Le martyre de Dunkerque a commencé dès le 15 octobre 1914 lorsqu'un avion allemand lâche 2 bombes sur la ville et se termine le 15 octobre 1918 quand le dernier projectile de 38-cm est tiré sur la cité de Jean-Bart.
Durant cette période, la ville a connu tous les types d'attaques causant de très grandes pertes, surtout à la population civile:
-les attaques aériennes du 15 octobre 1914 au 21 septembre 1918 tuent 444 personnes et en blessent 882.
-les quatre bombardements de la cité de Jean-Bart par des destroyers allemands entre le 26 mars 1917 et le 21 mars 1918 tuent 7 personnes et en blessent 30.
-le bombardement par Zeppelin du 2 avril 1916 tue 3 personnes et en blesse 9.
-les bombardements par canons de 38-cm en batterie à Predikboom (119 obus de 38-cm tirés entre le 28 avril et le 9 août 1915) puis à Leugenboom (326 obus tirés entre le 27 juin 1917 et le 15 octobre 1918) tuent 121 personnes et en blessent 180.
La pièce de Predikboom, placée très près des lignes, a dû se replier après une contrebatterie très efficace de canons français de 240 mm et de 16 cm et son emplacement a été entièrement bouleversé par des tirs d'écrasement.
La pièce de Leugenboom, placée beaucoup plus en arrière, pourtant soumise à de nombreux tirs de l'ALVF française et à des bombardements aériens des aviations alliées, n'a pu être neutralisée.En effet, le canon de 38-cm SKL/45 de Leugenboom tire à plus de 44.000 mètres de distance sur la ville de Dunkerque et les tirs de contrebatterie sont effectués par les pièces françaises de 305 mm de l'ALVF à plus de 26.000 mètres.
Les lois de la dispersion expliquent facilement l'invulnérabilité de la position allemande car si, à 44.000 m, presque tous les coups tirés par les allemands sur une grande ville atteignent leur cible malgré une dispersion qui peut atteindre de 400 à 1.000 mètres, il en est tout autrement pour atteindre une position qui ne mesure guère plus de 30 m sur 15 m.Dans ces conditions pour atteindre une si petite cible, alors que la dispersion atteint 300 à 600 m (pour un tir bien réglé!), il serait nécessaire de tirer au moins un millier de coups, mais il faut savoir qu'un tube de marine s'use au bout de 300 coups.Voilà pourquoi la pièce de Leugenboom a pu tirer sur Dunkerque jusqu'à la veille de sa capture par l'Armée belge.
La pièce de Leugenboom a été abondamment photographiée après la guerre et a été conservée par le gouvernement belge comme vestige de guerre.Les allemands ont ensuite détruit la position pendant la période d'occupation.
Les photographies prises du côté allemand sont plus rares, voici donc cinq documents illustrant le canon de Leugenboom et ses servants appartenant au corps de l'Artillerie de Marine:

Construction de la batterie "Pommern" au début de 1917.

Photo traditionnelle d'un marin dans la bouche du canon de 38-cm SKL/45.

L'équipage des marins de la Batterie Pommern.

Obus explosif à fausse ogive de 38-cm.

La douille et la gargousse de poudre RPC/12 permettant le tir jusqu'à 44.000 mètres.
Les chiffres de projectiles et le nombre des victimes sont tirés du livre d'Albert Chatelle "Dunkerque pendant la guerre 1914-1918" Picart-1925.
Il y a des variantes minimes selon les sources consultées.
Cordialement,
Guy François.