Voici, pour répondre aux questions d'Hardy qui, depuis le fin fond du Canada, s'intéresse au combat du Groupement Bossut, quelques éléments sur les chars abandonnés à l'Est de Juvincourt au soir du 16 Avril 1917.
Sur la photo Sat. ont été rajoutés :
le tracé principal des première, deuxième et troisième ligne allemande,
tous les petits bois qui n'existent plus aujourd'hui.
Ces bois sont importants car, même s'ils étaient déjà largement décimés, ils ont permis de masquer une bonne partie de l'action des chars.
Pouvoir encore les situer aujourd'hui est une aide importante à la bonne identification de certains des chars photographiés après les combats.
Le Groupement Bossut s'est engagé dans un couloir bordé au nord par les bois le long de la rivière Miette et au sud par les bois longeant l'Aisne.
Un ennemi important des chars a été l'avion, et les rapports des commandants de Groupe ont bien mis en avant le fait qu'il a manqué aux chars
les avions français qui auraient pu éliminer les avions allemands informant l'artillerie sur tous les mouvements des chars.
Les compte-rendus des commandant de Groupes ne permettent pas de restituer avec la même précision toutes les Groupes.
Si tous les numéros de chars et tous les noms de chefs de chars sont connus, l'association des numéros de chars à une batterie ou un chef de char n'est que rarement faite.
Les numéros dans les ronds noirs donnent le numéro du Groupe et, selon les cas, le char est identifié par son numéro ou le nom de son chef.
Les écrits d'avant-guerre du Lt Colonel Perré sur ce combat montrent bien qu'il a disposé de documents qui ont disparu.
A titre d'exemple, le rapport du Capitaine Goubernard mentionne, en pièce jointe, un plan directeur au 1-20000 avec la position de tous ses chars. Cette pièce jointe n'existe plus . . . !
A l'issue de cette journée de combat la deuxième ligne allemande, conquise par notre infanterie, est devenue la première ligne française. Les chars en avant de cette ligne sont donc restés aux mains des Allemands.
Dix-sept de cette trentaine de chars avaient brulés, et les autres abandonnés sur pannes mécaniques irréparables sans moyen techniques.
Les Allemands ont donc eu à leur disposition un nombre suffisant de chars pour reconstituer, ou remettre en état quelques exemplaires à des fins d'expertise ou d'instruction de leurs unités. Dans les combats suivants des Schneider, les équipages ont très vite compris que les Allemands savaient parfaitement où tirer sur leur chars.
Une photo allemande de l'IWM montre d'ailleurs un Schneider (avec un Mark britannique) sur un terrain d'exercice allemand.
Les photos allemandes de chars, prises dans le secteur de Juvincourt, concernent un nombre de chars assez limité. Ces chars sont marqués par un carré rouge sur le montage.
Avec le nombre de char abandonnés, très en arrière dans les lignes allemandes, ce petit nombre de chars photographié s'expliquerait-il par l'enlèvement rapide d'un nombre important de chars par les allemands . . . . ? A l'exception des chars de l'AS 6, ces chars étaient très en arrière de la nouvelle première ligne allemande, et il est surprenant que des photos n'aient pas été faites sur d'autres chars de l'AS 9 et sur ceux de l'AS 5.
La photo ci-dessous correspond au deux chars de l'AS 9 photographiés sur la tranchée au sud-ouest du bois Déodatiens. Si le char "planté" en travers de la tranchée est bien identifié comme un char de la 2° Batterie de l'AS 9, la photo ne fournit aucune information permettant d'identifier l'autre char.
Pour le char dans la tranchée, il peut s'agir des chars des S/Lt Bescond ou Guidicelli ou de celui de l'Aspirant Massart.

Les chars qui ont été immobilisés ou détruits à leur retour, au passage de la ferme du Choléra, n'ont pas été représentés sur le montage.
Comme le char de l'Adjt Bossut et du MdL Deloche, ces chars ont pu être dépannés les jours suivants par les mécanos de la SRR, et les matériels récupérables des chars détruits, en arrière de la nouvelle première ligne, ont aussi été démontés.
Dans cette affaire, les chars du groupement Bossut avaient réussi à dépasser la troisième ligne allemande. Ils se sont alors retrouvés sur un terrain que l'artillerie n'avait pas été bouleversé et qui ne comportait plus aucun obstacle, sans infanterie et sans l'appui aérien et d'artillerie qui leur aurait été nécessaire pour continuer leur action.
A plus - Michel