75 TR Saint-Chamond Mexique, France, Espagne, Israël
Publié : lun. sept. 23, 2019 5:35 pm
Bonsoir,
Dans les numéros 115, 116 et 126 de la Revue GBM, j'ai retracé en détail l'histoire compliquée du canon de campagne de 75 TR Saint-Chamond. En effet, ce canon moderne, adopté par le Mexique dès 1902 a ensuite servi dans l'Armée française à partir de 1916 puis, par des parcours curieux, en Espagne républicaine en 1937 puis en 1948 encore en Israël. Par ailleurs, la plupart des canons de campagne mis en service dans l'Armée française ont été mis en service dans les premières versions du char Saint-Chamond en 1917 et 1918.
L'allure générale du canon de campagne de 75 TR Saint-Chamond n'a guère changé au cours de son histoire. Il faut surtout examiner le bouclier du matériel pour différencier sur photographies les versions mexicaine et française, essentiellement du fait de la disposition des outils et accessoires sur le bouclier. A l'origine le 75 TR mexicain tire une munition de 75 encartouchée d'un type particulier tandis que le version française tire la cartouche du 75 modèle 1897 pour des raisons évidentes de standardisation.
-1: le canon de campagne de 75 TR Saint-Chamond du Mexique:
Après un concours ayant regroupé les matériels des constructeurs Saint-Chamond, Schneider et Krupp, le gouvernement mexicain choisit sans surprise le matériel de 75 TR de Saint-Chamond le 27 novembre 1902 et commande 48 matériels de campagne. Le concours a été pour le moins biaisé car le colonel (et futur général) Mondragon a beaucoup travaillé auparavant avec la Société des Forges et Aciéries de la Marine et d'Homécourt de Saint-Chamond pour mettre au point puis faire construire les différents canons de montagne mexicains de son invention. De surcroît, longtemps attaché militaire du Mexique à Paris, le colonel Mondragon, protégé du Président du Mexique, Porfirio Diaz, ne cache pas ses préférences pour la firme de Saint-Chamond. En 1902, il débarque à Vera-Cruz en provenance de France en compagnie du représentant de Saint-Chamond, tout ceci, à juste titre, ne dit rien qui vaille à Krupp et encore plus à Schneider!
En 1910, de nouvelles commandes sont adressées à Saint-Chamond. En février 1913, le général Mondragon, devenu Ministre de la Guerre après avoir renversé le président Madero, successeur de Porfiro Diaz, au cours de dix jours de combats sanglants à Mexico adresse une nouvelle grande commande de matériels de campagne et de montagne à Saint-Chamond. Toutefois, il est douteux que ces matériels aient pu être livrés car le général Mondragon doit quitter le Mexique au bout de six mois de ministère du fait de son rôle dans le meurtre sauvage du président Madero tandis que le Mexique s'enfonce dans une guerre civile meurtrière.
Voici deux photographies du canon de 75 TR de Saint-Chamond prises lors des 10 jours de combats de rues de février 1913 ("Decena tragica") à Mexico qui voient réussir le coup d'état organisé par les généraux Mondragon et Felix Diaz, neveu de l'ancien président.
Tout d'abord, un canon de 75 TR Saint-Chamond de bel aspect gardé par des cadets, élèves-officiers ("Cadetes"). Presque dépourvus de munitions, les canons du gouvernement ne peuvent jouer un grand rôle car le général Mondragon occupe la citadelle où sont stockées la majorité des munitions disponibles. Ces malheureux officiers-élèves vont être stupidement envoyés par le président Madero à l'assaut des troupes de Mondragon et de Diaz, retranchés derrière des barricades garnies de canons Saint-Chamond et de mitrailleuses Hotchkiss disposant de munitions en grand nombre... Ici, un canon de 75 TR Saint-Chamond, muni, lui, de tous ces accessoires notamment de visée, est en batterie derrière une barricade tenue par des "Felicistes", partisans de Mondragon et de Felix Diaz. Les assauts des Cadets et des "Rurales" seront brisés facilement sous le feu des canons et des mitrailleuses des "Felicistas": Ces canons servent longtemps au Mexique, y compris à l'issue de la tragique révolution mexicaine et certains canons ont servi dans des pays d'Amérique centrale sans que l'on connaisse exactement leur provenance dans l'état actuel des connaissances.
(à suivre)
Dans les numéros 115, 116 et 126 de la Revue GBM, j'ai retracé en détail l'histoire compliquée du canon de campagne de 75 TR Saint-Chamond. En effet, ce canon moderne, adopté par le Mexique dès 1902 a ensuite servi dans l'Armée française à partir de 1916 puis, par des parcours curieux, en Espagne républicaine en 1937 puis en 1948 encore en Israël. Par ailleurs, la plupart des canons de campagne mis en service dans l'Armée française ont été mis en service dans les premières versions du char Saint-Chamond en 1917 et 1918.
L'allure générale du canon de campagne de 75 TR Saint-Chamond n'a guère changé au cours de son histoire. Il faut surtout examiner le bouclier du matériel pour différencier sur photographies les versions mexicaine et française, essentiellement du fait de la disposition des outils et accessoires sur le bouclier. A l'origine le 75 TR mexicain tire une munition de 75 encartouchée d'un type particulier tandis que le version française tire la cartouche du 75 modèle 1897 pour des raisons évidentes de standardisation.
-1: le canon de campagne de 75 TR Saint-Chamond du Mexique:
Après un concours ayant regroupé les matériels des constructeurs Saint-Chamond, Schneider et Krupp, le gouvernement mexicain choisit sans surprise le matériel de 75 TR de Saint-Chamond le 27 novembre 1902 et commande 48 matériels de campagne. Le concours a été pour le moins biaisé car le colonel (et futur général) Mondragon a beaucoup travaillé auparavant avec la Société des Forges et Aciéries de la Marine et d'Homécourt de Saint-Chamond pour mettre au point puis faire construire les différents canons de montagne mexicains de son invention. De surcroît, longtemps attaché militaire du Mexique à Paris, le colonel Mondragon, protégé du Président du Mexique, Porfirio Diaz, ne cache pas ses préférences pour la firme de Saint-Chamond. En 1902, il débarque à Vera-Cruz en provenance de France en compagnie du représentant de Saint-Chamond, tout ceci, à juste titre, ne dit rien qui vaille à Krupp et encore plus à Schneider!
En 1910, de nouvelles commandes sont adressées à Saint-Chamond. En février 1913, le général Mondragon, devenu Ministre de la Guerre après avoir renversé le président Madero, successeur de Porfiro Diaz, au cours de dix jours de combats sanglants à Mexico adresse une nouvelle grande commande de matériels de campagne et de montagne à Saint-Chamond. Toutefois, il est douteux que ces matériels aient pu être livrés car le général Mondragon doit quitter le Mexique au bout de six mois de ministère du fait de son rôle dans le meurtre sauvage du président Madero tandis que le Mexique s'enfonce dans une guerre civile meurtrière.
Voici deux photographies du canon de 75 TR de Saint-Chamond prises lors des 10 jours de combats de rues de février 1913 ("Decena tragica") à Mexico qui voient réussir le coup d'état organisé par les généraux Mondragon et Felix Diaz, neveu de l'ancien président.
Tout d'abord, un canon de 75 TR Saint-Chamond de bel aspect gardé par des cadets, élèves-officiers ("Cadetes"). Presque dépourvus de munitions, les canons du gouvernement ne peuvent jouer un grand rôle car le général Mondragon occupe la citadelle où sont stockées la majorité des munitions disponibles. Ces malheureux officiers-élèves vont être stupidement envoyés par le président Madero à l'assaut des troupes de Mondragon et de Diaz, retranchés derrière des barricades garnies de canons Saint-Chamond et de mitrailleuses Hotchkiss disposant de munitions en grand nombre... Ici, un canon de 75 TR Saint-Chamond, muni, lui, de tous ces accessoires notamment de visée, est en batterie derrière une barricade tenue par des "Felicistes", partisans de Mondragon et de Felix Diaz. Les assauts des Cadets et des "Rurales" seront brisés facilement sous le feu des canons et des mitrailleuses des "Felicistas": Ces canons servent longtemps au Mexique, y compris à l'issue de la tragique révolution mexicaine et certains canons ont servi dans des pays d'Amérique centrale sans que l'on connaisse exactement leur provenance dans l'état actuel des connaissances.
(à suivre)