A la page 14 de son dernier livre sur les chars français de la première guerre mondiale, Steve Zaloga publie une photo intéressante du
Schneider M2 du musée de Saumur, Schneider qui avait été donné aux Américains aprés la première mondiale.
( Osprey-New Vanguard n° 173 - French Tanks of Word war 1 - Steve Zaloga )
Ce thème a déjà été abordé dans les deux sujets qui suivent :
pages1418/Pages-d-Histoire-Artillerie/A ... _584_1.htm
pages1418/Pages-d-Histoire-Artillerie/A ... _579_1.htm
S'il avait été possible, grace aux archives de Vincennes, d'identifier le St Chamond livré aux américains, le numéro du Schneider était resté inconnu.
Cette photo du Schneider prise, aux Etats-Unis, sur le terrain d'Aberdeen et publiée par Steve Zaloga, pourrait répondre à la question.

Le char, comme tous les matériels regroupés là par les Américains, avait été repeint d'un gris uniforme qui avait masqué le camouflage initial du char.
On peut lire une inscription sur l'arrière du réservoir de droite :
En blanc sur le fond gris les 4 lettres FXCV
En blanc sur un fond plus foncé le nombre 127

Les quatres lettres pourraient correspondre à : Foreign Exchange Combat Vehicle
Ce pourrait être un marquage spécifique du Centre d'Aberdeen pour ce type de Véhicule de Combat, non américain, donné dans le cadre d'un échange entre alliés.
C'est, bien sur, une hypothèse qui reste à vérifier. . . .
Le nombre 217 semble correspondre à une couche plus ancienne de la peinture du char.
Lors de la peinture du char en gris, ces trois chiffres pourraient avoir été délibéremment gardés tels qu'ils étaient initialement.
Si cette hypothèse est la bonne il pourrait s'agir du numéro de char de ce Schneider.
Il s'agirait donc du Schneider CA1 M2 n° 61217.
Le Schneider M2 n° 61217 appartenait au Groupe AS 10.
Ce Groupe de char faisait partie du Groupement d'AS n° III (avec les Groupes AS 1, AS 6 et AS 15).
Le 11 Juin 1918 le Groupe AS 10 est engagé en direction de Méry. Il participe au nettoyage de la ville avec le 3° Bataillon du 114° RI et se déploie au lisière Est de Méry.
En fin d'après-midi, il reste 4 chars en état de combattre à l'AS 10.
Trois de ces chars sont mis à la disposition du 125° RI pour appuyer une attaque vers le Bois du Merlier, le 13 Juin 1918 vers 3 heures du matin.
Les trois chars, aux ordres du Lt Imbert (les Schneider n° 61217, 61345 et le 61043) se rassemblent, aux lisières Sud de Méry, sur le chemin de la ferme de Beauchemont.
Le 13 Juin à 2h 35, un tir d'artillerie allemand met hors de combat, sur la position de Départ, le Schneider n° 61217.
Ce char, troisième char de la deuxième Batterie (As de Coeur 3),était celui du MdL Rochard..
Tombé en panne le 11 Juin 1918, il a été dépanné et devait donc participer à l'attaque vers le Bois du Merlier..
Le tir allemand sur cette batterie tue deux hommes d'équipages et blessent les trois chefs de chars devant participer à cette attaque (dont le MdL Rochard).
Cette attaque sera finalement menée pas les chars deux chars survivants (le 61345 et le 61043) et des équipages recomposés.
Après la bataille de Méry, le Groupement AS n° III est réorganisé sur la base des chars disponibles.
Le Groupe AS 10 donne ces 7 en état de marche aux autres unités du Groupement (AS 1 - AS 6 et AS 15), et Il rejoint ensuite le camp de Bourron
pour y être transformé en Groupe d'AS équipé de chars Renault.
Le Schneider M2 n° 61217 a été mis "hors de combat" mais pas détruit. Il a probablement rejoint le camp de Bourron, avec les personnels du Groupe AS 10, pour y être réparé.
Ce char faisait probablement partie de la centaine de Schneider présents fin Août 1918 au GPAS de Bourron et en attente de pièces pour être remis en état.
En conclusion, le char Schneider donné aux Américains en 1919, et qui est donc maintenant au musée de Saumur, pourrait être le Schneider CA1 M2 AsCo4 n° 61217 du Groupe AS 10, char commandé par le Maréchal des Logis Rochard à la Bataille de Méry.
Cette hypothèse est totalement liée à l'analyse faite sur ce numéro "217" peint à l'arrière du char.
Il reste à tenter d'en apporter la preuve formelle.
Bonne recherche et à plus - Michel