Danseuses et danseurs célèbre de l'époque
Personnalités de la Danse et du Spectacle (toutes nations confondues)
VERDOOT Paulette (1882-1916)
Danseuse belge, née à Laeken 6 juillet 1882, décédée à Bruxelles le 6 juillet 1916.
On la retrouve a 19 ans, en 1901 dans le personnel de la troupe du
Théâtre de la Monnaie à Bruxelles (Belgique).
Ci-dessous la composition, pour l'exercice 1901/1902, du personnel de la Monnaie : (.../...)Artistes de la danse. — Danseurs : MM. Ambrosiny
et J. Duchamps.
Danseuses : Mmes Carlotta Brianza, Aïda Boni, P. Charbonnel, Adèle Crosti, A. Pelucchi, Paulette Verdoot et I. Ronzio,
Extrait de "Le Monde artiste : théâtre, musique, beaux-arts, littérature" du 25 août 1901.
Source : Gallica/Bnf
Ainsi qu'en 1908 - Saison 1908-1909 à la Monnaie:
Artistes de la danse: danseurs: MM. F. Ambrosiny, J. Duchamps.
Danseuses: Mmes J. Cerny, A. Pelucchi, Irma Legrand, Paulette Verdoot, Dora Jamet, A. Peluccini.
Extrait du magazine "Comoédia" du 28 août 1908
Source : Gallica/Bnf
- Paulette Verdoot 1910_small.jpg (95.88 Kio) Consulté 6120 fois
Photo dédicacée de Paulette Verdoot : " A Dora, Sympathique souvenir de "Poussy" - 1910"
Il est possible que cette photo ait été dédicacée à sa compagne de scène , Dora Jamet.
On y apprend aussi le petit surnom de Paulette, surnommée "Poussy".
- Une reconnaissance internationale
Du "
Soir", de Bruxelles, sous ce titre :
« La Galanterie Française :
« Lors des fêtes organisées à l'hôtel de ville de Bruxelles à l'occasion de la visite du président de la République, M. Fallières s'était fait présenter les gracieuses ballerines du théâtre de la Monnaie qu'il venait
d'applaudir. Il leur avait dit galamment :
« A mon retour à Paris je dirai, mesdemoiselles, que l'on danse en Belgique aussi bien qu'à Paris. »
M. Le président a voulu prouver qu'il avait bonne mémoire. Et il a fait parvenir hier à Mmes Josette Cerny, Paulette Verdoot et Irma Legrand les palmes d'officier d'Académie. » -
Feu le roi Léopold de Belgique encourageait en France l'art de Terpsichore. Il est juste que notre président Fallières use de réciprocité avec nos voisins, ou plutôt avec nos voisines.
- Paulette Verdoot dans le rôle de Salomé
- Paulette Verdoot.jpg (87.96 Kio) Consulté 6120 fois
Vous trouverez
ici, une série de 6 photos de la danseuse réalisées par Georges Dupont-Emèra.
- L'occupation allemande en Belgique
Dans un article du n°74 du "Journal d'information du centre chorégraphiquenational de Nouvelle Aquitaine en Pyrénées-atlantiques - MALANDAIN BALLET BIARRITZ", nous apprenons que
(...) Depuis le 20 août 1914, après avoir violé la neutralité de la Belgique en la traversant de force pour assaillir la France, les troupes de Guillaume II occupaient Bruxelles et une partie du pays. Le début des hostilités interrompit dès le 4 août l’activité artistique estivale, mais en septembre, en dépit des combats le long de l’Yser, l’administration prussienne ordonna la réouverture des lieux de divertissements. Les salles privées rouvrirent en partie, tandis que les théâtres royaux du Parc et de la Monnaie furent réquisitionnés pour distraire l’occupant et promouvoir la culture germanique. Ainsi, dès le 13 mars 1915, la Monnaie n’accueillit plus que des artistes d’outre-Rhin jouant le répertoire allemand que les bruxellois boycottèrent. Sans quoi, en décembre 1914, sous la baguette de Fernand Lambou, des musiciens de la Monnaie et des Concerts Ysaye avaient été autorisés par la Kommandantur à jouer au Palais de Glace dont l’exploitation de la piste avait été interrompue. Dans la foulée, avec le concours d’amateurs, de chanteurs, de danseurs de la Monnaie et d’ailleurs, Fernand Lambou reconstitua une troupe d’opérettes et d’opéras dont Louis Engel signa les ballets.(...)
- C'est dans ce contexte que l'on apprend que le 7 avril 1916, elle interprète "l’Oiseau
de feu" aux côtés de Sacha Sarkov , le ballet est réglé par Georges Mériadec sur une musique d’Alexandre Glazounov. Parallèlement, ils enchaînent les tournées en Belgique et les galas de charité auprès des étoiles du moment : Josette Cerny, Irma Legrand, Germaine Eyers et bien sûr Tylda Amand.
- Une fin tragique
Dans une Belgique occupée, une altercation avec un officier allemand provoque son suicide.
Voici les faits, tels qu'ils furent retranscrits dans la presse:
Pourquoi Paulette Verdoot s'est-elle suicidée?
Elle aurait assommé un officier allemand.
L'Echo Belge explique de dramatique façon le suicide de Paulette Verdoot, première danseuse au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles. Un soir, elle entra, avec deux amis, dans un grill-room voisin du boulevard Anspach. Deux officiers allemands, ivres, ayant ri d'eux avec impertinence et grossièreté, Paulette Verdoot, qui ne mâcha jamais ses mots, surtout pour les Allemands, les apostropha vertement. L'un des Boches, blême de fureur, demanda au comte de X., qui accompagnait la danseuse : « Prenez-vous la responsabilité de ce que dit cette femme ? » Le comte répondit : « Parfaitement »
L'Allemand dégaina. Paulette Verdoot, voyant rouge, saisit une bouteille de champagne et en asséna un coup formidable sur le crâne du Boche, qui s'effondra.
Dans le brouhaha général, Paulette Verdoot rentra chez elle précipitamment et, affolée, s'empoisonna.
Extrait du journal "Le Vingtième siècle" du 31 juillet 1916.
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- Victime de harcèlement.
Quelques semaines après le drame, on en apprend un peu plus sur les raisons de son geste:
Le suicide de la danseuse belge
l'Excelsior donne des détails sur les causes du suicide de Mlle Paulette Verdoot, danseuse populaire à Bruxelles
La danseuse était poursuivie par un officier prussien; et celui-ci lui avait déclaré qu'il, irait jusqu'au mariage. et même jusqu'à la menace. Mlle Verdoot refusa avec indignation l'union proposée. Alors, l'officier prussien joua en virtuose. Il savait que la jeune fille avait un fiancé, un des premiers défenseurs de Liège, prisonnier en Allemagne. Et il commença un ignoble chantage.
Il prouva d'abord à l'artiste qu'il était un des plus intimes amis du chef de camp de prisonniers où était son fiancé, qu'il suffisait du moindre prétexte pour faire passer le prisonnier en conseil de guerre.
Durant des semaines, Mlle Verdoot vécut dans des transes et, un soir, pour éviter la torture à celui qu'elle aimait, elle se suicida.
- Le journal "L'Oeuvre" publie un article le 01 août 1916, intitulé "La danseuse".
La danseuse
Elle est exquise et désolante, l'histoire de la petite danseuse bruxelloise, que rapporte un de nos confrères.
Paulette Verdoot était demeurée à Bruxelles après l'invasion, et, comme elle n'avait pas grand'chose à perdre et qu'elle était femme, elle pensait à ne rien risquer.
Hélas ! saltavit et placuit! Elle en est morte, et jamais, sur sa tombe étroite de suicidée, nulle épitaphe n'aura une plus cruelle ironie. Elle dansa et elle plut ! Elle plut à un officier allemand qui, avec un tact infini, lui demanda de partager sa passion ou du moins de lui en donner l'illusion. Nos grand'mères ont eu tort de nous élever dans le mépris des danseuses. Quoi qu'aient dit nos aïeules, il en est qui valent mieux que leur réputation. Celle-ci repoussa les avances du Boche, et remporta le court triomphe de sa vertu.
L'officier était tenace et pas difficile sur le choix des moyens. Ayant appris que le fiancé de la gamine était prisonnier en Allemagne, il prétendit se servir de cet otage pour arriver à ses fins ; il avisa la danseuse que, si elle prétendait rester fidèle à l'ami lointain, il n'hésiterait pas à user de représailles contre lui. On sait comme il est, facile, en Bochie, d'envoyer un prisonnier devant le conseil de guerre et, par l'entremise du peloton d'exécution, de lui faire passer le goût du pain KK. Il ne se donna pas la, peine de nuancer : ou elle lui accorderait ses faveurs, ou le promis irait faire un grand voyage au paradis du vieux bon Dieu.
Ce n'était qu'une petite danseuse ! Elle s'est affolée ; elle s'est, tuée, héroïquement.,. gentiment...
Paulette Verdoort je songe à votre frêle cadavre de gamine, je pense à tout ce qu'il vous fallut de douleur et aussi de volonté pour faire le geste terrible, le doigt qui tremble sur la, détente. Vous n'étiez pas en colère, vous aviez trop de peine, ma pauvre enfant. Pourtant comme vous auriez dû, avant de supprimer votre existence fragile, la faire payer à la brute qui vous torturait ! N'y avait-il donc qu'une balle dans votre petit revolver de petite femme ?
et pourquoi, avant la fin délibérément consentie, n'avez-vous pas... ?
Mais vous n'aviez du courage que contre vous-même, et vous étiez si apeurée que vous n'avez pas songé à vous venger avant.
Où que vous soyez, Paulette Verdoot, je souhaite qu'il y ait des jeunes filles, de vraies jeunes filles, qui portent des fleurs immaculées sur votre tombe de danseuse.
— L'OUVRIER.
Quelqu'un connait-il le nom de son amoureux belge prisonnier, pour qui Paulette s'est sacrifiée?
Ces articles de presse nous permettent de
situer la maison où habitait Paulette Verdoot. (Lien Google maps)
Si vous avez quelques informations concernant cette artiste et sa carrière, vous pouvez poster!
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