La vie d'un canon sur le champ de bataille

bernard berthion
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Re: La vie d'un canon sur le champ de bataille

Message par bernard berthion »

Bonjour Mon Général,

Après les vacances c'est un plaisir de vous retrouver et de prendre le temps de lire cette intéressante recherche sur le vie d'un canon en particulier le 75 modèle 1897.
Comme toujours vos enquêtes sont développées permettant réflexions et apports personnels élargissant le débat.
J'attends la suite avec impatience...

Amitiés BB
- Août 1914 dans le département des Ardennes : du début août avec l'arrivée et le passage des troupes se concentrant en se dirigeant vers la Belgique, au repli de fin août vers la Marne en résistant sur la Semoy, La Chiers, la Meuse, l'Aisne, la Retourne.
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mireille salvini
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Re: La vie d'un canon sur le champ de bataille

Message par mireille salvini »

Bonjour à tous, bonjour Guy,

Merci pour cette présentation sur la vie d’un canon 75, que j’ai trouvé très intéressante alors que je n’y connais rien et que tout ce qui relève de la technique c'est plutôt aride pour moi.

J’ai découvert l’existence de ces livrets de bouche à feu, ça m’a vraiment surprise même si on comprend tout de suite la logique et l’importance de cette traçabilité d’un matériel aussi important. Est-ce que de nos jours, ce livret existe toujours ? Sous une autre forme ?

Pour en revenir au sujet initial, j’ai une petite question annexe.
Une fois que l’obus est tiré, la douille tombe sur place...et quand il y en a 400 sur une journée, est-ce que c'est ramassé ( après la bataille) pour être recyclé ? Ou est-ce que c'est abandonné, définitivement hors d’usage ?
C'est sans doute une question anachronique/bizarre mais quand on additionne le nombre d’obus tirés, ça devait faire un tas de douilles énorme.

Pour finir, les servants du 75 étaient relevés tous les combien de temps en théorie ? J’imagine que c'était très physique et impactant pour l’audition :shock: , en plus d’être exposé à un risque d’éclatement du canon..

Merci d’avance pour vos réponses !

Bien cordialement,
Mireille
Aucune justice n'est possible pour les morts… mais si nous ne pratiquons pas le devoir de mémoire, ils mourront une seconde fois.
(Elie Wiesel-prix Nobel de la Paix)
Mercadal P
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Re: La vie d'un canon sur le champ de bataille

Message par Mercadal P »

Bonjour.
En réponse , très partielle, à Madame Salvini concernant l'existence de ces documents.
Dans les années 1970 les canons de 105 des chars AMX 30 étaient suivis sur un livret BAF . Les tirs étaient affectés d'un coefficient de pondération selon la nature de l'obus tiré ( le plus souvent des simili charge creuse Vo 1000 m/s, très rarement des obus explosifs Vo 700 m/s sI j'ai bonne mémoire ...je n'ai jamais vu tirer d'obus à charge creuse ...)
Il existait dans chaque régiment de chars un officier BAF chargé du suivi des tubes . Le stage de qualification de ces officiers, pour ce qui concerne la 6 ° Région militaire, , était organisé par le Détachement du contrôle technique du Matériel de la 6 ° RM , la partie pratique avait lieu à l'annexe de Moumelon de l'Etablissement régional du Matériel de Châlons sur Marne ( devenue depuis la pétillante Châlons en Champagne ) ou l'on pouvait admirer une collection de tube de 75 présentant toutes les défectuosités possibles et imaginables ( et même inimaginables )
Au revoir.
PML
ALVF
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Re: La vie d'un canon sur le champ de bataille

Message par ALVF »

Bonjour,

Je réponds aux questions de Mireille:

-oui, les bouches à feu modernes ont toujours des "livrets" car il faut pouvoir suivre en un instant le passé du canon. La forme a bien entendu évolué avec le temps. A noter aussi que les armes individuelles ou collectives peuvent être suivies mais de façon moins formelle afin de niveler les dotations et de ne pas créer des "armes d'instruction très usées" pouvant devenir dangereuses si on y prend pas garde.

-les douilles sont récupérées dès que la situation le permet, il y a des photographies de véritables "montagnes de douilles" à l'issue des tirs effectués lors des grandes offensives. Les douilles sont réemployées si elles n'ont pas souffert (enfoncements, dégradations diverses sur le front), certaines peuvent être rechargées en charge de combat, d'autres plus "fatiguées" servent au tir à blanc ou au tir fictif voire aux tirs à charge réduite (à la fin de la guerre, il y a des charges réduites pour certaines conditions d'emploi du 75).

-les artilleurs sont moins relevés que l'infanterie, certaines unités organiques restent plus ou moins longtemps en position après la relève de l'infanterie pour soutenir les nouveaux arrivants. Dans les grandes offensives, une seule Division d'Infanterie peut être appuyée par trois ou quatre "Artillerie Divisionnaire" venant d'autres Divisions (dont l'Infanterie est éventuellement en réserve ou en repos). Certes, les pertes sont plus faibles dans l'artillerie mais les artilleurs restent plus longtemps en ligne.
Le triste sort des "Crapouillots" (Artilleurs de Tranchée) des batteries non organiques est connu, de 1915 à 1917, certaines unités n'ont jamais été relevées ou seulement pendant des périodes extrêmement courtes. Il a été nécessaire, sur intervention parlementaire, de revoir cette situation dans les Armées où les unités de tranchée d'Armée étaient véritablement abandonnées à leur triste sort.

-enfin, à partir de 1917, les batteries d'artillerie de tout calibre sont la cible prioritaire de l'artillerie allemande qui tire sur elle 80% de ses obus à ypérite afin de tenter de juguler la puissance de l'artillerie française.
Ainsi, à Verdun en août 1917, la grande majorité des intoxiqués sont des artilleurs.
De surcroît manier des centaines de cartouches de 75 sous le soleil et en portant le masque à gaz, conduit les artilleurs à ralentir leur cadence de tir.
Les artilleurs lourds (155) doivent manier dans les mêmes conditions des obus de 43 kg chacun ou de 100 kg (pour les 220 TR). On comprend mieux pourquoi les artilleurs sont visés en priorité par les obus toxiques.
-concernant les explosions de tubes, il y a un sujet sur la "crise du 75" dans les profondeurs du Forum.
Cordialement,
Guy François.
humanbonb
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Re: La vie d'un canon sur le champ de bataille

Message par humanbonb »

Bonjour,

Le sujet sur la mort des canons sur le champ de bataille :
viewtopic.php?t=51913

Celui sur les éclatements de 75 :
viewtopic.php?t=11335&hilit=la+crise+du+75


Bonne journée.
Cdlt.
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dmt4
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Re: La vie d'un canon sur le champ de bataille

Message par dmt4 »

bonjour
merci ALVF pour ces précisions ; ce sont bien deux canons différent , en fait je m’étonnait qu'ils utilisent de vrai canons pour tourner une série sur tf1, je pensai plutôt à des copies à cause de la législation ; c'est classé en A , matériel de guerre interdit de détention. il doit y avoir une dérogation pour le cinéma :?:
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ALVF
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Re: La vie d'un canon sur le champ de bataille

Message par ALVF »

Bonsoir,

Merci pour ces précisions, votre publication provoque de nouvelles interrogations:
-où sont prises ces photographies?
-quelle est la provenance de ces canons de 75 modèle 1897?
-avez-vous photographié les inscriptions des deux manchons de ces pièces?
Cordialement,
Guy François.
bernard berthion
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Re: La vie d'un canon sur le champ de bataille

Message par bernard berthion »

Bonsoir à tous et toutes,

en parcourant Gallica, je suis tombé sur:

1) " Bulletin de renseignements de l'artillerie", source d'informations sur l'artillerie française et l'artillerie allemande ainsi que des nations alliées.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... .item.zoom

2) "Revue de l'Artillerie paraissant le 15 de chaque mois"
dans le N° du 01/04/1914, il y a un article sur les voitures du matériel allemand de 96 n/A

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... c/f47.item


Cordialement BB
Dernière modification par bernard berthion le mar. août 30, 2022 5:15 pm, modifié 1 fois.
- Août 1914 dans le département des Ardennes : du début août avec l'arrivée et le passage des troupes se concentrant en se dirigeant vers la Belgique, au repli de fin août vers la Marne en résistant sur la Semoy, La Chiers, la Meuse, l'Aisne, la Retourne.
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mireille salvini
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Re: La vie d'un canon sur le champ de bataille

Message par mireille salvini »

Bonsoir Guy,

Je vous remercie vivement pour vos explications claires et captivantes sur un sujet que je ne connais que très peu et que de très loin.
Je me rends compte que je ne me suis jamais vraiment penchée sur la vie des artilleurs.
Ainsi j’ignorais totalement leur surexposition à l’intoxication aux gaz toxiques, n’ayant pensé qu’à leurs oreilles :oops:
De même pour leurs conditions de vie, je ne savais pas, je ne pensais pas possible l’absence de relève...de vrais forçats en fait.
(L’histoire de l’intervention de parlementaires en leur faveur m’intrigue, qu’est-ce qui s’est passé pour que des politiques s’en émeuvent ? )

Merci également à P. Mercadal de m’avoir répondu et à Humanbomb pour les liens :jap: j’ai lu le tout avec beaucoup d’attention.


Bien cordialement,
Mireille
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dmt4
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Re: La vie d'un canon sur le champ de bataille

Message par dmt4 »

bonjour
pour répondre à ALVF un peu plus haut , j'ai pris ces photos à SENONES dans les VOSGES au mois de mai l'année dernière lors du tournage de la série "les combattantes" . je ne sait pas d'où viennent ces canons , peut être un prêt d'un musé ? ...
j'ai quelques autres photos

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