ASTREE - Société Navale Caennaise

olivier 12
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Re: ASTREE - Société Navale Caennaise

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

ASTREE

Rencontre avec un sous-marin le 2 Décembre 1916

ASTREE 1068 tx JB
Armateur Gaston Lamy et Cie Caen
Réquisitionné par l’Etat
Capitaine MOIZAN Honoré

Armement : 1 canon de 47 mm matricule 85, sans recul
Muni d’un poste de TSF mais avec interdiction de s’en servir. Antenne enlevée au début de la guerre.
Effectue une traversée Glasgow – Lorient avec un chargement de charbon.

Rapport d’enquête du LV Bodet Police de la navigation de Port Louis

Le vapeur français ASTREE faisait route de Glasgow sur Lorient en se conformant aux instructions reçues de l’Amirauté britannique. Il avait reconnu Tuskar, sur la côte d’Irlande, avait alors signalé son passage à un torpilleur anglais, puis était venu reconnaître le cap Galley et avait alors fait route au Sud du monde. C’est en suivant cette route à 8 nœuds que le 2 Décembre à 10h20, par 50°55 N et 11°40 W Paris (nota : 08°58 W Greenwich), ASTREE aperçut d’abord un cargo, puis un sous-marin qui canonnait ce dernier.
Temps brumeux, mer assez belle, léger vent de SE. Visibilité 3 milles.

Le sous-marin a été vu par trois quarts tribord avant, à l’horizon. La capitaine et l’officier de quart se sont aperçus de la présence de ce sous-marin en voyant dans le voisinage du cargo les gerbes produites par les coups de canon.
Le bâtiment canonné avait un tonnage de 2000 à 2500 t, assez vieux, pourvu de 2 mâts très hauts et d’une petite cheminée.
Le sous-marin était à environ 500 m sur l’avant du cargo. Il fit route sur ce dernier et manœuvra dans son voisinage. Le capitaine et les officiers de l’ASTREE ont eu l’impression qu’à ce moment, le bâtiment avait dû être abandonné et que son équipage avait débarqué.

Dès qu’il aperçut le sous-marin, le capitaine de l’ASTREE mit à gauche toute pour présenter l’arrière, appela aux postes de combat et mit la machine en avant toute maximum. La manœuvre achevée, la fumée qui se dégage très dense du charbon fourni à Glasgow, a entièrement caché le sous-marin qui n’a plus été vu par la suite. Les fusiliers affectés au canon de 47 mm ne l’ont même pas aperçu. Le cargo a été aussi perdu de vue et personne ne peut dire s’il a été coulé.

Le capitaine de l’ASTREE n’a vu que le kiosque du sous-marin et la partie avant. En raison de la distance et de la brume, il n’a pu voir aucun détail. Il a cependant constaté qu’il ne possédait pas de mât. Après cet évènement, ASTREE a mis le cap sur l’entrée de Queenstown où son capitaine savait trouver des patrouilleurs. Il en a effectivement rencontré deux, des chalutiers, et les a renseignés. Puis il a repris sa route vers le Sud en naviguant en zigzags, et n’a rien vu depuis. Il est arrivé aujourd’hui dans la matinée à Lorient

Le sous-marin rencontré


C’était l’UB 23 de l’Oblt z/s Heinz ZIEMER.

Il était en train de couler le vapeur anglais HARPALUS 1445 tx JB qui allait de Penarth à Nantes avec un chargement de charbon. Il n’y eut pas de victimes. Ce navire avait été lancé en 1895.

Cdlt
olivier
Rutilius
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ASTRÉE — Cargo charbonnier — Société navale caennaise (Gaston Lamy & Cie).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

Le capitaine du cargo charbonnier Astrée en 1916

— MOIZAN Honoré Joseph Alexis, capitaine au long-cours, inscrit au quartier de Caen, n° 60.

Au printemps 1918, Honoré MOIZAN exerçait le commandement du cargo charbonnier Charles-Le Borgne, de la Société en nom collectif Charles Le Borgne & Cie, de Fécamp. Par une décision en date du 27 no-vembre 1918 (J.O. 30 nov. 1918, p. 10.344), ce dernier fut en effet félicité par le Commissaire aux transports maritimes et à la marine marchande pour la bonne tenue de ce bâtiment et pour le bon entre-tien de ses machines.

□ Par arrêté du Ministre des Travaux publics en date du 30 septembre 1929 (J.O. 2 oct. 1929, p. 11.147), à la suite du concours ouvert la même année, nommé lieutenant de port stagiaire, et affecté au port de Caen.
Dernière modification par Rutilius le jeu. nov. 05, 2020 12:03 pm, modifié 1 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
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Re: ASTREE - Société Navale Caennaise

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Rencontre avec un sous- marin le 10 Mars 1918

Rapport du capitaine

Je soussigné, capitaine du vapeur ASTREE, déclare être parti du port de Cardiff le 10 Mars 1918 avec un plein chargement de houille et diverses marchandises pour le Gouvernement français à destination de Cherbourg.
Débarqué le pilote en rade de Barry Dock à 05h00 et fait route tout le long de terre, naviguant en zigzags par mer belle et petite brise de SSW.
A 12h18, reçu par TSF « GERMAINE torpillé ». Mis aussitôt au poste de combat et à 12h30 parlé au vapeur RADIUM qui nous signale un sous-marin à la pointe de Trevose. A 13h30, aperçu le sillage du sous-marin à 45° tribord, par 50°35 N et 05°00 W. L’équipage étant au poste de combat, ouvert aussitôt le feu avec les deux pièces et donné ordre au chef mécanicien de pousser la machine à fond. Mis la barre bâbord toute, puis tribord toute, craignant d’être torpillé.

A 14h00, n’apercevant plus le sous-marin, cessé le feu et continué ma route en naviguant en zigzag, équipage toujours au poste de combat. Je tiens à faire remarquer qu’avec une hausse de 700 m et un peu de houle, les rambardes de la plateforme arrière ainsi que les fumigènes placés dans cette partie ont beaucoup gêné le tir.
Je félicite tout mon équipage sans exception pour la belle conduite, l’entrain et le sang froid dont il a fait preuve pendant le combat.

Signé : P. LE BIHAN (sous toute réserve car très peu lisible)

Rapport du 2e capitaine LE GUENNEC

Je soussigné, 2e capitaine, officier de tir du vapeur ASTREE, déclare ce qui suit :

Dans la matinée du 10 Mars 1918 à 13h30 à 1 mille de la côte près de Padstow, en approchant de Trevose Head, étant au poste de combat, j’aperçus à la jumelle un sillage de sous-marin. Ouvert immédiatement le feu avec la pièce arrière où je me trouvais avec une hausse de 1500 m. Les coups sont très longs et fait un rapprochement à 800 m. Au 3e et 4e coup, le tir est très précis et donne l’impression de toucher le but. Le périscope est aperçu pendant un moment, puis disparaît. Plusieurs coups sont tirés sur le sillage. Le sous-marin nous gagne sur l’avant et fait des bonds de chrono-télémétrie de moins de 100 m toutes les 20 secondes.
Le sillage disparaît pendant 10 minutes, puis réapparaît sur bâbord à 140° ; Ouvert aussitôt le feu de ce côté avec une hausse de 700 m. Après trois coups, le but disparaît dans les rayons du soleil qui brille avec éclat. N’apercevant plus rien, cessé le feu. Continué notre route tout en laissant l’équipage au poste de combat et renouvelé l’attention de la veille.
Pendant ce combat l’armement de la pièce arrière et les pourvoyeurs ont agi avec sang froid et entrain. La pièce avant a été servie de même. 1 coup d’exercice et 11 coups de combat ont été tirés par la pièce arrière, 1 coup de service et 7 de combat par la pièce avant.

Rapport du chef mécanicien

Voici les faits qui se sont déroulés dans la machine pendant le combat qu’ASTREE a eu à soutenir contre un sous-marin ennemi dans la journée du 10 Mars 1918.
Dès que retentit la sonnerie d’alarme placée dans la machine, chacun des hommes, accomplissant son devoir, se rendit immédiatement à l’endroit à lui assigné par le rôle de combat. Au coup de télégraphe, l’allure de la machine fut poussée à fond. Tout le temps que dura le combat, la pression demeura stable à son maximum et la machine put donner ainsi, avec un graissage forcé, toute sa puissance sans que se produisit le moindre incident.

Je tiens à signaler la belle tenue des hommes chargés de la conduite des sous-organes qui, sans se départir du plus grand sang froid, assurèrent le service machine et chaufferie . Ce sont :

- Louis DUROISSY, chargé de la conduite de la machine
- Louis TURPIN, 3e mécanicien, chargé de la chaufferie
- Le chauffeur LE BLIAVEC
Qui ont maintenu une pression constante et maximum.

Le chauffeur CARIOU remplaçait un manquant à l’armement de la pièce arrière.

Dans l’espoir que vous voudrez bien prendre connaissance de ce rapport et en faire l’usage qu’il vous plaira veuillez agréer, Capitaine, l’assurance de mon respect.

Signé : JUPRAU (Nom très incertain car presque illisible.)

Le sous-marin aperçu

Très certainement le grand sous-marin U 110 du Krv Kptlt Carl Albrecht KROLL, qui venait de couler GERMAINE

Cdlt
olivier
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