Bonsoir à toutes et à toutes,
Bonsoir maître Joël
,
Il s'agit de Marie Henri Joseph Goursaud de Merlis promu lieutenant le 1er octobre 1911 et qui en 1914 était au 34e R.I.
Aujourd'hui, j'ai eu le loisir trop rare de ratisser une brocante en toute tranquillité. Je ne collectionne que les livres sur notre période favorite mais je regarde aussi les cartes, photos, papiers, objets qui pourraient intéresser les forumeurs (tanks, avions, régiments, artisanat, obus etc....).
Et bien je fus récompensé d'une profonde émotion, quoique mêlée de tristesse. En fouillant un carton poussiéreux et en désordre je suis tombé sur un "certificat de disparition" ; les guillemets sont là parce que ce papier officiel -en partie imprimé et timbré à sec d'une Marianne- ne porte pas de titre. Il était accompagné dans un "portefeuille" d'un autre "certificat" dactylographié attestant que le jugement déclaratif avait été enregistré sur les registres de l'état-civil de Bordeaux. Enfin, deux actes d'huissier, l'un demandant à la veuve de quitter le logement, l'autre arguant de la loi du 1er avril 1926 pour y demeurer.
Emotion d'abord d'exhumer ce papier officiel - signé de l'officier d'état-civil - décrivant les circonstances de la disparition. Tristesse ensuite de voir un papier "de famille" dans un fatras de brocante. Nouvelle émotion quand, lors du marchandage (c'est le mot, tout du moins au début, il en voulait 20 euros) j'expliquais au vendeur -un professionnel- que je n'étais pas motivé par la collection mais par le sauvetage d'un document "morceau d'Histoire" et "d'histoire familiale" ... et qu'il a fini par me donner l'ensemble,
donner en disant que ce geste nous portera chance. Ben j'ai eu les yeux qui piquent... et encore en écrivant ce fil!
Pourquoi le mettre ici? Parce qu'il s'agit du commandant Marie Louis Henri Goursaud de Merlis, né le 12 août 1871 à Lormont de Louis Alphonse Joseph et de Marie Laure Clémence de Pichon, marié le 9 janvier 1905 à Jeanne Marie Desprez de Gésincourt. Il demeurait à Cholet, 12 rue de la filature.
Sa carrière semble curieuse mais liée aux lois : il s'est engagé le 29 octobre 1889 à Bordeaux et affecté au 38ème RI, passé caporal le 29 mai 1890, sergent le 1er décembre 1890, sergent fourrier le 1er septembre 1893, sergent-major le 26 février 1894, sergent le 5 mai 1895 au 57ème RI, sergent-fourrier le 13 mars 1896, sergent le 21 juillet 1896. Sous-officier élève officier le 6 avril 1897. Sous-lieutenant au 154ème RI le 1er avril 1897, lieutenant le 1er avril avril 1900, lieutenant au 107ème RI le 29 novembre 1912, capitaine au 77ème RI le 24 septembre 1912, chef de bataillon à titre temporaire le 15 septembre 1914.
Il disparait le 16 juin 1915. Je cite :
<< Le seize juin mille neuf cent quinze, vers douze heures quinze minutes, le Commandant Goursaud de Morlis, s'élançait à la tête du premier bataillon à l'assaut des positions allemandes, cote 123, entre Souchy et Neuville Saint Vaast (Pas de Calais).
Arrivé à quelques mètres de la tranchée ennemie, le Commandant fut frappé d'une balle à la jambe droite et tomba à genoux ; au moment où il essayait de se relever pour entraîner ses hommes il a du être frappé d'une autre balle et tomba à la renverse sur le dos. Il ne fit aucun autre mouvement et on présume qu'il a été tué.
Par suite de la marche de repli et de l'intensité du combat, il fut impossible d'aller chercher le Commandant qui gisait toujours inanimé et dont le corps a dû plus tard être ramassé par les allemands.
Déclarations faites par le sergent Leroux, Célestin, âgé de vingt quatre ans et le caporal Biguet, Pierre, âgé de vingt et un an.
Le sergent Leroux ajoute qu'il est resté couché à plusieurs mètres du commandant pendant environ huit heures et qu'il ne l'a jamais vu faire aucun mouvement.
Fait à secteur postal 67 le cinq juillet mille neuf cent quinze.
L'officier détat-civil
signé Michel>>
Extrait du JMO :
<<
mardi 15 juin
Dans la nuit du 15 au 16 juin le Régiment prend ses emplacements pour l'attaque.
mercredi 16 juin
A 2h30 le Régiment est en place formé en 4 vagues de chacune 3 compagnies :
La 1ère vague commandée par le commandant de Merlis et comprenant les 2ème 3èmet et 4ème compagnies occupe la parallèle de départ.
.../...
A 12h15 la 1ère vague, le commandant de Merlis en tête, sort de la parallèle de départ et se lance à l'assaut. Les compagnies de droite et de gauche sont arrêtées par des défenses accessoires en fil de fer barbelés situés devant les tranchées allemandes. La compagnie du centre (capitaine Cogny) trouve un passage à travers les fils de fer, traverse la première tranchée allemande. Mais toutes sont fauchées par les mitrailleuses allemande. Les survivants sont obligés de se replier.
La 2ème vague n'arrive pas assez tôt pour lui porter un secours efficace et l'ennemi a le temps de réoccuper la tranchée avant son arrivée. Elle est arrêtée par le feu des mitrailleuses et par les coups tirés de la tranchée par les ennemis qui l'ont réoccupée. La 3ème vague arrive presque en même temps que la 2ème mais, malgré un effort désespéré, elle subit le même sort et ne peut passer.
.../...>>
Je suis entré dans le détail pour permettre à un éventuel descendant du Commandant de trouver ce message. Il est bien évident que les papiers originaux sont à son entière disposition de façon graçieuse.
Les précisions proviennent du papier et de la base Leonore (chevalier le 30/12/14)
Le commandant de Merlis avait participé à la bataille de Mondement à la tête du 1er bataillon qui s'est emparé du château le 9 septembre 1914 au soir .
http://www.mondement1914.asso.fr/bataille-de-la-marne http://www.gwpda.org/wwi-www/Foch14/Marne07.htm et historique du 77ème RI
http://histoiredesmauges.free.fr/Archiv ... 7%20RI.pdf
Un frère ou un cousin de Marie Henri Joseph Goursaud de Merlis?
Cordialement
IM Louis Jean
sesouvenir
Edité pour compléter avec le JMO et diverses informations<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
