typhus et fièvre typhoïde

Organisation, unités, hôpitaux, blessés....
saintchamond
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Re: typhus et fièvre typhoïde

Message par saintchamond »

Bonjour à tous,

De quoi souffraient les poilus ? De l'une, de l'autre ? Des deux ? Le vecteur de transmission n'est pas le même : des salmonelles dans un cas, des bactéries dans l'autre pour ce que j'en lis. L'une était plus fréquente que l'autre ? Sur quels secteurs ? Des exemples ? La littérature sur le sujet est abondante, mais je m'y perds un peu. Merci pour toutes les explications. Bonne soirée. Jérôme
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laurent provost
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Re: typhus et fièvre typhoïde

Message par laurent provost »

Bonsoir, pour éclairer la question
Un article sur le typhus sur Wikipédia

Un autre sur la fièvre typhoïde.

Le typhus fut largement combattu dans les formations sanitaires en particulier dans les hôpitaux. Je n'ai pas encore terminé les transcriptions des recommandations faites par les autorités militaires aux formations sanitaires proposés dans plusieurs circulaires

1914-11-25 Mesures prophylactiques contre le typhus dans le camp retranché de paris ( Instructions du service de Santé du Gouvernement militaire de Paris
1915-09-28 Mesures contre la propagation du typhus par les poux (circ lin. int. 28 aout et 4 sept 1915)
1915-10-27 instructions relatives aux mesures a prendre dans le but d'éviter la propagation du Typhus par les poux.

Promis je m'y colle, mais c'est un document de plusieurs pages :pt1cable:
saintchamond
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Re: typhus et fièvre typhoïde

Message par saintchamond »

Merci Laurent,

J'avais effectivement réagi à propos de l'article de Wikipedia. Faut-il comprendre que le typhus était plus fréquent que la fièvre typhoïde ? On attrape un peu de tout dans les tranchées : typhoïde, typhus, fièvre des tranchées (même chose que fièvre typhoïde ?)... Pourtant l'une était certainement plus fréquente que l'autre... Bonne soirée. Jérôme
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laurent provost
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Re: typhus et fièvre typhoïde

Message par laurent provost »

Le typhus était plus redouté dans les communautés.
ci dessous le texte de la première circulaire
I HOSPITALISATION DES MILITAIRES MALADES OU BLESSES
Tout hôpital ou ambulance susceptible de recevoir, d'urgence et par évacuation directe des service de l'arriere, des blessés ou malades militaires doit, pour éviter la transmission du typhus, avoir organisé son service d'admission des malades de la façon suivante:
A salle d'examen, de déshabillage et de toilette prophylactique.

Le malade(ou blessé) est amené dans le local (salle d'examen) aussi rapproché que possible de la porte d'entrée de l'établissement hospitalier et, quant l'état des constructions le permet, isolé des autres corps de bâtiment.
Le malade (ou blessé) est aussitôt examiné par le médecin (ou chirurgien) de garde qui ne se contente pas de pratiquer un diagnostic de l'état pathologique, mais a de plus le devoir strict de recherche, sur toute la surface du corps du patient, l'existence des poux( tête, tronc, aisselles, pubis). La con station de l'existence de ces parasites impose au personnel hospitalier une série de soins et de manœuvres particuliers.
La salle d'examen est largement éclairée, le jour par une large fenêtre, la nuit au moyen d'une lampe électrique à incandescence, munie au besoin d'un réflecteur (pour faciliter la recherche des parasites) ou à défaut par un éclairage de sûreté.
Le sol est imperméable, en pente légère, avec bouche à la partie déclive; les murs se terminent au sol par des angles arrondis.
Deux prises d'eau, l'une froide, l'autre chaude, avec une baignoire (ou tout au moins un bain douche) font partie du matériel.
Deux prises d'eau, l'une froide, l'autre chaude, avec une baignoire (ou tout au moins un bain douche) font partie du matériel.
Un brancard (sur roues articulées) assez élevé, est paré au milieu de la pièce; il possède un matelas recouvert de toile imperméable.
De grandes poubelles à couvercle fermant d'une manière hermétique, en place dans la salle, sont destinées à recevoir, au fur et = mesure de son déshabillage, tous les vêtements de tout malade ou blessé admis à l'hôpital. Chaque poubelle, une fois remplie, est portée, d'urgence, à la chambre de sulfuration (annexée à la salle d'examen et de déshabillage).

B Technique de la toilette du « porteur de poux »

Le malade, dès son entrée dans la salle, est étendu sur le matelas imperméable, déshabillé rapidement par l'infirmier de service et examiné sur l'heure, par le médecin de garde.

Premiers temps.- S'il est reconnu « porteur de poux »,il passe aussitôt, entre les mains de l'infirmier chargé de la toilette spéciale: le cuir chevelu et les cheveux sont imbibés largement de xylol ou de benzine, tamponnés avec soin ainsi que la barbe (et, s'il est nécessaire, les sourcils); les oreilles, la régions cervicale n'échappent point à la friction
Cela fait l'infirmier procède, si le médecin de garde le juge nécessaire, à la coupe de cheveux et de la barbe, au moyen d'une tondeuse. Les poils coupés sont recueillis dans un réceptacle (de métal) pour être emportés et brûlés (hors de la salle à cause des vapeurs de xylol ou de benzine). Puis le crâne (y compris les oreilles) est enveloppé d'un serre-tête ne toile, bien fixé par quelques épingles anglaises.

Deuxième Temps– Le deuxième temps consiste en un savonnage général du corps (au savon noir) à grande eau chaude, dans la baignoire, sous le bain-douche ou sur le brancard, selon les indications fournies par le médecin de garde, si le reste du corps est exempt de parasites. Sinon, la région contaminées, lorsqu'il s'agit du Thorax ou des aisselles, est, comme précédemment, frictionnée méthodiquement au xylol ou à la benzine. Quant les parasites occupent le pubis et les régions avoisinantes, l'emploi de l'onguent mercuriel s'impose (à cause des douleurs qu'occasionne l'essence).
Troisième temps- dans un troisième temps, l'infirmier de service à le devoir d'envelopper le malade (bien nettoyé) dans le drap et les couvertures approprié et de le déposer sur le brancard portatif (recouvert d'une bâche et garni ai besoin de boules d'eau chaudes) au moyen duquel le malade va être transporté dans la salle qui lui est affectée par l'ordre du médecin ou du chirurgien de garde. Un examen détaillé du sujet sera pratiqué au bout de vingt-quatre heures dans le service.
Le médecin de garde a soin de notifier sur le livre de garde le nom du malade porteur de poux et les soins qu'il a reçus au moment de son admission à l'hôpital.
Aussitôt après le départ de la salle d'examen; l'infirmier de service a pour mission de nettoyer à fond la salle d'examen: la poubelle contaminée est portée à la chambre de sulfuration annexée à la salle d'examen. Le brancard et le sol lavés largement à l'aide d'une solution antiseptique (crésyl, acide phénique, etc) et tout est prêt pour un nouvel entrant.
Telles sont les conditions ordinaires. A des circonstances exceptionnelles, des mesures exceptionnelles doivent correspondre. C'est ainsi qu'un « grand blessé » entrant porteur de poux ne peut recevoir d'urgence, la nuit, tous les soins prophylactiques susénoncés. Une salle spéciale (salle des suspect) doit être prévue dans tout service de chirurgie où le blessé insuffisamment « dépouillé » est placé, de nuit.
Le lendemain, au premier jour, il subit dans le box où il a été transporté, les soins complémentaires (savonnage; friction mercurielle, etc) qu'il n'avait pu recevoir la veille au soir. L'infirmier spécialiste de l'admission parfera ainsi son oeuvre.
C La chambre de sulfuration est un local annexé à la chambre d'examen; de petites dimensions, elle doit être parfaitement étanche.
Les revêtements de la muraille, aussi bien que du sol, doivent être incombustibles. Les vêtements de tous les entrants sont suspendus à des fils métalliques, à 1 mètre, au plus, au dessus du sol; 40 à 50 grammes de soufre par mètre cube doivent être brûlés pour assurer la désinfection.

D Le personnel La pratique de la prophylaxie du typhus demande la création d'un personnel technique. Non que les opérations soient difficiles ou , à vrai dire , très dangereuse, mais elle exigent de tous le personnel une vigilance à l'abri de toute faiblesse, la moindre faute de détail pouvant déchaîner, dans un service hospitalier, la pire des catastrophes: une épidémie formidable et meurtrière.
Il faut donc constituer, dans hôpital ou établissement destiné à recevoir des malades « porteur de poux », une équipe de techniciens, infirmiers de choix, et rompus à la pratique et jouissant d'une haute paye, en rapport avec leur service quotidien.
Chaque hôpital possédera donc une double équipe « d'infirmier surveillants sanitaires » travaillant à tour de rôles, jour et nuit et prêt toujours à fonctionner sur le champs; Ces hommes porteront les cheveux rasés ainsi que la barbe.
Pour le travail, ils se vêtiront d'un costume spécial , tout en toile imperméable, sorte de scaphandrier, ou de ciré de marins, les recouvrant des pieds à la t^tet, les poignets serrés, les mains gantés de façon à pouvoir manipuler benzine, savon, onguent gris, sans difficulté comme sans danger.
Leur instruction technique sera faite avec méthode: « coupe de cheveux et de la barbe à la tondeuse, - reconnaissance des poux de la tête, du corps, du pubis-, toilette de la barbe, des sourcils, des oreilles,- déshabillage rapide (et sans trop de geste); savonnage soigné du corps, - préparation du bain ou bain-douche,- manipulation des vêtements pouilleux – préparation de la chambre à la sulfuration – sulfuration... etc

II HOPITAUX ET HOSPICE

Même mesures, mêmes dispositions
III MAISON DE REFUGES , DEPOT DE MENDICITE ETC
Même mesures, mêmes dispositions
Nathalie C.
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Re: typhus et fièvre typhoïde

Message par Nathalie C. »

Bonjour Jerome
Bonjour Laurent

Au risque de se repeter, voici ce que j'ai dans mes notes :

FIEVRE THYPHOIDE

Agent: bactérie du genre salmonelle
Manifestation : incubat° de 15 jours
Fievre elevée avec troubles digestifs
Appari° du tuphos (état de stupeur)
Complicat° cardio-vasculaires
Il peut y avoir simplement un tableau de toxi-infections alimentaires
Causes : ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par des excréments (contaminat° oro-fecale)

La fièvre thyphoide était plutôt rare au cours des 2 premiers mois du conflit ; elle commença à se manifester lors des grands mouvements de troupes , puis progressa sous forme d’épidémies du jour où il y eut enlisement du conflit.
L’occupation dense et prolongée s’accompagnant de nombreuses souillures des eaux expliquait ces nombreuses contagions ; cette recrudescence de fièvre thyphoide donna un regain d’intérêt à l’étude des règles prophylactiques des maladies d’origine hydrique.
Cette morbidité des premiers mois était donc due à une défaillance des mesures de protection des eaux mais aussi au fait de l’impossibilité de vaccinations préventives en temps voulu au début du conflit et de l’impossibilité pratiquement absolue de vaccination des troupes en campagne.
La conséquence de l’entrée en guerre d’une armée non-vacciné fut que dans la période de septembre 1914 à mai 1915 on comptabilisa 65748 cas.
Grâce aux travaux de deux médecins ( Vincent et Chantemesse) l’ensemble des troupes put être vaccinée en quelques mois. Ce fut surtout une décision politique sous l’impulsion du sénateur Léon Labbe qui fit voter la vaccination et revaccination obligatoire pour l’armée.
Par cette mesure et bien que les conditions d’hygiène dans les tranchées fussent déplorables , il n’y eut que 615 cas avec une cinquantaine de décès. Cette vaccination associée aux méthodes de protection sanitaire fut un excellent moyen de prophylaxie .
Je vous fait grâce des moyens thérapeutiques qui reposait sur des bains froids et l’or colloïdal !!!!



LE THYPHUS
Aussi appelée maladie des camps, fièvre militaire , fièvre des armées, peste de guerre
Agent : bactérie appartenant à la famille des Rickettsies dont le vecteur est soit le pou du corps humain soit la puce du rat
Manifestations :
  • pour la forme transmise par le pou du corps humain = typhus exanthématique
Incubat° 12 jours
fievre tres elevée en plateau
Eruption « maculeuse » plus ou moins importante au bout du 5 eme jour
Etat d’agitat° , delire, torpeur, hebetement
  • pour la forme transmise par la puce du rat = forme moins grave.
Le typhus exanthématique survenait par épidémie. Le pou faisant parti de la vie quotidienne du soldat, les grands regroupements d’hommes furent à l’origine de quelques cas, les plus nombreux étant apparus lors des combats en Orient.
La contagion etait directe et/ou indirecte. Tout malade suspect ou atteint subissait l’epouillage dans les postes du même nom, sa literie( !) était désinfectée et ses vetements désinsectisés par les equipes sanitaires.
Le traitement reposait sur l’or ou l’argent colloidal..

La fievre des tranchées, rarement létale, était aussi due au pou, surtout à ses dejections. Le tableau clinique faisait état entre autres, d’acces de fievre recurrent. Elle aussi sevissait en epidemies.

Je ne connais pas de chiffres tres exacts quand à la prevalence de l'un par rapport à l'autre; la seule chose que je constate est que dans MdH, on rencontre plus de deces par fievre typhoide que de "mort du typhus"...d'accord, je les ai pas toutes consultées !!!

Bonne soirée

Nathalie


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RIO Jean-Yves
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Re: typhus et fièvre typhoïde

Message par RIO Jean-Yves »

Bonsoir à tous
bonsoir Nathalie. :jap:

Merci pour ces explications très claires : je comprends mieux maintenant pourquoi j'ai un certain nombre de décès de soldats du 116e RI dûs à la fièvre typhoide (la grande majorité des fiches MdH "cachées pour raison médicale" et que j'ai facilement pu obtenir en fait état).
Cordialement.
Jean-Yves :hello:
Recherches sur les régiments vannetais (116e & 316e RI, 28e & 35e RAC) et l'histoire de VANNES
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laurent provost
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Re: typhus et fièvre typhoïde

Message par laurent provost »

Bonsoir a tous et à toutes
1914-12-01 Lethulle M. Traitement de la fievre typhoide par l'or colloïdal en injections intra veineuses. l'article
1915-07-20 Petrovitch Sur le traitement de la fièvre typhoïde par l'homosérothérapie dans l'armée serbe l'article

Deux références extraites des CR de l'académie de Médecine avec un lien direct sur Gallica :)
Cordialement
saintchamond
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Re: typhus et fièvre typhoïde

Message par saintchamond »

Merci Nathalie pour les explications. Merci Laurent pour les documents. A quoi ressemblait le traitement à l’or ou l’argent colloidal ? Sous forme de crème ? On lit, ici et là, que ce type de traitement revient en force en raison de la défaveur dont jouissent les antibitiotiques... Bonne soirée. Jérôme
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laurent provost
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Re: typhus et fièvre typhoïde

Message par laurent provost »

bonsoir,
Comme tout les mercredis je vais aux archives de L'APHP , et j'étais certain d'y retrouver un document édité par le ministère de la guerre sur les statisitiques du service de santé paru en 1922.
J'y ai extrait deux tableaux qui viennent confirmer les ressenti de sondage dans les fiches MDH de St Chammond.

Image

cette statistique concernent les armées du front de france et ne concerne que les maladies contagieuses

Enfin le tableau ci dessous expose le nb de cas et de décès pour les fièvres typhoïdes pour l'armée en campagne et l'intérieur
Image

Une autre recense que pour les armées de l'intérieur, (hors front) l'ensemble des décès par maladies j'en ai extrait que les principales du groupe des maladies contagieuses cette fois par période:

Image

Et on a bien là la preuve que la fièvre typhoïde est la principale cause de décès dans la première période de la guerre, la campagne de vaccination intensive qui va se mettre en place va drastiquement faire chuter et le nombre de cas, et le nombre de décès.
Le typhus est lui une cause complètement marginale des décès !
Par contre vous ne manquerez pas de remarquer l'explosion de la tuberculose et bien sur en 1918 la pandémie de grippe, tout un chapitre lui est consacré dans le document précité.
une comparaison avec l'armée d'orient
Image

je n'ai pour le moment pas trouvé d'autres sources pour venir argumenter ces chiffres, mais il me semble que même si il y a eu des biais dus aux relevés, les grandes masses des pathologies sont là. Je n'ai pas relevés les autres chiffres concernant la campagne du Maroc.
Cordialement
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Jean RIOTTE
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Re: typhus et fièvre typhoïde

Message par Jean RIOTTE »

Bonjour à toutes et à tous,
... et merci beaucoup à tou(te)s celles et ceux qui par leurs connaissances ou l'apport d' articles pertinents ont enrichi ce fil.
Il me semble que Mireille avait déjà parlé de ce sujet. Je ne retrouve pas le fil.
Cordialement.
Jean RIOTTE.
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