Quelques semaines plus tard, à l'automne, Louis prend le temps de se souvenir: il remplit un agenda dans lequel
il décrit la réaction des carolorégiens à l'annonce du viol de la neutralité belge, les incapacités tragi-comiques des
gradés de la garde civique dont il était un des membres, l'arrivée des cavaliers et des cyclistes du corps Sordet,
les premiers combats de rue du 21 août entre hussards prussiens et mitrailleurs français.
Le 22 août, c'est l'épouvante: boulevards incendiés, boucliers humains, civils assassinés.
Louis est dans la cave familiale en compagnie de ses frères et de quelques voisins.
Ils entendent le raclement des bottes cloutées et les cris gutturaux des pionniers incendiaires au-dessus de leurs têtes.
Ils ne réchappent que par miracle de l'incendie de leur maison au boulevard Audent .
le 23 août , Louis assiste à la traversée de Charleroi par l' armée allemande. A peine remplies de civils agonisants et terrifiés,
les ambulances installées dans les écoles de la ville accueillent les centaines de blessés de tous les combats de la Sambre.
les récits épouvantables de la veille commencent à circuler, les attitudes se nourrissent rapidement de stupéfaction et de haine réciproque.
Louis ne cessera de penser à fuir à travers les lignes allemandes. Il rejoindra l' armée belge en septembre 1914.
Avec l'autorisation de mr Huret, j'ai le plaisir de vous présenter l'ouvrage ci-dessous.
Cet ouvrage reproduit le carnet de Louis et l' orne d' une illustration inédite qui colle au récit:
photos exhumées des albums familiaux, cartes postales rares, correspondances inédites.
Il est une illustration originale et comparée de la ville de Charleroi , un témoignage inédit sur une ville heureuse,
devenue martyre en une heure de temps, le 22 août 1914.

In fine, plusieurs articles en annexe développent quelques thèmes présents dans le témoignage oculaire de Louis
Des articles sur la garde civique belge, sur les témoignages contradictoires entre un mitrailleur français (119è RI) et un dragon allemand (Oldenburg) au sujet de la tragique escarmouche de la chaussée de Bruxelles à Dampremy (prise d'otages), et la découverte d'une liste d'émouvants fonds de poche de 70 soldats français tombés et ramassés sur le champ de bataille de la Sambre. (surtout 25è RI , 145è RI , 5è RI, 4è Zouaves, 49è de Bayonne). Cette liste a été découverte aux archives communales de la ville de Charleroi. Elle est publiée avec l' aimable autorisation de mr Christian Joosten , archiviste de la ville.
amitiés de Etienne Grandchamps
