Bonsoir,
je n'aurais jamais trouvé la ferme de Mormont sans vous,
de l'amitié qui navigue avec l'espoir.
A bientôt,
christine
Recherche sur le secteur nord poste de Fleury
- christine831
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- Patrice Pruniaux1
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- Inscription : sam. déc. 09, 2006 1:00 am
Re: Recherche sur le secteur nord poste de Fleury
Bonjour Patrick,
Comme dit en MP, voici ce que j'avais noté en juin 1966. Il y a une petite référence au ravitaillement. Mon Père et moi connaissions très bien depuis quelques années ces deux anciens du 39 R.I combattants de Fleury période du 12 au 27 juin 1916.
Nous étions dans un sentier qui partait dans ce qui fut le village. Il n'y avait à l'époque ni gazon ni balisage des maisons. Enfin rien de ce que l'on connait aujourd'hui. Nous marchions lorsque j'ai demandé quand ils étaient arrivé à Verdun. Alors je pense que cela a été un déclic.
Ils disaient chacun une phrase parfois deux lentement, calmement et l'autre enchaînait cela a fait une narration, un faux dialogue incroyable.
Ce qui m'avait fortement frappé c'est qu'ils ne parlaient plus normalement mais probablement comme ils le faisaient à l'époque. Ils ne se regardaient pas, ne regardaient rien. Pourtant ils revoyaient exactement la même chose. Dommage je n'avais pas d'enregistreur cassette. (en bleu rajout personnel)
Bonne lecture. P. Pruniaux.
" Nous sommes arrivés au bon moment (12 juin) les plus beaux jours de Fleury - on a tout de suite attaqué vers Thiaumont – c'était incroyable le nombre d'obus de gros calibre qui tombaient - et les copains – la fumée et la poussière – par moment tu voyais plus les copains – un bruit infernal on n'entendait pas les ordres, même pas le copain qui gueulait à coté de toi et en plus il fallait souvent porter le masque - tu voyais plus rien – on a vu des copains crever parce qu'ils n'avaient plus le leur ou qu'il se cassait – et les rats et les mouches – ça oui rien ne les dérangeaient - tu sais les relèves ici c'était quelque chose – pour aller chercher le singe (il s'agit normalement de corned beef, ici du ravitaillement en général) c'était uniquement quand c'était possible - toujours de nuit – on n'avait pas beaucoup de temps elles étaient courtes - le jour on pouvait pas bouger - dés fois on n'avait plus de nouvelles - tués en route - on partait à 6 ou 8 – on en a laissé en route (des copains)
Il y avaient des roulantes en bas du Gravier (ravin du Pied du Gravier) - et au Clou - mais ils en prenaient autant que nous (sous entendu des obus) alors parfois on trouvait rien – on pouvait pas ramasser ça – et puis on crevait de soif – c'était en juin tu sais – et puis des fois on pouvait rien ramené à cause des obus fallait se planquer – on n'avait pas très faim mais on crevait de soif - tout était par terre - l'odeur aussi hein – oui partout ça sentait pas bon – tu sais nous non plus - les copains beaucoup étaient là depuis longtemps – même au bout d'un jour ils sentaient – après à Verdun il y avait plus d'absents que de présents* - T'as pas connu ça Joseph en 40? (question à mon père.) - oui on a remis ça aussi c'était pas pareil... "
Le silence... Et c'est à ce moment, à ce moment seulement, qu'à tous les quatre larmes sont venues...
* Bilan des pertes selon le JMO du régiment:
Tués. Officiers 00 – Hommes: 18
Blessés: Officiers : 4 – Hommes: 161.
Disparus. Officiers: 39 – hommes: 1260.
Comme dit en MP, voici ce que j'avais noté en juin 1966. Il y a une petite référence au ravitaillement. Mon Père et moi connaissions très bien depuis quelques années ces deux anciens du 39 R.I combattants de Fleury période du 12 au 27 juin 1916.
Nous étions dans un sentier qui partait dans ce qui fut le village. Il n'y avait à l'époque ni gazon ni balisage des maisons. Enfin rien de ce que l'on connait aujourd'hui. Nous marchions lorsque j'ai demandé quand ils étaient arrivé à Verdun. Alors je pense que cela a été un déclic.
Ils disaient chacun une phrase parfois deux lentement, calmement et l'autre enchaînait cela a fait une narration, un faux dialogue incroyable.
Ce qui m'avait fortement frappé c'est qu'ils ne parlaient plus normalement mais probablement comme ils le faisaient à l'époque. Ils ne se regardaient pas, ne regardaient rien. Pourtant ils revoyaient exactement la même chose. Dommage je n'avais pas d'enregistreur cassette. (en bleu rajout personnel)
Bonne lecture. P. Pruniaux.
" Nous sommes arrivés au bon moment (12 juin) les plus beaux jours de Fleury - on a tout de suite attaqué vers Thiaumont – c'était incroyable le nombre d'obus de gros calibre qui tombaient - et les copains – la fumée et la poussière – par moment tu voyais plus les copains – un bruit infernal on n'entendait pas les ordres, même pas le copain qui gueulait à coté de toi et en plus il fallait souvent porter le masque - tu voyais plus rien – on a vu des copains crever parce qu'ils n'avaient plus le leur ou qu'il se cassait – et les rats et les mouches – ça oui rien ne les dérangeaient - tu sais les relèves ici c'était quelque chose – pour aller chercher le singe (il s'agit normalement de corned beef, ici du ravitaillement en général) c'était uniquement quand c'était possible - toujours de nuit – on n'avait pas beaucoup de temps elles étaient courtes - le jour on pouvait pas bouger - dés fois on n'avait plus de nouvelles - tués en route - on partait à 6 ou 8 – on en a laissé en route (des copains)
Il y avaient des roulantes en bas du Gravier (ravin du Pied du Gravier) - et au Clou - mais ils en prenaient autant que nous (sous entendu des obus) alors parfois on trouvait rien – on pouvait pas ramasser ça – et puis on crevait de soif – c'était en juin tu sais – et puis des fois on pouvait rien ramené à cause des obus fallait se planquer – on n'avait pas très faim mais on crevait de soif - tout était par terre - l'odeur aussi hein – oui partout ça sentait pas bon – tu sais nous non plus - les copains beaucoup étaient là depuis longtemps – même au bout d'un jour ils sentaient – après à Verdun il y avait plus d'absents que de présents* - T'as pas connu ça Joseph en 40? (question à mon père.) - oui on a remis ça aussi c'était pas pareil... "
Le silence... Et c'est à ce moment, à ce moment seulement, qu'à tous les quatre larmes sont venues...
* Bilan des pertes selon le JMO du régiment:
Tués. Officiers 00 – Hommes: 18
Blessés: Officiers : 4 – Hommes: 161.
Disparus. Officiers: 39 – hommes: 1260.