Bonjour, pour les tranchées betonnées je te conseille le bois de Saint-Baussant juste a l'ouest de Flirey, Jeunesse et Territoire avec la communauté de commune ont fait un super travail en recreusant les tranchées comme elles étaient pendant la guerre.
A plus
Etienne
Flirey 5 avril 1915
Re: Flirey 5 avril 1915
La raison freine la Passion, mais la Passion as t elle toujours Raison ?
- IM Louis Jean
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Re: Flirey 5 avril 1915
Bonjour à toutes et à tous,
Deux cartes des tranchées situées entre Flirey et Mort-Mare en mai 1915 pour la première : Une tranchée Dessal page 41 et 77 de http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html à droite de la route de Flirey à Essey en lisière de la plantation en trapèze.
Cordialement
sesouvenir
Deux cartes des tranchées situées entre Flirey et Mort-Mare en mai 1915 pour la première : Une tranchée Dessal page 41 et 77 de http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html à droite de la route de Flirey à Essey en lisière de la plantation en trapèze.
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<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
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Re: Flirey 5 avril 1915
Bonjour tout l' monde,
Il y a 95ans aujourdhui ( 21/10/14), à 4h45, le 232e RI ( en brigade mixte avec le 277), livre son premier gros combat face au bois de Mortmare à droite et à gauche de la route d' Essey, le Lt Colonel Watin, de nombreux officiers et près de 300 hommes y restent sur le carreau, ainsi que plus de 200 blessés. C' était le moment de remonter le sujet, en souvenir de tous ces hommes
Amicalement,
Jef
Un petit montage perso.hommage à tous à travers leur Colonel :

Il y a 95ans aujourdhui ( 21/10/14), à 4h45, le 232e RI ( en brigade mixte avec le 277), livre son premier gros combat face au bois de Mortmare à droite et à gauche de la route d' Essey, le Lt Colonel Watin, de nombreux officiers et près de 300 hommes y restent sur le carreau, ainsi que plus de 200 blessés. C' était le moment de remonter le sujet, en souvenir de tous ces hommes



Amicalement,
Jef

Un petit montage perso.hommage à tous à travers leur Colonel :

"Désormais je sais enfin que tous ces morts, ces Français et ces Allemands, étaient des frères, que je suis leur frère" Ernst Toller
Le blog du 232e RI http://232emeri.canalblog.com/
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- IM Louis Jean
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Re: Flirey 5 avril 1915
Bonjour à toutes et à tous,
Extrait de http://www.michel-elbaze.fr/index.py?page=view&id=050
<< SECTEUR DE FLIREY (15 mars - 15 mai 1915) L'évocation de FLIREY laissera au Régiment une impression des plus profondes, des plus poignantes qu'il ait jamais éprouvé. La campagne de FLIREY dura 10 mois, dix longs mois de combats extrèmement pénibles et d'une guerre de tranchées ou l'ennemi, à la tenacité et au courage duquel il faut rendre hommage, n'a cessé de nous harceler pour essayer de racheter ses échecs. Les deux artilleries ont fait rage dans ce secteur qui n'était plus à un moment donné qu'un fouillis inextricable de ronces métalliques et de tranchées démolies. La souffrance du Poilu y atteignit son maximum à cause surtout de la longueur de l'épreuve, à cause aussi de l'intensité des combats qui se renouvelaient sans cesse et des pertes provoqués par une artillerie monstrueuse. Le Régiment perdit dans cette campagne plus de la totalité de son effectif (40 officiers, 3300 hommes). Le 15 mars nous occupons les tranchées du Bois de Jury (ouest de FLIREY). Pendant les premiers jours nous organisons le secteur et le tâtons par de nombreuses patrouilles. Dans la nuit du 2 au 3 avril, nous parvenons, en attaquant sans préparation d'artillerie, à gagner sans pertes une avance de 80 mètres ; nous établissons notre première ligne. L'artillerie gronde cependant de plus en plus. Le secteur devient mauvais. L'ennemi veut probablement nous intimider, mais nous prenons les devants. Le 5 avril, le 157ème doit attaquer à 9 heures et s'emparer des tranchées qui se trouvent au sud du bois de MORTMARE et à l'ouest de la route FLIREY-ESSEY. Nous avons pour mission, en restant dans nos lignes du bois de JURY de protéger et de soutenir par nos feux cette opération. A l'heure prescrite le 157ème sort et avec un entrain digne d'éloges atteint son but et s'empare de la ligne de tranchées. Il y reste malgré le bombardement, mais est obligé peu après de céder devant une violente contre-attaque et de revenir à son point de départ. Le 163ème reçoit dans l'après-midi l'ordre d'avoir à renouveler cette attaque le lendemain matin. Combat du 6 avril 1915 Les 1er et 2ème Bataillons sont désignés pour fournir les Compagnies d'assaut. Ils relèvent le 157ème pendant la nuit du 5 au 6 et s'installent dans la parallèle de départ (6ème et 7ème Compagnie, vague de droite, 1ère et 2ème vague de gauche, 4ème et 8ème en soutien, 3ème et 5ème en renfort). A droite, nous appuyons sur la route de FLIREY à ESSEY et sur le 257ème. A gauche, le 4ème Bataillon, dans les tranchées de JURY, doit nous protéger par ses feux. Le 3ème Bataillon est en réserve dans les bois de la HAZELLE. L'heure H fixée d'abord à 9 heures est reportée à 10 heures puis retardée jusqu'à 12 heures. Pendant toute la matinée, comme s'ils se doutaient de nos intentions, les Allemands bombardent violemment tout le secteur. Le ravitaillement en munitions sur la ligne de départ s'effectue difficilement et avec pertes. A 11 heures 40, notre artillerie commence à cracher selon le terme usuel, puis donne son plein jusqu'à 12 heures. Les hommes, le fusil approvisionné, baïonnette au canon sont prêts à enjamber le parapet. Au signal fait par le Chef du 2ème Bataillon qui se tient dans la parallèle de départ, toute la vague s'élance, les officiers en tête. A ce moment, le capitaine AULOIS commandant la 7ème compagnie, en tête de ses hommes, se tourne à demi pour leur dire : - Mes amis, ajustez vos jugulaires ; nous allons avoir l'honneur de charger la garde ! En avant et vive la FRANCE (O/Général n°168 de sa citation à l'armée). Lui-même, pour la circonstance avait revêtu sa tenue n°1. Sous l'impulsion produite par ces quelques mots, les poilus de la 7ème et, par contre-coup, toute la ligne, s'élancent en répétant : " Vive la FRANCE " ! Le capitaine AULOIS toujours en tête arrive avec ses hommes dans la tranchée ennemie malgré la fusillade et un bombardement extrêmement meurtriers. Mais hélas ! un instant après le brave capitaine tombe mortellement atteint d'une balle à la tête, dans la tranchée conquise qui s'appela depuis la tranchée AULOIS. La 6ème Compagnie n'est pas moins belle que la 7ème dans cette action. Son chef, le lieutenant HERVE montre dans la circonstance un entrain et un sang-froid dignes d'admiration. Il est tué également au moment ou il atteint son but. Les 1ère et 2ème Compagnies parties aussi avec un élan merveilleux sont cependant, après un premier bond, prises en écharpe par des feux nourris de mitrailleuses qui leur causent des pertes très fortes et empèchent la progression. La 4ème Compagnie appelée en renfort permet un nouveau bond mais tous ses officiers tombent blessés. Le Commandant de la 1ère Compagnie est tué. Pendant ce temps les 6ème et 7ème Compagnies organisent les tranchées conquises. L'ennemi réagit très sérieusement. Il fait donner le plein de son artillerie et prononce ensuite des contre-attaques très violentes. Deux premières contre-attaques échouent. Les officiers de la 6ème Compagnie tombent tous l'un après l'autre mortellement atteints. Ces deux compagnies n'arrivent pas. Une troisième contre-attaque menée avec une violence particulière oblige ce qui reste des Compagnies dans les tranchées conquises à se replier jusqu'à leur parallèle de départ. Les deux compagnies demandées pour remplacer les vides arrivent à ce moment, mais il est trop tard. Leur lenteur à venir de la 3ème ligne provient du barrage ennemi extrêmement dense et de l'encombrement des boyaux par les blessés et les cadavres. (En une heure nous avions perdu 11 officiers dont 8 tués; 171 hommes tués, 342 blessés). Combat du 7 avril 1915 Après une nuit passée, sous un bombardement continuel, à évacuer nos morts et nos blessés et à tenir la position, l'ordre arrive d'avoir à renouveler l'attaque à 10 heures du matin. Un bataillon d'assaut est constitué par les 3ème, 5ème, 9ème et 10ème compagnies (ces deux derniers formant soutien) sous les ordres du Capitaine HUILLET commandant la 3ème compagnies. Les autres Compagnies du régiment sont en réserve au bois de JURY et au bois de la HAZELLE. Trente minutes avant l'heure H notre artillerie commence la préparation. A l'heure H les 3ème et 5ème compagnies s'élancent hors des tranchées formant la droite de la vague d'assaut ; la gauche est formée par deux compagnies d'un bataillon du 157ème. La 3ème compagnie et un peloton de la 5ème sont, au cours de la progression, pris en écharpe par quatre mitrailleuses ennemies. Les hommes sont obligés à un moment donné de s'abriter dans les trous d'obus. Des renforts sont demandés pour contre-battre les mitrailleuses et remplacer les vides. Mais la compagnie qui doit renforcer, gênée par l'encombrement des boyaux est obligée de les enjamber et se fait décimer par le barrage ennemi ; elle ne peut inutilement secourir l'attaque. Le Commandant de la 10ème compagnie tombe grièvement blessé. L'officier qui reste tombe également blessé. Pendant que la gauche piétine péniblement, la droite constituée par l'autre peloton de la 5ème compagnie a plus de succès et réussit à s'emparer de la tranchée allemande. Les pertes sont cependant très fortes et le peloton réduit à quelques hommes demande du renfort pour tenir dans la tranchée conquise. On ne peut envoyer qu'un peloton. Le peloton n'est pas encore complètement arrivé qu'une violente contre-attaque allemande se déclanche. Le sous-lieutenant FOISSAC chef du peloton est tué ; un 2ème sous-lieutenant est blessé. Il ne reste plus qu'un sergent comme gradé et quelques hommes qui se battent vaillamment mais qui devant la supériorité considérable du nombre et l'intensité du feu, se replient dans leurs tranchées respectives et tiennent là l'ennemi en respect. Le lieu du combat est jonché de cadavres et de blessés. Le bombardement continue de part et d'autres toute la journée. (Les pertes de ce combat furent en 1 heure 1/2 de ; 1 officier tué, 3 blessés ; 172 hommes tués, 268 blessés. Si l'on tient compte des effectifs engagés on voit que les pertes furent considérables.) Le secteur reste très agité les jours suivants et la moyenne de nos pertes quotidiennes en dehors des combats est de 70 à 80 hommes dont 1/4 de tués environ. Combat du 20 avril 1915 Le combat du 20 fut une brillante action d'éclat menée avec un entrain merveilleux et qui donna le résultat demandé. Ordre est donné au 163ème d'enlever dans la matinée la ligne de tranchée ennemie en avant de la tranchée Barrin. Effectif; 1 Compagnie 1/2 (heure H = 9 heures). Sont désignés ; la 16ème Compagnie et un peloton de la 14ème. Après 5 minutes de préparation d'artillerie nos braves poilus ayant décidé de marcher en chantant s'élancent au signal convenu en entonnant la Marseillaise. L'ennemi en éveil actionne mitraillettes et mitrailleuses et ouvre le feu sur la troupe qui avance quand même et toujours. La 16ème Compagnie, officiers en tête, arrive en tourbillon dans la tranchée, s'en empare après un violent corps à corps et commence à l'organiser aussitôt. Le peloton de la 14ème Compagnie un instant arrêté par des feux de flanc rejoint la 16ème. La réaction ennemie se produit peu après. Trois contre-attaques sont énergiquement repoussés. La garnison de la tranchée conquise les accueille à grand rencfort de grenades et fait subir aux Allemands des pertes très sérieuses. Un officier d'état-major du Corps d'Armée venu pour se rendre compte du gain compte plus de 300 cadavres Allemands (les pertes de ce combat furent de 1 officier tué, 43 hommes tués, 123 blessés). Les jours suivants l'ennemi manifeste son mécontentement par un bombardement systématique et continue, mais il ne renouvelle pas ses contre-attaques. Combat du 14 mai 1915 Le 13 mai au soir, en prévision d'une attaque qu'il doit effectuer le lendemain le 3ème Bataillon désigné va occuper les tranchées de m Mortmare d'où il partira. Objectif ; tranchée ennemie en avant du secteur. A 7 heures 55 au moment ou notre artillerie commence son tir l'ennemi déclanche une vive fusillade dans la tranchée de départ. On voit les boches baïonnette au canon dans leurs tranchées ; ils se sont méfiés et attendent les assaillants. Ordre est donné à la gauche et au centre de la 1ère ligne de ne pas bouger. La droite seule s'élance en avant très bravement et occupe les tranchées ennemies qu'elle avait comme objectif. L'assaut général est alors déclanché. Toute la 11ème Compagnie et un peloton de la 9ème se portent en avant. En quelques minutes les poilus atteignent la ligne allemande et l'occupent. Les Allemands s'enfuient ou tombent sous les grenades. Aussitôt prise la tranchée est retournée face aux boches. L'ennemi nous harcèle et se prépare à contre-attaquer. Son premier coup de bélier à lieu à 11 heures ; il se heurte avec pertes à nos baïonnettes. A 15 heures nouveau bombardement, nouvelle contre-attaque. Nous parvenons encore à faire refluer les Allemands vers leur point de départ. Ces derniers ne perdent cependant pas courage. Ils recommencent à 17 heures avec des effectifs renforcés, les vagues se suivant d'assez près. Devant ce flot humain qui se renouvelle sans compter, nos sections déjà très éprouvées ayant lutté pendant 9 heures consécutives sous un bombardement " abrutissant " ne peuvent plus tenir et se replient sur la tranchée AULOIS d'ou elles étaient parties. (Nos pertes dans ce combat étaient de 1 officier tué, 49 hommes tués, 179 blessés). FLIREY - du 15 mai 1915 au 9 janvier 1916 La période intense de FLIREY a vécu. Les 8 mois qui suivent sont un peu plus calmes en ce sens qu'ils n'enregistrent pas d'actions offensives comme les précédentes. C'est notre deuxième période de guerre de tranchées sur laquelle nous allons jeter un coup d'œil général basé sur les impressions du secteur ou 3 saisons nous voient à peu près dans les mêmes tranchées. Nous sommes en été ; les jours sont bien longs, le temps est clair. C'est la guerre d'observation. Tous les P.O. (postes d'observation) ont des yeux, des jumelles qui repèrent les travaux faits, les boyaux fréquentés, le passage des corvées de soupe ; il ne faut pas se montrer. Les artilleurs font du réglage ; ça sent le coup de main ou l'attaque.… Les avions ont beau jeu… Ils espionnent, repèrent, photographient. Il faut toujours se cacher… Le temps est lourd ; la tranchée sent mauvais… un relent de cadavre mal enterré… parfois un membre pourri qui sort du parados !…… Le cimetière est à la 3ème ligne… un pauvre cimetière qui n'est pas à l'abri du bombardement ! Les croix de bois sont bien rangées et replacées parfois chaque jour ; des bouteilles renversées contiennent les papiers trouvés dans les poches du cadavre. Là, dans un coin, ils sont 30 entassés ensemble et tués le même jour. Quelques tertres sont sans bouteilles, sans nom ! Nous sommes bien peu de chose… ! Le poilu ne tient pas trop à rester dans la terre quand il fait beau . Par un savant camouflage il organise une table au jour invisible à l'œil des aviateurs. Il fait si humide et si noir dans les cagnas !… Il veut écrire et s'installer confortablement pour mieux rêver aux siens, à son pays. L'homme de soupe apporte la correspondance ; - " Aux lettres ! ". C'est toute l'ame du poilu qui vibre. Une lettre tient tant de place dans la vie des tranchées ! C'est le moment où l'on oublie la guerre pour vivre quelques instants l'atmosphère du foyer des Mamans, fiancées, femmes, enfants vous ne saurez jamais de quelle façon on vous a aimés aux tranchées ! Le poilu endurci par les longs mois de guerre, qui regarde sans broncher le cadavre déchiqueté d'un camarade et qui reste insensible aux bombardements les plus forts, redevient à la lecture d'une lettre l'homme qu'il était avant la guerre, et cette transformation le rend mélancolique et rêveur. Le poilu cherche à se distraire. Il fabrique des bagues, des briquets, des souvenirs pour les siens. Le temps passe ainsi et occupe les accalmies, car on ne s'ennuie que lorsque le secteur est calme. Il y a aussi les jours à compter ; dès le premier jour de secteur on pense à la prochaine relève et aux petits plaisirs de la 2ème ou 3ème ligne ; dès qu'on est au repos, on pense à la prochaine montée aux tranchées… La vie est ainsi faite !…… Nous sommes en automne… on monte aux tranchées ce soir, il pleut. On est triste comme le temps. On fait des kilomètres de boyaux dans l'eau… on est toujours dans l'eau.… La capote, les musettes, le fusil, tout est couleur de boue. Certains boyaux sont absolument impraticables ; il faut enjamber le parapet et passer en courant à découvert. En arrivant aux tranchées, le premier travail qui se revouvelle constamment consiste à vider l'eau qui revient toujours !… Voici le brouillard ! Tant mieux ! l'ennemi ne peut pas nous voir ; on en profite pour placer du fil de fer en avant des lignes pendant le jour ; on voit au moins ce que l'on fait. C'est la saison ou les feuilles tombent ! il n'y a pas de feuilles ici, il n'y a même plus d'arbres. Les obus ont tout rasé !… Le paysage est lamentablement triste… un fouillis de décombres… de la ruine partout !… On éprouve un serrement de cœur ! C'est l'heure de la soupe… C'est l'heure des torpilles… C'est la course effrénée dans les boyaux… Vite au carrefour !… Là on s'arrête et on observe… On entend le " tac " particulier du départ… on voit l'énorme projectile monter en courbe et redescendre à pic. On juge en un clin d'œil de la direction ; on bondit à droite, à gauche, en avant, en arrière et on se plaque pendant le formidable éclatement. On se relève sitôt après, on scrute la nouvelle torpille et on recommence ainsi 20 fois, 30 fois, 100 fois jusqu'à la fin du tir si on est encore debout. Le gros " minen " est encore plus terrible, et surtout le " minen retardé " qui s'enfonce à 3 ou 4 mètres sous terre et qui lance une gerbe énorme de terre et de débris à 50 mètres de hauteur par son éclatement foudroyant. Le minen a démoralisé les plus courageux. La tranchée du Chapeau, dans les bois de Mortmare, fut creusée sous les torpilles et les minens. Le Chapeau est un vaste entonnoir à la lisière du bois que nous devons occuper à tout prix. Il faut creuser une tranchée qui y accède et qui défende la lisière. L'endroit est battu quotidiennement par les gros engins. Les nombreux volontaires qui on répondu à l'appel tombent en grand nombre tous les jours et sont remplacés par d'autres. La tranchée terminée, on a placé un pancarte à son entrée ; " Le Chapeau ! La Redoute des Braves - 163ème " Chaque mètre de cette tranchée nous a couté 15 morts en moyenne. C'est l'hiver ! il neige… On patauge dans les boyaux glacés. On ne sent plus ses pieds… ils sont froids comme le sol. Il n'y a pas moyen de les réchauffer ; pas de feu, pas de lumière… La nuit est bien longue. Comme la " cagna " est couce cependant après la faction aux créneaux par nuit noire. On casse la croûte. On s'allonge… les deux heures de repos sont vite passées et on retourne au créneau. Les fusées illuminent le sol. Tout parait désert dans le pâle et lugubre éclairement des 30 secondes… Et cependant on veille… on veille partout. Un mouvement là-bas… ! un cliquetis d'armes… Est-ce une patrouille ? Une attaque surprise ? Il fait noir on ne voit rien… Soudain une fusée de barrage, une belle chenille monte en tournoyant… une minute s'écoule… Le vacarme commence, le barrage donne son plein. Ce serait beau tout de même si ce n'était pas la guerre un vrai feu d'artifices avec orchestre aux sons variés mais un peu trop assourdissant par exemple ! On est relevé ! Ah le bon moment ! On ne sera cependant tranquille qu'à 10 ou 12 kilomètres des lignes. Il y a des coins dangereux à traverser. Il fait une nuit noire… on n'y voit pas à deux pas ! on passe les consignes… On souhaite ; Bonne chance et au revoir à ceux qui restent. On est prêt… on descend dans les boyaux profonds, à la queue leu leu… en silence ; on évite le moindre bruit, les paroles… on se cogne dans l'obscurité, on tombe… C'est un méchant fil de fer posé en travers, c'est un trou, un escalier on monte, on descend. On entend de temps à autre l'éternel refrain : "On ne suit pas, faites passer". Nos artilleurs tirent justement ce soir-là ! Comme on les maudit ! Enfin ! voici la route ! on est éreinté… mais on ferait encore 20 kilomètres ; on est si content de pouvoir parler haut, s'agiter, marcher, courir !… Pendant cette longue période le régiment a recu à plusieurs reprises de chaleureuses félicitations du Général DELETOILE Commandant le C.A. pour les actions d'éclat accomplies par les Compagnies ou les sections. Le Général a constaté l'audace croissante, l'énergie, le sang-froid déployés et le grand ascendant que le régiment possède sur l'ennemi. (Note 1635/3 du 17 novembre / du 21 avril 1915 au 1er janvier 1916 le régiment a perdu ; 4 officiers tués, 19 blessés, 237 hommes tués, 1385 blessés). Le régiment est relevé des tranchées le 9 janvier 1916 il va au repos en arrière du secteur et exécute des travaux en 2ème position (Est de NOVIANT à RAMBUCOURT. Il fait entre temps des manœuvres de bataillon, de régiment et de division.)>>
Cordialement
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Extrait de http://www.michel-elbaze.fr/index.py?page=view&id=050
<< SECTEUR DE FLIREY (15 mars - 15 mai 1915) L'évocation de FLIREY laissera au Régiment une impression des plus profondes, des plus poignantes qu'il ait jamais éprouvé. La campagne de FLIREY dura 10 mois, dix longs mois de combats extrèmement pénibles et d'une guerre de tranchées ou l'ennemi, à la tenacité et au courage duquel il faut rendre hommage, n'a cessé de nous harceler pour essayer de racheter ses échecs. Les deux artilleries ont fait rage dans ce secteur qui n'était plus à un moment donné qu'un fouillis inextricable de ronces métalliques et de tranchées démolies. La souffrance du Poilu y atteignit son maximum à cause surtout de la longueur de l'épreuve, à cause aussi de l'intensité des combats qui se renouvelaient sans cesse et des pertes provoqués par une artillerie monstrueuse. Le Régiment perdit dans cette campagne plus de la totalité de son effectif (40 officiers, 3300 hommes). Le 15 mars nous occupons les tranchées du Bois de Jury (ouest de FLIREY). Pendant les premiers jours nous organisons le secteur et le tâtons par de nombreuses patrouilles. Dans la nuit du 2 au 3 avril, nous parvenons, en attaquant sans préparation d'artillerie, à gagner sans pertes une avance de 80 mètres ; nous établissons notre première ligne. L'artillerie gronde cependant de plus en plus. Le secteur devient mauvais. L'ennemi veut probablement nous intimider, mais nous prenons les devants. Le 5 avril, le 157ème doit attaquer à 9 heures et s'emparer des tranchées qui se trouvent au sud du bois de MORTMARE et à l'ouest de la route FLIREY-ESSEY. Nous avons pour mission, en restant dans nos lignes du bois de JURY de protéger et de soutenir par nos feux cette opération. A l'heure prescrite le 157ème sort et avec un entrain digne d'éloges atteint son but et s'empare de la ligne de tranchées. Il y reste malgré le bombardement, mais est obligé peu après de céder devant une violente contre-attaque et de revenir à son point de départ. Le 163ème reçoit dans l'après-midi l'ordre d'avoir à renouveler cette attaque le lendemain matin. Combat du 6 avril 1915 Les 1er et 2ème Bataillons sont désignés pour fournir les Compagnies d'assaut. Ils relèvent le 157ème pendant la nuit du 5 au 6 et s'installent dans la parallèle de départ (6ème et 7ème Compagnie, vague de droite, 1ère et 2ème vague de gauche, 4ème et 8ème en soutien, 3ème et 5ème en renfort). A droite, nous appuyons sur la route de FLIREY à ESSEY et sur le 257ème. A gauche, le 4ème Bataillon, dans les tranchées de JURY, doit nous protéger par ses feux. Le 3ème Bataillon est en réserve dans les bois de la HAZELLE. L'heure H fixée d'abord à 9 heures est reportée à 10 heures puis retardée jusqu'à 12 heures. Pendant toute la matinée, comme s'ils se doutaient de nos intentions, les Allemands bombardent violemment tout le secteur. Le ravitaillement en munitions sur la ligne de départ s'effectue difficilement et avec pertes. A 11 heures 40, notre artillerie commence à cracher selon le terme usuel, puis donne son plein jusqu'à 12 heures. Les hommes, le fusil approvisionné, baïonnette au canon sont prêts à enjamber le parapet. Au signal fait par le Chef du 2ème Bataillon qui se tient dans la parallèle de départ, toute la vague s'élance, les officiers en tête. A ce moment, le capitaine AULOIS commandant la 7ème compagnie, en tête de ses hommes, se tourne à demi pour leur dire : - Mes amis, ajustez vos jugulaires ; nous allons avoir l'honneur de charger la garde ! En avant et vive la FRANCE (O/Général n°168 de sa citation à l'armée). Lui-même, pour la circonstance avait revêtu sa tenue n°1. Sous l'impulsion produite par ces quelques mots, les poilus de la 7ème et, par contre-coup, toute la ligne, s'élancent en répétant : " Vive la FRANCE " ! Le capitaine AULOIS toujours en tête arrive avec ses hommes dans la tranchée ennemie malgré la fusillade et un bombardement extrêmement meurtriers. Mais hélas ! un instant après le brave capitaine tombe mortellement atteint d'une balle à la tête, dans la tranchée conquise qui s'appela depuis la tranchée AULOIS. La 6ème Compagnie n'est pas moins belle que la 7ème dans cette action. Son chef, le lieutenant HERVE montre dans la circonstance un entrain et un sang-froid dignes d'admiration. Il est tué également au moment ou il atteint son but. Les 1ère et 2ème Compagnies parties aussi avec un élan merveilleux sont cependant, après un premier bond, prises en écharpe par des feux nourris de mitrailleuses qui leur causent des pertes très fortes et empèchent la progression. La 4ème Compagnie appelée en renfort permet un nouveau bond mais tous ses officiers tombent blessés. Le Commandant de la 1ère Compagnie est tué. Pendant ce temps les 6ème et 7ème Compagnies organisent les tranchées conquises. L'ennemi réagit très sérieusement. Il fait donner le plein de son artillerie et prononce ensuite des contre-attaques très violentes. Deux premières contre-attaques échouent. Les officiers de la 6ème Compagnie tombent tous l'un après l'autre mortellement atteints. Ces deux compagnies n'arrivent pas. Une troisième contre-attaque menée avec une violence particulière oblige ce qui reste des Compagnies dans les tranchées conquises à se replier jusqu'à leur parallèle de départ. Les deux compagnies demandées pour remplacer les vides arrivent à ce moment, mais il est trop tard. Leur lenteur à venir de la 3ème ligne provient du barrage ennemi extrêmement dense et de l'encombrement des boyaux par les blessés et les cadavres. (En une heure nous avions perdu 11 officiers dont 8 tués; 171 hommes tués, 342 blessés). Combat du 7 avril 1915 Après une nuit passée, sous un bombardement continuel, à évacuer nos morts et nos blessés et à tenir la position, l'ordre arrive d'avoir à renouveler l'attaque à 10 heures du matin. Un bataillon d'assaut est constitué par les 3ème, 5ème, 9ème et 10ème compagnies (ces deux derniers formant soutien) sous les ordres du Capitaine HUILLET commandant la 3ème compagnies. Les autres Compagnies du régiment sont en réserve au bois de JURY et au bois de la HAZELLE. Trente minutes avant l'heure H notre artillerie commence la préparation. A l'heure H les 3ème et 5ème compagnies s'élancent hors des tranchées formant la droite de la vague d'assaut ; la gauche est formée par deux compagnies d'un bataillon du 157ème. La 3ème compagnie et un peloton de la 5ème sont, au cours de la progression, pris en écharpe par quatre mitrailleuses ennemies. Les hommes sont obligés à un moment donné de s'abriter dans les trous d'obus. Des renforts sont demandés pour contre-battre les mitrailleuses et remplacer les vides. Mais la compagnie qui doit renforcer, gênée par l'encombrement des boyaux est obligée de les enjamber et se fait décimer par le barrage ennemi ; elle ne peut inutilement secourir l'attaque. Le Commandant de la 10ème compagnie tombe grièvement blessé. L'officier qui reste tombe également blessé. Pendant que la gauche piétine péniblement, la droite constituée par l'autre peloton de la 5ème compagnie a plus de succès et réussit à s'emparer de la tranchée allemande. Les pertes sont cependant très fortes et le peloton réduit à quelques hommes demande du renfort pour tenir dans la tranchée conquise. On ne peut envoyer qu'un peloton. Le peloton n'est pas encore complètement arrivé qu'une violente contre-attaque allemande se déclanche. Le sous-lieutenant FOISSAC chef du peloton est tué ; un 2ème sous-lieutenant est blessé. Il ne reste plus qu'un sergent comme gradé et quelques hommes qui se battent vaillamment mais qui devant la supériorité considérable du nombre et l'intensité du feu, se replient dans leurs tranchées respectives et tiennent là l'ennemi en respect. Le lieu du combat est jonché de cadavres et de blessés. Le bombardement continue de part et d'autres toute la journée. (Les pertes de ce combat furent en 1 heure 1/2 de ; 1 officier tué, 3 blessés ; 172 hommes tués, 268 blessés. Si l'on tient compte des effectifs engagés on voit que les pertes furent considérables.) Le secteur reste très agité les jours suivants et la moyenne de nos pertes quotidiennes en dehors des combats est de 70 à 80 hommes dont 1/4 de tués environ. Combat du 20 avril 1915 Le combat du 20 fut une brillante action d'éclat menée avec un entrain merveilleux et qui donna le résultat demandé. Ordre est donné au 163ème d'enlever dans la matinée la ligne de tranchée ennemie en avant de la tranchée Barrin. Effectif; 1 Compagnie 1/2 (heure H = 9 heures). Sont désignés ; la 16ème Compagnie et un peloton de la 14ème. Après 5 minutes de préparation d'artillerie nos braves poilus ayant décidé de marcher en chantant s'élancent au signal convenu en entonnant la Marseillaise. L'ennemi en éveil actionne mitraillettes et mitrailleuses et ouvre le feu sur la troupe qui avance quand même et toujours. La 16ème Compagnie, officiers en tête, arrive en tourbillon dans la tranchée, s'en empare après un violent corps à corps et commence à l'organiser aussitôt. Le peloton de la 14ème Compagnie un instant arrêté par des feux de flanc rejoint la 16ème. La réaction ennemie se produit peu après. Trois contre-attaques sont énergiquement repoussés. La garnison de la tranchée conquise les accueille à grand rencfort de grenades et fait subir aux Allemands des pertes très sérieuses. Un officier d'état-major du Corps d'Armée venu pour se rendre compte du gain compte plus de 300 cadavres Allemands (les pertes de ce combat furent de 1 officier tué, 43 hommes tués, 123 blessés). Les jours suivants l'ennemi manifeste son mécontentement par un bombardement systématique et continue, mais il ne renouvelle pas ses contre-attaques. Combat du 14 mai 1915 Le 13 mai au soir, en prévision d'une attaque qu'il doit effectuer le lendemain le 3ème Bataillon désigné va occuper les tranchées de m Mortmare d'où il partira. Objectif ; tranchée ennemie en avant du secteur. A 7 heures 55 au moment ou notre artillerie commence son tir l'ennemi déclanche une vive fusillade dans la tranchée de départ. On voit les boches baïonnette au canon dans leurs tranchées ; ils se sont méfiés et attendent les assaillants. Ordre est donné à la gauche et au centre de la 1ère ligne de ne pas bouger. La droite seule s'élance en avant très bravement et occupe les tranchées ennemies qu'elle avait comme objectif. L'assaut général est alors déclanché. Toute la 11ème Compagnie et un peloton de la 9ème se portent en avant. En quelques minutes les poilus atteignent la ligne allemande et l'occupent. Les Allemands s'enfuient ou tombent sous les grenades. Aussitôt prise la tranchée est retournée face aux boches. L'ennemi nous harcèle et se prépare à contre-attaquer. Son premier coup de bélier à lieu à 11 heures ; il se heurte avec pertes à nos baïonnettes. A 15 heures nouveau bombardement, nouvelle contre-attaque. Nous parvenons encore à faire refluer les Allemands vers leur point de départ. Ces derniers ne perdent cependant pas courage. Ils recommencent à 17 heures avec des effectifs renforcés, les vagues se suivant d'assez près. Devant ce flot humain qui se renouvelle sans compter, nos sections déjà très éprouvées ayant lutté pendant 9 heures consécutives sous un bombardement " abrutissant " ne peuvent plus tenir et se replient sur la tranchée AULOIS d'ou elles étaient parties. (Nos pertes dans ce combat étaient de 1 officier tué, 49 hommes tués, 179 blessés). FLIREY - du 15 mai 1915 au 9 janvier 1916 La période intense de FLIREY a vécu. Les 8 mois qui suivent sont un peu plus calmes en ce sens qu'ils n'enregistrent pas d'actions offensives comme les précédentes. C'est notre deuxième période de guerre de tranchées sur laquelle nous allons jeter un coup d'œil général basé sur les impressions du secteur ou 3 saisons nous voient à peu près dans les mêmes tranchées. Nous sommes en été ; les jours sont bien longs, le temps est clair. C'est la guerre d'observation. Tous les P.O. (postes d'observation) ont des yeux, des jumelles qui repèrent les travaux faits, les boyaux fréquentés, le passage des corvées de soupe ; il ne faut pas se montrer. Les artilleurs font du réglage ; ça sent le coup de main ou l'attaque.… Les avions ont beau jeu… Ils espionnent, repèrent, photographient. Il faut toujours se cacher… Le temps est lourd ; la tranchée sent mauvais… un relent de cadavre mal enterré… parfois un membre pourri qui sort du parados !…… Le cimetière est à la 3ème ligne… un pauvre cimetière qui n'est pas à l'abri du bombardement ! Les croix de bois sont bien rangées et replacées parfois chaque jour ; des bouteilles renversées contiennent les papiers trouvés dans les poches du cadavre. Là, dans un coin, ils sont 30 entassés ensemble et tués le même jour. Quelques tertres sont sans bouteilles, sans nom ! Nous sommes bien peu de chose… ! Le poilu ne tient pas trop à rester dans la terre quand il fait beau . Par un savant camouflage il organise une table au jour invisible à l'œil des aviateurs. Il fait si humide et si noir dans les cagnas !… Il veut écrire et s'installer confortablement pour mieux rêver aux siens, à son pays. L'homme de soupe apporte la correspondance ; - " Aux lettres ! ". C'est toute l'ame du poilu qui vibre. Une lettre tient tant de place dans la vie des tranchées ! C'est le moment où l'on oublie la guerre pour vivre quelques instants l'atmosphère du foyer des Mamans, fiancées, femmes, enfants vous ne saurez jamais de quelle façon on vous a aimés aux tranchées ! Le poilu endurci par les longs mois de guerre, qui regarde sans broncher le cadavre déchiqueté d'un camarade et qui reste insensible aux bombardements les plus forts, redevient à la lecture d'une lettre l'homme qu'il était avant la guerre, et cette transformation le rend mélancolique et rêveur. Le poilu cherche à se distraire. Il fabrique des bagues, des briquets, des souvenirs pour les siens. Le temps passe ainsi et occupe les accalmies, car on ne s'ennuie que lorsque le secteur est calme. Il y a aussi les jours à compter ; dès le premier jour de secteur on pense à la prochaine relève et aux petits plaisirs de la 2ème ou 3ème ligne ; dès qu'on est au repos, on pense à la prochaine montée aux tranchées… La vie est ainsi faite !…… Nous sommes en automne… on monte aux tranchées ce soir, il pleut. On est triste comme le temps. On fait des kilomètres de boyaux dans l'eau… on est toujours dans l'eau.… La capote, les musettes, le fusil, tout est couleur de boue. Certains boyaux sont absolument impraticables ; il faut enjamber le parapet et passer en courant à découvert. En arrivant aux tranchées, le premier travail qui se revouvelle constamment consiste à vider l'eau qui revient toujours !… Voici le brouillard ! Tant mieux ! l'ennemi ne peut pas nous voir ; on en profite pour placer du fil de fer en avant des lignes pendant le jour ; on voit au moins ce que l'on fait. C'est la saison ou les feuilles tombent ! il n'y a pas de feuilles ici, il n'y a même plus d'arbres. Les obus ont tout rasé !… Le paysage est lamentablement triste… un fouillis de décombres… de la ruine partout !… On éprouve un serrement de cœur ! C'est l'heure de la soupe… C'est l'heure des torpilles… C'est la course effrénée dans les boyaux… Vite au carrefour !… Là on s'arrête et on observe… On entend le " tac " particulier du départ… on voit l'énorme projectile monter en courbe et redescendre à pic. On juge en un clin d'œil de la direction ; on bondit à droite, à gauche, en avant, en arrière et on se plaque pendant le formidable éclatement. On se relève sitôt après, on scrute la nouvelle torpille et on recommence ainsi 20 fois, 30 fois, 100 fois jusqu'à la fin du tir si on est encore debout. Le gros " minen " est encore plus terrible, et surtout le " minen retardé " qui s'enfonce à 3 ou 4 mètres sous terre et qui lance une gerbe énorme de terre et de débris à 50 mètres de hauteur par son éclatement foudroyant. Le minen a démoralisé les plus courageux. La tranchée du Chapeau, dans les bois de Mortmare, fut creusée sous les torpilles et les minens. Le Chapeau est un vaste entonnoir à la lisière du bois que nous devons occuper à tout prix. Il faut creuser une tranchée qui y accède et qui défende la lisière. L'endroit est battu quotidiennement par les gros engins. Les nombreux volontaires qui on répondu à l'appel tombent en grand nombre tous les jours et sont remplacés par d'autres. La tranchée terminée, on a placé un pancarte à son entrée ; " Le Chapeau ! La Redoute des Braves - 163ème " Chaque mètre de cette tranchée nous a couté 15 morts en moyenne. C'est l'hiver ! il neige… On patauge dans les boyaux glacés. On ne sent plus ses pieds… ils sont froids comme le sol. Il n'y a pas moyen de les réchauffer ; pas de feu, pas de lumière… La nuit est bien longue. Comme la " cagna " est couce cependant après la faction aux créneaux par nuit noire. On casse la croûte. On s'allonge… les deux heures de repos sont vite passées et on retourne au créneau. Les fusées illuminent le sol. Tout parait désert dans le pâle et lugubre éclairement des 30 secondes… Et cependant on veille… on veille partout. Un mouvement là-bas… ! un cliquetis d'armes… Est-ce une patrouille ? Une attaque surprise ? Il fait noir on ne voit rien… Soudain une fusée de barrage, une belle chenille monte en tournoyant… une minute s'écoule… Le vacarme commence, le barrage donne son plein. Ce serait beau tout de même si ce n'était pas la guerre un vrai feu d'artifices avec orchestre aux sons variés mais un peu trop assourdissant par exemple ! On est relevé ! Ah le bon moment ! On ne sera cependant tranquille qu'à 10 ou 12 kilomètres des lignes. Il y a des coins dangereux à traverser. Il fait une nuit noire… on n'y voit pas à deux pas ! on passe les consignes… On souhaite ; Bonne chance et au revoir à ceux qui restent. On est prêt… on descend dans les boyaux profonds, à la queue leu leu… en silence ; on évite le moindre bruit, les paroles… on se cogne dans l'obscurité, on tombe… C'est un méchant fil de fer posé en travers, c'est un trou, un escalier on monte, on descend. On entend de temps à autre l'éternel refrain : "On ne suit pas, faites passer". Nos artilleurs tirent justement ce soir-là ! Comme on les maudit ! Enfin ! voici la route ! on est éreinté… mais on ferait encore 20 kilomètres ; on est si content de pouvoir parler haut, s'agiter, marcher, courir !… Pendant cette longue période le régiment a recu à plusieurs reprises de chaleureuses félicitations du Général DELETOILE Commandant le C.A. pour les actions d'éclat accomplies par les Compagnies ou les sections. Le Général a constaté l'audace croissante, l'énergie, le sang-froid déployés et le grand ascendant que le régiment possède sur l'ennemi. (Note 1635/3 du 17 novembre / du 21 avril 1915 au 1er janvier 1916 le régiment a perdu ; 4 officiers tués, 19 blessés, 237 hommes tués, 1385 blessés). Le régiment est relevé des tranchées le 9 janvier 1916 il va au repos en arrière du secteur et exécute des travaux en 2ème position (Est de NOVIANT à RAMBUCOURT. Il fait entre temps des manœuvres de bataillon, de régiment et de division.)>>
Cordialement
sesouvenir
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
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Re: Flirey 5 avril 1915
Bonsoir à toutes et tous,
Pour vous permettre de visualiser un peu mieux le secteur pour ceux qui ne le connaissent pas cette petite photo aérienne. D'Est en Ouest la route de Flirey à Essey et de part et d'autre de cette route les tranchées. Vous pouvez également constater la présence des entonnoirs de mines (ce secteur est aujourd'hui valorisé par un petit sentier qui vous explique son histoire et vous montre quelques entonnoirs). Les lignes françaises sont sur le côté droit de la photo. La tranchée du Chapeau est légérement en arière des entonnoirs. Enfin le général Deletoile dont il est question ci-dessus est ne l'oublions pas le responsable des fusillés de Flirey dont à l'époque un post avait été publié sur ce forum.
Bien cordialement.
Frédéric Steinbach
Pour vous permettre de visualiser un peu mieux le secteur pour ceux qui ne le connaissent pas cette petite photo aérienne. D'Est en Ouest la route de Flirey à Essey et de part et d'autre de cette route les tranchées. Vous pouvez également constater la présence des entonnoirs de mines (ce secteur est aujourd'hui valorisé par un petit sentier qui vous explique son histoire et vous montre quelques entonnoirs). Les lignes françaises sont sur le côté droit de la photo. La tranchée du Chapeau est légérement en arière des entonnoirs. Enfin le général Deletoile dont il est question ci-dessus est ne l'oublions pas le responsable des fusillés de Flirey dont à l'époque un post avait été publié sur ce forum.
Bien cordialement.
Frédéric Steinbach

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Re: Flirey 5 avril 1915
Bonjour à tousMerci à toi pour ces infos.
Savons nous précisemment où est tombé le sergent en question ?
A l'endroit où a été hérigée la croix ? ou alors dans le champ juste devant ?
Merci d'avance et bonne journée.
Julien.
La croix est érigée à la sortie de Flirey sur la route de Verdun, un panneau l'indique ainsi que des entonnoirs de mines .
- Christophe Schlegel
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Re: Flirey 5 avril 1915
Bonjour à toutes et tous.
Je reposte le sujet des fusillés.
---------------------------------
Depuis avril 1915, la 5ème compagnie du 63ème Régiment d’Infanterie est désignée pour attaquer les tranchées allemandes de Regniéville. Exténuée par deux jours de travaux dans les tranchées, et malgré une pluie diluvienne, les poilus attaquent à l’heure prévue. Mal conçu et médiocrement soutenu par l’artillerie, la bataille échoua avec de grosses pertes, les deux officiers sont tués.
Après ce coup dur, la compagnie devait aller au « grand repos ». Elle fut reformée avec des recrues de la classe 1915, et reçu l’ordre d’attaquer le bois Montmartre. Le commandant Penavayre avait cru bon de s’en remettre au tirage au sort. Les soldats protestent et demandent au commandant de changer l’ordre, mais le chef de bataillon assure que quatre médailles militaires seront attribuées aux soldats qui se distingueront et que l’attaque sera sans importance. Les troupes murmuraient, le général De Proy apprenant cela, vient visiter le cantonnement. Il ne trouva point les mots qui convenaient pour calmer une certaine effervescence :
« Je la fais comme vous et depuis aussi longtemps que vous la guerre ! ».
Les pauvres poilus montent toutefois en première ligne, mais arrivés là haut, tout chavire. Sur le No Man’s Land gisent plus de trois cent cadavres en complète décomposition. Le jour se lève, les chefs supplient les soldats de faire leur devoir quand l’assaut sera sifflé. Les troupes ne veulent plus marcher, ils répètent que « ce n’est pas notre tour ». A l’heure H, les chefs, suivis d’une trentaine d’hommes, sautent sur le parapet, mais sont arrêtés par un feu de mitrailleuses. Ils s’abritent dans des trous d’obus et ne peuvent regagner leurs tranchées qu’à la nuit tombée.
Le colonel envoie un rapport au général Détoile. Apprenant que la 5ème compagnie a refusé de sortir, sa première idée fut de faire passer la compagnie entière devant une mitrailleuse. Par la suite, il décide de n’en fusiller que 75 « pour l’exemple », puis 50, puis 20 et finalement, après un épouvantable marchandage, il se laisse convaincre que 6 victimes suffiront. Pour éviter de penser à une vengeance personnelle, il tire au sort les futures exécutés : le caporal Morange, les soldats Baudy, Prèbost, Fontaneaud et Coulon. Un gradé a refusé de désigner une victime, on n’osera point insister.
La cour martiale se réunit à la carrière de Flirey. Le lieutenant Minot défend les cinq poilus. Il commence à s’entretenir avec eux qu’aussitôt ils sont convoqués devant la cour. Coulon déclare qu’il était monté mais voyant qu’il n’était pas suivi, redescendit se mettre à l’abri. Les autres déclarent très franchement qu’ils ne sont pas sortis de la tranchée parce que ce n’était pas leur tour. Le défenseur demande une suspension de séance qu’il n’a eu aucun mal obtenir. Il veut réorganiser la défense des quatre autres. Il leur demande de faire la même déclaration que Coulon, mais de retour devant la cour, ils refusent de mentir pour sauver leur peau. Le lieutenant Minot (défenseur) demande un supplément d’enquête, il l’obtient sans difficulté. La séance est levée sans qu’aucun jugement n’ait été rendu.
Le lendemain, la 5ème compagnie est mise en quarantaine à Manonville. Les inculpés ne savent toujours pas ce que les juges ont décidé à leur égard. Les malheureux demandent des informations sur le jugement au Sergent Renoux, il les rassure, mais l’aumônier arrive et annonce la fatale nouvelle aux condamnés. Le défenseur s’écrie : « c’est un crime, on n’a pas rendu de jugement ». Le général Détoile fut supplié de prendre des mesures de clémence. Mais, compte tenu que le général Joffre avait menacé de retirer le drapeau du 63éme Régiment d’Infanterie s’ils n’y avait aucune sévérité, la réponse fut négative.
Les condamnés sont dirigés vers la carrière de Manonville, ou l’on se rend compte que l’on a oublié les poteaux. Les hommes sont mis a genoux. Le peloton est composé de nouveaux de la classe 15. Les fusils claquent, les corps s’effondrent. Des cris de « assassins » s’élèvent dans le régiment, puis les troupes se dispersent et rentrent au cantonnement.
En juin 1922, la chambre criminelle de la cour de cassation refuse, contre toute attente, la réhabilitation des quatre poilus.
Les corps de Prèbost et Fontaneaud sont rendus à leur famille le 17 novembre 1922.
Ceux de Baudy et Morange ne seront restitués que le 19 mars 1923.
La cour spéciale de justice militaire fut saisie le 2 juin 1934 aux fins de révision.
Les poilus de Flirey seront réhabilités par l’arrêt rendu le 29 juin 1934.
Cordialement.
Je reposte le sujet des fusillés.
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Depuis avril 1915, la 5ème compagnie du 63ème Régiment d’Infanterie est désignée pour attaquer les tranchées allemandes de Regniéville. Exténuée par deux jours de travaux dans les tranchées, et malgré une pluie diluvienne, les poilus attaquent à l’heure prévue. Mal conçu et médiocrement soutenu par l’artillerie, la bataille échoua avec de grosses pertes, les deux officiers sont tués.
Après ce coup dur, la compagnie devait aller au « grand repos ». Elle fut reformée avec des recrues de la classe 1915, et reçu l’ordre d’attaquer le bois Montmartre. Le commandant Penavayre avait cru bon de s’en remettre au tirage au sort. Les soldats protestent et demandent au commandant de changer l’ordre, mais le chef de bataillon assure que quatre médailles militaires seront attribuées aux soldats qui se distingueront et que l’attaque sera sans importance. Les troupes murmuraient, le général De Proy apprenant cela, vient visiter le cantonnement. Il ne trouva point les mots qui convenaient pour calmer une certaine effervescence :
« Je la fais comme vous et depuis aussi longtemps que vous la guerre ! ».
Les pauvres poilus montent toutefois en première ligne, mais arrivés là haut, tout chavire. Sur le No Man’s Land gisent plus de trois cent cadavres en complète décomposition. Le jour se lève, les chefs supplient les soldats de faire leur devoir quand l’assaut sera sifflé. Les troupes ne veulent plus marcher, ils répètent que « ce n’est pas notre tour ». A l’heure H, les chefs, suivis d’une trentaine d’hommes, sautent sur le parapet, mais sont arrêtés par un feu de mitrailleuses. Ils s’abritent dans des trous d’obus et ne peuvent regagner leurs tranchées qu’à la nuit tombée.
Le colonel envoie un rapport au général Détoile. Apprenant que la 5ème compagnie a refusé de sortir, sa première idée fut de faire passer la compagnie entière devant une mitrailleuse. Par la suite, il décide de n’en fusiller que 75 « pour l’exemple », puis 50, puis 20 et finalement, après un épouvantable marchandage, il se laisse convaincre que 6 victimes suffiront. Pour éviter de penser à une vengeance personnelle, il tire au sort les futures exécutés : le caporal Morange, les soldats Baudy, Prèbost, Fontaneaud et Coulon. Un gradé a refusé de désigner une victime, on n’osera point insister.
La cour martiale se réunit à la carrière de Flirey. Le lieutenant Minot défend les cinq poilus. Il commence à s’entretenir avec eux qu’aussitôt ils sont convoqués devant la cour. Coulon déclare qu’il était monté mais voyant qu’il n’était pas suivi, redescendit se mettre à l’abri. Les autres déclarent très franchement qu’ils ne sont pas sortis de la tranchée parce que ce n’était pas leur tour. Le défenseur demande une suspension de séance qu’il n’a eu aucun mal obtenir. Il veut réorganiser la défense des quatre autres. Il leur demande de faire la même déclaration que Coulon, mais de retour devant la cour, ils refusent de mentir pour sauver leur peau. Le lieutenant Minot (défenseur) demande un supplément d’enquête, il l’obtient sans difficulté. La séance est levée sans qu’aucun jugement n’ait été rendu.
Le lendemain, la 5ème compagnie est mise en quarantaine à Manonville. Les inculpés ne savent toujours pas ce que les juges ont décidé à leur égard. Les malheureux demandent des informations sur le jugement au Sergent Renoux, il les rassure, mais l’aumônier arrive et annonce la fatale nouvelle aux condamnés. Le défenseur s’écrie : « c’est un crime, on n’a pas rendu de jugement ». Le général Détoile fut supplié de prendre des mesures de clémence. Mais, compte tenu que le général Joffre avait menacé de retirer le drapeau du 63éme Régiment d’Infanterie s’ils n’y avait aucune sévérité, la réponse fut négative.
Les condamnés sont dirigés vers la carrière de Manonville, ou l’on se rend compte que l’on a oublié les poteaux. Les hommes sont mis a genoux. Le peloton est composé de nouveaux de la classe 15. Les fusils claquent, les corps s’effondrent. Des cris de « assassins » s’élèvent dans le régiment, puis les troupes se dispersent et rentrent au cantonnement.
En juin 1922, la chambre criminelle de la cour de cassation refuse, contre toute attente, la réhabilitation des quatre poilus.
Les corps de Prèbost et Fontaneaud sont rendus à leur famille le 17 novembre 1922.
Ceux de Baudy et Morange ne seront restitués que le 19 mars 1923.
La cour spéciale de justice militaire fut saisie le 2 juin 1934 aux fins de révision.
Les poilus de Flirey seront réhabilités par l’arrêt rendu le 29 juin 1934.
Cordialement.
Christophe Schlegel
Re: Flirey 5 avril 1915
Bonsoir à tous, bonsoir Christophe,
L'exécution ordonnée par le général Delétoile comporte quelques zones d'ombre pour ce qui est "du choix" de certains soldats. Si Coulon et Fontaneaud semblent avoir été effectivement tirés au sort, une théorie existe quant "aux désignations" de Morange, Baudy et Prébost. Ces soldats auraient été choisis par leurs supérieurs pour leur appartenance syndicale à la CGT.
Bien à vous tous,
Christophe
L'exécution ordonnée par le général Delétoile comporte quelques zones d'ombre pour ce qui est "du choix" de certains soldats. Si Coulon et Fontaneaud semblent avoir été effectivement tirés au sort, une théorie existe quant "aux désignations" de Morange, Baudy et Prébost. Ces soldats auraient été choisis par leurs supérieurs pour leur appartenance syndicale à la CGT.
Bien à vous tous,
Christophe
Re: Flirey 5 avril 1915
Bonjour,
Par hasard, j'ai acheté il y a quelque temps une série de photos dont trois peuvent vous intéresser. Je n'avais pas regardé la date précisément, car j'étais plus intéressé par une photo de Loupmont.
Au dos : "Panorama représentant le tir de barrage Boche pendant les attaques du 5 avril" - les deux photos doivent être collées cote à cote.
Sur la photo de gauche " Attaque au Nord de Flirey 76 division - avril 1915 - tir de barrage boche"


Explosion d'un 220 français près de Flirey

Pour toucher un peu du doigt la réalité derrière ces images, j'ai recopié l'entrée du JMO de la 76ème division d'infanterie à la date du 5 avril 1915:
Adrien
Par hasard, j'ai acheté il y a quelque temps une série de photos dont trois peuvent vous intéresser. Je n'avais pas regardé la date précisément, car j'étais plus intéressé par une photo de Loupmont.
Au dos : "Panorama représentant le tir de barrage Boche pendant les attaques du 5 avril" - les deux photos doivent être collées cote à cote.
Sur la photo de gauche " Attaque au Nord de Flirey 76 division - avril 1915 - tir de barrage boche"


Explosion d'un 220 français près de Flirey

Pour toucher un peu du doigt la réalité derrière ces images, j'ai recopié l'entrée du JMO de la 76ème division d'infanterie à la date du 5 avril 1915:
Bien cordialementQG Royaumeix
PC à Bernécourt
Pendant la nuit, les troupes sont mises en place pour l'attaque prévue par l'ordre général n°64 du 1er avril et par l'ordre particulier n°36 du 30 mars qui doit être exécutée à l'ouest par deux bataillons du 157e d'infanterie sous les ordres du Lt Colonel Du Noyer, comt ce régiment
L'artillerie se déclenche à 9 heures, conformément aux indications données, son tir paraît bien réglé.
Les fausses attaques faites par la 135e (?) brigade attirent sur elle un feu violent d'artillerie.
A l'heure dite (10 heures) les cinq compagnies de 1ère ligne du 157e régt sortent des tranchées avec un ensemble parfait. La Cie de gauche (14e) est arrêtée immédiatement par le feu d'une mitrailleuse placée à l'ouest de la voie ferrée
Les quatre autres compagnies parviennent aux tranchées allemandes qu'elles dépassent sans s'en apercevoir tant est grand le bouleversement de la première ligne
A 10h18 le général Comt la 89e brigade fait connaitre que la tranchée allemande est occupée par nos troupes de W au boyau H et que la tranchée MNK a été enlevée par la compagnie sortie de la tranchée Serra.
A 10h30, contr'attaque allemande au moment précis où les compagnies de soutien se préparent à sortir des tranchées.
En raison du mauvais terrain, celles-ci ne peuvent arriver à temps pour soutenir les troupes aux tranchées. La droite fléchit, mais nous tenons toujours g z
L'artillerie allemande envoie des obus de gros calibre contre les tranchées de départ et sur les tranchées de Flirey où elle cause de grosses pertes.
L'attaque du 157e ayant réussi, l'ordre avait été donné au 275e d'infie de s'élancer des tranchées P"R" à 10h30 sur B et le tir de l'artillerie avait été réglé en conséquence, mais les téléphones étant coupés, l'ordre ne parvient pas à temps et les compagnies ne peuvent sortir qu'à 11 heures ; elles ne profitent donc pas de la protection que leur donnait le tir de l'artillerie et prises d'enfilade par une mitrailleuse elles ne peuvent sortir de leurs tranchées
Vers 11h35, une contr' attaque allemande venant du N-E rejette enfin les compagnies du 157e des tranchées allemandes, elles rentrent dans les tranchées de départ après avoir subi de très grosses pertes.
Entraînées par leur élan, les compagnies d'assaut ont dépassé la 1ère et 2e lignes et quelques fractions sont même allées jusqu'à la plantation Lavaud. Ainsi disséminées, les troupes d'assaut n'ont pu résister à la contr'attaque allemande qu'appuyait d'ailleurs des isolés sortis des abris ennemis qu'on avait négligé de fouiller malgré les ordres donnés.
A 13 heures, par la note n°996, le général Comt le CA prescrit que l'attaque sera reprise le jour même à 16h30 du z z' B. Le général cdt la Division prescrit que l'attaque sera faite par 4 compagnies du 157e sous les ordres du Lt Colonel Du Noyer. Deux compagnies du même régiment seront prêtes à appuyer le mouvement dès que les premières compagnies auront pris pied.
Le 275e régt effectuera à la même heure une attaque partant de M'V' et P"R" et essayerait d'englober les saillants B et z. L'attaque sera appuyée par la compagnie de Flirey en cas de réussite.
L'artillerie fera un tir de préparation de 10 minutes
Les troupes du matin ayant perdu pratiquement tous leurs cadres, il a été nécessaire de donner la mission à d'autres unités du 157e ; aussi, en raison de l'embarras de boyaux, l'attaque a-t-elle dû être retardée jusqu'à 17h30.
Néanmoins, un seul peloton peu déboucher mais rentre aussitôt dans les tranchées de départ.
Quant à l'attaque du 275e, elle a été [prononcée] par les 17e, 18e, 19e et 20e compagnies et s'est avancée jusqu'aux tranchées allemandes z, z' et B. La 19e Cie prise de flanc ne peut progresser, la 17e parvient aux tranchées allemandes mais ayant perdue ses chefs ne peut s'y maintenir. La 20e Cie parvient jusqu'à la tranchée ennemie et se heurte à un groupe important d'allemands coiffés de képis français, semblant sortir de terre. Elle est de plus décimée par le feu d'une mitrailleuse ennemie. Quant à la 18 Cie, elle se heurte devant le blockhaus de z où les défenses [illisible]soires sont restées à peu près intactes. Quelques survivants seuls peuvent rentrer dans les tranchées de départ.
La cause de l'échec du 275e semble due à une préparation de l'artillerie peut-être insuffisante et au subterfuge employé par les allemands pour entourer nos troupes parvenues jusqu'à la tranchée allemande.
Au cours de la journée, les deux bataillons de réserve du C.A. du 163e sont poussés à l'avant.
Les 2 Cies du 62e territorial mises à la disposition de la 76e division arrivent à Ménil-la-Tour, où elle cantonne.
Adrien
Re: Flirey 5 avril 1915
Merci Adrien pour ces clichés.
Est un effet d'optique ou les clichés ont ils été légèrement colorisés ?
CdlT Julien.
Est un effet d'optique ou les clichés ont ils été légèrement colorisés ?
CdlT Julien.