Bonsoir Jean-Pierre,
Voici quelques éléments qui devraient vous aider à mieux comprendre la carrière dans les chars de votre Grand-père.
Le décompte des temps de présence aux Armées et à l'Intérieur, de Pierre Noyelle, quand il était dans l'AS est totalement faux.
C'est souvent le cas dans l'AS où, même après-guerre, les subtilités d'affectation entre les centres AS de l'intérieur
et ceux de la Zone des Armées n'étaient pas toujours très bien comprises.
Venant du Dépôt du 60° RA, le Canonnier Pierre Noyelle, affecté dans l'Artillerie Spéciale le Vendredi 6 Avril 1917,
s'est présenté à Marly-le-Roi, au Fort du Trou d'Enfer à la 81° Batterie du 81° RALT.
Cette Batterie était alors le centre administratif de l'Artillerie Spéciale. Au trou d'Enfer étaient regroupés
tous les nouveaux mutés, affectés dans les unités de chars en création, ou dans les unités de soutien
et de service de l'AS ayant besoins de personnels.
Il est possible qu'il ait d'abord été envisagé de l'affecter dans une unité de chars en formation et que, ses problèmes de santé,
conséquences de ses blessures de guerre de 1914, ont alors amené le Commandement à le placer dans une fonction administrative.
Moins d'un mois après son arrivé dans le chars, il quitte Marly-le-Roi pour rejoindre le Camp de Champlieu le Jeudi 3 Mai 1917
et y être affecté à la TM 687. Il n'est alors plus en Zone de l'Intérieur, mais de nouveau en Zone des Armées.
A Champlieu, cette affectation à la TM 687 ne voulait absolument pas dire qu'il avait été muté à l'Etat-Major de l'AS.
La TM 687, en l'absence de structure administrative spécifique au camp, gérait tous les personnels
non affectés en Groupes et Groupements de chars.
Sans plus de détails écrits ou de relation verbale de sa part, il est impossible de préciser sa fonction exacte à Champlieu.
Le Camp de Champlieu était vaste, et les bicyclettes (réglementaires ou non) y étaient nombreuses. . . . .
Son affectation au Groupe AS 7 le Dimanche 16 Décembre 1917 ne change rien à sa situation à Champlieu.
Le Groupe AS 7, qui fut engagé au sein du Groupement Chaubès, dans les combats du 16 Avril 1917,
a été dissous, le 17 Décembre 1917 et remplacé le même jour par l'AS 300.
C'est cette affectation qui aurait du être mentionné sur la fiche Matricule de Pierre Noyelle qui, de fait,
n'aura alors été affecté q'un seul jour au Groupe AS 7 !
D'unité de chars, le Groupe AS 7 était devenu (depuis le 30 Novembre 1917) le Groupe Soutien du Camp de Champlieu
et il avait commencé à remplacer la TM 687 dans la fonction de gestion des personnels Hors Rang.
La mutation au 500° Régiment d'Artillerie Spéciale le Mercredi 1° Mai 1918 ne change rien à sa position.
La réorganisation de l'AS a amené le Commandement à créer un structure administrative propre à l'AS,
en remplacement de celle du 81° RALT.
Le 500° RAS devait le corps support des tous les personnels de l'AS quelque soit leur affectation dans les chars.
C'est pour cette raison qu'il porte, sur votre photo les pattes de col "500° RAS".
Sur des photos d'avant le 1° Mai 1918, il devrait porter celles du 81° RALT (toujours sur fond rouge de l'Artillerie).
La mutation du Lundi 29 Juillet 1918 à la 81° Batterie d'AS du 500° RAS marque la fin de sa période e
n Zone des Armées et son retouren Zone de l'Intérieur.
Sa fiche Matricule aurait donc du mentionner
- Zone des Armées du 03 Mai 1917 au 29 Juillet 1918.
Avec l'offensive allemande de Mars 1918 et la menace sur Compiègne, le Commandement a décidé de déplacer sur Orléans
toute la structure instruction et administrative de l'AS (en particulier tout ce qui concernait le char Renault FT).
Ne resteront finalement à Champlieu que les unités de Renaut FT bientôt opérationnelles et une bonne partie des installations
seront démontées et finalement réinstallées dans un nouveau camp d'AS à Bourron (Sud de Fontainebleau)
Fin Décembre 1917, le Camp AS de Marly-le-Roi avait été fermé et la 81° Batterie du 81° RALT avait rejoint,
au Camp AS de Cercottes, la 82° Batterie du 81° RALT, batterie en charge de l'instruction dans l'AS.
Le démontage de Champlieu explique certainement le maintien de personnels (dont probablement Pierre Noyelle)
jusqu'à la fin de Juillet 1918.
Arrivé au Camp de Cercottes le 16 Août 1918, Pierre Noyelle n'est resté qu'une quinzaine de jours à la 81° Batterie
et son affectation à la 82° Batterie n'aurait pu alors être expliquée que par ses témoignages directs.
Il est possible qu'une permission lui ait été accordé, avant que ne soit prise une décision pour son emploi.
Il est certain que la capture de prisonniers n'est pas une action qu'il a pu effectuer pendant son séjour dans les chars.
Cette action doit dater de son début de guerre.
En ce qui concerne son affectation initiale dans les chars, elle peut effectivement être le fruit d'un acte de volontariat
de sa part comme celui d'une décision de commandement d'affectation automatique.
Les unités recevaient régulièrement des demandes d'affectation pour l'AS et il était tout aussi possible de
les satisfaire par un appel à volontariat qu'à des désignations d'office . . . .
Pour ce qui est de son accident de bicyclette, il serait peut-être bons de contacter à Limoges le SAMHA
(Service des Archives Médicales et hospitalières des Armées), qui a peut-être son dossier médicale
avec des détails sur cet accident à Champlieu.
Il serait intéressant d'avoir le détail de la citation AS, qui est probablement une citation collective,
mais qui pourrait aussi correspondre à un événement, auquel il aurait pu participer.
Au de là de sa photo en portrait d'autres photos auraient pu permettre de compléter cette simple analyse de sa fiche matricule . . . . .
Bonne suite de recherche - Michel