Le petit-neveu du MdL Pierre Auguste Louis Adolphe Chrissement ayant souhaité avoir des précisions sur la mort de son Grand-oncle,
voici quelques informations sur les combats de Méry du 11 Juin 1918, pendant lesquels il a été tué.
Il appartenait au Groupe AS 15. Ce Groupe, arrivé début Mai à Champlieu, est affecté le 3 Mai 1917 au Groupement
de Schneider n° III (Groupe 1, AS 6, AS 10 et AS 15).
C'est la seule unité de ce Groupement qui n'a encore jamais été engagée.
Son combat, dans le secteur de Méry, sera le premier.

Sur la carte figure la position des chars Orens et Chrissement, au moment où ils ont été touchés.
Le village de Belloy n'était pas encore pris, et c'est probablement de là que venaient les tirs de mitrailleuses, tirant sur le char.
Le Schneider a vu sa chenille coupée par un éclat d'obus. C'était généralement des écats de gros calibre (obus de 10 Cm, 15 cm ou 21 cm).
Le tir qui a tué notre Maréchal des logis et son Brigadier est plus probablement un tir de 77.

Cette photo de Pierre Chrissement, prise par le Maréchal des Logis Cambien, a du être faite entre Mai et l'été 1917.
En effet, comme le montre le réservoir placé à l'avant, ce Schneider est encore aux normes M1.
Plusieurs photos de cette époque le montrent avec le Lt Joussard. Il était probablement alors son sous-chef de char.
Il est impossible de dire si ce char est bien le n° 61248, dans lequel il sera tué le 11 juin 1918.

Rapport du Canonnier Martinet (mécanicien du char) et du Canonnier Soulier (mitrailleur).
"Char 248
Chef de char Maréchal des Logis Chrissement.
Notre char a suivi constamment le char du Lt Orens qui était notre chef de section.
Nous étions à sa droite et à environ 50 mètres, au moment ou notre char a été touché.
Ordre reçu :
Je suis été au char au Lt Orens demander ce qu'ils nous fallaient faire.
Les chars de la deuxième Batterie se repliaient, il m'a dit de rester à sa droite et de faire le même mouvement que lui.
De retour à mon char, nous cherchions une mitrailleuse qui était à notre droite et nous tirait dessus.
A ce moment, la chenille de droite a été coupée, nos fantassins d'accompagnement nous ont crié d'arrêter, je suis sorti,
la chenille était complétement déroulée et le moteur à caler.
Les fantassins se sont repliés.
Je me suis couché à gauche du char et à sa hauteur.
Je suis revenu au char comme un deuxième obus venait de rentrer au-dessus du canon.
J'ai vu le mitrailleur Soulier qui saute du char en me disant qu'il était blessé.
Je l'ai amener à une trentaine de mètres du char et fait quitté sa veste et nous nous somme aperçu qu'il n'avait rien.
Nous avons trouvé à ce moment le Lt du Halgouët qui nous a dit que le Lt Orens n'avait plus d'équipage
et de retourner voir voir notre char.
Nous revenons et nous trouvons le mitrailleur Merle étendu le long de la chenille.
Nous lui avons demandé ce qu'il avait, il était blessé à la cuisse gauche et avait ligaturé sa jambe avec son mouchoir.
Je lui ai dit que j'allais le mettre dans un trou d'obus qui était à quelques mètres du char, il s'est retourné sur le dos
et je l'ai pris par l'épaule et aidé à se trainer environ deux mètres.
Il m'a dit de le laisser qu'il souffrait trop et que je me ferais tuer (la mitrailleuse nous tirait dessus).
Je l'ai laissé n'étant pas assez fort pour le porter.
Je suis revenu au char et ai trouvé Soulier qui en redescendait.
Je suis monté et ai vu le Brigadier David, le dos contre le contre-poids de la mitrailleuse de gauche et la tête pendante sur la poitrine,
et le MdL Chrissement était tombé sur le canon, tout deux étaient morts.
Je suis redescendu et ai trouvé Soulier un peu plus loin et nous avons passé dans un boyau ou nous avons trouvé le Lt Orens qui se repliait
avec son équipage, et nous lui avons rendu compte de ce qui nous été arrivé.
Il nous a dit de le suivre et nous avons été dans un chemin creux.
Il nous a dit de ne pas retourner à notre char, qu'il était repéré et de l'attendre, qu'il allait voir.
Nous l'avons attendu environ une demi-heure et ne le voyant pas revenir,
nous somme parti avec avec son équipage et quelques hommes de la deuxième Batterie."
Le Lt du Halgouët était le commandant de la 1° Batterie.
Logiquement, l'équipage du Schneider comprenait 6 hommes, il manquerait donc un des mitrailleurs. Mais peut-être n'étaient-ils que 5.
Le canonnier Marius Joseph Merle, abandonné blessé près du char, est mort aussi ce jour-là . . . . .
Il est enterré, comme Pierre Chrissement et 25 autres membres des équipages de chars, à La Nécropole de Méry-la-Bataille.
Quand au Lieutenant Orens, il est tout simplement parti rejoindre un autre char du Groupe, le Schneider M1 n° 61041 du MdL Ménard.
Son char (le 61346) et celui de son subordonné (le 61248) étant hors de combat, notre lieutenant avait basculé dans le 61041,
après avoir mis ses deux équipages à l'abri.
Il sera blessé aux yeux en pilotant ce char contre une contre-offensive allemande venue de Lataule.
A suivre - Michel