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par Rutilius » lun. juin 28, 2010 11:53 pm
Bonsoir Marc,
Bonsoir à tous,
La petite escadre dépêchée en Janvier 1923 à Memel était composée des bâtiments suivants : pour le Royaume-Uni, le croiseur Caledon ; pour la France, les torpilleurs Algérien et Sénégalais, les avisos Oise et Ailette et le cuirassé Voltaire. Les unités françaises étaient placées sous le commandement du contre-amiral André Paul Marie Lequerré.
SOURCES
● J. BLOCISZEWSKI, Professeur à l’École libre des sciences politiques et à l’Institut des hautes études internationales : « La question de Memel », Revue politique et parlementaire, T. 114, 1923, p. 263 à 281.
« [...] Le 13 janvier [1923] au soir, la Conférence des ambassadeurs communiqua aux journaux la note suivante :
" Une démarche nouvelle a été faite à Kowno pour obtenir que le gouvernement lithuanien agisse sur les auteurs du mouvement pro-lithuanien, qui constitue une tentative de pression sur les puissances alliées et une atteinte à la souveraineté qu’elles possèdent actuellement sur le territoire, d’après la traité de Versailles.
La conférence a décidé l’envoi d’un colonel français pour prendre le commandement des forces alliées à terre, après l'arrivée des navires de guerre français et anglais actuellement
en route.
Les faits qui motivent cette intervention des forces alliées sont d’autant plus regrettables que la conférence vient précisément d’inviter le Comité d’études à déposer un rapport sur la question de Memel dans le plus bref délai. "
L’officier supérieur désigné dans cette note était le colonel Trousson, de la mission militaire à Varsovie ; un contre-torpilleur polonais le conduisit de Dantzig sa nouvelle destination. Quelques jours plus tard, une véritable escadre interalliée mouillait dans les eaux de Memel. Elle comprenait le croiseur britannique Caledon et pour la France les torpilleurs Algérien et Sénégalais, les avisos Oise et le cuirassé Voltaire. Les forces navales françaises étaient placées sous le commandement de l’amiral Lequerré. [...] » (p. 275 et 276)
● J. BLOCISZEWSKI, Professeur à l’École libre des sciences politiques et à l’Institut des hautes études internationales : « L’affaire de Memel. La décision de la Conférence des ambassadeurs du 16 février 1923 », Revue générale de droit international public, T. 30, 1923, p. 143 à 162.
« [...] Le 13 janvier [1923] au soir, la Conférence des ambassadeurs communiqua aux journaux la note suivante :
" Une démarche nouvelle a été faite à Kowno pour obtenir que le gouvernement lithuanien agisse sur les auteurs du mouvement pro-lithuanien, qui constitue une tentative de pression sur les puissances alliées et une atteinte à la souveraineté qu’elles possèdent actuellement sur le territoire, d’après la traité de Versailles.
La conférence a décidé l’envoi d’un colonel français pour prendre le commandement des forces alliées à terre, après l'arrivée des navires de guerre français et anglais actuellement
en route.
Les faits qui motivent cette intervention des forces alliées sont d’autant plus regrettables que la conférence vient précisément d’inviter le Comité d’études à déposer un rapport sur la question de Memel dans le plus bref délai. "
L’officier supérieur auquel faisait allusion le communiqué de la Conférence était le colonel Trousson, attaché à ce moment à la Mission militaire française à Varsovie. Le gouvernement polonais, prié d’assurer le transport rapide de cet officier à destination, renonça à utiliser la voie aérienne, de beaucoup la plus courte, afin de ne pas survoler le territoire lithuanien ; il mit à la disposition du colonel Trousson un contre-torpilleur, qui le conduisit du port de Dantzig à celui de Memel.
Le 17 janvier, la Conférence des ambassadeurs décida l’envoi immédiat sur les lieux du litige d’une " Commission extraordinaire ". Composée d’un président, M. Clinchant, ministre plénipotentiaire, sous-directeur au ministère des Affaires étrangères, et de deux membres (les représentants de l’Italie et de la Grande-Bretagne à Dantzig), cette Commission devait instituer un gouvernement provisoire qui, sous l’autorité des Puissances alliées, aurait, avant toutes choses, à rétablir l’ordre sur le territoire de Memel. La Commission adresserait ensuite un rapport à la Conférence des ambassadeurs qui, l’ordre rétabli, statuerait enfin sur le sort ultérieur du territoire.
Après avoir arrêté cette procédure, la Conférence télégraphia, le même jour encore, à M. Petisné pour le féliciter de l’attitude qu’il avait prise et remercier la petite garnison de Memel de la vaillance avec laquelle elle avait rempli tout son devoir. Une nouvelle démarche fut enfin décidée auprès du gouvernement lithuanien pour attirer son attention sur les graves responsabilités qu’il encourait en n’arrêtant pas les agissements du gouvernement révolutionnaire de Memel.
Le Président du Conseil, M. Galwanauskas, répondit le 19 janvier en déclinant toute responsabilité. Il n’avait aucun moyen, disait-il, d’agir sur les insurgés, le territoire de Memel ne rentrant pas sous son autorité. Cependant il consentait à intervenir moralement auprès desdits insurgés " en leur promettant qu’ils recevraient satisfaction " (!). Il annonçait enfin qu’il allait rappeler le représentant de la Lithuanie à Memel, ce fonctionnaire " ayant manqué d’autorité dans la circonstance ".
Le 19 janvier également, le " Président " du gouvernement révolutionnaire mémélois, M. Szimonaïtis, adressait une Note au gouvernement britannique où il reprochait au Directoire régulier d’avoir voulu faire de Memel un État indépendant, ce qui était ― affirmait-il ― contraire aux intérêts de la population, en majorité lithuanienne, et avait déclenché le mouvement insurrectionnel. M. Szimonaïtis ajoutait qu’il regrettait le conflit avec la garnison française que " le commandant des troupes d’invasion " s’était efforcé d’éviter et il concluait en demandant le retrait de cette garnison et la nomination d’un nouveau Haut-Commissaire.
L’autorité de M. Szimonaïtis était, pourtant, des plus fragiles. Le 20 janvier, le Directoire régulier qui s’était réfugié à Heydekrug refusait à l’unanimité de reconnaitre le gouvernement révolutionnaire. De son côté, la Chambre de commerce de Memel faisait savoir qu’elle n’enverrait pas de délégués au nouveau Conseil d’État. Enfin, un peu partout, les bandes du colonel Budrys ― alias Polowinskis ― étaient l’objet de manifestations hostiles de la part de la population.
La Commission extraordinaire arriva à Memel le 26 janvier. L’aviso français Ailette, qui l’avait prise à son bord à Dantzig, acheva de compléter l’escadre interalliée déjà mouillée dans les eaux méméloises (1). La Commission qui avait le droit de parler énergiquement en avait aussi le moyen grâce à la présence de nos navires. Elle préféra user de douceur, espérant ainsi liquider plus rapidement cette épineuse question. Son premier acte fut la publication d’un manifeste. Il expliquait aux habitants de Memel les motifs de l’arrivée de la Commission et protestait contre la violation des clauses du traité de Versailles par les insurgés. Ces derniers étaient sommés de déposer leurs armes entre les mains des Commissaires. [...]
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(1) Cette escadre comprit alors les navires suivants : pour la Grande-Bretagne, le croiseur Caledon ; pour la France, les torpilleurs Algérien et Sénégalais, les avisos Oise et Ailette et le cuirassé Voltaire. Nos unités étaient placées sous le commandement de l’amiral Lequerré. » (p. 151 à 153)
AUTRE RÉFÉRENCE SUR CETTE AFFAIRE
– Michel RÖMER’IS, Professeur et Recteur de l’Université de Kaunas : « Le système juridique des garanties de la souveraineté de la Lithuanie sur le territoire de Memel », Revue générale de droit international public, T. 43, 1936, p. 254 à 269.
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Bien amicalement à vous,
Daniel.