ANGO ― Cargo mixte ― Compagnie maritime des Chargeurs réunis.

pick22560
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Re: ANGO ― Cargo mixte ― Compagnie maritime des Chargeurs réunis.

Message par pick22560 »

Bonjour Olivier.

A votre connaissance, le torpillage du paquebot ANGO le 26 novembre 1917 a-t-il fait des victimes ?

Cordialement.

Jean-Pierre






Un petit complément sur ANGO dont voici deux autres clichés
(source : Histoire Maritime des Chargeurs Réunis)

http://img15.imageshack.us/img15/2918/ango1.jpg

http://img15.imageshack.us/img15/7865/ango2.jpg

Ce paquebot mixte faisait partie d'une série de 5 sister-ships comportant en outre CHAMPLAIN, BOUGAINVILLE, DUPLEIX et GUICHEN.

ANGO et BOUGAINVILLE construits aux chantiers du Havre-Graville, CHAMPLAIN, DUPLEIX et GUICHEN aux chantiers de la Loire à Nantes.

Navire lancé le 24 Avril 1913.

Puissance 3800 cv Vitesse aux essais 13,9 nds

Incidents de navigation

15 Octobre 1917

Alors qu'il navigue au large des côtes marocaines sous les ordres du LV auxiliaire Néron, est pris en chasse par un sous-marin ennemi. Riposte et parvient à le semer.

26 Novembre 1917

Au cours d'une traversée Le Havre- Santos, est torpillé par le sous-marin UB 80 du KL Max Viebeg, à 6 milles au SE de Falmouth. Sérieusement endommagé, il est remorqué jusque dans ce port où il va être réparé.
Il reprendra la mer près de sept mois plus tard, le 16 Juillet 1918.

Le KL Max Viebeg, né en Prusse orientale en 1887 et décédé le 9 Novembre 1961, avait reçu la croix "Pour le Mérite" le 31 Août 1918.

26 Juillet 1918

Dix jours seulement après avoir quitté Falmouth, ANGO est à nouveau torpillé, cette fois par le sous-marin UC 70 de l'OL Karl Dobberstein, au cours d'une traversée sur lest entre Falmouth et Hartlepool. Il reste à flot, mais doit être remorqué jusqu'à West Hartlepool pour nouvelles réparations. Il ne reprendra son service que le 28 Novembre 1919.

L'OL Karl Dobberstein disparaitra avec son sous-marin et tout son équipage (31 hommes) un mois plus tard, le 28 Août 1918, coulé par l'HMS OUSE par 54°32 N et 00°40 W.

14 Juillet 1934

Abordage dans le canal de Suez avec le vapeur italien GIUSEPPE MAZZINI. Nouvelles réparations.

12 Octobre 1934

Incendie sans gravité dans le port de Marseille.

30 Novembre 1934

Quittant Le Havre par un fort coup de vent, il aborde le sas Quinette de Rochemont et se fait une déchirure de 7 m sur Bd avant, heureusement au dessus de la flottaison.

30 Novembre 1937

S'échoue en Loire devant Cordemais.

Juin 40

Débarque au Havre 6500 tonnes de café et de cacao provenant de COA, le plus gros chargement de cette nature débarqué au Havre jusqu'à cette date.

6 Août 1940

Est saisi par les Allemands à Bordeaux et rebaptisé LOKSTEDT. Est conduit au Havre

Septembre 1940

Au cours des bombardements du Havre, une bombe alliée tombe dans la cale 2, occasionnant de sérieuses avaries. Le navire est réparé et repart pour la Norvège où il est alors sabordé.

1945

Le navire est renfloué et ramené à Cherbourg où il est remis en état. C'est le seul rescapé de la série. Il reprend la navigation sous le nom d'ANGO, pour les Chargeurs Réunis.

19 Décembre 1947

Il est désarmé au Havre.

22 Mai 1948

Il quitte Le Havre en remorque des Hollandais ADRIAN LETNER et DIRECTOR FRITZ QUERLING pour être démoli à Gand.

Ce navire aura eu 35 années d'une carrière assez exceptionnelle. C'est l'un des très rares navires français à avoir survécu à deux guerres mondiales.
Pourchassé par un sous-marin, deux fois torpillé, bombardé, sabordé, il s'en sera toujours remis et aura pu reprendre la mer.
Il serait intéressant de connaître quel sous-marin l'avait pris en chasse le 15 Octobre 1917. ;)

En 1966, les Chargeurs Réunis mirent en service un ANGO, 2e du nom et premier d'une série de 8 navires automatisés, dite série des explorateurs. C'était : ANGO, DUPLEIX et FORBIN, affectés à la ligne d'Afrique du Sud, et BOUGAINVILLE, KERGUELEN, SURCOUF, JOINVILLE et TOURVILLE affectés à la ligne Extrême Orient - Japon. Ce furent de magnifiques navires d'une toute nouvelle génération.
Voici ANGO lors de sa première arrivée au Havre en 1966. (On aperçoit derrière le paquebot ANTILLES de la Transat qui devait s'échouer et brûler quelques mois plus tard aux Grenadines)

http://img6.imageshack.us/img6/8250/angoauhavre.jpg

Cdlt[/quotemsg]
Rutilius
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Re: ANGO ― Cargo mixte ― Compagnie maritime des Chargeurs réunis.

Message par Rutilius »


Bonjour à tous,


■ Le commandant du cargo Ango lors de l’engagement avec un sous-marin survenu le 15 octobre 1917.


— NÉRON Charles Florentin Edmond, né le 8 février 1869 à Granville (Manche) et décédé le 1er mai 1940 à ... (...). En 1922, domicilié au Havre (Seine-Inférieure – aujourd’hui Seine-Maritime), au 111, rue du Lycée.

• Fils (Registre des actes de naissance de la ville de Granville, Année 1869, f° 9, acte n° 27) :

– d’Edmond Théodore NÉRON, « candidat au long-cours », né le 16 novembre 1841 à Saint-Pierre-d’Oléron (Charente-Inférieure – aujourd’hui Charente-Inférieure –), et décédé le 4 juillet 1876 à Rio-de-Janeiro (Brésil), et :

– de Marie Euphrasie COLLET, sans profession, son épouse, née le 12 juillet 1845 à Lorient (Morbihan), fille de François Marie COLLET, maître au cabotage, et de Marie Euphrasie LE BOULCH, son épouse (Registre des actes de naissance de la ville de Lorient, Année 1845, f° 64, acte n° 480).

• Époux d’Aimée Célina DELYOT, née le 5 avril 1876 à Lisieux (Calvados) et décédée le ... à ... (...), avec laquelle il avait contracté mariage au Havre, le 20 décembre 1905 ; fille de François Léon DELYON, horticulteur, et d’Aimée Marie BOITIER, sans profession, son épouse (Registre des actes de mariage de la ville du Havre, Année 1905, Vol. II., f° 179, acte n° 1.237).


Capitaine au long-cours, inscrit au Havre, f° et n° 292 ; brevet conféré par une décision du Ministre de la Marine en date du 25 mars 1893 (J.O. 29 mars 1893, p. 1.595). Lieutenant de vaisseau auxiliaire. En 1919 et 1920, commandait le cargo frigorifique mixte Bougainville, appartenant également à la flotte de la Compagnie des chargeurs réunis.

Par une décision du Ministre de la Marine en date du 6 novembre 1895 (J.O. 13 nov. 1895, p. 6.423), honoré d’un témoignage officiel de satisfaction pour sa participation au sauvetage de l’équipage du cargo britannique Dunkeld, de l’armement J. & M. Gunn, de Glasgow (Écosse, Royaume-Uni), en perdition à l’embouchure de la Plata (Argentine), le 25 mars 1895. Alors 1er lieutenant à bord du Portena, de la Compagnie des messageries maritimes.

Pour le même sauvetage, prix Henri Durand (de Blois) (J.O. 20 mai 1896, p. 2.786 et 2.788).

Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 15 mars 1917 (J.O. 17 mars 1917, p. 2.130), inscrit au tableau spécial de la Légion d’honneur pour le grade de chevalier dans les termes suivants :

« Néron (Charles), lieutenant de vaisseau auxiliaire, inscrit au Havre, n° 292, commandant l’Amiral-Troude : a fait preuve de courage, d’énergie et de qualités professionnelles remarquables tant dans sa défense contre un sous-marin que dans la préparation de celle-ci. ».

Par décision du Commissaire aux Transports maritimes en date du 4 juillet 19189 (J.O. 14 juill. 1918, p. 6.124), lui est conférée la Médaille d’honneur des marins du commerce, crée par la loi du 14 décembre 1901 instituant des médailles d’honneur à décerner, par le Ministre de la Marine aux marins français après 300 mois de navigation (J.O. 16 déc. 1901, p. 7.777).
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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Re: ANGO ― Cargo mixte ― Compagnie maritime des Chargeurs réunis.

Message par Rutilius »


Bonsoir à tous,


Journal officiel du 26 octobre 1918, p. 9.330.


Image
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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Re: ANGO ― Cargo mixte ― Compagnie maritime des Chargeurs réunis.

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.
Bonjour à tous,


Marins disparus le 24 novembre 1917 lors du torpillage du cargo Ango

[6]



Jugement rendu par le Tribunal civil du Havre le 5 septembre 1919 et transcrit au Havre le 1er octobre 1919

(Registre des actes de décès de la ville du Havre, Année 1919, f° 62, p. 6.548, acte n° 3.268).

Judiciairement déclarés « Morts pour la France »


« Attendu qu’il est établi par les pièces et documents versés au dossier que le vapeur Ango armé au Havre, parti de cette ville le vingt-quatre novembre mil neuf cent dix-sept à destination de Falmouth, a été torpillé par un sous-marin ennemi le vingt-six dudit mois, à six heures, alors que le vapeur se trouvait par 50° 3’ de latitude Nord et 7° 16’ de longitude Ouest ; que le navire, qui avait une énorme déchirure entre la chaufferie et la machine, put néanmoins être remorqué à Falmouth ; que l’on constata alors la disparition du personnel de quart de la chaufferie et de la machine composé des nommés Vandenkerckhove, Le Bonniec, Mazo, Cabillic et Colcanap, lesquels avaient dû être tués par l’explosion ;

Attendu que, depuis cette époque, ces cinq hommes n’ont pas reparu ni donné de leurs nouvelles ; que leur décès est donc certain ; ... »



— VANDENKERCKHOVE Abel Maurice Adrien, né le 9 juin 1885 à Zegerscappel (Nord) et domicilié au Havre (Seine-Inférieure – aujourd’hui Seine-Maritime –), au 41, quai de Saône. Chauffeur, inscrit à Dunkerque, n° 3.971.

Fils de Jules Ange Paul VANDENKERCKHOVE, né vers 1855 à Warhem (Nord), forgeron, et de Marie Flavie Sylvie THOOR, née vers 1862 à Herzeele (– d° –), cabaretière, son épouse (Registre des actes de naissance de la commune de Zegerscappel, Année 1885, f° 8, acte n° 26). Célibataire.


— LE BONNIEC Jules Marie, né le 7 février 1876 à Servel (Côtes-du-Nord – aujourd’hui Côtes-d’Armor –) et y domicilié. Chauffeur, inscrit à Lannion, n° 2.914.

Fils de François Marie LE BONNIEC et de Perrine BÉRÉZAIE. Marié le 11 juillet 1900 à Servel avec Anne Marie OLLIVIER.


— MAZO Henri, né le 7 septembre 1882 à Plozévet (Finistère) et y domicilié. Chauffeur, inscrit à Audierne, n° 4.987.

Fils d’Yves MAZO et de Marie Anne LE DRÉAU. Marié le 16 août 1908 à Plozévet avec Anne PEUZIAT.


— CABILLIC Corentin, né le 24 février 1887 à Plozévet (Finistère) et y domicilié. Chauffeur, inscrit à Audierne, n° 5.582.

Fils de Corentin CABILLIC et de Marie JACOB. Marié le 28 novembre 1910 à Plozévet avec Marie Corentine SERGENT.


— COLCANAP Louis, né le 19 avril 1900 à Morlaix (Finistère) et domicilié à Lorient (Morbihan), au 18, impasse de la Paix. Soutier, inscrit à Lorient, n° 1.072.

Fils de Jean COLCANAP et de Barbe PICARD. Célibataire.


Non retrouvé :

— SALIOU Louis, inscrit à Lannion, n° 6.477.


Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 9 décembre 1921 (art. 2 ; J.O., 12 déc. 1921, p. 13.575), les six marins dont les noms précèdent furent inscrits à titre posthume au tableau spécial de la Médaille militaire dans les termes suivants :


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(p. 13.576)
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: ANGO ― Cargo mixte ― Compagnie maritime des Chargeurs réunis.

Message par Memgam »

Bonjour,

"Pris en charge par la DTM à Dunkerque le 21 décembre 1939. Fin janvier 1940, il subit des avaries, en particulier à la coque, lors d'un voyage vers l'Afrique noire ; opérations commerciales arrêtées le 14 mars à Douala pour réparations provisoires, suivies d'un retour au Havre le 19 avril où il reste pour diverses opérations jusqu'au début juin. A l'armistice du 25 juin 1940, il se trouve à Bordeaux où les Allemands le saisissent et le réquisitionnent le 6 août. Prévu d'être utilisé dans l'opération Seelöwe, basé au Havre avec le code H 21, il est avarié lors d'un bombardement anglais en septembre 1940. La Kriegsmarine le passe à la Marine marchande allemande, géré par la Hamburg Südamerikanische et renommé Loksedt. En juillet 1944, il est utilisé comme caserne flottante dans l'Altafjord (Norvège). Le 1er mars 1945, à l'approche de Mosjoen (Norvège) et venant de Sandnessjoen, il s'échoue pendant une violente tempête de neige (ou suite à un torpillage ? ). Retrouvé dans la même position à la fin de la guerre en Europe, il est renfloué. A Harstdat (Norvège), en juin, le Mowt prévoit de l'utiliser pour le transfert de prisonniers de guerre russes entre Tromsöe et Mourmansk. Il rentre à Cherbourg le 17 octobre avec un équipage norvégien et sera récupéré par sa compagnie française".

Source : Jean-Yves Brouard, Guy Mercier, Marc Saibène, La Marine marchande française, 1939-1945, JYB Aventures, 2009.

Cordialement.

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Memgam
olivier 12
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Re: ANGO ― Cargo mixte ― Compagnie maritime des Chargeurs réunis.

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

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Attaque du 26 Novembre 1917 par un sous-marin. Rapport du capitaine

Quitté Le Havre le 24 Novembre 1917 à destination du Brésil avec escale à Leixoes. Reçu des instructions de route pour me rendre à Falmouth et attendre la formation du convoi anglais vers Gibraltar.
Au départ du Havre, temps couvert et forte brise d’WSW augmentant rapidement d’intensité. Passé Barfleur à 09h20 avec gros coup de vent d’Ouest. Arrivé en vue de Sainte Catherine le 25 à 06h00 du matin et rencontré un patrouilleur anglais qui me donne l’ordre de rentrer à Portland. Mouillé dans ce port à 14h25. Appareillé à 18h00 pour Falmouth. Passé Start Point à 10 milles à 23h25 et N/S Eddystone à 03h00 du matin le 26, à 14 milles. Aperçu Lizard et les feux de Falmouth presque aussitôt.

A 06h00 du matin, me trouvant par 04° 50’ N et 07°16 W, la nuit étant noire, je suis torpillé par tribord entre la machine et la chaufferie, sans avoir rien aperçu. Arrêt immédiat de la machine et extinction de la lumière. L’ébranlement est si considérable que j’entrevois la possibilité de sombrer en peu de temps.
Envoyé SOS par TSF et donné l’ordre d’amener les canots à 1m au dessus de l’eau. Le jour se faisant sans qu’il y ait le moindre secours en vue, donné l’ordre d’évacuer une partie de l’équipage, craignant de recevoir, comme sur AMIRAL OLRY, une 2e torpille qui aurait fait de nombreuses victimes parmi mes hommes.

Les embarcations devaient se tenir à 100 m par le travers de la passerelle, à portée de voix. Il y avait à flot deux grands canots et la baleinière. Toutes les autres embarcations avaient été brisées par le choc. Je suis resté à bord avec les officiers du pont, l’élève officier pont (nota : l’officier enquêteur met un point d’exclamation dans la marge), et 2 canonniers.
Ouvert les panneaux de cale et constaté que machine, chaufferie et soutes fixes étaient pleines d’eau. Cales 1, 2, 3, et 5 sèches, et légère entrée d’eau dans la cale 4.
Nous sommes tous montés sur la passerelle haute pour y faire la veille. Les canonniers étaient à leur poste à la pièce avant chargée, sous la direction de Monsieur Bourdas.
A 06h45, aperçu le sillage du périscope du sous-marin à 45° sur l’avant tribord de la passerelle à 1200 m. Ouvert le feu et tiré 5 coups de canon dans la direction du périscope qui disparaît au 5e coup.

Devant cette nouvelle menace, je réunis mes officiers en délibération et il est convenu que pour éviter une nouvelle torpille qui nous eut inévitablement coulés, il y avait lieu de demander des remorqueurs dans l’intérêt du navire et de la cargaison. Dressé procès-verbal de cette délibération.

Aperçu alors des chalutiers se dirigeant vers nous. Fait rallier tout le personnel à bord, sur le gaillard, pour préparer les remorques. Laissé seulement en faction l’élève James Mettler.

C’est alors que la baleinière placée à tribord nous signale le départ et le sillage d’une torpille. Celle-ci passe juste au dessous d’elle et nous ressentons un choc violent sous le gaillard. (Nota : l’officier enquêteur met un point d’interrogation en face de cette phrase)

A 07h30, les chalutiers arrivent et nous mettons les remorques au ras de l’eau. Je fais porter un halin par la baleinière, mais ils refusent de le prendre. Je redemande alors par TSF des remorqueurs. La sonde accuse une légère entrée d’eau dans la cale 1 et une augmentation du niveau dans la cale 4. Les 3 autres cales restent sèches. Pendant ces pourparlers avec les chalutiers patrouilleurs, l’élève Mettler et le QM canonnier Le Lay signalent à nouveau le sillage du sous-marin par le travers bâbord à 2000 m, se dirigeant perpendiculairement au navire à grande vitesse. Il n’y a pas de périscope, mais une surélévation d’eau décolorée. Je donne l’ordre de tirer sur l’avant du sillage et au 3e coup, ce sillage s’oriente vers l’arrière du navire et s’atténue peu à peu. Le sous-marin paraît prendre de la profondeur.

De 08h30 à 09h30 arrivée de plusieurs patrouilleurs, destroyers, vedettes, remorqueurs, dirigeable et avions. Donné les remorques et fait route sur Falmouth. Durant le trajet, le dirigeable signale encore la présence du sous-marin. Les destroyers réussissent à l’écarter. Entré en dedans du barrage à 11h00. Les remorqueurs nous échouent sur un fond de vase molle.
Arrivé au mouillage, une visite du navire à marée basse a permis de constater une énorme déchirure entre la machine et la chaufferie. La chaudière tribord a été culbutée et est passée dans la machine. La chaudière milieu paraît déplacée. Le bâti de la haute pression est en morceaux et les deux autres bâtis sont fendus. Tout le personnel machine et chaufferie de quart a été tué lors de l’explosion. Il s’agit de :
- Vandenkerckove, 1er chauffeur
- Saliou, graisseur
- Le Bonniec, chauffeur
- Cabillic, chauffeur
- Mazo, chauffeur
- Colcanap, soutier

Le salut du navire est dû à la bonne tenue de l’équipage et en particulier au sang froid des officiers restés avec moi à bord, ainsi qu’aux 2 canonniers Le Lay, et Gourvenec.

Mr. Robert, 2e capitaine de quart au moment du torpillage a organisé le sauvetage en bon ordre. Après évacuation d’une partie de l’équipage, a fait une visite dans toutes les parties du navire pour s’assurer qu’il n’y restait pas de blessés. S’est ultérieurement employé à la visite des cales et à activer la prise des remorqueurs dans les plus brefs délais possibles.

Monsieur Bourdas, 1er lieutenant, s’est activement employé à l’évacuation en bon ordre du navire, et est resté à bord avec le capitaine alors que je croyais le navire en train de sombrer. S’est occupé de la pièce avant et a fait preuve de calme et de sang froid.

Monsieur Maillard, 2e lieutenant, a commandé la mise à l’eau de son embarcation. Est resté à bord avec le capitaine et est allé s’assurer de la fermeture de la porte du tunnel et, aidé par le second mécanicien, en a assuré l’étanchéité. S’est très activement employé pour donner les remorques.

Monsieur Régnier, second mécanicien, est resté à bord avec le capitaine et a rectifié la fermeture de la porte étanche du tunnel. A fait, avec le second capitaine, une visite dans la machine et la chaufferie pour y chercher les blessés. S’est activement employé à la veille et à la prise des remorqueurs.

Monsieur Mettler, élève officier, est resté à bord avec le capitaine et a fait une veille très efficace après l’évacuation par une partie de l’équipage. A signalé à deux reprises le sillage du sous-marin. Cet officier s’était déjà distingué lors du torpillage d’AMIRAL OLRY.

Le QM Le Lay s’est distingué par son sang froid, sa promptitude à exécuter mes ordres. A pris le poste de chef de la pièce avant et, par soin tir, a obligé à deux reprises le sous-marin à renoncer à son attaque.

Le canonnier Gourvenec est resté à bord après l’évacuation et s’est activement occupé de la pièce et a contribué à éloigner le sous-marin.

Mr. Delaugerre, TSF, est resté à son poste et a fait les signaux ordonnés par le capitaine. A fait preuve de calme et de sang froid.

Se sont particulièrement distingués : Kerambrun, maître d’équipage, Le Marchand, sd maître, Allançon, Tanguy, Lavalou, Chevalier, matelots, Kerambrun, Le Tournel, graisseurs, Bougeaut, chauffeur, Livare, soutier, Favreau, Dolou, canonniers, Monod, boulanger. Tous les autres membres d’équipage, officiers et marins, ont conservé un sang froid digne de tout éloge et n’ont évacué le navire que sur ordre du capitaine. Tous sont restés près du navire, prêts à remonter à bord au premier appel du capitaine.

Rapport de l’officier AMBC

Equipage militaire Chef de section QM Le Lay

Pièce avant Dolou, Le Bouteiller et Sauvage
Pièce arrière Gourvenec, Favreau et Henry

Le 26 Novembre 1917 par nuit noire ANGO allait de Portland à Falmouth pour prendre le convoi. A 06h00 du matin, une très forte secousse est ressentie. Les machines stoppent et la lumière s’éteint. Le bâtiment reste droit. Une torpille avait frappé à tribord milieu, dans le compartiment machine.
Vers 07h00, le jour commençant à se lever, les officiers qui se trouvaient sur la passerelle aperçoivent un périscope à tribord avant à 4000m. Le commandant donne l’ordre de tirer avec la pièce avant et 5 coups sont tirés. Des chalutiers qui arrivent engagent le champ de tir et le sous-marin disparaît.
ANGO prend la remorque et fait route sur Falmouth. Vers 07h30, un sillage de périscope est aperçu par le travers tribord, faisant route à contrebord de l’ANGO. Le commandant donne l’ordre d’ouvrir le feu et la pièce arrière tire quelques coups de canon. A ce moment, deux très violentes secousses sont ressenties et le bâtiment en tremble. Mais rien de nouveau ne se produit à bord et ANGO, remorqué, peut gagner Falmouth.

Les rôles étaient affichés dans les postes et les exercices avaient été faits. Bonne organisation de la veille et bonne conduite de l’équipage militaire.

Le sous-marin attaquant

C’était donc l’UB 80 du Kptlt Max VIEBEG.

On notera que toutes les victimes dénombrées sur ANGO sont dues à l'attaque du 26 Novembre 1917 et non à celle de 1918.

Cdlt
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Re: ANGO ― Cargo mixte ― Compagnie maritime des Chargeurs réunis.

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Attaque du 26 Juillet 1918 à 09h00 par un sous-marin

Navire armé d’un canon de 90 mm à l’avant et d’un canon de 90 mm à l’arrière.
Armement : canonnier Dolou (Français) + 3 canonniers anglais.

ANGO, remorqué par deux remorqueurs, se rendait de Falmouth à West Hartlepool escorté par des chalutiers et ne se trouvait plus qu’à 1 mille de terre quand on aperçut un sillage de torpille sur tribord. La torpille vint frapper le bâtiment en plein travers du compartiment machine, exactement à l’endroit où il avait été frappé 8 mois auparavant.
Rien ne fut aperçu.

Un chalutier convoyeur se précipita sur le début du sillage, à 1500 m de l’ANGO, empêchant de voir quoi que ce soit, et par suite de tirer.
Au moment de l’attaque deux veilleurs du commerce étaient en vigie à l’avant et à l’arrière, et un canonnier anglais à chaque pièce.

Le sous-marin attaquant

C’était l’UC 70 de l’Oblt z/s Karl DOBBERSTEIN

Récompenses


Citation à l’Ordre de la Division

GUIBERT Jean Baptiste Capitaine

Par ses qualités de commandement qui ont permis de réaliser la bonne organisation militaire de son bâtiment et de donner à son équipage une discipline forte et ordonnée, a réussi à deux reprises (26 Novembre 1917 et 26 Juillet 1918) à sauver son navire torpillé par l’ennemi. Déjà Chevalier de la Légion d’Honneur pour faits de guerre et 2 fois cité à l’Ordre)

Témoignage Officiel de Satisfaction du Ministre

D’AGUIAR Hector Guillaume Matelot portugais

Grièvement blessé à son poste de veille

Vapeur ANGO

Pour l’énergie, le sang froid et la bonne discipline de son équipage qui a réussi à deux reprises à sauver son bâtiment torpillé par l’ennemi.

Attribution éventuelle de récompenses laissée à l’approbation du département pour

ROBERT Arsène, 2e capitaine
BOURDAS Albert 1er lieutenant
MAILLARD Auguste 2e lieutenant
METTLER James Elève Officier
REGUIER Daniel 2e mécanicien
LE LAY Joseph QM canonnier
GOURVENEC Adolphe 2e canonnier (aussi appelé GOURMENEC dans certains documents)
DELAUGERRE Maurice TSF

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