"Les chars de la Grande Guerre" de Paul Malmassari

[Tanker]

Bonsoir,

Le Hors Série numéro 3 de la revue "14-18, le magazine de la Grande Guerre" (décembre 2009), publie une étude du Lieutenant-Colonel Malmassari
intitulée "les chars de la Grande guerre".

Pour tous ceux qui n'ont pas la chance de pouvoir se plonger directement dans les archives de Vincennes, ces 100 pages
offrent de nombreuses informations et croquis, en particulier sur les projets non aboutis comme le CA 3 et la FCM 1A.

Un rapport qualité prix exceptionnel ! (je n'ai aucun bakchich . . . ).

Quelques commentaires sur 4 photos de cet ouvrage.

Page 28 : Très belle photo de Schneider M1.

Il s'agit sans doute d'une photo prise à Cercottes (Camp des Tourelles).
Ces deux chars ont le camouflage proposé en sortie d'usine. Ce camouflage étant généralement
repensé à la mode des différents Groupes. A la peinture était rajoutée du poil de cheval pour atténuer
le brillant des peintures.

Les deux chars ont le surblindage et pas de galeries porte-sacs. La photo a du être prise au printemps ou à l'été 1917. La mise en place des galeries a été proposée en Mars 1917 et le surblindage posé directement en usine à partir du char n° 61150.

Page 47 :

Ce Schneider détruit n'est pas un char de l'AS 5, mais un char de l'AS 7.
Il s'agit du n° 61108 du Sous-Lieutenant Bourdon.
Ce char de la 2° Batterie (As de Coeur) est soit le numéro 3 ou soit le numéro 4 de la Batterie.
Il s'agit donc d'un char du Groupement Chaubès (et non du Groupement Bossut) engagé la 16 Avril 1917 dans la plaine de la ferme du Temple

Le char du S/Lt Bourdon, comme bon nombre de chars du Groupement Chaubès, incapables de franchir la tranchée de la plaine conquise par l'infanterie, reçu l'ordre de retourner se placer en position d'attente derrière la première ligne française. Le char est tombé en panne sur cette tranchée. L'équipage ne pouvant le dépanner, il est alors retourné avec une mitrailleuse sur la tranchée de la plaine.

Le 61108 fait partie des chars qui n'ont pas été récupérés en Aout 1917 par la section de dépannage.
Entre Avril et Août 17, les Allemands avaient encore eu le temps de faire quelques cartons, réglés depuis les observatoires de Craonne, sur les chars du Groupement Chaubès abandonnés dans la plaine de la ferme du Temple. Bon nombre de chars simplement en panne (voir même embourbé) aurait été récupérable sans les tirs allemands.

Le char du S/Lt Bourdon est donc resté sur cette tranchée (devenue la deuxième ligne française) jusqu'à la fin de la guerre.

Les unités francaises, déployées dans ces tranchées, ont eu de nombreuses occasions de photographier le char, et de "se moquer" par les graffitis de cette arme merveilleuse.
ll existe plusieurs photos prises par les français, et seul le côté gauche a eu l'honneur de leurs graffitis.
En effet, le char se repliait en direction de la ferme du Temple quand il est tombé en panne sur la tranchée. Le côté gauche du char était donc caché des observatoires allemands de Craonne . . . . L'autre côté du char a bien été photographié . . . depuis le fond de la tranchée.

La plaine de la Ferme du Temple était un billard surveillé par les observatoires allemands. Les équipes de la SRR 104 du S/Lt Valentin Smith ont du travailler de nuit sur les chars à dépanner.
Tout mouvement de jour sur les chars provoquait un tir d'artillerie allemand.
7 des 32 chars abandonnés ont pu être remis en état et ramené par les mécanos, avec le maximum d'éléments récupérés sur les autres chars.

En acceptant les propositions de décorations concernant les mécaniciens de l'AS 104, le Général Estienne n'a pas manqué de remarquer, en marge de la note, que ces dépannages auraient, en tout logique, pu ou du être fait par les équipages qui avaient largement su secouer le célébre "bananier à médailles".

Pour en revenir au Schneider n° 61108, ce char a ensuite été photographié par les Allemands à l'été 1918, quand leur armée a percé jusqu'à la Marne. Plusieurs autres chars de ce secteur ont aussi été photographié. Il est vraisemblable que, comme pour les chars du Groupement Bossut, aussi détruits le 16 Avril 1917, d'autres photos feront leur apparition.

Le gros numéro 5 sur le char n'a rien à voir avec l'AS 5. Il s'agit plus probablement du numéro d'un régiment ou d'un compagnie déployée dans le secteur.
Le positionnement de l'As au coin supérieur avant du carré de surblindage est caractéristique du marquage de l'AS 7.

Page 48 :

Ce Schneider M2 de l'AS 6 est le numéro 61306. Il s'agit du char du S/Lt Tirat (Premier char de la 3° Batterie de l'AS 6).
Ce char a été mis hors de combat le 11 Juin 1918 au Nord/Ouest de Méry (près du bois du Merlier).

Un obus détruisant l'arrière du lanterneau a provoqué la rupture de l'alimentation essence du char et sa mise hors de combat. Un seul membre de l'équipage a été tué.

Si en 1917, le Groupe d'AS n° 6 a bien appartenu au Groupement I, à Méry-la-Bataille ce Groupe appartenait au Groupement III.

Le positionnement de l'as de carreau au coin supérieur avant du carré de surblindage, avec le numéro d'ordre du char dans la Batterie, au milieu de l'as est caractéristique de ce Groupe. La mention "AS 6" sous l'as, pour être en conformité avec la note du Général Estienne, aurait du être "A 6 S".

L'analyse des marquages des chars Schneider et Saint Chamond montrent bien que les Groupes ont souvent marqué leurs chars un peu comme ils l'entendaient.

Page 49 : Schneider détruit dans les lignes allemandes.

Il s'agit ici d'un Schneider M1 du Groupement Bossut. Le positionnement de l'AS, au centre du carré de surblindage, est caractéristique du Groupe AS 9.

Ce Schneider M1 est le char n° 61135 du Lt d'Harcourt. Ce char a été détruit en avant de la deuxième ligne allemande (1,5 Km Nord-ouest de Condé sur Suippe).
En panne au départ de l'attaque, il a rejoint plus tard et combattu avec le Groupe AS 4 dans le secteur Sud de la ferme Mauchamp.

Resté dans les lignes allemandes, ce char n'a été photographié que par les allemands. Une bonne dizaine de photos prises sur les deux côtés.

A côté de ce char, en parallèle à la tranchée, un char de l'AS 2 (celui du S/Lt Bos) a aussi été détruit.
Comme le char du Lt d'Harcourt, le char du S/Lt Bos, en panne au départ de l'action, est intervenu dans un secteur qui n'était pas celui de son Groupe.

Bonne lecture - Michel

[HT62]

Bonsoir Michel,

Merci de votre analyse toujours pertinente sur les sujets qui vont sont chers.

J'avais acheté ce HS mais franchement ce format minus me désole quelque peu, j'ai l'impression de m'être fait avoir, alors on va pleurer prochainement en lisant : "ça coûte, ça coûte, on limite les coûts !" (comme d'habitude et comme partout aujourd'hui).

Le prix de vente, lui, n'a pas baissé !

Cordialement, Hervé.

[le begue]

Bonsoir à tous,
Bonsoir Hervé,

[...] franchement ce format minus me désole quelque peu, j'ai l'impression de m'être fait avoir [...]

Le format est sans doute minus, mais certainement pas le contenu.
Pour ceux qui l'ignoreraient, le Lcl Malmassari a pour habitude de maîtriser ses sujets. Il n'est en rien responsable du format d'édition.
Je soupçonne également des membres de son équipe d'avoir coopérer à la rédaction. Il serait étonnant que ceux qui se portent acquéreur de cet ouvrage restent sur leur faim.

Tout comme Michel, je ne touche pas de bakchich, mais comme d'autres sur ce forum, je connais l'auteur.
Sa signature a du poids.

Cordialement,
Louis Le Bègue.

[HT62]

Bonsoir Louis,

Dès que l'on donne son opinion, pan ! il y a polémique !

Contenu et contenant : je n'ai pas du tout mis en cause la qualité des articles loin s'en faut mais je préfère une revue bien lourde "comme avant".

Cordialement, Hervé.