septembre 1914 à décembre 1915.
Notre propos n’est pas ici de refaire ce qui a déjà été fait mais, plus modestement, de mettre l’accent sur la cinquantaine de soldats tombés sous les balles françaises et qui, par la suite, ont été officiellement réhabilités. Pour ce faire nous avons conçu un livre en deux parties : la première replace le combat en faveur de la révision des sentences de la justice militaire dans son contexte politique et social, quand la seconde entreprend le récit biographique de toutes ces affaires de condamnés déclarés innocents après coup. L’une est indispensable à l’autre et toutes deux s’éclairent mutuellement. Dans l’entre-deux-guerres des ouvrages militants avaient déjà tenté de raconter la trajectoire dramatique de quelques fusillés par erreur, mais ils n’avaient ni ambition à l’exhaustivité ni démarche historique et les titres retenus, Les crimes des conseils de guerre, Quand on fusillait des innocent ou encore Les damnés de la guerre ne dissimulaient pas leurs drapeaux. Ces récits de vie s’apparentaient tout bonnement à un long martyrologe antimilitariste où les fusillés jouaient le rôle de saints pacifistes crucifiés sur l’autel du militarisme. L’idée même d’erreur judiciaire était contestée, il n’y avait que des crimes conscients commis par des officiers sadiques. »
Ainsi, le livre parle des erreurs judiciaires et il ne devrait donc pas y avoir de polémiques puisque la justice a tranché, à moins qu’il y ait des individus aujourd’hui pour justifier la mise à mort d’innocents ce que je ne crois pas puisqu’il n’y en avait pas dans les années vingt et trente. Je voudrais rappeler que l’armée a reconnu ses erreurs, et qu’il n’y a donc pas, comme pour l’affaire Dreyfus, un combat opposant la justice d’un côté à l’honneur de l’armée de l’autre, car il ne peut y avoir d’honneur sans justice. Je voudrais rappeler que toutes les associations d’anciens combattants ont mené le combat pour la réhabilitation des innocents. Je voudrais rappeler enfin que le Parlement a voté à l’unanimité, de l’extrême droite royaliste aux communistes, l’article 20 de la loi du 29 avril 1921 permettant la réhabilitation des fusillés sans la procédure habituelle du fait nouveau, et que les députés ont encore voté à l’unanimité la proposition du socialiste Valière en 1928 instituant un tribunal d’anciens combattants pour examiner les questions litigieuses. Les députés et sénateurs n’avaient pas le sentiment d’attenter à l’honneur de l’armée et l’armée ne le prenait pas comme cela non plus donc Denis Rolland ne devrait pas le prendre ainsi.
Mon contradicteur se trompe donc carrément de sujet en croyant que je parle de tous les fusillés, d’où l’accusation de partialité : il me renvoie à la série BB24 (demande de grâce) que je n’aurai pas dépouillé et me reproche d’avoir vu la série BB 18 (contentieux judiciaire). Mais comme mon sujet porte sur les réhabilités, il faut que je travaille sur la série BB18, alors que les fusillés coupables qui ont été graciés, ou non de la série BB24 ne m’intéressent pas. Même chose pour les archives militaires du SHD où l’on m’accuse de n’avoir vu que quelques cartons. Oui, c’est vrai, j’ai vu les cartons correspondant à la cour spéciale de justice militaire qui, de 1933 à 1935, a examiné 28 dossiers de condamnés à mort et en a réhabilité 18. Encore une fois, ne m’intéressant qu’à la réhabilitation des condamnés innocents, je n’allais pas dépouiller autre chose.
Maintenant, pour les petits coups de griffe et les petites erreurs par ci par là, je voudrais répondre que si je n’ai pas la prétention de ne pas faire d’erreurs, ce que l’on me reproche ici est bien injuste :
- Pour les copeaux de bois, je n’invente rien et vous renvoie au dossier SHD 11 J 3215.
- Pour l’affaire Vingré, je dis bien que c’est Lafloque qui est à l’origine de la plainte collective. Permettez-moi de me citer : « En correspondance avec toutes les familles de fusillés, il préconise l’unité d’action ». Après quoi je parle de la plainte des familles. En effet, la demande de réhabilitation ne peut être effectuée que par la famille (je vous renvoie à l’article 20 de la loi du 29 avril 1921). Lafloque a fait un travail formidable mais ce que je dis est vrai : « Le 28 mai 1919, les familles déposent un recours en révision commun ». Lafloque ne pouvait pas le déposer lui-même car il n’en avait pas le droit.
- Pour la citation « Elle est morte de chagrin et de honte » que vous trouvez contraire à la méthode historique, je vous renvoie au dossier de Désiré Maillet, réhabilité le 19 mai 1922 par un conseil de guerre (BB 18 6352 51 BL 7269) ou vous retrouverez cette citation que je n’ai pas inventé. Pardon de l’avoir reprise sans les guillemets ! Vous qui perlez de se remettre dans le contexte, imaginez ce que c’est d’être le père, la mère, l’épouse ou les enfants d’un fusillé !!
- Contrairement à vos dires, je dis bien que la peine de Cottet-Dumoulin a été suspendue (affaire Bersot) et qu’il est mort le 12 avril 1917 sur le front de Serbie.
- Vous dites que la tombe de Bersot est bien visible sur le bord d’une route ? Fort bien. Je dis simplement qu’il a été enterré comme un paria, hors du cimetière, sans même une croix, et que sa tombe a été proscrite aux soldats du cantonnements qui ont bravé l’interdiction pour planter une croix. C’était quelque chose de fréquent.
- La cour de cassation juge sur la forme et non sur le fond : ça c’est un peu fort, je n’arrête pas de le dire dans toute la première partie, c’est pourquoi d’ailleurs, après les échecs répétés de Flirey, Souain et Chapelant (les trois affaires les plus médiatiques) les députés ont décidé de voter la constitution d’un tribunal d’anciens combattants pour passer outre le blocage de la cour de cassation.
- Vous dites : « Il n’y a pas de déposition de Pierre Lardon dans le dossier BB 18 ». Je vous invite à aller le consulter aux Archives nationales. Vous y lirez ceci de sa part. Pierre Lardon BB18 6343 51 BL 6444 : « Devant le conseil, nous n’avons pas pu nous défendre comme nous aurions voulu… j’ai fait une déclaration identique à celle que j’avais faite au bureau de la compagnie, sentant bien que si je contredisais cette déclaration, c’était presque la certitude d’une condamnation. »
- Sur la gerbe de la municipalité de Paris, je vous remercie de rectifier une inexactitude fondée sur la lecture de la presse au lendemain du vote, car il y a bien eu ce vote du conseil municipal. Et puis, de grâce, ne faites pas comme celui qui regarde le doigt au lieu de regarder la montagne. Cet exemple (j’aurai pu en prendre d’autre, comme le vote d’un vœu du conseil général de l’Aisne, l’inauguration d’une rue, un nom ajouté sur un monument aux morts…) servait à illustrer dans ma conclusion la prégnance de la question de la réhabilitation des fusillés dans l’opinion aujourd’hui. D’ailleurs, si vous lisez bien cette conclusion, vous y verrez que je dresse le constat d’une mémoire dominante victimisante. C’est un constat et non un jugement. Constater n’est pas militer. Dans un article intitulé « le champ de bataille des historiens » paru sur le site « la vie des idées » où je levais le drapeau blanc entre les écoles historiques qui se divisent sur 14-18 (ce qui m’a valu une réponse « militante » puisque intitulée « retrouver la polémique » de quelques uns de vos amis du CRID), je disais d’ailleurs que l’effort des historiens était vain « face au rouleau compresseur d’une mémoire victimisante qui ne veut retenir que le sacrifice. On assiste même à un complet renversement de la figure du héros, les « sur-victimes » que sont les fusillés et les mutins prenant le pas sur tous les autres soldats qui ont suivi le troupeau jusqu’à l’abattoir quand d’autres ont eu le courage de dire non. Quant à la guerre, elle est devenue un chaos sans queue ni tête ou, au mieux, une guerre civile européenne. Si l’on peut considérer, en citoyen, que cette mémoire humaniste est utile et nécessaire au consensus politique fondant la réconciliation franco-allemande et la construction européenne, l’historien est plus réservé pour valider la pertinence de sa dimension pathologique qu’illustre, par exemple, le film Joyeux Noël de Christian Carion (2005). »
Enfin, vous avez raison de recommander la lecture des livres d’Offenstadt et de Bach, ce sont d’excellents livres. La lecture de celui du général Bach m’a d’ailleurs donné l’idée de mon livre et, sans divulguer la teneur d’une correspondance privée, celui m’a félicité chaudement à sa parution.
L’histoire est débats et interprétations, il est donc normal que nous ne soyons pas d’accord sur tout (ceci dit, il n’y a pas besoin de véhémence, la guerre est finie depuis longtemps !), mais je ne suis pas sûr que nous soyons vraiment en désaccord car j’ai bien vu que vous étiez victime d’une lecture biaisée. Je confesse juste de l’empathie pour les braves poilus qui ont été fusillés par leurs camarades alors qu’ils étaient innocents. Qui oserait dire qu’il n’en a pas ?
Avec mes salutations et mes félicitations pour ce forum,
JY Le Naour
PS : Je répondrai à toutes les questions de ceux qui le souhaitent directement sur mon site www.jeanyveslenaour.com
JY LE NAOUR