Question de détail... Quel était le poids du sac règlementaire en août 1914 ?
Je précise la date, car, comme on le sait, au fil du temps, ce sac a non seulement été modifié, mais son contenu aussi...
En effet, il est devenu une véritable "armoire" pour le combattant, le seul endroit où stocker tous ses pauvres biens personnels, vêtements chauds et victuailles de la marraine ou de la maison, objets divers et même dictionnaire ou livres.
Je ne voudrais pas relancer une polémique, surtout pas, (je pense au pantalon rouge qui aurait été plus visible que la capote bleue... (rapport de surface 1 à 6 ? Hautes herbes non comprises...)) mais ce poids du sac souvent évoqué lors des marches d'août-septembre, voilà la question...
Le fusil pesait 4,2 kg
La baïonnette avec fourreau 0,6 kg
La cartouchière de 80, un peu plus de 2Kg, portée à 4,2 kg en dotation de combat (150 cartouches)
Je passe sur le poids des vêtements caleçon compris...
Mais le sac ?....En août 14. Il y a l'outil portatif, pelle ou pioche, oui, mais LE SAC ?....
Merci.
Bonjour Joël et merci pour ce renseignement de poids !
Nous arrivons bien à plus de 25 kilos, je doutais mais me voilà renseigné.
Cependant, voyez-vous plus de détails ailleurs ? Car en effet nous avons un sac de 25,8 kg environ et un total de 7,8 kg de contenu... D'où la question sur les 18 kg qui restent.
En bas de page, "le poids total du chargement..." ne concernerait-il pas tout ce que porte le fantassin, de la tête au pied et armes comprises ? Car je ne m'explique pas ces 18 kg .
Merci pour tout,
Bernard
Ahhhhh !!!.... Je m'en doutais !... Je suis très content de ces explications !!!
Tout s'éclaire !
Ce n'est donc pas le SAC qui pèse 25 ou 28 kg mais le TOUT (voir fusil, munitions etc...), le chargement complet de la tête aux pieds. Pour le bidon, je crois qu'il contenait 1 litre, alors allez, on va ajouter au total un tout petit kilo de pinard à la place de l'eau ! (Je rappelle au passage que tout pinard contient environ 88 % d'eau )
Je ne voyais pas trop au départ comment un sac à dos tel que celui de 1914 pouvait peser 25 ou 30 kilos selon les auteurs ici ou là. (voir sa forme, son volume, sur des photos). J'ajoutais mentalement le poids des armes et munitions, plus le reste... En manipulant parfois des sacs de ciment, j'avais à chaque fois une pensée pour le dos et les épaules de nos vaillants ancêtres...
Dorénavant nous saurons "traduire".
Cela dit, le poids total reste le poids.... Surtout au mois d'août et pour ceux de la grande retraite...
Un grand merci Joël !
De fait le poids de l'équipement du fantassin n'a guère varié au fil des millénaires. Il est communément admis depuis la nuit des temps que l'on marche sans trop de fatigue avec un chargement inférieur à 30 kg ce qui correspond au poids de l'équipement de l'hoplite grec.
Voyons ce qui se fait chez l'ennemi :
La question de l’allégement du chargement du fantassin est toujours à l’ordre du jour en Allemagne. Le commandant d’un corps d’armée avait déclaré « impossible d’amener sur le champ de bataille avec son effectif complet une troupe d’infanterie chargée comme l’était, dans ces dernières années, le soldat allemand » (avant l’adoption du bidon et de la marmite d’aluminium, le poids total porté par le fantassin allemand s’élevait à 31,696 kg).
Déjà au mois d’août 1893, le bidon de verre avec l’enveloppe de cuir a été remplacé par un bidon avec gobelet en aluminium. Le 14 décembre 1893 une marmite individuelle en aluminium a été adoptée pour toutes les troupes à pied. Cela a permis un gain de 825 grammes.
Après l'ordre de cabinet du 27 janvier 1894, conçu en ces termes : « L’empereur considère comme insuffisant encore l’allègement apporté à la charge du fantassin en campagne et il invite les commandants de corps d’armée à lui présenter dans le plus bref délai des propositions tendant à réduire encore le chargement des hommes », l'effort est poursuivi.
Au mois d’avril 1894, et sur l’invitation formelle de l’autorité militaire, les étudiants en médecine de l’institut Frédéric-Guillaume, ont revêtu l’uniforme, porté le chargement de campagne du fantassin allemand et exécuté une série de marches, en vue d’étudier la limite de résistance du corps humain aux fatigues de la guerre.
Les marches entreprises par ces étudiants en médecine ont varié de 24 à 75 kilomètres ; elles ont été exécutés dans les conditions de température les plus variées et avec des chargements de 22 à 31 kg.
Un rapport “provisoire” du docteur Zuntz et du médecin militaire Schumburg résume, ainsi qu’il suit, les conclusions à déduire de cette série d’expériences :
Quant la charge du fantassin est modérée et ne dépasse pas 22 kg, une marche de 25 à 28 km, exécuté par une température moyenne, n’exerce aucune action déprimante sur la santé du soldat et entretient, au contraire, le jeu des muscles.
Une marche exécutée dans les mêmes conditions, mais par de fortes chaleurs, amène dans l’organisme de légères perturbations : transpirations abondantes, battements précipités du pouls, respiration trop rapide, circulation anormale du sang. Ces symptômes sont sans gravité, disparaissent après quelques heures de repos et ne diminuent en rien la résistance aux fatigues des jours suivants.
Un poids de 27 kg, porté pendant des marches de 22 à 28 kilomètres, exécutées par des temps favorables, est encore assez facilement supporté par le soldat et ne nuit pas à sa santé. Mais ce même chargement, porté pendant des journées très chaudes, provoque dans le corps humain des perturbations dont l’influence nuisible se fait sentir encore le lendemain.
Le poids de 27 kg doit donc être considéré comme le maximum dont la moyenne des soldats puisse être chargée pendant des marches de 25 à 28 kilomètres, exécutées en été.
Quant au chargement de 31 kg, il agit défavorablement sur l’organisme de l’homme, même pendant des marches moyennes et par des températures fraîches.
Enfin, en ce qui concerne l’entraînement pour supporter le chargement de campagne, il est à remarquer qu’un poids léger de 22 kg n’est plus gênant au bout de plusieurs jours, tandis que celui de 31 kg ne cesse jamais, même après une longue série de marches, de provoquer un affaiblissement graduel de l’organisme.
1894 : Achat d’ustensiles de cuisine en aluminium par les corps de troupe. Afin que nul éclat ne trahisse la présence des troupes, toute les surfaces extérieures seront noircies.
1893 : Mise à l’essai d’un nouveau modèle de havresac .
D’après la Gazette universelle de Munich du 26 août 1893, un certain nombre de régiments d’infanterie ont été chargés d’expérimenter un nouveau modèle de havresac, qui se distingue par les traits caractéristiques suivants :
Suppression du cadre en bois, et, par suite, allégement du sac ;
Adoption de 4 courroies postérieures (au lieu de 2) destinées à s’accrocher au ceinturon au moyen de crochets en aluminium. L’augmentation du nombre des courroies postérieures a pour but d’assurer une meilleure répartition du poids sur le dos de l’homme ;
Mode de réunion du havresac et du « sac d’assaut » (Sturmsack) ; le sac d’assaut est un petit sac en toile contenant trois rations de lard, de saucisse de pois, de café et de sel ; il est porté sur le dos de l’homme, sous le havresac, auquel il est réuni par une tringle métallique. Au moment de l’assaut, les hommes retirent cette tringle, le sac tombe à terre et les hommes n’ont plus à s’en inquiéter. Ils restent munis du sac d’assaut, de la poche à pain (Brodbeutel), des cartouchières et des outils portatifs. Après l’assaut, ils peuvent exécuter la poursuite sans délai, puisqu’ils ont des vivres ; ils sont rejoints ultérieurement par des détachements qui leur rapportent leurs havresacs.
Bonsoir,
Et merci Patrick pour ces explications supplémentaires.
Bien que cela soit toujours des kilos à porter, on voit bien la nuance entre "sac" et "chargement" (total du fantassin). A l'avenir, quand je lirai ou entendrai "sac de 30 kilos", je saurai traduire et ne m'étonnerai plus...
Chapeau à tous pour ces infos.
Bonjour Bernard, bonjour à tous, Vous trouverez dans le tableau ci-dessous la réponse à votre question. Ce tableau est extrait du livre du commandant Lavisse : " Sac au dos : études comparées de la tenue de campagne des fantassins des armées française et étrangères ". Hachette 1902"
Bonjour,
En ce concerne le chargement du sac, j'ai entendu dans un musée, le guide dire qu'au-dessus du sac, le soldat de 14 avait un petit fagot de bois. Ai-je bien entendu, il y avait beaucoup de monde ?
Cordialement - Juliette
Je m'en doutais !... Je suis très content de ces explications !!!
(Je rappelle au passage que tout pinard contient environ 88 % d'eau 
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