Bonjour à tous,
Un complément sur le naufrage de l'ARTHUR CAPEL
ARTHUR CAPEL
Rapport du capitaine
ARTHUR CAPEL , immatriculé à Rouen, 449 tx JN, 822 tpl, armé au cabotage international par LEROUX et HEUSEY, affrété par LEVE (Paris)
(Non affrété par le gouvernement)
Armé d’un canon de 90 mm sur affût 1916
Quitte Rouen le 13 Janvier 1918 à 09h00 sur lest à destination de Barry Docks avec un équipage de 21 hommes.
Mouillé à Quillebeuf à 15h00 pour attendre la marée. Appareillé à 22h00 et mouillé à 23h30 en petite rade pour attendre le convoi.
Appareillé le 14 Janvier à 15h00, n° 2 d’un convoi de 12 navires escorté par le torpilleur FLEURET.
Routes diverses, feux masqués, feu de poupe atténué, contre-hublots fermés. Nuit très noire. Forte brise de sud. Mer houleuse.
Plusieurs navires du convoi nous dépassent en passant à 200 m sur notre tribord.
A 23h00 position 49°49 N 00°57 W. Feu de Gatteville à peine visible.
Forte détonation par le travers de la cale 3. Panneaux et galiotes des cales 3 et 4 sont projetés en l’air et retombent sur la dunette blessant le 2e capitaine (officier de quart) et le timonier. Le tuyau de vapeur du servo-moteur se rompt et la vapeur envahit le carré des officiers et les chambres avoisinantes.
Personne n’a vu le sous-marin.
Appareil radio détruit. Impossible d’envoyer un SOS. Immergé les documents secrets dans un sac lesté de plomb et donné l’ordre d’évacuation.
La dernière chaloupe quitte le bord avec dix hommes. Le mousse est manquant. Je reste à bord avec le chef mécanicien et le canonnier Kermoal et nous tentons de le sauver. Mais il est impossible d’atteindre le carré à cause de la vapeur.
Finalement, nous mettons un radeau à l’eau et quittons tous trois le navire. Nous sommes recueillis par le FLEURET et le patrouilleur COULEUVRE. Nous sommes dix rescapés. Seul le mousse a disparu, peut-être asphyxié ou brûlé par la vapeur, peut-être noyé dans une des brèches du navire.
Rapport de l’officier enquêteur
ARTHUR CAPEL a été torpillé malgré son faible tirant d’eau (2,20 m). Il a été complètement coupé par l’explosion de la torpille et s’est cassé en deux.
L’évacuation s’est faite dans le désordre. Les chauffeurs, logés à l’arrière, se sont précipités dans le youyou bâbord et ont poussé avant qu’il ne soit complet. Le capitaine a fait embarquer dix hommes dans le youyou tribord qui s’est trouvé au grand complet et l’a fait pousser alors qu’ils étaient encore trois à bord, plus le mousse. Il s’est trouvé démuni de moyen de sauvetage.
Le mousse a disparu au moment de l’évacuation. Il n’a pas répondu aux derniers appels. Il a été impossible d’aller à sa recherche en raison de la nuit, de l’effondrement de la partie milieu et du manque d’embarcation à la disposition du capitaine. Soit il n’a pu gagner une issue et a été asphyxié, soit il est tombé dans une crevasse produite par l’explosion sur le passavant, et dans laquelle plusieurs hommes ont aussi failli tomber.
Ce désordre au cours de l’évacuation est du en partie à la mise hors service du 2e capitaine, sérieusement blessé, mais aussi à la mauvaise organisation de la sécurité. Le capitaine déclare qu’ayant embarqué le 2 Janvier, il n’avait pas eu le temps de mettre les rôles d’abandon à jour. Ces rôles dataient de début Décembre 1917 et n’avaient pas été tenus à jour lors des mutations survenues dans l’équipage.
La conduite de l’équipage militaire a été irréprochable. Ils n’ont quitté leurs pièces que sur ordre du capitaine. Il n’ont pas utilisé leur armement défensif (chargé avec un obus d’exercice), le sous-marin n’ayant jamais été aperçu.
Note de l’Amiral Salaun, de Février 1918
« Il n’y a pas lieu d’accorder de récompenses au personnel. J’estime qu’il convient en revanche d’adresser des observations au capitaine qui eût du se préoccuper davantage de connaître son bâtiment, ce qui demande peu d’efforts quand il s’agit d’un bâtiment de 822 t. »
Note du commandant de Marine Dunkerque à administrateur Fécamp
« Le commandant a déclaré qu’ayant pris son commandement le 2 Janvier, il n’avait pas eu le temps de réorganiser ses rôles et de connaître son bâtiment. Une pareille excuse est inadmissible, surtout lorsqu’il s’agit d’un bâtiment d’aussi faible échantillon. Sa responsabilité peut se trouver gravement engagée. Vous transmettrez mes observations au capitaine au cabotage Le Marois, de Fécamp, et donnerez les ordres pour qu’il en soit fait mention sur sa fiche matriculaire. »
Récompenses
Les récompenses suivantes seront néanmoins accordées, à juste titre, il faut le reconnaître.
Citation à l’Ordre de l’Armée
MAYEU Roger Mousse Fécamp n° 1478
« A disparu aucours d’une action de guerre où son bâtiment a été engagé »
Citation à l’Ordre du Bâtiment
GRIEU Jules 2e capitaine Fécamp n° 240
« A été blessé grièvement à son poste d’officier de quart lors d’un acte de guerre. A fait preuve de la plus grande énergie au cours de son évacuation. »
Cdlt