HOMÉCOURT — Cargo — Compagnie des Chargeurs français (Plisson & Cie).

sunshine
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Re: HOMÉCOURT — Cargo — Compagnie des Chargeurs français (Plisson & Cie).

Message par sunshine »

Bonsoir Sunshine, et bienvenue,

A quelle unité combattante appartenait votre grand-père ?

Et une petite correction à ce très intéressant témoignage : « camp de Zetliemlitz » —> lire « camp de Zeitenlick ». Aujourd’hui « Zeitenlik » ou « Zejtinlik ».
Bonsoir,
Le parcours de mon grand père :
03/08/1914 Mobilisé au 39ème RI (même unité que Roland Dorgelès)
Blessé à Verdun le 16/06/1916
affecté au 23ème RIColoniale du 27/01/1917 au 21/02/1917
rejoint le 56ème RIColoniale à Brnik (bataille du 09/05/1917)
Sergent mitrailleur, est transféré avec la compagnie de mitrailleurs au 95ème bataillon de Tirailleurs Sénégalais à la dissolution du 56ème RIC.
Poursuite des bulgares jusqu'à leur demande d'armistice, puis entrée en Bulgarie le 23/11/1918, Sofia le 25, Zaribrod le 28. Il est alors informé qu'il fait partie des hommes rapatriables. Son unité passera alors au 93ème bataillon.
Le 03/12/1918 départ de Zaribrod, le 4 à Sofia, du 8 au 13 à Constantinople.
Le 13 départ sur le Ville de Tamatave pour Salonique où il restera jusqu'au départ du Homecourt.
Il retournera ensuite au 39ème RI à Rouen jusqu'à sa démobilisation le 30/07/1919.

Bien amicalement
olivier 12
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Re: HOMÉCOURT — Cargo — Compagnie des Chargeurs français (Plisson & Cie).

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

HOMECOURT

Attaque du 15 Avril 1917. Rapport de l’officier enquêteur

Le 15 Avril 1917 à 05h20, le vapeur HOMECOURT de la Compagnie des Chargeurs Français, est à 10 milles dans le S35W de Huelva, allant de Leixoes à Oran et faisant route à l’Est à 9 nœuds. Le lieutenant est de quart, accoudé à la rambarde de la passerelle sur l’aileron tribord. Beau temps. Mer plate.

L’attention du lieutenant est attirée par un sifflement suspect suivi d’un bruit de corps tombant à l’eau. Une gerbe d’eau est soulevée sur tribord avant. Il comprend qu’un obus est passé au dessus du navire et informe le commandant qui reposait habillé dans la chambre de veille. A son arrivée sur la passerelle, il voit une deuxième gerbe jaillir sur bâbord arrière. A l’œil nu on ne distingue rien, mais aux jumelles on aperçoit à 4000 ou 5000 m une tour tronconique encadrée par deux canons. Les obus se succèdent alors au rythme de 3 ou 4 à la minute et le navire est bien encadré. Le sous-marin tire avec ses deux pièces.

A bord, après un moment de flottement du à la surprise, l’armement du canon rejoint sa pièce. Les hommes du pont larguent les saisines des embarcations de sauvetage. Les chauffeurs doublent le quart machine. Le capitaine décide de faire route à vitesse maximum sur les eaux territoriales espagnoles. Il sait qu’il lui faudra 3 heures pour atteindre cette zone, et que même avec un tir bien réglé, le sous-marin ne pourra pas le couler au canon vu la grande distance. Il accepte le combat.
Feu ouvert avec une hausse de 4000 m. Le réglage est difficile à cause de la surface réduite du but. Pour ne pas épuiser ses munitions, il décide de tirer des coups espacés pour rendre prudent l’agresseur et le forcer à rester à une distance où la précision de son tir sera faible.

Le combat se poursuit pendant 40 minutes et HOMECOURT est touché à trois reprises, mais sans qu’il y ait de blessés ou d’avarie majeure. La hausse est progressivement réduite jusqu’à 2500 m. Son tir a-t-il encadré le sous-marin, ou un obus est-il tombé suffisamment proche pour que le commandant de celui-ci juge plus prudent d’abandonner la chasse ? Toujours est-il qu’à 06h00, après le 16e coup tiré par HOMECOURT, le sous-marin vient sur la droite, cesse le feu et disparaît.

Il faut savoir gré au capitaine et à son équipage de cet heureux résultat obtenu grâce à leur sens du devoir et à leur esprit de sacrifice. Je propose une citation à l’Ordre de l’Armée pour le navire, une citation à l’Ordre du Régiment pour le capitaine et les hommes suivants qui se sont distingués par leur courage, leur sang froid et leur entrain :
- SUSINI Ernest TSF
- THEBAULT Joseph Chauffeur
- JEGOU François Matelot
Ainsi que pour l’armement de la pièce.

Signé : EV Sicard Police de la Navigation d’Oran

Le sous-marin attaquant

N’est pas identifié.
Mais c’est à l’évidence un sous-marin de type U, et il s’agit presque à coup sûr de l’ U 52 du KL Hans WALTHER. Il avait du franchir Gibraltar la nuit précédente et patrouillait exactement sur cette zone. Il endommagera d’ailleurs au canon, ce même jour, à une position toute proche, le vapeur espagnol CABO BLANCO.

Notons que l’U 35 du KL Lothar von Arnauld de la Périère était aussi dans les parages, mais probablement plus au large et plus à l’Ouest.

Récompenses

Citation à l’Ordre de la Brigade

NICOLAS Camille Capitaine CLC Saint Nazaire 1009

Son navire étant attaqué au canon par un sous-marin et touché trois fois, a fait preuve de sang froid et pris des dispositions judicieuses dans la riposte. S’est fait abandonner de l’ennemi.

SUSINI Ernest TSF
THEBAULT Joseph Chauffeur
JEGOU François Matelot

Se sont faits remarqués par leur entrain et leur attitude courageuse lors de l’attaque au canon de leur navire par un sous-marin ennemi, au cours de laquelle le navire a été touché à trois reprises et qui se termina par l’abandon de l’agresseur.

GUELARD Pierre QM Fusilier
PALANDRI Toussaint Matelot fusilier
LASSALLE Paul Matelot canonnier

Ont fait preuve à la fois d’ardeur et de sang froid dans la réponse à un sous-marin ennemi qui attaquait au canon et qui, après avoir touché trois fois, a du abandonner.

Témoignage Officiel de Satisfaction du Ministre ( du 7 Juin 1917)

Au vapeur HOMECOURT pour l’attitude énergique de son équipage lors d’une attaque au canon par un sous-marin le 15 Avril 1917.

Attaque du 24 Avril 1917. Rapport du capitaine

Quitté Beni Saf (nota : port entre Oran et la frontière marocaine) le 21 Avril 1917 à 20h00 avec un plein chargement de minerai pour Garston (nota : terminal charbonnier et minéralier de Liverpool). Mouillé sur rade de Gibraltar le 22 Avril à 20h00 pour prendre les instructions. Appareillé à 23h00. Doublé le cap Spartel à 7 milles de distance le 24 à 01H30 du matin.
A 07h15 le même jour, le lieutenant de quart est Monsieur Bouillon. Route au N56W. Beau temps. Mer calme. Légère brise de NE. Horizon clair.

Le lieutenant aperçoit un sous-marin sur tribord avant. . Mis aussitôt le cap au SE, présentant l’arrière à l’ennemi qui faisait route plein Est. Appelé aux postes de combat. Lancé SOS réglementaire qui reste sans réponse vu la vétusté de notre installation. Forcé la vitesse.
Le sous-marin change de route et attaque aussitôt. Je fais ouvrir le feu avec une hausse à 4500 M. Coup trop court. Porté la hausse à 5000 m. Deuxième coup trop long. Les trois coups suivant tirés avec la même hausse de 5000 m sont tout proches du but. Le sous-marin cesse le feu, met le cap au NW et disparaît.
Ce sous-marin avait un kiosque tronconique placé sur l’arrière du milieu. Il ne portait qu’un seul canon sur l’avant du kiosque. L’avant était très relevé. L’attaque a duré quinze minutes et il a tiré 20 projectiles dont aucun ne nous a atteints.

Revenu route au Sud et averti du danger, par signal réglementaire, un vapeur faisant route au NE. Il change alors de route et met cap à l’Est. Il remorquait deux embarcations et l’on peut penser qu’il avait recueilli des naufragés. A 12h00, reçu SOS du vapeur anglais NORMANBY chassé par un sous-marin dans les mêmes parages.

A 12h00, repris notre route initiale. Très bonne tenue et grand courage de mon équipage lors de l’attaque.

Arraisonné par un patrouilleur anglais le 1er Mai à 05h30. Passé le travers de Tuskar à 20h00. Pris le pilote de Liverpool le 2 Mai à 15h00. Mouillé 4 maillons en rivière le 3 Mai à 01h20.

Le sous-marin attaquant

N’est pas identifié.
On aurait pu penser encore à l’U 52, mais il n’est pas certain qu’il se soit encore trouvé dans les parages. De plus, la description (un seul canon, avant relevé) ne correspond pas à celle d’un type U. Enfin, l’Anglais NORMANBY s’étant lui aussi échappé, aucun renseignement complémentaire ne peut aider à l’identification.
Il se pourrait qu’il s’agisse en fait d’un sous-marin en transit entre le Nord et la Méditerranée, et qui n’aura pas opéré sur cette zone plus longtemps.

Enfin, on constate qu’HOMECOURT a été victime de deux attaques sérieuses à 10 jours d’intervalle. Ce navire, chanceux lors de la 1ère guerre mondiale, ne l’aura pas été lors de la seconde…

Cdlt
olivier
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Yves D
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Re: HOMÉCOURT — Cargo — Compagnie des Chargeurs français (Plisson & Cie).

Message par Yves D »

Bonjour Olivier, bonjour à tous
Pour l'attaque du 15 avril, c'est confirmé pour U 52, cette attaque figure au journal du s/m. Homécourt a émis un SOS avec son nom et sa position.
Hans Walther mentionne qu'après avoir identifié dans le soleil levant une artillerie de petit calibre sur le vapeur, il a fait surface pour une attaque au canon et commencé à tirer à 6000m réduisant jusqu'à 5000. Il note avoir tiré 60 coups et qu'aucun ne semble avoir porté. Homécourt naviguait à grande vitesse en zigzaguant. Le combat a été interrompu par U 52 en raison de l'imprécision de son tir.
Sans doute Walther songeait aussi à ne pas gaspiller ses munitions.
Clairement, l'attitude de fuite agressive envers le s/m a sauvé Homécourt.
Amts
Yves

PS Pour la seconde attaque, cela nécessite des recherches plus importantes. A suivre donc
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
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