ANNAM - Compagnie des Messageries Maritimes

Rutilius
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ANNAM ― Paquebot mixte ― Compagnie des Messageries maritimes (1904~1917).

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Bonjour à tous,

Passagers militaires décédés à bord du transport auxiliaire Annam,
ravitailleur de l’Armée d’Orient, antérieurement à la perte de ce bâtiment


― DRAPIER Charles Jules Albert, né le 14 février 1883 à Maisod (Jura) (Registre des actes de naissance de la commune de Maisod, Année 1883, f° 1, acte n° 1), domicilié en dernier lieu à Moirans-en-Monta-gne (– d° –). Décédé le 29 juin 1916, à 4 h. 30, à bord du transport auxiliaire Annam, ravitailleur de l’ Armée d’Orient (Maladie contractée en service : paludisme) [Acte de décès établi le même jour par le lieutenant de vaisseau auxiliaire Lucien ADVINENT, commandant le bâtiment. Transcrit le 29 janv. 1917 à Moirans-en-Montagne (Registre des actes de décès de la commune de Moirans-en-Montagne, Année 1917, f° 2, acte n° 4)]. Employé de commerce (1911).

Soldat de 2e classe, inscrit sur le rôle d’équipage en qualité de passager permissionnaire, 244e Régi-ment d’infanterie, matricule n° 016.814 au corps, classe 1903, n° 1.591 au recrutement de Lons-le-Saulnier

• Fils de Lucien Louis DRAPIER, né le 2 avril 1849 à Maisod et y décédé, le 6 juillet 1891 (Registre des actes de décès de la commune de Maisod, Année 1891, f° 3, acte n° 5), cultivateur. Et d’Esther Augus-tine CHEVASSUS, née le 5 octobre 1850 à Maisod, cultivatrice. Époux ayant contracté mariage dans ladite commune, le 16 avril 1882 (Registre des actes de mariage de la commune de Maisod, Année 1882, f° 2, acte n° 2).

• Époux de Cécile Marie VINCENT, née le 5 août 1888 à Moirans-en-Montagne et y décédée, le 30 juil-let 1976 (Registre des actes de naissance de la commune de Moirans-en-Montagne, Année 1888, f° 7, acte n° 20), sans profession, avec laquelle il avait contracté mariage dans ladite commune, le 21 février 1911 (Registre des actes de mariage de la commune de Moirans-en-Montagne, Année 1911, f° 5, acte n° 4).

Fille d’Auguste Stéphan VINCENT, né vers 1863, tourneur, et de Julie Joséphine LETIÉVENT, née vers 1871, « ouvrière sur le tour ».

Épouse en secondes noces d’Albert Léon GUILLOT, né le 7 avril 1888 à Villard-Saint-Sauveur (Jura), tourneur, avec lequel elle avait contracté mariage à Moirans-en-Montagne, le 29 décembre 1919 (Regis-tre des actes de mariage de la commune de Moirans-en-Montagne, Année 1919, f° 6, acte n° 15).


― FERRAND Élie Frédéric Paul, né le 20 juillet 1893 à Mainxe (Charente), décédé le 15 septembre 1915 « à bord du transport-hôpital l’Annam [des suites de] maladie contractée en service », Caporal infirmier, 176e Régiment d’infanterie, Matricule n° ...1699, classe 1913, n° 654 au recrutement de Saintes (Acte transcrit à Saintes, le 22 sept. 1915).


― JEULIN Georges Victor, né le 11 octobre 1875 à Saint-Denis-en-Val (Loiret), décédé le 14 septembre 1915 « à bord de l’Annam en mer Méditerranée [des suites de ses] blessures », Soldat de 2e classe, 2e Régiment de marche de zouaves, Matricule n° 474, classe 1895, n° 1.513 au recrutement d’Orléans [Jug. Trib. Mascara, 19 avr. 1918, transcrit à Perrégaux – aujourd’hui Mohammadia – (Département d’Oran, Algérie), le 7 mai 1918].
Dernière modification par Rutilius le sam. mai 03, 2025 10:58 am, modifié 1 fois.
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Re: ANNAM - Compagnie des Messageries Maritimes

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Bonsoir à tous,


Historique (complément).


7 juin 1915 : Participe au débarquement des troupes au Cap Hellès. Ayant été pris au mouillage sous le feu d’une batterie turque, reçoit quatre obus qui provoquent deux incendies et occasionnent l’envahissement d’un compartiment (Commandant LANFANT : « Historique de la flotte des Messageries maritimes. 1851–1975.», éd. Graphic Photo, Dunkerque, déc. 1979, p. 100).

Furent notamment cités à l’ordre de l’Armée navale pour s’être alors portés au secours de l’équipage et des passagers de l'Annam :

― FRAPA Auguste Marie Maxime, né le 24 avril 1882 à Ambronay (Ain) et assassiné le 29 mai 1920 à Dunkerque (Nord) ; fils de Marie Claudius Louis de Gonzague FRAPA, notaire à la résidence d’Ambronay, et de Marie du Carmel Pauline DANGEVILLE ; Capitaine au long-cours inscrit à Toulon, f° et n° 64 ; Enseigne de vaisseau de 1re classe de réserve le 17 janvier 1915 ; commandant du navire auxiliaire Zazita lors du débarquement des troupes au Cap Hellès, puis affecté aux Bâtiments de servitude de Salonique ; Lieutenant de vaisseau de réserve le 12 juillet 1918 (Base Léonore, Dossier LH/1030/28) :

« Assure depuis le débarquement, le service très dur du cap Hellès avec un bâtiment presque hors d'usage. A fait preuve dans l’exercice de son commandement des plus brillantes qualités professionnelles. A contribué puissamment au sauvetage du transport Annam sous le feu de l’ennemi. » (Sept. 1915) (netmarine : « Les héros maritimes français de la première guerre mondiale »).

Chevalier de la Légion d’honneur (Arr. du 21 mars 1916, pour prendre rang le 27 février 1916 : J.O. du 22 mars 1916) ; Croix de guerre (Base Léonore, Dossier LH/1030/28).

― GAIGNET Henri François Joseph Marie, né le 26 septembre 1886 à Rennes (Ille-et-Vilaine) et décédé en mer en Avril 1920 ; fils de Henry Marie François Louis GAIGNET et de Lucie Eugénie Marie NEVEU ; Enseigne de vaisseau de 1re classe de réserve le 5 juill. 1915 (Base Léonore, Dossier LH/1053/25) :

« Officier aussi énergique que dévoué, aussi modeste que brave. Était à la tête des premiers secours portés à l’Annam ; a été cité deux fois à l’ordre de la D. L. S. et du corps d’armée pour actes particuliers de bravoure. C’est à son généreux dévouement que l’on doit le peu de pertes que nous avons subies lors des réembarquements. » (Mars 1916) (netmarine : « Les héros maritimes français de la première guerre mondiale »).

Chevalier de la Légion d’honneur (Arr. du 21 mars 1916, pour prendre rang le 27 février 1916 : J.O. du 22 mars 1916) ; Croix de guerre (Base Léonore, Dossier LH/1053/25).

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Re: ANNAM - Compagnie des Messageries Maritimes

Message par Rutilius »


Bonsoir à tous,


Le Gaulois, n° 14.120, Vendredi 20 juillet 1917, p. 2 , en rubrique « La lutte contre les sous-marins allemands ».


Image
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olivier 12
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Re: ANNAM - Compagnie des Messageries Maritimes

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Rapport du capitaine

ANNAM naviguait en convoi vers Salonique en compagnie du grec EFTYCHIA VERGOTTI (nota : qui naviguera jusqu’en 1958 et portera le nom de CALVADOS de 1938 à 1941).
Le 2 Juin 1917, il avait reçu du patrouilleur COBRA l’ordre de faire route sur Bône où il est arrivé le 3 à 06h00. Appareillé à 17h00 pour Bizerte où il est arrivé le 4 à 06h45. Un nouveau convoi a alors été formé avec AMIRAL CHARNER, DANUBE, ARC et FRONDE, ARC étant le chef de convoi. Appareillé le 6 à 18h00. Entré dans le détroit de Messine le 8 à 05h00. Mouillé dans l’avant port à 06h45. Appareillé à 20h30.
Le 10 à 04h00, au petit jour, on aperçoit la côte de Morée. Belle brise de NW. Mer houleuse. L’homme de vigie bâbord arrière signale une torpille. L’officier de quart met la barre toute à droite, tandis que le capitaine est à la passerelle inférieure. Le navire commence son abattée, mais la torpille le frappe sur l’avant de la cloison étanche séparant la cale 2 des soutes. L’explosion se produit, provoquant une brèche de 15 m de longueur. Le sous-marin n’a pas été vu.
Stoppé et cassé l’erre pour diminuer l’action de l’eau sur les cloisons de la cale 2 dans lesquelles je n’ai pas grande confiance depuis l’incendie qui s’est produit au cours d’une traversée précédente. Après trois minutes, le navire est stoppé. Il s’enfonce de l’avant et l’équipage est appelé aux postes d’abandon et commence à évacuer.
Le chef mécanicien et ses officiers, Messieurs Cima et André, mettent la turbine de circulation à la cale et mettent en route le thirion de 200 t/h. L’eau monte toujours et gagne les foyers. Le commandant ordonne alors d’évacuer la machine.
Les embarcations tribord, les seules restées intactes, servent aux passagers. Etat major et équipage embarquent sur les radeaux. La baleinière fait le tour du navire et vient prendre le radeau sur lequel se trouve le commandant. Mais l’ANNAM a l’air de vouloir flotter et ne s’enfonce plus. Avec ses officiers au complet et quelques hommes, le commandant remonte à bord et passe une remorque à l’ARC. En faisant avant et arrière avec l’aide du torpilleur, on arrivera peut-être à faire les 25 milles qui nous séparent de la terre. Malheureusement, le navire apique de l’avant et finit par sombrer.

Conclusions de la commission d’enquête

Du torpillage à l’évacuation, tout s’est passé dans le plus grand ordre. On ignorait d’ailleurs si le bâtiment n’allait pas s’enfoncer d’un seul coup. Le 2e capitaine Filiol (nom incertain) et le maître d’équipage Desanti sont descendus fermer les hublots qui auraient pu rester ouverts. Le chef mécanicien Granier et les officiers mécaniciens Cima et André n’ont pas quitté la machine, surveillant la montée de l’eau, disposant les moyens d’épuisement et ne remontant que sur ordre de la passerelle. L’équipage s’est d’abord occupé des passagers.
Quand le commandant est remonté à bord, tous les officiers l’ont suivi ainsi que le maître d’équipage Desanti, le capitaine d’armes Macé, le QM timonier Guéna, le QM canonnier Pellan, les timoniers Lucas et Lepoul, les matelots Danne et Fourcade et les chauffeurs Boulanger et Brandi. Ces deux derniers sont descendus dans l’eau qui avait envahi la chaufferie pour remettre en marche la pompe alimentaire et le thirion d’épuisement tandis que les gens du pont passaient la remorque.
Mais le bâtiment a du être à nouveau évacué et s’est enfoncé avec le pavillon haut que le maître Desanti avait hissé à la poupe.
La conduite du capitaine, des officiers et de l’équipage mérite des éloges.

Note du CEM de la Marine au Ministre (non datée)

En vous transmettant le dossier relatif au bombardement de l’ANNAM, je vous demande de bien vouloir tenir compte de l’intérêt qu’attache l’Etat Major Général de la Marine à voir récompenser les bons services rendus par les capitaines, les officiers de la marine marchande et les équipages des navires réquisitionnés et affrétés, participant à des opérations de guerre.
Dans le cas actuel le capitaine Maurice Carré (nota : il semble que l’amiral ait fait une erreur, le capitaine étant signalé dans les posts ci-dessus comme étant le LV Advinent) s’est conduit avec sang froid, intelligence et sens marin. Il mérite mieux qu’un témoignage de satisfaction et je serais heureux qu’il soit cité à l’ordre du jour, avec attribution de la Croix de Guerre.
Les trois officiers dont il signale la bonne attitude sont aussi à récompenser.

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Re: ANNAM - Compagnie des Messageries Maritimes

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Correction au post précédent :

La note de l'amiral citée plus haut ne concerne pas le naufrage de l'ANNAM en Juin 1917, mais son bombardement au cap Hellès le 7 Juin 1915. Le capitaine était bien alors le CLC Maurice Carré.

Les rapports du capitaine et de la commission sont bien ceux de 1917.
Dans les archives, ces rapports concernant le torpillage de l'ANNAM ont été malencontreusement classés dans le dossier de 1915.

Tout s'explique ...!

Cdlt
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Rutilius
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ANNAM ― Paquebot mixte ― Compagnie des Messageries maritimes (1904~1917).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

Le sauvetage des naufragés du paquebot mixte Annam
par le torpilleur d'escadre Arc
(10 juin 1917)


I. — Contre-torpilleur d’escadre Arc — alors commandé par le lieutenant de vaisseau Jean Michel Arthur TARDIEU —, Journal de navigation n° 4 / 1917 — 1er juin ~ 9 juillet 1917 — : Service historique de la Défense, Cote SS Y 34, p. num. 608 à 612.

Le convoi Annam~Amiral-Charner~Danube, convoyé par l’Arc et la Fronde, avait appareillé de Bizerte pour Messine le 6 juin 1917, à 20 h. 30. Entré le 8, à 6 h. 15, dans le détroit de Messine, il avait momen-tanément mouillé dans l’avant-port, en raison de la présence signalée d’un sous-marin au large ; il en était reparti le soir, à 20 h. 15. L’Annam fut torpillé le 10, à 5 h. 53, mais ne coula qu’à 10 h. 32.

« Dimanche 10 juin 1917.

De Messine à Navarin.
Convoi Annam~Amiral-Charner~Danube.
Convoyeurs Arc~Fronde.

Quart de minuit à 4 h. 00.


Route au S. 76 E.
Quart de 4 h. 00 à 8 h. 00.

4 h. 00 – En route à tribord arrière du convoi.

5 h. 35 – Augmenté l’allure pour communiquer avec l’Annam.

5 h. 53 – Annam torpillé par bâbord. Venu à gauche toute et mis à 200 tours. Lancé 11 grenades et chassé autour du bâtiment torpillé. Le reste du convoi dirigé sur Navarin avec Fronde.

6 h. 30 – Commencé le sauvetage des naufragés. Sauvetage terminé à 7 h. 00. Échangé signaux avec Annam (Commandant et quelques hommes étant remontés à bord).

Quart de 8 h. 00 à 12 h. 00.

8 h. 55 – Patrouillé autour de l’Annam. Pris la remorque par l’arrière. Mis en marche, 70 tours.

9 h. 45 – Fronde arrive sur les lieux et patrouille.

10 h. 28 – Largué la remorque.

10 h. 32 – L’Annam coule. Mis en marche vers Navarin. Communiqué à bras avec chalutier Chrysanthème.

12 h. 20 – Mouillé à Navarin.
»

_________________________________________________________________________________________


II. — Contre-torpilleur d’escadre Arc, Registre historique de la correspondance intéressant le personnel et le matériel du bâtiment : Service historique de la Défense, Cote SS Y 34, p. num. 897 et 898.

« Rapport de mer.

Le 10 juin [1917], à 5 h. 55 (orientale), très beau temps, petite brise de N.-W., bancs de brume du côté de la terre, le convoi Annam~Danube~Amiral-Charner, escorté par Arc et Fronde, se trouvait à 20 milles W. de Sapienza, vitesse de route 9 nœuds. Il avait quitté le 8, à 20 heures, Messine où il s’était garé pendant la journée, à cause de la présence d’un sous-marin signalé à la sortie du détroit.

La formation adaptée était en principe :

Image


En fait, elle était à ce moment à peu près :


ARC - SS Y 34 [897] - .JPG
ARC - SS Y 34 [897] - .JPG (57.63 Kio) Consulté 1233 fois

L’Arc venait de quitter son poste pour signaler un changement de route à l’Annam, guide de navigation. A ce moment, une torpille lancée à 35 ~ 40° par bâbord arrière de l’Annam vint le frapper à bâbord M. arrière (cale 2).
L’Arc vient immédiatement à gauche toute et, après quelques secondes, nous apercevons le sillage de la torpille que la réverbération du soleil levant avait masqué jusque là.
Lancé une première grenade (double) un peu avant de couper le sillage puis successivement 7 autres (dont deux doubles) tous les 80 mètres environ. La 3e (simple) n’a pas explosé.
Cependant, l’équipage et les passagers de l’Annam étaient descendus avec le plus grand ordre dans les embarcations et les radeaux mis à l’eau.
Embarqué le personnel à l’exception du commandant, du second et d’un certain nombre de volontaires de l’Annam, le bâtiment torpillé continuant à flotter (en tout 107 personnes).
Malheureusement, la chaufferie est envahie, les feux éteints. On ne peut songer qu’à le remorquer. Je demande par T.S.F. des chalutiers. Tout le personnel étant en sûreté, je continue à assurer la sécurité du transport.
Je fais disposer deux remorques sur l’arrière de l’Annam, les constatations faites sur les lieux indiquant comme recommandable le remorquage par l’arrière.
L’Arc prend une remorque à 9 h. 00 et commence à remorquer vers Navarin, non sans de sérieuses diffi-cultés, le transport pesant alors plus de 12.000 tonnes. Dès que l’ensemble prend un peu de vitesse, l’Annam s’enfonce peu à peu. A 10 h. 30 (orientale), coupé la remorque, l’eau envahissant complètement l’avant ; 2 minutes après, l’Annam coule par l’avant.
Le personnel retourné à bord était embarqué depuis quelque temps dans une baleinière ; nous le recueillons.
Pendant ce temps, la Fronde avait rassemblé les deux bâtiments restant du convoi et les avait garé à Navarin, puis, revenue sur les lieux du sinistre, avait assuré la sécurité de l’ensemble depuis 10 h. 00 environ jusqu’à la fin du remorquage.

Navarin, 10 juin 1917.

Signé : TARDIEU.
»
Dernière modification par Rutilius le ven. mai 02, 2025 11:47 pm, modifié 4 fois.
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olivier 12
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Re: ANNAM - Compagnie des Messageries Maritimes

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Rencontre avec un sous-marin le 26 Janvier 1916. Note de l’Etat-Major Général 2e section, au Ministre


Le Mercredi 26 Janvier 1916, le transport auxiliaire ANNAM, commandé par le Lieutenant de Vaisseau auxiliaire Vallat et le vapeur anglais ASTROEA se rendaient à Salonique lorsque vers 16h05 ASTROEA fut canonné par un sous-marin.

Les deux bâtiments devaient naviguer en ligne de file à 600 m maximum, ANNAM en tête. Or, au moment de l’attaque, ce transport se trouvait à 3 milles environ au devant de l’ASTROEA. Il est juste de reconnaître que ce dernier ne s’était pas conformé au cours de la traversée aux instructions qu’il avait reçues au départ de Marseille. L’ANNAM l’avait rappelé à l’ordre à plusieurs reprises.

D’après les observations et les dépositions faites sur l’ANNAM, ASTROEA se trouvait à 7000 m du sous-marin ennemi. ANNAM est venu sur tribord pour se rapprocher de l’ASTROEA, puis a pris chasse, suivi par ce bâtiment qui a finalement stoppé à 16h35, soit 30 minutes après le début de l’attaque. Les embarcations ont été mises à l’eau et le bâtiment a été abandonné par l’équipage, exception faite du médecin resté à bord.

Le commandant de l’ANNAM, qui aurait du intervenir pour faire rentrer le commandant de l’ASTROEA et son équipage dans le devoir, n’a songé qu’à prendre chasse sous prétexte qu’il devait sauvegarder son bâtiment. A 16h50, il a perdu de vue le sous-marin.

L’ANNAM n’a jamais été exposé au feu du sous-marin et n’a pas risqué un instant d’être torpillé. Il avait ordre de soutenir en toutes circonstances le bâtiment naviguant de conserve avec lui. On a des exemples de bâtiments de commerce qui, en marchant résolument sur le sous-marin occupé à canonner un navire, ont mis l’agresseur en fuite.

Le lieutenant de vaisseau Vallat a manqué de sang froid dans l’appréciation de la situation et de décision dans la manœuvre à faire pour soutenir ASTROEA. Il a manqué d’énergie pour faire regagner leur bord à des gens qui l’avaient fui devant un danger à peine marqué.

Estimant que Monsieur Vallat a montré une inaptitude manifeste à remplir les devoirs qui lui incombent en tant que capitaine d’un navire militarisé, l’Etat-Major et le Vice-Amiral commandant en chef ont demandé que cet officier soit relevé de son commandement.

Le sous-marin attaquant

Est difficile à identifier car aucune position n’est donnée dans ce rapport.

De plus le nom du vapeur anglais est inexact dans le texte du document. Il doit s’agir de l’ASTRAEA, vapeur de 3297 t lancé à Stockton en 1898 car il n’existe pas d’ASTROEA. Aucun vapeur de ce nom n’a été coulé ce 26 Janvier 1916 et on peut donc penser que l’équipage a fini par remonter à bord.

ASTRAEA a été renommé NORTHLEA en 1923, YORKABBEY en 1928 et a été démoli à Gand en Juillet 1931.

Voici une photo de ce navire

Image

Toutefois, entre Marseille et Salonique, ANNAM aurait bien pu rencontrer

- U 39 du KL Walter FORSTMANN (plutôt vers Salonique)
- U 35 du KL Lothar von ARNAUD de la PERIERE (plutôt vers la Sicile)

L’étude de leurs KTB pourrait peut-être nous indiquer lequel des deux a canonné un vapeur le 26 Janvier 1916 vers 16h00, et à quelle position… ;) A moins que ce ne soit un troisième !

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Yves D
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Re: ANNAM - Compagnie des Messageries Maritimes

Message par Yves D »

Bonjour Olivier, bonjour à tous
Pas U 35, il était rentré la veille à Cattaro où il arrivait à 10h30 du matin.
Amts
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La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
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Re: ANNAM - Compagnie des Messageries Maritimes

Message par Memgam »

Bonjour,

Source : Marc Saibène, La Marine marchande française 1914-1918, Marines Editions, 2011, photo page 135.

Cordialement.

Image
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Re: ANNAM - Compagnie des Messageries Maritimes

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Un complément sur l'ANNAM

Rencontre avec un sous-marin le 30 Novembre 1915. Rapport du capitaine

Le 30 Novembre 1915 à 11h10, faisant route au S50W, aperçu sur bâbord un périscope sans sillage. Je m’en écarte et fait feu sans l’atteindre.
A 13h10, entendu un coup de canon très proche. Aperçu un sous-marin à 3 ou 4 milles sur deux quarts tribord arrière. Ouvert le feu et fui à toute vitesse. Passé de 8,5 nœuds à 18 nœuds en dix minutes. Deux obus tombent sur tribord à 30 ou 35 m. Présenté la hanche tribord pour permettre à la pièce avant de tirer. Trois ou quatre coups tombent très près de l’arrière, dans notre sillage. Le canonnier de l’arrière me dit que ses coups semblent trop courts avec une portée à 4 milles et qu’il est impossible de voir s’ils ont porté.
Vers midi, un navire était en vue à environ 12 milles, nous coupant la route. Il a gardé son cap, se rapprochant du sous-marin. Je l’ai reconnu comme un navire grec et, quand il a été près du sous-marin, il est venu brusquement sur bâbord.
Notre tir a duré 12 minutes, avec des projectiles en fonte, à poudre noire.
Continué au SW puis WSW jusqu’à 16h00. Passé à 6 milles au nord de Dimitri, puis mis le cap sur La Valette pour y atterrir de jour. A 16h15, aperçu un convoi de deux navires plus un contre-torpilleur. Hissé le signal « J’ai été attaqué par un sous-marin » avec grande enseigne à mi-drisse.

A La Valette, j’ai appris que le MIRA avait recueilli l’équipage du navire grec dont le nom est ZAFIRIS (nota : en réalité ZARIFIS) qui a été coulé par un sous-marin que l’on dit autrichien.

Le sous-marin devait avoir une pièce de 100 mm. Avec une pièce de meilleure portée, j’aurais pu l’intimider et peut-être l’atteindre. L’équipage du ZAFIRIS dit que nos coups portaient en direction et que les deux derniers sont tombés tout près du travers tribord du sous-marin quand il a mis le cap sur lui.

Le sous-marin attaquant

C’était à l’évidence l’U 33 du KL Konrad Gansser, qui a coulé le ZARIFIS.

Il y a toutefois une incohérence dans le rapport du capitaine de l’ANNAM qui situe cette rencontre le 30 Novembre, à environ 50 à 60 milles dans le SE de Malte. Or le ZARIFIS a été coulé le 29 Novembre à 100 milles environ dans le SE de Malte.

Une hypothèse est que le commandant de l’ANNAM ait rédigé son rapport le 30 à La Valette et se soit trompé de date, les faits s’étant déroulés la veille, 29 Novembre, tout comme il se trompe d’ailleurs sur le nom du vapeur grec. La position est aussi très approximative. En fait, il n’en donne aucune et c’est une position déduite de ses routes diverses par l’officier enquêteur. Bref, beaucoup d’imprécisions et un grand manque de rigueur !

Une autre hypothèse serait que le vapeur grec qu’il a croisé ne soit pas le ZARIFIS…Mais vu les commentaires de l’équipage grec, cela étonne.

Affaire de l’ASTREA en Janvier 1916. Note de l’Amiral Dartige du Fournet, commandant en chef de l’armée navale, au Ministre datée du 15 Février 1916


Je demande au Capitaine de Vaisseau chef des services maritimes à Salonique

1) Que le commandant de l’ANNAM soit relevé de son commandement
2) Que le quartier-maître Le Guennec soit cassé de son grade

Le commandant de l’ANNAM ne peut arguer qu’il a du fuir pour ne pas être coulé. Non seulement l’ASTREA n’était pas torpillé, mais le sous-marin était en surface et à très grande distance.
Si l’on se reporte à un exemple récent, le SAINT LOUIS IV s'est porté au secours d’un bâtiment anglais attaqué par un sous-marin et a forcé ce dernier à lâcher prise. Un résultat analogue aurait pu être obtenu.
En tous cas, il eut éviter la panique à bord de l’ASTREA, qui a conduit à son abandon que l’Amiral Nicholson qualifie très durement.

Le quartier-maître Le Guennec, chef de la pièce de 47 mm armant l’ASTREA a donné un déplorable exemple. La commission d’enquête anglaise réunie sur le PRINCE GEORGES est très sévère pour nos canonniers. La conduite de leur chef mérite une punition grave.

Cdlt
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