Les plaques constructeur des chars légers Renault FT.

[Tanker]

Bonsoir,

Sur certaines photos de chars Renault FT, ou sur un certain nombre de chars ayant survécu aux deux conflits mondiaux, il est possible d'observer une plaque ovale fixée sur le train de roulement du char.
Tous les chars n'étant pas équipé de cette plaque, l'hypothèse d'une spécificité, aux seuls chars construits par la Maison Renault, est souvent avancée. Il n'en est rien.

Dans la note n° 10941-33/MFA Ministère de l'Armement et des Fabrications de Guerre/Service du Matériel et des Fabrications Automobiles du 18 Mai 1918, le Lieutenant-Colonel Jouguet (Chef du Service du Matériel et des Fabrications Automobiles) rendait-compte au Ministre de la Guerre d'une décision prise concernant les plaques de fabrication des chars légers :

" A la demande de la Maison Renault, j'ai décidé récemment que les chars légers ne porteraient plus de plaques permettant d'en reconnaître immédiatement la provenance.
En conséquence, dès maintenant la maison Renault supprime les plaques de fabrication sur lesquelles figurent son nom et son adresse, et j'ai invité les autres constructeurs de chars à s'abstenir de munir leurs matériels de plaques de ce genre.
Il y aurait également intérêt à faire disparaître les plaques de fabrication des chars Renault déjà livrés, et je vous prie de vouloir bien demander au Général Commandant l'Artillerie Spéciale de faire enlever ces plaques."


A cette date, seule la firme Renault avait livré des chars au Ministère de la Guerre. Au 1° Mai 1918, 440 chars étaient livrés aux Armées et commençaient à équiper les trois premiers Bataillons du 501° RAS.

C'est donc sur ces chars livrés (et sur les chars d'instruction du camp de Cercottes) que se trouvaient les plaques constructeurs de la Maison Renault.
Visiblement, avec la pression des événements, un certain nombre de chars de ces unités d'AS, n'ayant pas pu (su ou voulu . . . ) appliquer cet ordre, sont allés au combat avec leurs plaques constructeurs.
A l'AS 306, le Renault FT du Lt Cornic (détruit sur le plateau de Chaudun), fait partie de ces chars, lancés au combat avec leurs plaques. Si l'on repére bien ces plaques sur un certain nombre de photos, la grande majorité des chars photographiés sont sans plaque constructeur.

Au 15 Mai 1918, les firmes Berliet, Schneider/Somua et Delaunay-Belleville n'avaient pas encore commencé à produire leur quota de chars légers. Pour ses constructeurs, cet ordre n'a pas été difficile à appliquer. Par ailleurs, il ne semble pas qu'ils aient envisagé de munir leurs productions d'un marquage spécifique.

La plaque constructeur, sur une photo de char léger FT, est donc la preuve d'une fabrication de l'usine Renault de Billancourt et, à contrario, sont absence n'est, en aucun cas, la preuve d'une fabrication des maisons Berliet, Schneider/Somua ou Delaunay-Belleville.

Seul le numéro du char, quand il est présent ou lisible, permet donc d'identifier le constructeur.

La numérotation des Renault est une décision de la section Matériel de la Direction du Service Automobile qui a été prise en Octobre 1917
(note n° 410836 1/SA Ministère de l'Armement et des Fabrications de Guerre/Direction du Service Automobiles/Matériel du 1° Octobre 1917).

" J'ai l'honneur de vois faire connaître que les chars d'assaut Renault légers qui seront envoyés aux Armées seront immatriculés par mes soins dans la série 66001 à 75000."

Chars Renault n° en 66xxx - 67xxx - 68xxx
Chars Schneider/Somua n° en 69xxx
Chars Delaunay-Belleville n° en 70xxx
Chars Berliet n° en 73xxx

La numérotation spécifique des constructeurs se retrouvant, normalement, aussi dans la numérotation du char. Le char n° 0001 de chez Renault étant le n° 66001 et le n° 2000 le numéro 68000

Chars Renault n° 0001 à 2000.
Chars Schneider/Somua n° 3001 à 3601
Chars Delaunay-Belleville n° 4001 à 4281
Chars Berliet n° 2001 à 2801

Placé très bas sur le char et très souvent recouvert de la boue, ce numéro avait plus une logique de suivi comptable. Si les compte-rendus des unités de Schneider et de Saint Chamond font très souvent mention des numéros de chars, ce n'est plus le cas avec les Renault.
Les rapports sont, le plus souvent rédigés au niveau Compagnie d'AS, et les chars détruits ou en panne sont souvent comptés de manière globale par les commandants d'unités. De ce fait, le suivi de détail des numéros de chars des unités de Renault est tout particulièrement difficile.
Avec le char léger, c'est la symbolique des As qui est la bonne référence des équipages au combat.

Référence - SHD Vincennes - carton 16 N 2130

Michel

[David L]

Bonjour,

C'est " La Française de Mécanique " avant l'heure !

C'est marrant ça, car la "FM" d'aujourd'hui produit aussi des moteurs pour les allemands ... qui équipent une marque d'origine anglaise

Amicalement / David.