Bonjour,
Voici un point sur quelques essais des munitions allemandes réalisées sur les blindages
destinés aux chars Schneider, Saint Chamond et Renault FT.
Note n° 32120 SA3 / Ministère de la Guerre/SSEAM/Service Automobile/Matériel du 29 Octobre 1916.
(SHD Vincennes - Carton 1K91)
La réception des tôles de blindage du marché de chars (avant la prise en compte de la 7,92 KS)
comportait des tirs d'essais pour :
Les tôles de "pourtour" de 11,4 mm :
- Tir de 3 cartouches 7,92 mm S (875 m/s) à la distance de 15 m et à incidence normale,
- Tir de 3 cartouches 7,92 mm S (875 m/s) à la distance de 25 m et à 35° d'incidence,
- Tir de 3 cartouches 7,92 mm S (à balle inversée) à plus de 25 m,
Les tôles de toit de 5,4 mm :
- Tir de 3 cartouches 7,92 mm S (875 m/s) à la distance de 50 m et à incidence de 55°,
Lors de ces essais, le blindage simple, initialement prévu pour les chars, n'était donc
pas transpercé "à bout portant" par la cartouche de 7,92 S.
Ce même blindage résistait aux éclats de 75 mm explosant à 3 m du char.
Ce test était celui de certification des plaques utilisées.
Les impacts des 3 balles devaient être espacées de 5 cm et les tôles ne devaient
être ni perforées ni marquées de criques perforantes.
Les tôles de blindage du Saint Chamond et du Schneider étaient initialement de
11,4 mm et 8,4 mm pour les faces avant, arrière et les pourtours.
Les tôles de blindage du Saint Chamond et du Schneider étaient de 5,4 mm
pour les toits et les fonds.
Note n° 38090 SA3 / Ministère de la Guerre/SSEAM/Service Automobile/Matériel du 18 Décembre 1916.
(AN de Pierrefitte-sur-Seine - Fond privé Albert Thomas - Carton 94AP16)
Cette note, qui rappelle les tests présentés ci-dessus, précise que
" les exigence du programme initial n'impliquait pas de résister à la balle KS, à 25 et 50 m (à incidence normale),
et signale que, dès que le tir est oblique, la balle KS devient inoffensive sur les blindages envisagés.
Il en résulte que les parties avant qui sont à un angle de 50° (type Saint Chamond) ou de 30° (type Creusot) sur l'horizon,
sont à l'abri de la perforation de la balle allemande KS, à moins qu'elle ne soit tirée d'un position très dominante.
D'autre part, les balles KS conservant mal leur vitesse, leur action perforante décroit très vite,
quand la distance de tir augmente, pour être à peu près nulle au delà de 200 m.
En tout état de cause, des études ont été entreprises en vue de renforcer les blindages existants.
Des premiers essais effectués il résulte que la juxtaposition d'une plaque de 5,6 mm au tôles existantes,
avec un intervalle de 40 mm environ entre les 2 plaques rendra, en tir normal, le blindage imperforable par la balle KS."
Premiers essais de blindage pour le char Schneider effectués les 8 et 9 Mai 1916 au champ de tir d'Harfleur.
(AN de Pierrefitte-sur-Seine - Fond privé Albert Thomas - Carton 94AP15)
La cible était un assemblage de tôle et bois constitué :
d'une tôle d'acier en Chrome-nickel "dit dur" de 5 mm de 180 kg de résistance,
d'un espace de 4 cm (ou selon les montages d'un remplissage en chêne de 2, 3, 4 ou 5 cm d'épaisseur)
d'une tôle d'acier en Chrome-nickel "dit doux" de 5 mm de 140 kg de résistance,
Premier série de tir (à incidence normale) de cartouche de 7,92 S à 25 m :
L'assemblage avec espace vide de 4 cm ou remplissage en chêne de 2 cm résiste parfaitement.
La première tôle est perforée mais la balle s"écrase sur la deuxième tôle,
et cela que la tôle d'acier dur soit placé devant ou derrière.
Deuxième série de tir (à incidence normale) de cartouche de 7,92 S à 1 m :
Les résultats sont identiques.
Troisième série de tir (à incidence normale) de cartouche de 7,92 S (avec balle retournée) à 10 m :
L'assemblage à espace vide est perforé
L'assemblage avec 2 cm de chêne résiste lorsqu'on place la tôle d'acier dur en avant.
Dans ce cas, la tôle dure est est perforée et la tôle douce est emboutie, mais ne laisse pas passer la balle.
Quatrième série de tir (à incidence normale) de cartouche française de 8 mm APX à 25 m :
L'assemblage avec espace vide est perforé.
Les assemblages avec épaisseurs de chêne de 2, 3 et 4 cm avec la tôle d'acier dur placée en avant,
laisse passer le noyau en acier de la balle perforante, mais retiennent son chemisage en cuivre.
La première tôle laisse passer entièrement la balle et le chemise s'écrase sur la deuxième tôle.
En conclusion ces essais ont montré que ce blindage double, ne pesant pas plus que celui fait
d'une tôle unique de 12 mm, était plus performant et qu'en utilisant une garniture chêne de 5 cm
entre les deux tôles de 5 mm, le blindage aurait la résistance d'une tôle de 15 mm.
Finalement le chêne ne sera pas utilisé et c'est de l'acier durci de 11, 4 mm qui sera utilisé pour les parties avant.
Il est intéressant de noter que les industriels se plaindront régulièrement de la qualité variable des cartouches
allemandes qui leurs sont envoyés pour les tests à 25 m de certification des plaques de blindages.
La vitesse théorique de la cartouche allemande étant de 840 m/s, des vérifications faites permettaient de constater
des vitesses allant de 790 à 820 m/s (Constat de la société Schneider du 17 Mai 1916)
L'essai des munitions françaises sur le blindage choisi pour les chars est très logique.
En effet, en supposant la munition française nettement supérieur à celle des allemands,
le risque de voir les Allemands utilisaient fusils et munitions françaises, simplement pour
la lutte antichar, nétait pas à négliger.
Essais du Tankgewehr de 13 mm sur le char Renault FT du 16 Août 1918
(Bulletin technique de l'artillerie d'Août 1918 - SHD Vincennes - Carton 16N 2132)
Cartouche de 13,4 mm à balle D
Poids de la balle : 52,07 grammes
Poudre BF plombaginée : 13,07 grammes
Poids de l'étui amorcé : 51,25 grammes
Poids de la cartouche : 116,39 grammes
Vitesse initiale : 785 m / secondes (mesurée par la STA)
Premier tir à 50 m pour une incidence normale - Perforation du blindage de 16 mm en acier traité.
Deuxième tir à 50 m pour une incidence de 30° - Ricochement sur blindage de 16 mm en acier traité.
Troisième tir à 170 m pour une incidence normale - Perforation du blindage de 16 mm en acier traité.
Quatrième tir à 270 m pour une incidence normale - Non perforation du blindage de 16 mm en acier traité.
Cinquième tir à 270 m pour une incidence normale - Non perforation du blindage de 16 mm en acier traité.
Le commentaire lié à ces essais mentionne que :
"Le fusil perfore, sous incidence normale, le blindage de 16 mm en acier traité jusqu'à 200 m.
La distance limite de perforation semble être 250 m.
Sur ces premiers essais le fusil ne perfore pas le blindage à incidence de 30° à plus de 50 m.
Cet essais, faute de suffisamment de cartouches n'avait pas alors testé le blindage dans toutes les incidences."
Très bon Week-End - Michel
Artillerie Spéciale - Essais des munitions allemandes sur les chars
Re: Artillerie Spéciale - Essais des munitions allemandes sur les chars
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- Gardiendelombre
- Messages : 386
- Inscription : mer. nov. 16, 2011 1:00 am
Re: Artillerie Spéciale - Essais des munitions allemandes sur les chars
Bonjour à tous,et à Tanker en particulier .
Quelques questions :
a) l'idée de l'inclinaison des panneaux pour augmenter la distance à pénétrer sans augmenter le poids ,elle date de "après" 14 comme on le dit généralement,ou est ce qu'elle avait déjà été envisagée en "14" ?
b)au combat les Saint Chamond etc... ils étaient "gaufrés" en tout ou en partie avec du chêne ?
c)le projectile secondaire qu'on appelle souvent "roue de char" du au débris interne du blindage sans perforation du blindage,à mon avis ne devaient pas avoir lieu avec le blindage de l'époque qui à mon avis devait être trop mince ,mais je n'en sais rien ... Si vous aviez des précisions et remarques .
Merci encore .
Quelques questions :
a) l'idée de l'inclinaison des panneaux pour augmenter la distance à pénétrer sans augmenter le poids ,elle date de "après" 14 comme on le dit généralement,ou est ce qu'elle avait déjà été envisagée en "14" ?
b)au combat les Saint Chamond etc... ils étaient "gaufrés" en tout ou en partie avec du chêne ?
c)le projectile secondaire qu'on appelle souvent "roue de char" du au débris interne du blindage sans perforation du blindage,à mon avis ne devaient pas avoir lieu avec le blindage de l'époque qui à mon avis devait être trop mince ,mais je n'en sais rien ... Si vous aviez des précisions et remarques .
Merci encore .
- Gardiendelombre
- Messages : 386
- Inscription : mer. nov. 16, 2011 1:00 am
Re: Artillerie Spéciale - Essais des munitions allemandes sur les chars
Bonjour à tous,et à Tanker en particulier .
Quelques questions :
a) l'idée de l'inclinaison des panneaux pour augmenter la distance à pénétrer sans augmenter le poids ,elle date de "après" 14 comme on le dit généralement,ou est ce qu'elle avait déjà été envisagée en "14" ?
b)au combat, les Saint Chamond, etc... ils étaient "gaufrés" en tout ou en partie avec du chêne ?
c)les projectiles secondaires qu'on appelle souvent "roue de char", dus aux débris internes du blindage sans perforation du blindage,à mon avis ne devaient pas avoir lieu avec le blindage de l'époque qui à mon avis devait être trop mince ,mais je n'en sais rien ... Si vous aviez des précisions et remarques ....
Merci encore .

- Ben El Mehli
- Messages : 419
- Inscription : lun. nov. 25, 2013 1:00 am
Re: Artillerie Spéciale - Essais des munitions allemandes sur les chars
Bonjour à tous et à M. Gardiendelombre en particulier.
M.Gardiendelombre a écrit ceci:
"les projectiles secondaires qu'on appelle souvent "roue de char", dus aux débris internes du blindage sans perforation du blindage,à mon avis ne devaient pas avoir lieu avec le blindage de l'époque qui à mon avis devait être trop mince ,mais je n'en sais rien ..."
Aussi je pose le question suivante: ces " roues de char " sont elles comparables aux effets des obus HESH qui détachent ce que certains nomment " assiettes " ?
Sinon, de quoi s'agit-il au juste ?
A bientôt.
Ben El Mehli.
M.Gardiendelombre a écrit ceci:
"les projectiles secondaires qu'on appelle souvent "roue de char", dus aux débris internes du blindage sans perforation du blindage,à mon avis ne devaient pas avoir lieu avec le blindage de l'époque qui à mon avis devait être trop mince ,mais je n'en sais rien ..."
Aussi je pose le question suivante: ces " roues de char " sont elles comparables aux effets des obus HESH qui détachent ce que certains nomment " assiettes " ?
Sinon, de quoi s'agit-il au juste ?
A bientôt.
Ben El Mehli.
- Gardiendelombre
- Messages : 386
- Inscription : mer. nov. 16, 2011 1:00 am
Re: Artillerie Spéciale - Essais des munitions allemandes sur les chars
Bonjour Ben El Melhi ,
Oui effectivement on les appelle aussi selon moi "Assiette" .
Mais à mon avis pour avoir des "assiettes", il faut une épaisseur de blindage déjà conséquente .
Et toujours à mon avis la taille de l'assiette doit être fonction de l'épaisseur du blindage suivant un calcul compliqué entre l'impulsion d'impact extérieur - la dissipation dans le blindage - la rupture à l' intérieur du blindage .
Selon moi ,ça se passe "ainsi" :
l'impact crée une onde de déformation concentrique au point d'impact extérieur .
Quand l'onde (en 3D) commence à pénétrer dans le blindage,l'ensemble du blindage retient la déformation .
Quand l'onde commence à sortir du blindage ,elle n'a plus la contre pression environnante et c'est là que se libère l'assiette .
C'est mon avis ...mais ça explique pourquoi la roue ou l'assiette est bien ronde et ne contient qu'une partie seulement de l'épaisseur du blindage,qui plus est,une partie dont les bords sont courbes eux aussi .
Tout ouvert à d'autres arguments bien sur .
Oui effectivement on les appelle aussi selon moi "Assiette" .
Mais à mon avis pour avoir des "assiettes", il faut une épaisseur de blindage déjà conséquente .
Et toujours à mon avis la taille de l'assiette doit être fonction de l'épaisseur du blindage suivant un calcul compliqué entre l'impulsion d'impact extérieur - la dissipation dans le blindage - la rupture à l' intérieur du blindage .
Selon moi ,ça se passe "ainsi" :
l'impact crée une onde de déformation concentrique au point d'impact extérieur .
Quand l'onde (en 3D) commence à pénétrer dans le blindage,l'ensemble du blindage retient la déformation .
Quand l'onde commence à sortir du blindage ,elle n'a plus la contre pression environnante et c'est là que se libère l'assiette .
C'est mon avis ...mais ça explique pourquoi la roue ou l'assiette est bien ronde et ne contient qu'une partie seulement de l'épaisseur du blindage,qui plus est,une partie dont les bords sont courbes eux aussi .
Tout ouvert à d'autres arguments bien sur .
Re: Artillerie Spéciale - Essais des munitions allemandes sur les chars
Bonjour
En réponse aux questions:
a : L inclinaison des blindages pour faire riper le projectile et offrir une épaisseur plus conséquente d' acier date d avant la premiere guerre mondiale ( Regardez juste la guerre de secession américaine , le CSS Virginia est un bon exemple). Maintenant construire un blinde avec des inclinaisons sur toute les faces n est pas chose facile...le front est privilégie
b : Le gaufrage avec du bois entre les plaques est loin d être avere sur les chars au combat ( Example , l interstice entre les plaques du Schneider est un excellent moyen de stocker l outillage tel pelles , pioches..)
c : Regardant les debris de blindages , les photos de blindes touches ( Anglais ou Français ) par des projectiles d ' artillerie montrent des brisures de plaques plus que des perforations circulaires. C était ainsi des morceaux complets de blindage qui partaient dans le blinde. Aussi les debris de petits projectiles qui passaient par les fentes de vision causaient des blessures aux hommes d equipage d ou l emploi des masques faciaux pour minimiser les degats...
J espère avoir répondu a vos questions
Cordialement
Olivier
En réponse aux questions:
a : L inclinaison des blindages pour faire riper le projectile et offrir une épaisseur plus conséquente d' acier date d avant la premiere guerre mondiale ( Regardez juste la guerre de secession américaine , le CSS Virginia est un bon exemple). Maintenant construire un blinde avec des inclinaisons sur toute les faces n est pas chose facile...le front est privilégie
b : Le gaufrage avec du bois entre les plaques est loin d être avere sur les chars au combat ( Example , l interstice entre les plaques du Schneider est un excellent moyen de stocker l outillage tel pelles , pioches..)
c : Regardant les debris de blindages , les photos de blindes touches ( Anglais ou Français ) par des projectiles d ' artillerie montrent des brisures de plaques plus que des perforations circulaires. C était ainsi des morceaux complets de blindage qui partaient dans le blinde. Aussi les debris de petits projectiles qui passaient par les fentes de vision causaient des blessures aux hommes d equipage d ou l emploi des masques faciaux pour minimiser les degats...
J espère avoir répondu a vos questions
Cordialement
Olivier
- Gardiendelombre
- Messages : 386
- Inscription : mer. nov. 16, 2011 1:00 am
- Ben El Mehli
- Messages : 419
- Inscription : lun. nov. 25, 2013 1:00 am
Re: Artillerie Spéciale - Essais des munitions allemandes sur les chars
Bonsoir à tous.
Merci à tous les deux pour vos réponses qui m'éclairent pleinement.
A bientôt.
Ben El Mehli
Merci à tous les deux pour vos réponses qui m'éclairent pleinement.
A bientôt.
Ben El Mehli