Bonjour à tous,
Quelques renseignements complémentaires sur le naufrage de l’AMIRAL TROUDE.
Voici tout d’abord la répartition de l’équipage dans les deux baleinières
Canot du second
BLOUIN Joseph Second capitaine Paimpol
JEZEQUEL Germain Maître d’équipage Le Conquet
KERROS Henri Matelot Le Conquet
KAREVEL Victor Matelot Dinan
GUENA David Matelot Le Conquet
CHARLES Francisque Matelot Paimpol
BINI Raphaël Matelot non inscrit maritime
LEGER-LE GALL Edouard Matelot Paimpol
DOMALAIN Paul Matelot Saint Malo
GARDAIN Edouard Matelot Saint Brieuc
LE BRETON Marie-Ange Matelot Saint Brieuc
FICHOU Yves Novice Paimpol
BIHARCE Jean Matelot fusilier Bayonne
Dès le 1er Octobre l’inscription maritime de Saint Malo envoie un télégramme à Marine Paris signalant :
« Avons rapatrié de Southampton
- 13 hommes de l’AMIRAL TROUDE coulé le 30 Septembre
- 21 hommes du NEUILLY coulé le 1er Octobre
- 14 hommes du terre-neuvier SAINT PIERRE de Saint Malo coulé le 1er Octobre »
Dans le canot du commandant, non retrouvé à cette date, ont pris place :
FORGEARD Jean-Baptiste Capitaine Saint Malo
LE TARIN Hippolyte Lieutenant Binic
LE GUEN Guillaume Charpentier Paimpol
VIVIEN Eugène Matelot Saint Malo
DERRIEN Célestin Matelot Saint Malo
GAREL Emile Matelot Dinan
RAOUL André Matelot Concarneau
OLLIVO Louis Matelot Le Croisic
LE TROCQUER Victor Mousse Paimpol
FORGEARD André Mousse Saint Malo (sans doute le fils du commandant)
ROYER Joseph Fusilier breveté 2e dépôt
LOSCQ Hervé Fusilier Douarnenez
Dès le 5 Octobre la commission d’enquête se réunit et entend le second capitaine Blouin. Sa déposition est identique au récit fait plus tard par le capitaine Forgeard.
Il décrit le sous-marin comme ayant 50 m de longueur, peint en gris, avec un canon de 100 ou 120 sur l’avant de son kiosque.
Il fait un dessin du sous-marin (mais ses talents de dessinateur ne sont pas exceptionnels !)
http://img261.imageshack.us/img261/7671 ... de4fn8.jpg
Il déclare s’être jeté à la mer au moment où une torpille vint frapper le voilier à hauteur de la cale avant, faisant tomber le mât de misaine sur le grand mât.
Le sous-marin fit alors surface, vint accoster la baleinière du capitaine et prit les papiers du bord, puis s’éloigna route vers l’ouest, abandonnant les marins à leur sort, loin de terre.
Il précise :
« j’avais l’ordre de suivre le canot du capitaine, mais dans la nuit je le perdis de vue. Il y avait une petite brise de NNW, puis un calme plat au matin du 1er Octobre. Nous aperçumes vers 07h00 un navire et nous dirigeâmes vers lui à l’aviron. A 10h30, nous étions à bord. C’était le trois-mâts morutier RAYMOND, de Fécamp. Nous étions restés 25 heures dans notre baleinière.
J’ai demandé au capitaine Caron de bien vouloir se mettre à la recherche du capitaine Forgeard. Nous fîmes route pendant 24 heures, mais ce fût en vain. »
Voici la signature du second capitaine Blouin.
http://img261.imageshack.us/img261/1119 ... de8vg1.jpg
La commission d’enquête conclut :
« AMIRAL TROUDE Armateur Antoine Bordes et fils. Affrêteur Gibbs et Cie.
Parti d’Iquique le 28 Juin à destination de Rochefort .
Le capitaine se trouvant dans une baleinière non retrouvée et n’étant donc pas rescapé, avons interrogé à sa place le second capitaine Blouin.
Le 30 Septembre à 07h45 un sous-marin a été aperçu en surface à 7000 m sur bâbord avant. Impossible de se servir de l’artillerie, le calme plat empêchant de manœuvrer, et les trois pièces d’artillerie situées toutes sur l’arrière n’ayant pas le champ de tir voulu pour tirer sur le sous-marin.
A 6000 m le sous-marin plonge. Le capitaine comprend qu’il va être torpillé.
Les baleinières sont mises à la mer et l’équipage y embarque. Deux minutes après que les embarcations ont poussé, le bâtiment est atteint par une torpille à l’avant et coule par l’avant en très peu de temps. Le capitaine et le second, restés à bord jusqu’à l’explosion, ont rejoint les embarcations à la nage.
Une seule embarcation a été recueillie avec 13 hommes.
Le capitaine a quitté le bord le dernier avec son second. Il a donc bien fait son devoir. Toutefois, il n’y a eu aucun fait d’armes et la commission estime qu’il n’y a lieu à aucune proposition de récompense… »
Ce même 5 Octobre, le commandant de Marine Nantes envoie un télégramme à Marine Paris :
« Brick goélette BASSUSSARY montant sur Nantes a recontré en mer 3-mâts RAYMOND allant de Fécamp à La Pallice, ayant à bord naufragés du voilier AMIRAL TROUDE. Naufragés recueillis le 1er Octobre. Embarcation du capitaine avec 12 hommes est manquante. »
Ce canot fut donc retrouvé peu après par le croiseur CAMELLIA. Hasard assez extraordinaire, il avait aussi croisé en mer les embarcations du NEUILLY, recueillies bien avant lui comme celle du second.
Cdlt