En Août 2011, dans la rubrique du forum "Soldat de la Grande Guerre", un membre du forum posait quelques questions sur "Jean Binet-Valmer".
pages1418/qui-cherche-quoi/jean-binet-v ... 9127_1.htm
A ses questions, 5 éléments de réponses lui ont été fournies :
- un lien sur des photos d'identité,
- des éléments biographiques, tirés d'un livre de M. D'Hartoy édité par Berger-Levrault en 1923,
- des éléments biographiques, rédigés par Jean Norton Cru dans :
"Témoins. Essai d'analyse et de critique des souvenirs de combattant, édités en français de 1915 à 1928" (édition 1929)
- le témoignage d'un officier du 28° RI, qui croisa Binet-Valmer en Août 1918
- Un article de l'humanité de 1921 parlant de Binet-Valmer.
Finalement quelques pistes ouvertes qui n'ont pas été poursuivies dans un sujet qui se termine sur un assez laconique :
"Confirmé pour l'alcoolisme"
L'article de l'Humanité, difficilement lisible dans le sujet du forum, mais facile à retrouver sur internet est
un vrai réquisitoire contre Binet-Valmer. On y trouve les éléments qui ont amené au "Confirmé pour l'alcoolisme"
et une présentation à charge sur sa carrière militaire en 14-18.
Cet article (Journal L'Humanité n° 6340 du 3 Août 1921) est de Maurice Fourrier, qui fut lieutenant dans
l'Artillerie Spéciale pendant la guerre et qui, donc, cotoya Binet-Valmer dans les chars.
Cet article de Marcel Fourrier répond à celui de Binet-Valmer (le Figaro du 21 Juillet 1921), qui répondait à un
premier article de l'Humanité dans lequel, Gorki, demandait d'aider l'URSS . . . . .
"Le héros que vous fûtes . . . . Lettre ouverte à Binet-Valmer.
Vous avez, vous, Binet-Valmer, répondu à l'appel de Maxime Gorki.Vous l'avez fait,
Binet-Valmer, comme il convenait au porte-parôle des Généraux-assassins, des financiers
affameurs et des vieilles douairières de votre "ligue des chefs de sections", délaissant votre qualité
d'homme de lettres, acquise à bon compte parmi les cerveaux vides des mercantis de la pensée,
vous parlez, dites-vous, en tant que "" chef d'une association d'anciens combattants".
Anciens combattant, vous, Binet-Valmer ; Français, vous Binet-Valmer ? ex-porte-fanion d'un Général
et Suisse naturalisé.
Ce n'est pas que je vous reproche d'appartenir à une autre race que la mienne, et d'avoir fait la guerre
dans d'autres conditions que moi.
Ce qui est admissible de la part d'un internationaliste antimilitariste, devient odieux lorsqu'on se pose
comme vous en champion du nationalisme intégral.
Mais n'êtes-vous pas l'enfant gâté de la bande bourgeoise des profiteurs ?
Les petites anecdotes licencieuses pour femmes mures et adolescents en pubertés qui constituent
votre bagage littéraire ont fait de vous un romancier.
Au même titre, vos soit-disant exploits de guerre devaient vous consacrer héros.
Il vous était pourtant facile, Binet-Valmer, d'en accomplir d'authentiques dans l'infanterie,
puisque vous teniez tant à vous battre, dans la légion par exemple
Vous avez préféres le manche en bois du fanion du Général du Général de Trentinian à la crosse du flingue.
Vous auriez fait pourtant de si belles charges à la baïonnette.
Mais, porte-fanion, vous teniez déjà l'étrier d'un général et la bride de son cheval, et vous fumiez aussi,
ses cigares, sans doute.
Je ne vous ai connu qu'un peu plus tard, en 1917, quand vous étiez dans l'artillerie d'assaut.
Je vous ai croisé quelquefois sur cette grande route droite du camp de Champlieu, ce mêm camp
ou furent martyrisés, deux année plus tard, les soldats Russes !
Vous étiez monté en grade. Vous étiez lieutenant .
Je me souviens d'une figure qui étais alors blème et maigre, d'un nez arqué, d'un oeil terne derrière
le monocle, d'un képi enfoncé sur la tête, d'une pelisse.
Vous passiez dédaigneusement devant nos baraques.
N'étiez-vous pas l'intîme du Général Estienne et de son Etat-Major ?
La société des Généraux vous était profitable : l'un les galons, l'autre les croix !
Plus tard de votre séjour dans les tanks, Binet-Valmer, vous vous êtes fait une auréole de gloire !
Pourtant; durant de long mois que nous vécûmes côte à côte, Binet-Valmer, votre groupe ne se révéla
à la chronique scandaleuse du camp que par les excès ausquels vous prites part.
Votre bar, vos cocktails étaient célèbres, et vos sorties trébuchantes et vos chants d'ivrognes.
C'était ça votre guerre, ça votre gloire.
Puis vint Binet-Valmer, la fameuse attaque de la Malmaison, celle sur laquelle vous avez édité
votre réputation de guerrier. Votre Groupe et et le mien attaquèrent côte à côte.
Faut-il vous rappeler votre char en panne dans les tranchées françaises; bien avant l'heure de l'assaut.
Je ne veux pas à ce sujet vous remettre en mémoire certains incidents, on est sévère en face de la mort,
votre bonheur fut d'être légèrement blessé à une jambe.
Vous, de l'hopital confortable ou vous fûtes évacuer, vous avez joué au héros.
Vous prépariez l'après-guerre. Ensuite je vous ai perdu de vue, Binet-Valmer.
Vous avez, parait-il, commandé une Compagnie de Chars Renault; Heureux commandement qui vous permettait
de suivre l'attaque au fond d'un confortable PC de Division, en tête à tête avec un Général, tandis que les braves
bougres flambaient dans leurs carcasses de tôles d'acier éventrées par les obus, défoncées par les mines.
Vous eûtes sans doute beaucoup de morts dont vous portez les croix ! Soyez heureux vous fûtes le héros.
Et c'est vous Binet-Valmer qui répondez à Maxime Gorki. Vous qui parlez " des frères d'armes tués à . . .
par la trahison de Brest-Litovsk. . . " vous qui vantez "notre esprit de sacrifice" vous qui avez l'audace
de conseiller à Gorki de "risquer sa peau".
Nous savions déjà, Binet-Valmer, que vous étiez incapble de comprendre une idée pourvu qu'elle fût noble
et désintéressée. Vous ne pouvez juger les géants du communisme qu'à votre maigre gabarit.
Votre haine est servile, achetée, parée.
L'appel de Gorki, Binet-Valmer, ne s'adressait qu'aux "honnêtes gens". Vous l'avez oublié. - Marcel Fourrier"
Le 22 Juillet 1921, Binet-Valmer, en réponse à un appel de Marcel Cachin, publia dans Le Figaro n° 203 la lettre qui suit :
"Lettre ouverte à Maxime Gorki (Le Figaro n° 203 du Le 22 Juillet 1921)
Maxime Gorki, les journaux annoncent que vous avez envoyé, par l'intermédiaire de MM. Anatole France, Gerhard Haupt-
mann et Blasco Ibanez, un appel « à tous les honnêtes gens » en faveur des millions de Russes qui se trouvent sous la
menace de périr de faim. Le chef d'une association d'anciens combattants français a le droit et le devoir de vous répondre.
Nous ne sommes pas restés indifférents à la détresse de cette nation qui fut notre alliée, et à laquelle appartinrent Tolstoï
et Dostoïeysky, ces vastes génies. Depuis plusieurs semaines, je sais que les paysans de la Sainte-Russie quittent leurs
villages et s'en vont vers l'Est, à là recherche du czar indien. C'est un personnage mythique. Un czar, c'est-à-dire un chef
qui sait nourrir ceux qui ont eu confiance en lui.
D'autre part, nous avons près de nous ceux de vos compatriotes qui, en France, meurent de faim, exilés par ces soviets
que votre grand talent a défendus. Nous les aidons de toutes nos forces, non pas à conspirer, mais à vivre.
Nous aidons encore à vivre les anciens combattants français qui possèdent des fonds d'Etat russes et que votre révolu-
tion a ruinés. Bien mieux, nous essayons d'apaiser les veuves et les mères de nos frères d'armes tués à l'ennemi en 1918,
et qui nous disent : Sans la trahison de Brest-Litovsk, mon mari, mon fils ne serait pas mort.
Nous essayons de faire notre devoir envers la Russie parce que nous nous souvenons de l'automne 1914, et que peut-,
être reste-t-il dans l'empire des Trotski et des Lénine quelques milliers d'anciens, combattants qui ont risqué leur vie pour
la cause commune.
Mais vous avez écrit une phrase, abominable - « Si les idées humanitaires, ébranlées par la guerre maudite et par la cruauté
des vainqueurs envers les vaincus peuvent et doivent revivre. »
La cruauté des vainqueurs envers les vaincus ? Maxime Gorki, ah poète,- débarrassez-vous de la clémence de vos
maîtres» venez chez nous, parcourez nos régions dévastées non par la guerre civile mais par la barbarie de l'envahisseur,
voyez ces champs que la ténacité française a cultivé, voyez ces caves où souffre la famille paysanne, ces caves..
sous une maison écroulée, et comprenez, vous qui connaissez les humbles, comprenez que votre expression « la cruauté
des vainqueurs » est un blasphème. Comprenez que la famine anéantirait le peuple de France si le peuple de France avait
été assez fou pour suivre un Lénine et un Trotski. «
Vous avez défendu ces hommes-là. Nous ne cesserons pas d'admirer en vous l'écrivain, mais nous méprisons l'homme.
Nous le mépriserons jusqu'à ce qu'il se soit réhabilité en dénonçant à la face du monde l'horrible autocratie qui conduit
la Sainte-Russie à la ruine, à la misère, à la mort..
Nous savons que Je choléra fait rage, que la peste empoisonne le sang, que des millions d'êtres sont à la torture, et, de
toutes nos forces, nous voudrions les aider: Vouer sa vie à cette œuvre, quelle mission pour un poète Maxime Gorki,
pourquoi n'êtes-vous pas ce poèle-là ? Avez-vous peur ? Vous ne faites que gémir. Il faut agir, mon camarade.. Que
îr.ôles-vous à la tète de vos compatriotes qui marchent vers l'Est à la recherche du mythique Czar Indien ? `?
Que demandez-vous à M. Anatole France ? De l'argent, les fidèles de M. Anatole France, les coryphées de l'Humanité,
du Populaire, du Journal du Peuple, de l'lnternationale, n'ont que l'argent envoyé par vos maîtres pour propager dans
notre pays les mauvaises doctrines qui vous ont conduits à la famine. '~
Que demandez-vous à Gerhard Hauptmann De l'argent ? Ce grand écrivain germanique ne saurait vous envoyer quoi
que ce soit, puisque son peuple n'a pas reconstruit la chaumière détruite par les obus du Kaiser.
Que demandez-vous à Blasco Ibanez ? De l'argent. Mais non, vous demandez du blé, vous demandez que l'on nourrisse
ces foules qui cheminent vers l'Est.
Pas plus que nous n'avons d'argent, nous n'avons de blé, Maxime Gorki. Vous faites appel à la solidarité humaine.
Qui donc a trahi cette solidarité ? Elle n'existe qu'étayée par des principes qui sont à la base de la civilisation. Le premier de
tous est le respect de la parole donnée. Or, le gouvernement, dont Vous vous faites l'avocat a manqué deux fois à la `
parole donnée il a signe é la paix de Bresl-Litovsk, abandonnant ses alliés. Il ne paie pas les intérêts de la dette que la
Russie tout entière a contractée à l'égard des petits bourgeois français.
Avec quelle joie nous répondrions à votre appel, avec quelle joie nous nous ferions l'écho de votre cri d'angoisse, si,
risquant la mort, vous osiez écrire que le monde ne sera jamais apaisé tant que l'immense peuple slave souffrira de la
gangrène bolchevique.
Vous écrivez « La cruauté des vainqueurs envers les vaincus. » Votre appel, nous ne l'entendons pas. En France
aussi, on a faim, on est dans la misère. Toutes nos forces, nous les réservons à "soulager les Français qui s'attachent
à la terre, qui ne partent pas à la recherche de quelque Sauveur, qui vivent dans la cave et cultivent leurs champs, et si
nous avons un surcroît d'énergie, nous aiderons nos frères d'armes, les Russes exilés, les Russes qui n'ont pas trahi,
et que Lénine et Trotski fusilleraient impitoyablement s'ils franchissaient, les.frontières de ces immenses territoires que
vos protecteurs ont transformés .en régions infernales.
Maxime Gorki, soyez digne de vous- même, jetez ce cri de révolte que le monde attend, donnez un évangile à ces
foules en déroute. Risquez votre peau, mais protestez contre l'absurde tyrannie" qui a créé la famine.
N'écrivez pas à Gerhard Hauptmann. Et alors, je vous jure que nous tous qui avons prouvé notre esprit de sacrifice,
nous essaierons de nous sacrifier encore pour sauver ce peuple que, le choléra décime, que la peste tenaille, que
la faim détruit. Rien pour les alliés de Lénine, Trotski et Gerhard Hauptmann, tout pour la Russie régénérée.
Ayez du courage, Maxime Gorki. Parlez à ce peuple qui va mourir. Groupez-le. Chassez ceux qui l'ont affamé.
Et nous serons avec vous, et vous verrez si les «sentiments. altruistes » ont perdu leur
force, s'il,n'est pas une autre beauté que celle de l'anarchie. Binet-Valmer."
Pour en finir et disposer de tous les éléments, voici l'appel de Maxime Gorki, relayé par Marcel Cachin
et publié l'Humanité n° 6328 du 22 Juillet 1921.
C'est ce premier article qui a lancé cette joute épistolaire entre nos deux lieutenants !
"Deux étés de sécheresse inouïe sont venus ajouter leurs conséquences fatales aux méfaits du blocus
et une disette générale menace la République des Soviets.
Maxime Gorki jette au monde entier un cri déchirant Je prie tous les honnêtes gens de venir immédiatement
en aide aux populations des provinces frappées par la mauvaise récolte et d'organiser l'envoi de secours en Russie.
"La détresse russe est le résultat du bolchevisme ", lui ripostent les canailles de notre presse capitaliste,
et certains révolutionnaires repentis leur font chorus. Et au lieu de répondre aux appels du grand écrivain,
la bourgeoisie française et tous ses valets vendus couvrent d'outrages le Communisme dont une fois de plus
ils escomptent l'écroulement.
Depuis près de quatre années, ils s'acharnent sans pitié contre la grande révolution qui les épouvante.
Ils continuent, de fait, d'encercler, de bloquer, c'est à dire d'affamer tout un peuple.
Si les suites de deux mauvaises récoltes sont à la veille de devenir là-bas à ce point désastreuses, le blocus, est
la cause première de là calamité.
Gorki réclame pour sa malheureuse nation meurtrie du pain et des médicaments.
A Paris, banquiers, capitalistes et gouvernants décident d'aggraver encore l'encerclement de la Russie;
ils expédient en Roumanie et en Pologne d'immenses quantité d'armes, de munitions avec des officiers.
Sans doute attendent-ils le moment propice pour donner le coup de grâce aux victimes de leur politique de cruauté.
La prétendue civilisation capitaliste donne ici à plein la mesure de son ignominie. Des millions d'hommes, de femmes et d'enfants
innocents sont guettés par la famine et les épidémies. Pas une parole pitoyable ne s'élève pour exiger qu'on les secoure.
Chrétiens des diverses Eglises, athées et philosophe sont également, muets. La haine des classes possédantes contre le Communisme
a étouffé chez tous les élémentaires sentiments d'humanité et de solidarité. Périsse le peuple russe puisqu'il a laissé naître et grandir le
bolchevisme odieux aux Riches et aux Nantis
Nulle parole de bonté ne jaillit d'aucune de ces âmes. Quelques-uns de nos journaux se demandent seulement avec effroi si l'ex-
cès de la misère en Orient ne menace pas par contagion les nations occidentales elles- mêmes. Pleins de terreur, ils évoquent les
noirs cavaliers de l'Apocalypse, la guerre, la famine et la peste, et ils de demandent si cette fois leur civilisation industrielle
est en état de résister aux fléaux que le régime a déchaînés.
Marcel Cachin"
Qui était Marcel Fourrier ?
Marcel Edouard Fourrier (Dossier officier du SHD 8Ye 13440 : rayé des cadres le 11 Août 1945)
Né le 11 Août 1895 à Batna (Algérie) et mort accidentellement le 22 avril 1966 dans l'Isère.
Etudiant en droit, avant guerre, et avocat inscrit au Barreau de Paris en 1927.
Engagé volontaire en Novembre 1914, il est nommé Sous-Lieutenant en Juillet 1916.
Il rejoint l'Artillerie Spéciale en Novembre 1916 et y sera affecté, sur char St Chamond, au Groupe AS 31.
A ce titre, et après un début de guerre dans l'infanterie, il participe aux combats de :
- Laffaux (5 Mai 1917 et 23 Octobre 1917)
- Méry (11 Juin 1918), auquel son Groupe de chars ne participe finalement pas.
- Longpont (17 au 25 Juillet 1918).
L'engagement de juillet 1918 est le dernier du Groupe AS 31 qui termine la Guerre au Camp de Martigny-les-Bains.
Ce Groupe aurait du être engagé dans l'action d'envergure avec les chars qui se préparait pour le 19 Novembre 1918.
Après guerre, une fois démobilisé, il devient :
journaliste à la revue Clarté (1919 - 1928),
rédacteur à l'Humanité (jusqu'en 1928),
journaliste à "La lutte des classes", au "Franc-Tireur" et à Libération après la 2° Guerre Mondiale.
Il est, après la guerre 14-18, membre du parti communiste (dont il est exclu en 1928), puis membre de la SFIO et du PSU.
Sur la guerre, il publie avec Maurice Gagneur : "avec les chars d'Assaut" (Hachette, Juillet 1919), dans lequel ils racontent leur guerre dans les chars.
Et aussi :

Qui était Binet-Valmer ?
Jean Auguste Gustave Binet, dit Binet-Valmer (1875 - 1940)
Ecrivain de nationalité suisse, déjà connu avant guerre, il est âgé de 39 ans à la déclaration de guerre.
Il a posé, en Juillet 1914, une demande de naturalisation française, qui lui sera accordé début Août 1914.
Il s'engage à la mi-Août, et comme le raconte bien son livre "Mémoire d'un engagé volontaire" son parcours de début
de guerre, jusqu'à sa nomination au grade de Sous-lieutenant est, c'est le moins qu'on puisse dire, des plus atypique !
Comme Marcel Fourrier,il rejoint les chars fin 1916 et y est affecté, sur char Schneider, au Groupe AS 12.
Combats du 23 Octobre 1917 à La Malmaison (appui 38° DI /RICM).
Légérement blessé le 23 Octobre 1917, il sera affecté en 1918 au 504° RAS (10° BCL - AS 330)
Combats du 1° Août 1918 au Grand Rozoy (appui 127° DI /98° et 105° RI).
Combats du 10 Août 1918 à Lataule et Ressons-sur-Matz (appui 6° DI - 28° RI)
Combats du 26 Septembre 1918 dans le secteur de Souain (appui de 407° de la 151° DI).
De nouveau blessé, c'est son dernier engagment avec les chars

La Malmaison, 23 Octobre 1917.

Le Grand Rozoy, 1° Août 1918.

St Maur / Ressons-sur-Matz, 10 Août 1918.

Ferme Navarrin /Ste Marie-à-Py, 26 Septembre/3 Octobre 1918.
Ce même 26 Septembre 1918, le Ministre de la guerre demandait à l'AS de mettre le Lt Binet Valmer à sa disposition.
Ce à quoi il lui était répondu, le 11 Octobre 1918, que l'intéressé, blessé le 26 Septembre, se trouvait à Paris à l'hopital Astoria.
En définitive, sa carrière char est plus "riche" que celle de marcel Fourrier. Un combat de plus !
En 1919 il fonde la "Ligue des chefs de section et du soldat combattant", participe à la proposition
de transférer le Soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe et sera un des organisateurs de la Clairière de l'armistice
Le texte inscrit sur la dalle de la clairière de l'Armistice a été rédigé par lui.
On le voit bien, au travers de ces articles, que les positions politiques de Marcel Fourrier et Jean Binet-Valmer
étaient totalement opposées.
Si l'article de Binet-Valmer défendait bien ses positions idéologiques, celui de Marcel Fourrier,
avant de défendre les positions de Gorki, tendait surtout à détruire l'image de Binet-Valmer.
Une méthode médiatique utilisée de tout temps et toutes tendances confondues . . . .
Les références utilisées par Marcel Fourrier, ancien des chars comme Binet-Valmer, viennent, pour la plupart,
des informations trouvées dans le livre de Binet-Valmer sur sa guerre.
Il ignore volontairement (ou involontairement) la suite de la carrière dans les chars de son adversaire.
Il n'est d'ailleurs pas le seul à n'utiliser que les informations du livre de Binet-Valmer (écrit fin 1917).
Louis Krémer (1883 - 1918) dans "Lettres à Henry Charpentier (1914-1918)" et Jean Norton Cru (1879 - 1949)
dans "Témoins" publié en 1929 n'ont aussi effectivement que les références de son livre pour parler de la guerre
de Binet-Valmer.
A la lumière de ces quelques éléments sur la guerre dans les chars de Binet-Valmer, les affirmations de Marcel Fourrier,
dans son article de l'humanité, se révèle un peu légère, très orientées et diffamatoires.
"Il vous était pourtant facile, Binet-Valmer, d'en accomplir d'authentiques dans l'infanterie,
puisque vous teniez tant à vous battre, dans la légion par exemple
Vous avez préféres le manche en bois du fanion du Général du Général de Trentinian à la crosse du flingue.
Vous auriez fait pourtant de si belles charges à la baïonnette.
Mais, porte-fanion, vous teniez déjà l'étrier d'un général et la bride de son cheval, et vous fumiez aussi,
ses cigares, sans doute."
Les critiques de Marcel Fourrier sur son engagement dans la guerre ne tiennent pas la route, dans la mesure ou,
il n'avait fait aucun service militaire et son âge l'aurait probablement fait directement affecté dans la territoriale.
Par ailleurs, devenu français par décret en Août 1914, il ne pouvait pas s'engager dans la Légion Etrangère.
Son livre fait bien ressortir cette aspect très particulier de son engagement dans cette guerre, et il ne cherche pas à le cacher.
Visiblement, cet aspect de sa carrière militaire, dans un livre publié pendant la guerre, ne semble pas avoir poser de problème
à ses lecteurs et avoir oblitéré son succès.
"Je ne vous ai connu qu'un peu plus tard, en 1917, quand vous étiez dans l'artillerie d'assaut.
Je vous ai croisé quelquefois sur cette grande route droite du camp de Champlieu, ce même camp
ou furent martyrisés, deux année plus tard, les soldats Russes !
Vous étiez monté en grade. Vous étiez lieutenant."
Le camp de Champlieu a servi a cantonné des soldats Russes pro-bolchéviques (Fin 1918 et plus probablement début 1919).
[#0e00f0]"Je me souviens d'une figure qui étais alors blème et maigre, d'un nez arqué, d'un oeil terne derrière
le monocle, d'un képi enfoncé sur la tête, d'une pelisse."[/#0000ff]
[#0000ff]"Vous passiez dédaigneusement devant nos baraques." [/#0000ff]
Le Groupe AS 31 était installé, le long de la lisière, au niveau du milieu du terrain d'exercice.
La position du Groupe AS 12 n'est pas identifiée, mais il n'était pas à côté de l'AS 31.
La concurrence entre les Schneider et St Chamond était connue et les déboires du St Chamond ont
beaucoup fait causer dans les chaumières . . . .
[#0e00f0]"N'étiez-vous pas l'intîme du Général Estienne et de son Etat-Major ?"[/#0000ff]
Pas plus que les autres officiers et Binet-Valmer n'était pas affecté à Orrouy dans l'Etat-Major
du Général, mais bien au camp comme Marcel Fourrier.
Il pouvait donc, à l'occasion et comme les autres, voir le Général, quand celui-ci montait au camp.
[#0000ff]"La société des Généraux vous était profitable : l'un les galons, l'autre les croix !"[/#0000ff]
Si c'est vrai pour ses différentes nominations, ses citations dans les chars sont aussi méritées que celles de Marcel Fourrier
Plus tard de votre séjour dans les tanks, Binet-Valmer, vous vous êtes fait une auréole de gloire !
Comme le disent les Américains : " il a fait le job" !
Pourtant; durant de long mois que nous vécûmes côte à côte, Binet-Valmer, votre groupe ne se révéla à la chronique
scandaleuse du camp que par les excès auxquels vous prites part. [#0000ff]
Votre bar, vos cocktails étaient célèbres, et vos sorties trébuchantes et vos chants d'ivrognes.
C'était ça votre guerre, ça votre gloire.
Dommage que Marcel Fourrier n'ait pas abordé ce chapître des "à côté" de la vie de Champlieu . . . car l'AS 12 ne devait pas être
le seul Groupe dont les personnels faisaient la fête.
S'il existe quelques documents sur les virées sur Paris, il a malheureusement manqué un vrai chroniqueur de la vie de tous les jours.
[#0000ff]"Puis vint Binet-Valmer, la fameuse attaque de la Malmaison, celle sur laquelle vous avez édité votre réputation de guerrier." [/#0000ff]
C'est le seul engagement qu'évoque Marcel Fourrier, car le livre de Binet-Valmer n'évoque pas les suivants . . . .
[#0000ff]"Votre Groupe et et le mien attaquèrent côte à côte."[/#0e00f0]
Pas tout à fait tout de même ! Marcel Fourrier n'est pas un témoin direct des déboires de l'AS 12 vers les carrières de Bohéry.
[#0000ff]"Faut-il vous rappeler votre char en panne dans les tranchées françaises; bien avant l'heure de l'assaut."[/#0000ff][/#0000ff]
C'est l'hopital qui se moque de la charité car les chars St Chamond n'ont pas tous été brillants dans cet engagement.
"Je ne veux pas à ce sujet vous remettre en mémoire certains incidents, on est sévère en face de la mort,
votre bonheur fut d'être légèrement blessé à une jambe. Vous, de l'hopital confortable ou vous fûtes évacuer, vous avez joué au héros.
Vous prépariez l'après-guerre."
Binet-Valmer a écrit son bouquin à l'hopital, et il a été publié pendant la guerre.
Celui de Marcel Fourrier est sorti juste après-guerre.
Probablement aussi écrit durant la guerre.
Une jalousie d'écrivain ? ?
"Ensuite je vous ai perdu de vue, Binet-Valmer."
C'est vrai que, dans la suite de la guerre ils avaient assez peu chance de beaucoup se recroiser, mais Marcel Fourrier aurait,
sans difficultés, pu avoir des infos sur la suite de la carrière char de Binet-Valmer
Il aurait alors manqué de cartouches pour la fin de son article ! Mais peut-être savait-il . . . . .
"Vous avez, parait-il, commandé une Compagnie de Chars Renault;"
Totalement faux, il commandait une section de 5 Renault FT et à La Malmaison (en Octobre 1917) une Batterie de 3 Schneider M1.
"Heureux commandement qui vous permettait de suivre l'attaque au fond d'un confortable PC
de Division, en tête à tête avec un Général, tandis que les braves bougres flambaient dans leurs carcasses
de tôles d'acier éventrées par les obus, défoncées par les mines".
Et donc, il était au combat dans la tourelle de son char, bien loin des PC de Division . . . . .
"Vous eûtes sans doute beaucoup de morts dont vous portez les croix !"
D'Octobre 17 à Novembre 1918, le Groupe AS 12 a eu 25 tués et d'Août à Novembre 18, l'AS 330
à eu 15 tués . . . . .
Le deuxième point intéressant concerne le témoignage du S/Lt Prieur du 28° RI qui croisa Binet-Valmer le 10 Août 1918
vers Ressons-sur-Matz.
Le 10° BCL est engagé devant Lataule et St Maur, en appui des 165° et 6° DI qui attaquent en direction de Cuvilly et Ressons-sur-Matz.
Le Bataillon de char du 504° RAS, n'engagera dans ces combats que 6 Sections de chars.

Les JMO de la 6° DI n'évoque que très peu la participation des chars du 10° BCL dans cette attaque.
Ceux du 28° RI et du 119° RI n'en parlent pas un mot . . . .
Si l'historique du 28° RI n'est pas plus bavard que son JMO, celui du 119° RI est détaillé et élogieux
pour la participation des 2 sections de l'AS 330 dans la prise de Ressons-sur-Matz.
Il n'existe que peu de document de l'AS sur ces combats et les rapports de combats n'ont pas été conservés.
Le JMO du 504° RAS n'existe pas et l'historique n'est pas très riche en détail.
Il reste les ordres d'Opérations du 10° BCL et de la 6° DI qui sont précis et assez détaillés.
Le 10° BCL débarque le 6 Août 18 au soir à Moyenneville.
Les Sections de chars devant être engagés le 10 matin sont en Position d'Attente dans la nuit du 8 au 9 :
dans le Bois de Genlis (face à Lataule)
dans les bois des Rouges Terres (face à St Maur).
Aucun document ne laisse à penser que les chars aient pu organiser une instruction chars pour les Régiments engagés.
On peut donc se demander où le S/Lt Prieur, qui cite deux fois Binet-Valmer a pu le rencontrer.
Il est possible que ce soit le 9 Août sur la position d'Attente des Rouges Terres, mais pas impossible non plus
qu'il n'ait pas fait que le croiser à deux reprises dans les combats.
Quoiqu'il en soit le récit d'Emile Prieur, simplement partiellement repris dans un bulletin de l'amicale du 28° RI,
ne cite pas notre chef de char en termes élogieux . . .

(en bleu, itinéraire de la 3° Section de l'AS 330 du Lt Binet-Valmer - en vert, itinéraire du Bataillon du S/Lt Prieur)
« Je suis doublé à ma gauche par de petits tanks Renault ; le chef, en bras de chemise,
se tourne vers moi et hurle : « Où sont les Boches ? Je luis fais signe d’aller voir plus loin ».
La Compagnie du S/Lt Prieur était en deuxième échelon du 1/28° en début de combat, c'est probablement dans cette
phase de l'attaque qu'il a pu apercevoir les 5 Renault de l'AS 330.
La tenue "bras de chemise" est des plus surprenante. La veste de cuir était la seule protection contre l'incendie,
et il ne semble pas exister de rapport, récit ou photos de l'AS permettant de confirmer ce propos.
Il devait alors être 5 heures du matin et la chaleur devait être des plus supportable.
Visiblement placé assis en extérieur de sa tourelle, Binet-Valmer, s'il ne s'est pas arrêté, a du crier pour couvrir
le bruit du char. Nous sommes ici assez loin de l'idée que cette phrase laissait sous-entendre . . . . .
« A la sortie du bois de Ressons, nous trouvons un pauvre type tué dans le dos, par un obus de 37…
Il s’agit du malheureux Lengagne, victime de l’exaltation alcoolique du « chef qui hurle » : Binet-Valmier."
Le canon de 37 mm n'était pas uniquement utilisé par le char Renault . . . , et si les chars ont pu aussi effectivement
exécuter un tir fratricide, rien n'indique que ce soit le cas ici.
Dans au moins un ou deux cas connus, il y a eu rapport et enquête.
Les chars de la section Binet-Valmer ont d'abord poussé leur attaque vers la Ferme Bellicourt, avant de repartir
vers la lisière Nord du Bois de Ressons. Si incident il y a eu, celà peut être là.
De là a en conclure a un geste du à "l’exaltation alcoolique" . . . .
La section de char comprenait deux FT canon de 37 mm.
Le récit du S/Lt Prieur ne précise pas à quelle compagnie appartenait cet homme et s'il y a eu des témoins.
Après-guerre, d'autres opinions sur le Lt Binet-Valmer sont de la même veine.
C'est le cas de Jean Norton Cru (Témoins, page 275) :
« Binet-Valmer a été un véritable mousquetaire, il a voulu courir toutes les aventures de la guerre, et il y a réussi, sans vouloir
s’astreindre cependant à l’aventure la plus commune, la plus essentielle : celle du fantassin.
S’il faut avouer qu’il s’exposa plus que Barrès, il faut se rendre compte qu’il y a loin entre le sort d’un porte-fanion divisionnaire
et celui d’un capitaine ou un soldat de compagnie.
Je dirai maintenant, qu’en somme, Binet-Valmer s’est assez bien tiré de sa tâche d’approvisionneur de la presse,
que ses récits sont infiniment plus vrais que ceux que l’on écrivait à Paris… »
Et le 29 mai 1918, Louis Krémer "a encore ces mots acerbes pour un faux témoin de la guerre des fantassins" :
« Dans un livre héroïque, Binet-Valmer narre ses campagnes magnifiques d’officier auto-mitrailleur,
de chevalier de l’escorte divisionnaire, etc. Quelle dérision ! »
La encore, il s'agit d'une réaction à ce livre qui ne couvre pas la période 1918 de la guerre du Lt Binet-Valmer.
Publié en article, durant la guerre, dans "le Journal", il semble évident que l'idée de la guerre qu'il diffusait, était loin
de faire l'unanimité auprès des combattants . . . .
Finalement, Binet-Valmer aurait été plus à sa place dans une fonction de correspondant de guerre.
Il est intéressant de noter qu'au moment du dernier engagement avec sa section de chars, c'est le Ministre de la Guerre
qui réclamait sa présence à Paris.
S'agissait-il d'une demande venu d'en haut, ou avait-il souhaité découvrir d'autres aspects de cette guerre . . . . . ?
En publiant, après-guerre, un recueil de ses articles, Binet-Valmer aurait alors du y rajouter le récit de sa dernière année dans les chars.
Il est probable que ce rajout aurait amené d'autres types de réaction, même si la guerre fini des opinions politiques très opposées
ne pouvaient finalement que s'affronter.
Son livre reste toute fois intéressant à lire car, il montre bien qu'il existait de nombreuses façons d'être, volontairement
ou non à côté de la guerre. Les équipages de chars en sont un bon exemple.
Dans l'Artillerie Spéciale, nombreux sont ceux qui, arrivés dans les chars à l'hiver 1916, n'ont finalement été engagés au combat qu'en Juin 1918 . . . . .
Bonne lecture - Michel