Bonjour à tous,
Pour Willi : Pas de problème pour l'utilisation des informations que j'ai mises sur le forum.
Voici la transcription du
rapport du capitaine Sautrel concernant le naufrage du MARTHE MARGUERITE
Source : un blog très intéressant :
http://lacourdesbraves.over-blog.com
Un Saintois sur un trois-mâts coulé en 1917
Adrien-Victor Bride, fils de Zéphirin
Zéphirin BRIDE, né aux Saintes en 1884, embarqua le 7 mars 1917 sur le trois-mâts "Marthe et Marguerite" armé à
Nantes, jaugeant 525 tonnes. Le capitaine, Charles Louis SAUTREL, était né au Havre en 1872 et le reste de l'équi-
page se composait de :
- Felix BERTELHOTE, né en 1879 à Chateauneuf,
- Guy SIVAGER, né en 1877 à Basse-Indre,
- Jules CHARRIER, né en 1883 à Noirmoutier,
- Jules BOCALY, né en 1885 à La Trinité,
- Albert DESPLANQUE, né en 1900 à Coutances,
- Gabriel BICHON, né en 1901 à Saint-Nazaire,
- Pierre HELARY, né en 1891 à Plouezel,
- Georges EVENO, né en 1901 à Nantes.
Voici les faits, à partir d'extraits du "rapport de mer" du 5 novembre 1917, fait par le capitaine Charles
SAUTREL :
Le trois mâts avait quitté la petite rade de St-Nazaire le12 septembre 1917 à 3 heures du soir et appareillé à 7
heures du soir à destination de Fort-de-France, la brise étant favorable et fraîche de N.N.E.
Du 13 au 17, petite brise; aperçu deux quatre-mâts faisant même route et rencontré une goélette. Le 18, coup de vent
de S.O. au S.S.O. en cape courante, mer très grosse, coups de roulis très violents.
"Le 19 au lever du soleil, vers 6 heures, sauts de vent au N.O., faible brise et calme, établi volants, perroquets et brigantine, le navire roule passablement, cap au O.S.O.Vers 2 heures 15 de l'après-midi, latitude 46°33 N,
longitude 12° Greenwich, aperçu un sous-marin se présentant sous l'aspect d'un voilier à perte de vue par
2/4 à bâbord, distance 5 à 6 milles, temps très clair. Presque aussitôt, un coup de canon, cru tiré à blanc, suivi immédiatement d'un obus, passe au-dessus de la mâture et tombe à 500 mètres du bord, à deux quarts par
tribord arrière puis le navire se trouve encadré par le feu de l'ennemi qui tire avec deux pièces; de temps en
temps quelques schrapnels tombent autour de nous et très près, on entend des chocs sur la coque.
Mis au poste de combat dès que le sous-marin fut reconnu, mais nous fûmes dans l'impossibilité complète de faire
usage de nos canons, d'abord le sous-marin se tenant à bâbord devant et à une trop grande distance, 10.000 mètres au moins. De plus, nous étions presque encalminés et, le soleil se trouvant presque devant à tribord, nous étions dans la position la plus défavorable.
Un obus ayant atteint le rouf d'équipage, un autre venant de traverser la coque de part en part, le moment étant
critique, décidé, d'un commun accord, d'abandonner le navire, ce qui s'est passé dans le plus grand ordre,
l'équipage montrant beaucoup de calme et de sang-froid. Il était à ce moment 2 heures 25. Je m'estimais à 250 milles de la côte d'Espagne et 330 de la pointe de Penmarch.
Fait diligence à l'aviron à la faveur des deux lames S.S.O. et N.O. Il était temps : car obus et schrapnels pleuvaient dru autour de nous et la mâture était atteinte successivement dans ses parties hautes.
A 3 heures 25, le pauvre navire coulait après avoir essuyé plus de cinquante coups de canons. Je m'attendais à ce que le sous-marin vînt sur moi, il n'en fut rien. Aussi, à la nuit, après avoir nagé pendant 5 heures environ, j'établis la voilure, une petite brise fraîchissant de l'ouest.
Fait route à l'Est pendant deux jours, puis le S.S.E. pour rallier la côte d'Espagne.
Le 22 à midi, je m'estime cent mille de la côte, vent d'est, mer dure, nous sommes constamment mouillés.
Le soir à 6 heures environ, aperçu un vapeur, manoeuvré pour lui couper la route; à 6 heures 45, nous fûmes
recueillis; le vapeur était "L'amiral Troude", de la Compagnie des Chargeurs Réunis, se rendant à Dakar; nous
étions exactement par 45° 21' N. et 7° 39' O., un peu plus loin que je m'estimais.
A bord, nous reçûmes des soins empressés, des vêtements secs; un bon repas et un bon gîte nous firent un bien
immense.
Pendant ces trois jours et quatre heures passés dans la baleinière, nous avons souffert affreusement de l'humidité
et du froid, principalement la nuit car, en plus des paquets de mer qui embarquaient, notre embarcation faisait
passablement d'eau et ce, à la suite d'un choc lors de la mise à la mer. Sans arrêt, jour et nuit, un homme a été occupé à vider l'eau.
Le 23 vers 8 heures 30 du matin, la sirène de "l'Amiral Troude" se fit entendre sinistrement : une torpille venait
d'être lancée par bâbord à 800 mètres environ; heureusement, elle nous manqua, ne passant qu'à 20 mètres
environ de l'arrière. Une fois encore, nous l'échappions. Personne n'avait vu le périscope et le sous-marin ne se montra que 25 minutes après, hors portée des canons et dans le soleil.
Navigué depuis sans encombre jusqu'à Dakar où nous avons mouillé le 30 septembre 1917.
Tel est mon rapport que j'affirme sincère dans toute sa teneur et que je me réserve d'amplifier si besoin est."
Remarques :
On note que c'est donc l'AMIRAL TROUDE, des Chargeurs Réunis, qui a récupéré les naufragés du MARTHE MARGUERITE le 22 Septembre et que le 23 Septembre 1917 il échappa de très peu à la torpille d'un second sous-marin.
Il serait intéressant d'identifier ce sous-marin

.
On note aussi la présence à bord de deux mousses Gabriel Bichon et Georges Eveno.
Cdlt