Bonjour à tous,
■ Historique (complément).
— 10 octobre 1914 : Par très mauvais temps et mer grosse, capture, par environ 42° 24’ N. et 34,5’ E., puis conduit en rade de Toulon le paquebot espagnol Federico, du port de Barcelone, propriété en dernier lieu du sieur Ricardo RAMOS, par ailleurs député aux Cortès d’Espagne.
Ce bâtiment, commandé par le capitaine Lorenzo ESTRADER, transportait spécialement de Barcelone à Gênes des passagers allemands et austro-hongrois, officiers et soldats appartenant presque en totalité à des classes d’âge mobilisées par leurs gouvernements respectifs, qui voyageaient pour rejoindre leurs corps d’affectation en traversant l’Italie, encore pays neutre. En raison de l’état de la mer, la visite du Federico et de son chargement ne put toutefois être effectuée au lieu de sa capture par l’état-major du Torpilleur 360 ; elle le fut donc à son arrivée en rade de Toulon. Entre temps, l’équipage du paquebot avait jeté à la mer tous les papiers compromettant rédigés en langue allemande, mais ceux-ci furent heureusement repêchés par le Torpilleur 359 (Premier maître patron pilote Joseph Louis Marie LEGAGNOUX, commandant), auquel avait été intimé l’ordre de convoyer le Federico par l’arrière.
Cette prise fut déclarée « bonne et valable » par une décision du Conseil des prises rendue les 15~16 mars 1915 (J.O. 10 mai 1915, p. 2.995), confirmée en appel par un décret du Président de la République en date du 18 juillet 1916 (J.O. 18 juill. 1916, p. 7.505).
Au bénéfice de l’Établissement des invalides de la marine et des capteurs, il fut procédé par le Service des prises, le 17 juillet 1915, à Toulon, à la vente du Federico selon la procédure d’adjudication pu-blique sur soumissions cachetées (J.O. 29 juin 1915, p. 4.382 – Avis de vente de prise maritime).
Construit en 1875 au Royaume-Uni, le Federico avait une jaugeait brut de 807,57 tx et net 362,88 tx (Ibid.) ; ses dimensions étaient les suivantes : 64,61 x 8,66 x 4,62 m. Il avait été acquis par le sieur Ricardo RAMOS au mois de Septembre 1914, « afin de suppléer aux services de la navigation interrompus par la guerre, [étant] affecté à des voyages périodiques et [servant] au transport régulier de passagers et de marchandises entre Barcelone et Gênes ». En réalité, lors de sa capture, ce bâtiment avait déjà effectué trois voyages ayant eu pour unique finalité de rapatrier des nationaux allemands et austro-hongrois, désireux de rejoindre, via l’Italie, leurs forces armées respectives...
• Torpilleur 360 — alors commandé par l’enseigne de vaisseau de 1re classe Ernest Jean François Robert COSME —, Journal de bord — 20 juillet~19 octobre 1914 —, Service historique de la Défense, Cote n° SS Y 584, p. num. 508.
« Observations du commandant.
A 11 h. 30, étant au point L. = 42° 33’ N. et G. = 4° 31,5’ E., aperçu une fumée au S. 20 O. Mis le cap dessus à 14 nœuds (180 tours). Vers midi, je cédai le quart à mon patron, en lui disant que le bateau aperçu, qui, d’abord, m’avait semblé aller vers la droite, me paraissait maintenant avoir le cap sur ma gauche, et lui disant, quand il aurait une certitude, de mettre le cap de façon de lui couper la route. A midi, mon patron, ayant cette certitude, mit le cap vers le Sud 10 Est, puis vers le Sud 75 Est. Je remontai à ce moment sur la passerelle à midi 30. J’ai pu lire le nom du bâtiment, Federico, de Barcelone. Je le fis arrêter. Le temps me rendait impossible une visite à bord. Notre point estimé était alors L. = 42° 24’ N. et G. = 4° 34,5’ E. J’ordonnai au Federico de me suivre et de mettre le cap sur Toulon. Le 359 reçut l’ordre de le convoyer par l’arrière. Nous fîmes route en moyenne au N. 50 O. à une allure moyenne de 8 à 9 nœuds. Pendant cette traversée, le 359 recueillit les papiers allemands jetés du Federico à la mer. Ayant mis en marche à 12 h. 45, nous nous faisions reconnaître à 21 h. 50 au poste d’entrée de rade. Je remis ensuite le vapeur à un canot à vapeur de l’arraisonnement.
Signé,
Robert COSME. »