418ème R.I. à Verdun

Parcours individuels & récits de combattants
JPL
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Re: 418ème R.I. à Verdun

Message par JPL »

Bonsoir à tous
Quelqu'un aurait-il des informations sur le rôle joué par le 418ème RI (153ème DI) dans le secteur de Douaumont entre le 25 février et le 4 mars 1916 ?
Merci pour votre aide. Cordialement. JPL
denis33
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Re: 418ème R.I. à Verdun

Message par denis33 »

Bonjour à toutes et à tous.
Bonjour JPL.

Voici quelques passages du livre de Pierre Héricourt " Le 418e R.I. un régiment, des chefs des soldats" aux éditions Paris Nouvelle librairie nationale.

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En espérant que cela répond en partie à ce que vous rechercher.
Bien cordialement.
Denis.
JPL
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Re: 418ème R.I. à Verdun

Message par JPL »

Bonsoir Denis
Mes plus vifs remerciements pour ce document qui m'intéresse au plus haut point d'autant que je travaille sur le 3ème bataillon , celui des "gars du nord". Le soldat dont j'essaie de retracer le parcours pour les commémorations de novembre 2008 a été déclaré Mort pour la France le 3 mars 1916 à Douaumont selon le site Mémoire des hommes, je pense qu'il a été tué la veille lors d'une attaque: auriez-vous la suite de ce que vous m'avez envoyé pour les journées des 1,2 et 3 mars ? Ce serait évidemment une aide précieuse pour mon travail.
Merci encore. Amicalement. JPL
denis33
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Re: 418ème R.I. à Verdun

Message par denis33 »

Bonsoir à toutes et à tous.
Bonsoir JPL

Voici la suite...

27 février 1916

L’aube du 27 est calme encore, et pas une minute n’est perdue pour perfectionner notre défense ; Les téléphonistes, en fouillant un peu partout, ont fini par trouver du fil dans un abris des batteries de Douaumont ; c’est une aubaine inespérée qui leur permet d’établir une ligne double pour nous relier avec l’artillerie, et pour relier le colonel avec les bataillons.
Mais voici qu’à 10 h 15, subitement, une bordée de glissements et de sifflements se fait entendre, bientôt suivie de craquements effroyables au milieu desquels jaillissent du feu et des flammes : la préparation allemande commence. Les arbres sont rasés, déracinés, brisés, quelques-uns frappés au sommet par un obus en pleine course, pendant que des entrailles de la terre montent des colonnes de poussière et de fumée à travers l’air irrespirable. Les masses d’explosifs s’abattent inlassablement sur le sol ravagé où les entonnoirs sont comblés par d’autres entonnoirs , et les mortier ennemis déchaînent sans relâche un feu d’enfer. Les tranchées sont bouleversées et les occupants criblés de mitraille ; la terre tremble comme secouée par l’agonie des humains qui cherchent à s’anéantir. Tous les calibres, 150, 210, 305, 380 labourent le terrain sans en oublier un coin ; il faut qu’il ne reste rien devant les soldats du Kronprinz ; on leur a juré qu’ils entreraient à Verdun l’arme à la bretelle, par surprise. Nos communications téléphoniques ne sont pas coupées, mais hachées ; que se passe-t-il à droite et à gauche, devant, derrière, personne n’en sait plus rien ; des milliers d’hommes sont là, isolés du reste du monde et loin les uns des autres, chacun dans son trou, en attendant l’obus qui, dans une explosion violente et lumineuse, l’anéantira en dispersant ses membres aux quatre coins du ciel. Et le déluge de fer roule toujours son flot furieux, tant qu’il croit n’avoir pas tout submergé.
Cinq heures durant, sans qu’il se fût ralenti un seul instant, le feu d’artillerie ennemi se déverse ainsi sur notre position, préparant la route au IIIe corps prussien…

A 15 h 15, les Allemands s’élancent à l’assaut de nos ligne, mais aussitôt qu’ils paraissent, du sol convulsé auquel ils se sont accrochés, nos soldats surgissent, et leur feu meurtrier décime les assaillants. Cependant combien sont tués déjà et combien sont blessés par le bombardement. Si les morts, chez nous, ne se relèvent point, ils donnent du moins l’exemple aux vivants et les blessés combattent et continuent à tirer tant qu’ils peuvent. Toute une pléiade de jeunes chefs, à l’exemple de sous-lieutenant Fonroques, touché le 24 et qui a gardé le commandement de sa section, ne se soucieront pas du sang qui coule tant qu’ils pourront encore aller de l’avant ; les soldats ne veulent pas être moins vaillants que leurs officiers, ils en feront autant.
Mais on a beau tirer, à en faire rougir les fusils, les Brandebourgeois succèdent aux Brandebourgeois comme les vagues qui viennent mourir sur le rivage. Ils veulent à tout prix percer, ces braves Prussiens qui ignorent que nous sommes installés avec l’idée bien arrêtée de ne pas déménager ! Cependant, au sud du fort, grâce à leurs efforts répétées, sans souci des pertes, ils réussissent à prendre pied chez les zouaves qui sont très éprouvés et se laissent déborder. Notre gauche est menacée directement de flanc et bientôt sera prise à revers : les zouaves ne tiennent plus, ils sont culbutés, et quelques détachements sont prisonniers dans une batterie du fort qui servait également de poste de secours.
L’heure est critique. Le colonel lance alors à la contre-attaque les 10e et 12e compagnies par ldes sous-lieutenants Manquillet, blessé qui reste à son poste, et Werner. Ces deux compagnies s’élancent sur un ennemi qui se croit déjà sûr du succès. Quelques braves comme Joutant, le caporal de la 10e, tombent en entraînant leurs hommes, mais le mouvement est donné et les Allemands surpris, commencent à tournoyer. Alors Werner, Bourguignon, Lapassade enlèvent leurs sections ; l’adjudant Martin, de la 12e arrive à l’emplacement de batterie où les zouaves sont encore prisonniers. Martin délivrant 40 zouaves les entraîne dans sa charge…
Quelques temps après le lieutenant Dequéant, blessé rend compte de sa mission au commandant Krebs qui a suivi, non sans émotion, l’élan de ses compagnies…

A peine avions-nous terminé ce combat sur la gauche que notre centre est menacée à son tour. La 2e compagnie a tellement souffert qu’elle n’existe pour ainsi dire plus et l’ennemi, profitant du trou, lance ses hommes dans la brèche. Il va culbuter le 1er bataillon. Mais la 1ère compagnie (capitaine Roy) est en réserve et le commandant Lagarde la lance à son tour. Elle est entraînée par le sous-lieutenant Péré et l’adjudant Fort….
Au cours de l’action le capitaine Roy est blessé d’un coup de fusil tiré à bout portant, mais le soldat Chrysostome a déjà mis en joue l’Allemand et venge instantanément la blessure de son chef. Quand l’œuvre de justice est faite, il aide le brave Limouzin a charger sur son dos le capitaine, incapable de marcher, et Limouzin, qui était malade le matin, ne fait plus attention à rien, pas même au bombardement ; il n’a qu’une pensée, conduire son commandant de compagnie au poste du chef de bataillon afin qu’il puisse y rendre compte du triomphe de ses hommes...

Bien cordialement.
Denis



JPL
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Re: 418ème R.I. à Verdun

Message par JPL »

Bonsoir Denis et merci ! S'il est possible d'avoir la suite jusqu'au 3 mars je suis preneur ! Merci encore. Amicalement.JPL
denis33
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Re: 418ème R.I. à Verdun

Message par denis33 »

Bonjour à toutes et à tous.
Bonjour JPL.

Voici la suite pour la période demandée.

"Sur notre droite notre position est intégralement maintenue et l’ennemi ne peut arriver à déboucher du bois d’Hardaumont. Son entêtement dure deux grandes heures ; il a l’ordre impératif d’enlever notre ligne. Là encore, la volonté de nos hommes est plus forte que le matériel et le mépris de la mort pousse aux folies les plus héroïques. La section de mitrailleuses commandée par l’adjudant Depoix (compagnie Krantz) n’a pas un champ de tir assez vaste au gré de ce sous-officier. Il monte ses deux pièces sur le haut d’une vielle casemate qui domine tout le terrain, et de là tire sans discontinuer. C’est un jeu dangereux….
Aidé par des mitrailleurs d’élite comme le soldat Millerioux ( 14e compagnie : « appartenant comme chargeur à une pièce de mitrailleuse occupant une position importante et dangereuse n’a cessé ni de jour, ni de nuit pendant plusieurs journées d’assurer le fonctionnement de sa pièce quoi qu’elle ait été à plusieurs reprises recouverte de terre l’éclatement des obus, et a ainsi contribué dans une large mesure à briser l’attaque ennemie. ») , et le caporal Walter, il restera à son poste jusqu’à la relève, ne manquant jamais une occasion de tirer aussitôt qu’un Allemand cherche à se montrer….
Ses deux « faucheuses », pendant ces rudes journées n’ont pas tiré moins de 70000 cartouches.
A 17 h 30, l’attaque ne se renouvelle plus. Les Allemands ont fondu dans ce brasier,, troupes de chocs et réserve. Le bombardement reprend alors rageusement pendant toute la nuit et la journée du lendemain, sans relâche, ne laissant aucun coin de la terre que nous tenons sans le retourner. Par moments une brusque interruption permet aux reconnaissances allemandes de s’élancer vers nos lignes, mais chaque fois, elles voient, désespérées, que nous tenons le sol, et Depoix, aussi bien d’ailleurs que les sections d’infanterie, ne leur laissent pas le temps de regagner leurs lignes…
Nous avons de notre côté de nombreuses pertes : la 9e compagnie (sous-lieutenant Lamoulère) sans avoir été engagée est réduite à soixante hommes ; un seul obus de gros calibre qui tombe sur le poste de commandement du commandant des Ordons, alors que celui-ci vient de grouper auprès de lui es commandants de compagnie, blesse cinq officiers et une quinzaine d’hommes. La consigne est de tenir jusqu’au bout et le lieutenant Challet, qui est atteint de plusieurs éclats à la main gauche et à la tête, ne quittera pas son poste, il tiendra…

28 février 1916

Le 29, pendant le tir d’anéantissement qui reprend avec une vigueur particulière dans l’après-midi, une section tout entière de la compagnie Audié (4e) ne compte plus que des morts et des blessés. Le sous-lieutenant Cremier qui la commande est touché pour la deuxième fois….

1er mars 1916

Le 1er mars un groupe de grenadiers doit tenter un coup de main sur les chalets d’officiers situés au sud du fort. L’ennemi qui s’y organise et y a posté ses mitrailleuses menace d’y devenir gênant. L’officier de liaison du 60e d’artillerie, le sous-lieutenant Delouche, revendique l’honneur de commander la reconnaissance… Malgré son audace il ne peut se maintenir dans les maisons ou l’Allemand tient une forte garnison. Ce coup de griffe surprend plus qu’on ne saurait le dire les Allemands qui se figuraient n’avoir devant eux que des gens démoralisés, et pour nous enlever l’envi de recommencer ils nous déversent entre 13 h 00 et 17 h 00 un échantillonnage serré de tous leurs calibres. C’est pendant ce bombardement que le capitaine Palasset est mortellement atteint par un schrapnell alors qu’il inspecte sans se soucier du danger les positions de sa compagnie (8e).

2 mars 1916

Le lendemain, 2 mars, c'est la compagnie Bosquet qu'on charge de reprendre l'opération de la veille, et personne ne céderait sa place pour un empire. Le soldat Poirette a été retourné, dès l'aube par un obus, et son chef de section le lieutenant Carrat lui a donné l'ordre d'aller se reposer un peu en arrière. Oui, mais quand il sait que ses camarades vont bondir sur les Allemands, mon Poirette, qui tient à soigner sa réputation de grenadier avant ses contusions, rapplique et part au signal du capitaine Bosquet qui entraîne toute sa troupe. L'attaque réussit et les maisons et les tranchées sont enlevées en un clin d’œil. Cependant le brave Poirette a été touché d'une balle au ventre en arrivant sur les objectifs; au lieu d'un cri de douleur c'est un cri de rage qui sort de ses lèvres lorsqu'il est couché à terre par sa blessure, et ne songeant qu'à vaincre et à achever son oeuvre, il continue à lancer des grenades en rampant et en traînant sa chair ensanglantée, jusqu'à ce qu'une nouvelle balle le foudroie.
Quelques instants après, les Allemands, irrités de cette défaite locale qui leur montre que nous savons mordre, entament un bombardement effroyable qui ne s’arrêtera pas pendant six heures et qui bouleversera une fois de plus toutes nos tranchées. Les liaisons téléphoniques, rétablies au prix de tant d’héroïsme, par des hommes comme Delfosse, Videau, Albert qui rivalisent de mépris de la mort avec des soldats comme Touzart, Lafourcade, Delpey, sont encore une fois hachées. Aucun coureur, dans cet enfer, ne peut passer tant est serrées les mailles de fer, de fonte et d’acier du filet que les mortiers de 305 et 380 jettent inlassablement sur nos positions ; On dirait une mer moutonneuse dont les vagues successives transforment indéfiniment l’aspect. Tous les plus petits coins de ravins sont fouillés par des obusiers à trajectoire très courbe afin que nos réserves, s’il nous en reste, soient pulvérisées comme notre ligne ; il n’y a pas de doute : les Allemands préparent encore un formidable assaut…"

Bien cordialement.
Denis
JPL
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Re: 418ème R.I. à Verdun

Message par JPL »

Bonsoir Denis et un "immense merci" pour votre aide. Amicalement. JPL
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Ferns
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Re: 418ème R.I. à Verdun

Message par Ferns »

Bonjour,
Auriez-vous des infos sur le 418° dans l'Aisne en 1917 ?
D'avance merci.

Cordialement,

Ferns.
L'homme en campagne a les mêmes besoins qu'en temps de paix ; ces besoins deviennent même plus impérieux, étant exacerbés par une existence plus active et plus énervante.(Henry Mustière)
JPL
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Re: 418ème R.I. à Verdun

Message par JPL »

Bonjour,
Auriez-vous des infos sur le 418° dans l'Aisne en 1917 ?
D'avance merci.

Cordialement,

Ferns.
Bonjour Ferns

Voilà ce que l'on trouve dans l'historique concernant cette période:
A la fameuse attaque du Chemin des Dames le 16 avril, le 418ème part en première ligne sur Cerny et sa sucrerie. Sur un terrain affreusement bouleversé où il capture de nombreux prisonniers et un matériel important, mitrailleuses, minenwerfer etc... il progresse presque d'un kilomètre, et toujours égal à lui-même par son mordant irrésistible, il repart à nouveau le 19, malgré les pertes très dures déjà subies.

C'est malheureusement succinct mais c'est tout ce que je peux vous proposer. Cordialement. JPL
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Ferns
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Re: 418ème R.I. à Verdun

Message par Ferns »

Merci,
C'est déjà ça.

Cordialement,
Ferns
L'homme en campagne a les mêmes besoins qu'en temps de paix ; ces besoins deviennent même plus impérieux, étant exacerbés par une existence plus active et plus énervante.(Henry Mustière)
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