Bonjour à tous,
Un petit mot pour me ranger totalement aux côtés d'asiate, je n'ai vu aucune aigreur dans ses propos.
Excepté Jérôme qui a connu le défun, le mot "tristesse" et les formules de circonstance employées me paraissent effectivement un peu forts. Je n'ai éprouvé aucune tristesse, pas la moindre. Du détachement ? Non, rien, je dis rien. Ah si, oui, comme asiate, une pensée sur la chance de cet homme d'avoir vécu apparemment dans de bonnes conditions physiques et intellectuelles jusqu'à 107 ans, et de son entourage de l'avoir vu ainsi.
LABARBE Jean, Raymond. Né le 28 septembre 1893 à Cachen, Landes.
Incorporé le 28 novembre 1913. 57ème RI. 1ère classe en 15, caporal grenadier en 17. Envoyé en "congé illimité" le 2 septembre 1919...
Brave homme simple et honnête, paysan soldat, puis soldat du feu aux sapeurs pompiers de Bordeaux jusqu'en 1950. Mort en 1972 dans une maison "de retraite", le cerveau ravagé par une merde qui lui a oté toute dignité et jusqu'à la conscience d'exister. La chance l'a accompagné toute la guerre, lui laissant même sa signature avec une balle traversant le pan de sa capote, sans parler des bouts de ferailles invisibles mais qui frôlent la peau en faisant du vent et du chaud. Ou bien le faisant prisonnier le 3 juin 18, ayant jugé que trop c'est trop, et que sa fonction de grenadier toujours en pointe l'avait suffisament exposé comme ça depuis trop longtemps. Il aurait été tué, j'en suis certain. Elle a continué à le suivre dans ses luttes contre le feu, mais l'a plus tard abandonné, comme s'il n'était plus bon à rien, comme s'il n'en valait plus le coup.
L'intervention de Jérôme dans laquelle il dit qu'il n'a pas osé questionner Mr Debry m'a "interpellé"... Je ne me suis intéressé à la guerre 14-18 qu'après la mort de mon GP... Quand je pense à tout ce que j'aurais pu lui demander, et lui apprendre aussi, j'ose le dire, bref, un gâchis.
On ne s'intéresse jamais assez au passé glorieux des êtres chers, de leur vivant.
Mais tout ça nous éloigne de nos barbelés.
Décès de m. Debry
- LABARBE Bernard
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Re: Décès de m. Debry
j'ai déja connu ce sentiment indéfinissable.Bonsoir
Bien sûr, la vie continue, mais originaire d'Argenton sur Creuse, j'avais l'honneur de connaitre cette personne par l'intermédiaire de mes parents. Il s'agissait d'une personne que je n'avais jamais osé déranger malgré ma grande envie de le questionner. Est ce de la timidité? du respect? Je ne sais pas. Et bien maintenant, tant pis.
Cordialement
Jérôme
J'habite à Troyes et j'ai pu rencontrer Mr Savonnet (le dernier poilu de la champagne ardennes) il y a 2 ans.
je l'ai vu 1 seule fois, cela m'a beaucoup impressionné car il avait encore toute sa mémoire, il a pu me raconter sa guerre.
rien de bien exeptionnel dans son histoire (Tranchées, boue, gaz, rats, poux etc...) le lot quotidien d'un poilus.
J'ai ressenti un immense respect pour cette personne qui a vecu cette catastrophe.
Je n'ai jamais oser aller le revoir (peur de le déranger, Timidité, respect ...)
Mais ce qui m'as le plus impressionné c'est qu'il m'as dit quand j'allais partir que le fait de m'avoir raconter son histoire allait lui refaire faire des cauchemars !!!
90 ans aprés les faits ils sont encore traumatisés.
Donc pour nos derniers poilus qui partirons d'ici peu je pense.
je leur souhaite juste de connaitre enfin le repos.
Sincères Salutations
Arnaud CONVARD
- Alain Dubois-Choulik
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Re: Décès de m. Debry
Bonjour,
Ce qui nous désole finalement, c'est la perte de cette mémoire qui nous tient tant à coeur. A tout prendre il eut mieux valu que ses camarades ne meurent pas si jeunes, mais c'est fait, et notre grand passage est (parait-il ) inéluctable .
On a tous rencontré de ces "souvenirs sur pattes" (n'y voyez aucune offense) j'avais pour voisin dans ma jeunesse un des secrétaires qui a participé à la guerre auprès des généraux... et qui les a suivi jusque dans le wagon de l'Armistice (pour les puristes, c'est une voiture !) mais il était discret, et j'ai juste son autographe sur une reproduction de la scène de Rethondes.....pire : pendant un mois je viens de cotoyer un vieux monsier dans les couloirs et dans l'ascenceur, "Bonjour-bonsoir" ... Lorsque j'ai commencé à sortir les bagages pour rentrer : " Alors les 59, on rentre ? Je suis Lillois, j'ai 103 ans, je suis là depuis 35 ans " ( le sud, ça conserve !) Je me serais battu ! L'an prochain j'organise un faux départ !
En Bourgogne, arrêt dans une petite ville, visite de l'église intéressante avec un "guide" improvisé qui surveillait les trésors, nous joue Le Petit Quinquin au pipeau, nous fait une visite historique (aux deux sens du terme), puis finit en racontant qu'il jouait pour Jo Donna, qu'il était cheminot, de Résistance-Fer, (rapide calcul, si si ! il a bien 85 ans) soldat de De Lattre et qu'il a connu des amis de mon père autre cheminot..... L'an prochain je reviens en 4 jours !!!
Bon mais ça fait des siècles que ça dure, qu'on perd leur mémoire, et si c'était finalement normal ?
Expectativement
Alain
Ce qui nous désole finalement, c'est la perte de cette mémoire qui nous tient tant à coeur. A tout prendre il eut mieux valu que ses camarades ne meurent pas si jeunes, mais c'est fait, et notre grand passage est (parait-il ) inéluctable .
On a tous rencontré de ces "souvenirs sur pattes" (n'y voyez aucune offense) j'avais pour voisin dans ma jeunesse un des secrétaires qui a participé à la guerre auprès des généraux... et qui les a suivi jusque dans le wagon de l'Armistice (pour les puristes, c'est une voiture !) mais il était discret, et j'ai juste son autographe sur une reproduction de la scène de Rethondes.....pire : pendant un mois je viens de cotoyer un vieux monsier dans les couloirs et dans l'ascenceur, "Bonjour-bonsoir" ... Lorsque j'ai commencé à sortir les bagages pour rentrer : " Alors les 59, on rentre ? Je suis Lillois, j'ai 103 ans, je suis là depuis 35 ans " ( le sud, ça conserve !) Je me serais battu ! L'an prochain j'organise un faux départ !
En Bourgogne, arrêt dans une petite ville, visite de l'église intéressante avec un "guide" improvisé qui surveillait les trésors, nous joue Le Petit Quinquin au pipeau, nous fait une visite historique (aux deux sens du terme), puis finit en racontant qu'il jouait pour Jo Donna, qu'il était cheminot, de Résistance-Fer, (rapide calcul, si si ! il a bien 85 ans) soldat de De Lattre et qu'il a connu des amis de mon père autre cheminot..... L'an prochain je reviens en 4 jours !!!
Bon mais ça fait des siècles que ça dure, qu'on perd leur mémoire, et si c'était finalement normal ?
Expectativement
Alain