Genre de mort : indigne

[LABARBE Bernard]

Bonjour tout le monde,

Dans ce genre de sujet, il est toujours bon de citer nom-prénoms-régiment du bonhomme.
Cela dit, il s'agit d'évidence d'une fiche dite n-mpf, vaste dossier tarte à la crème où l'on trouve de tout, depuis des assassins jusqu'à des MPF, en passant par un "suicide suites à maladie contractée en service" vu dernièrement.
A quand une rubrique N-MPF ? C'est une autre histoire mais les années passent et tout évolue, alors... Passons.
Tout le monde sait que ces fiches n-mpf font partie d'un gros stock de cas traités ou pas, en vue de l'établissement du "Grand livre d'or" des MPF, travail inachevé (dur dur de se répéter...) d'où les fiches MDH et les quelques dizaines de milliers qui manquent. Traités ou pas, car vous pouvez y trouver des fiches d'un autre modèle, plus ancien, que j'appelle "primitives", avis croix rouge, autorités allemandes etc, des tués à l'ennemi qui ne sont pas en fiches MDH. Sur d'autres, on peut lire "informations insuffisantes" etc..., pour figurer sur le livre d'or, donc pour avoir fiche MPF.
Je pense donc que cette mention "indigne", est une initiative du scribe signifiant si besoin était que le bonhomme ayant été fusillé est indigne de figurer dans le grand livre d'or et donc n'aura pas de fiche MPF / MDH.

Cordialement,
Bernard

[Titeuil]

Bonjour à tous, bonjour Danielle et Bernard,

Le soldat se nomme, pour répondre à ta question Bernard, Francisque Pitiot. Incorporé au 11ème BCA, il a été fusillé le 7 septembre 1914. C'est effectivement une fiche N-MPLF, très aimablement fournie par un membre du forum. Ce terme indigne, gravé pour l'éternité

[Titeuil]

oups... On reprend, fausse manip...
C'est effectivement une fiche N-MPLF, très aimablement fournie par un membre du forum (merci Bernard ). Ce terme indigne, gravé pour l'éternité sur une fiche de papier m'intrigue car c'est un commentaire subjectif, chose plutôt rare dans les consignations des décès. M'est alors venue la question : pourquoi ce commentaire subjectif ? Eh bien sans doute en réponse à un sentiment, une forte émotion ressentie par le rédacteur au point de le faire sortir de son rôle d'administratif "neutre". D'où la question : quel était ce sentiment ? Révolte par rapport à l'Etat -Major, fusillant "indignement", ou colère face à cet homme considéré comme étant lâche, poltron, anti-patriote ? La réponse semble de plus en plus claire : on note fin août / début septembre 14 un "pic" d'exécution en lien avec le recul français. Donc le commentateur s'en prend bel et bien au soldat. Je te rejoins tout à fait Bernard : A quand une rubrique accessible des N-MPLF ? Dans l'histoire de cet homme fusillé, ce terme "indigne" s'inscrit comme une balle supplémentaire et perpétuelle du peloton d'exécution, un stigmate gravé à tout jamais dans son dossier administratif, un peu comme s'il ne devait jamais finir de payer sa faute (sans doute pour une mutilation volontaire ou une désertion). Voilà, ce terme "indigne" m'indigne au plus profond !!
Bien à tous,
Christophe

[Charraud Jerome]

Bonsoir
Pourquoi y voir un jugement subjectif? Le cas cité plus haut n'est semble-t-il pas un cas isolé, sur une autre fiche, on peut lire "Genre de mort: sur l'avis de décès figure la mention indigne"

Si c'est sur un avis de décès, il ne s'agit plus d'une simple fiche MDH, mais bien d'un acte officiel.
En tout cas, je me garderais de porter un éventuel jugement, faute de ne pouvoir consulter le dossier complet de l'affaire concernée.

Cordialement
Jérôme Charraud

[Titeuil]

Bonsoir à tous, bonsoir Jérôme,

Je n'ai jamais prétendu que ce cas était isolé. Pour avoir lu quelques mentions relatives à des soldats fusillés (une cinquantaine, ce qui est un échantillon dérisoire, je le concède), on trouve fréquemment "fusillé", "a été fusillé", "passé par les armes", "condamné à mort". Souvent, le motif est évoqué "fusillé pour abandon de poste", "passer par les armes pour mutilation volontaire", "condamné à mort pour acte de désertion". Bref, l'administration militaire consignait de manière objective le genre de mort du soldat, en s'en tenant rigoureusement aux configurations factuelles. Dans notre cas précis, il s'agit bien d'un commentaire, d'une interprétation relative au genre de mort, induite par l'adjectif qualificatif "indigne". C'est pourquoi j'ai commencé par me demander si le rédacteur avait voulu dire qu'il était indigne de fusiller un soldat... avant d'aller plus loin, et de comprendre qu'il s'agissait bien d'un commentaire péjoratif. Et quand bien même les agissements de ce soldat furent indignes, qui nous dit après tout qu'il n'est pas mort dignement sur son poteau d'exécution ?? Je n'en sais pas beaucoup plus que vous Jérôme sur ce dossier, mais ce soldat ne s'est pas rendu coupable de graves agissements, ça c'est certain. Tout ce que je dis n'engage que mon propos, loin de moi l'idée de diligenter le discours de l'évidence et de considérer que mon analyse est la bonne.

Bien à vous tous,

Christophe

[Charraud Jerome]

Bonsoir
Mon propos était simplement de dire, qu'à priori l'utilisation du terme indigne semble correspondre à une teneur administrative et non à une simple interprétation subjective de la part du rédacteur.
Une autre fiche atypique indique par exemple: "Genre de mort: au cours d'une punition (fusillé)"

Cordialement
Jérôme Charraud