Pour continuer un rameau du sujet initié par SylvieP, je tente ici une mini synthèse autour du terme de "disparu", qui recouvre plusieurs sens différents :
1 - Au sens des effectifs militaires, est « disparu », au soir d'un combat - ou quelques jours après - ceux qui ne répondent pas à l'appel et dont personne ne peut dire ce qu'ils sont devenu. Ils sont comptés "disparu" dans les pertes. (alinéa 6 de l’instruction du 2 juin 1916) , sans préjuger de leur survivance (prisonnier, blessé évacué par une formation sanitaire autre que celle de la division). Ces disparus peuvent reparaître ultérieurement.
C’est le cas d'Albert Saint Oyant, du 44e RI, est porté « disparu » le 26 février 1916 à l’ouvrage de Hardaumont. Il a été en réalité fait prisonnier.

2 - Au sens juridique, est « disparu » un soldat tué (décès attesté par des témoins) et dont le corps n'a pu être retrouvé (art. 88 du code civil). Notion essentielle pour permettre de dénouer des contrats (dont le mariage) et établir la succession ou les droits de pension.
Pour illustrer ce cas, il faudrait une fiche MDH portant la mention « disparu », et datée d’avant le 11 novembre 1918…
3 - Toujours au sens juridique, et après l’armistice, est « disparu » un soldat dont personne ne sait ce qu'il est devenu lors d'un combat (pas de témoin), et dont le non-retour d'un camp de prisonnier, après la fin des hostilités, fait évanouir tout espoir de retour.
La loi du 25 juin 1919 indique que pour être déclaré « absent », le soldat, pendant la durée des hostilités, ne doit pas avoir reparu à son unité et à son domicile depuis plus d’un an (art. 1), ce qui ne présume cependant pas de son décès.
Une absence de plus de deux ans peut ensuite donner lieu à un jugement déclaratif de décès (art 9). Le genre de mort est alors annoté « disparu », comme on le lit sur les fiche MDH.
Pour plus de détails, lire les interventions de Rutilius :
pages1418/forum-pages-histoire/civil-ch ... 1082_1.htm
pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... 1950_1.htm
Et aussi, sur tous les aspects juridiques d’après-guerre, un excellent travail réalisé par le lycée Anguier d'Eu :
http://lycees.ac-rouen.fr/anguier/memoi ... rubrique55
4 - Au sens littéraire, "nos chers disparus" englobe toutes les situations, même si initialement cette expression désigne pudiquement les morts, bien avant 1914.
5 - Enfin, une dimension psychologique, relative au difficile travail de deuil lié à l'absence de sépulture, recouvre aussi bien les soldats volatilisés sur le champ de bataille, que ceux dont la tombe n'a pu être retrouvée après la guerre (nouveaux combats, arasement volontaire...).
6 – Et pour complexifier un peu plus le sujet, notons aussi que des « disparus » ont été identifiés après la fin du conflit, comme le tirailleur Kouméda Dioné, « disparu » au combat le 28 août 1918, mais aujourd’hui inhumé à la nécropole d’Ambleny, tombe A 162.

Ce sujet reste ouvert...
Cordialement,
Régis Richard