Comme indiqué dans le premier message d'Olivier 12 relatif au Niagara, celui-ci a fait l'objet d'une avarie de machine qui l'a conduit à Horta aux Açores, en remorque du Kentucky. Son retour en Europe s'est fait à la remorque de l'Iroise (1271 cv), capitaine Louis-Marie Malbert de l'Union Française Maritime, en janvier 1927.
L'Iroise est l'ancien Tchernomore de la marine Impériale russe dont l'histoire a été relatée sur le forum.
Louis-Marie Malbert a passé la guerre de 1914-1918 en commandant des grands voiiers : La Rochefoucauld (du 3 octobre 1914 au 16 mai 1916), qui sera capturé par le Seeadler ; Champigny (du 23 mai 1916 au 22 février 1919) dont il débarquera à San Francisco, victime de la grippe espagnole.
Le remorqueur quitte Brest le 4 janvier 1927 à 7 heures du matin à destination de La Horta où il arrive le 9 janvier à 11 heures (5 jours de mer).
La préparation du remorquage et un complément de charbon sont rondement menés puisque ll repart dès le 10 janvier à 20 heures, remorquant le Niagara. La vitesse de remorquage est de 5,2 noeuds par mer belle. Pourtant, l'hélice babord en place et le gouvernail bloqué sur babord du Niagara sont un facteur de résistance et de difficulté à tenir la route. Le mauvais temps arrive le 13 janvier et plusieurs mesures sont prises, filage, par le Niagara de la chaîne à laquelle est maillée la remorque de l'Iroise, pour qu'une plus grande longueur amortisse les mouvements et limite les risques de rupture ; établissement d'une voilure de fortune par le paquebot pour mieux gouverner, mais le navire tombe quand même en travers. La vitesse diminue à 3,2 noeuds le 14. Le temps empire et la remorque casse entre deux arceaux, à bord du remorqueur Iroise, le 18 janvier à 7 heures du matin. Le Niagara, qui a toute la remorque pendante à l'avant, chaîne, spring en manille, remorque en acier, pantoire en acier, parvient à la remonter. A 11 heures, la nouvelle remorque est passée et le paquebot file quatre maillons de chaîne (120 mètres). Le mauvais temps continue jusqu'au 22 janvier, entraînant des avaries diverses sur le remorqueur : carreaux de la claire-voie brisés, batayoles avant faussées, hublots brisés, piton de hauban arrière tribord cassé. Les avaries sont réparées au fur et à mesure, nécessitant parfois de prendre la cape. L'embellie permet de faire remonter la vitesse à 5 noeuds le 22. Le 23 janvier, le remorqueur Auroch (1000 cv), le remplaçant pendant l'été de l'Iroise à Brest, passe une remorque à l'avant, à 13 heures et à 85 milles d'Ouessant. La vitesse atteint 6,2 noeuds. L'arrivée au Havre se fait à 9 heures du matin le 25 janvier (15 jours de mer). Après avoir charbonné, l'Iroise quitte Le Havre le 27 pour Brest où il arrive en fin de journée.
Niagara, 1908, Ateliers et Chantiers de la Loire, Saint-Nazaire, 8590 tjb, 147,88 x 17,09 x 10,29 m, 6500 cv, 16,3 noeuds
Iroise, 1911, Chantiers Bellino Fendrich, Odessa, 663 tjb, 54,82 x 9,34 x 4,81 m, 1271 cv, 12,6 noeuds
Auroch, 1921, Forges et chantiers de la Méditerranée, Le Havre, 356 tjb, 40,37 x 8,67 4,24 m, 1000cv, 11,6 noeuds
Sources : Rapport de mer du navire Iroise, déposé au tribunal de commerce de Brest le 31 janvier 1927.
Registre 1930 du Bureau Veritas;
Photographie d'Henri Chalois : Dans le goulet de Brest, l'Iroise et l'Auroch remorquent le Senatore d'Ali, le 13 décembre 1926.
Cordialement
