Re: 15 juillet
Publié : mar. juil. 15, 2008 3:05 pm
Bonjour à tous,
Il y a 90 ans, Marcel ERNIS écrivait :
[quotemsg]15 juillet : À 2 h du matin, ce n'est qu'un enfer, l'on croirait que le ciel est en feu. Tout rouge, lueur sinistre qui nous effraie un moment, mais dont nous comprenons la raison, les boches ont attaqué et passent la Marne. Est-ce une nouvelle retraite ? Il est à souhaiter que non, et que nos divisions réussiront à les arrêter. En pleine nuit, nous partons en construction de lignes pour relier le château à un poste installé provisoirement sur la route de Montmirail et remplaçant la poste civile d'Orbais. A l'entrée de ce village où nous sommes bien forcés de passer, nous sommes salués par une rafale de deux obus qui tombent à moins de 100 mètres. Vite, nous nous précipitons où venait de passer ces zins-zins, la terre projetée en l'air nous retombe dessus ; Voulant courir, nous nous enchevêtrons dans les lignes télégraphiques coupées par les éclats et retombées dans la rue, encore une petite émotion. Après une autre rafale, nous arrivons enfin à un carrefour où nous devons installer un poste. Je pars avec quelques camarades et, à travers champs, nous déroulons nos câbles. Toute la journée, nous reconstruisons le réseau d'Orbais en passant aux alentours du pays. L'après-midi, je fais un bond jusqu'à Orbais, passant entre deux rafales, j'arrive enfin au cantonnement. Aussi quelles émotions, j'ai éprouvé en traversant ce pays, personne dans les rues, tout le monde s'est sauvé, par endroits quelques cadavres, des arbres fauchés, des maisons éventrées, quel changement en quelques heures. Hier c'était la joie, aujourd’hui la mort a passé sur ce pays.
[/quotemsg]
L'Allemagne déclenchait la Friedensturm.
Marcel ERNIS est passé au travers du déluge.
Mais sur la liste que je constitue, ils sont 811 ce jour-là à tomber autour de Dormans. Puis d'autres centaines, les jours suivants. Leur sacrifice est loin d'être vain puisque l'offensive est bloquée et que la contre-offensive qui suit se poursuivra jusqu'en novembre 1918.
Quelques lignes, pour nous souvenir d'eux, de ce 15 juillet.
Arnaud
Il y a 90 ans, Marcel ERNIS écrivait :
[quotemsg]15 juillet : À 2 h du matin, ce n'est qu'un enfer, l'on croirait que le ciel est en feu. Tout rouge, lueur sinistre qui nous effraie un moment, mais dont nous comprenons la raison, les boches ont attaqué et passent la Marne. Est-ce une nouvelle retraite ? Il est à souhaiter que non, et que nos divisions réussiront à les arrêter. En pleine nuit, nous partons en construction de lignes pour relier le château à un poste installé provisoirement sur la route de Montmirail et remplaçant la poste civile d'Orbais. A l'entrée de ce village où nous sommes bien forcés de passer, nous sommes salués par une rafale de deux obus qui tombent à moins de 100 mètres. Vite, nous nous précipitons où venait de passer ces zins-zins, la terre projetée en l'air nous retombe dessus ; Voulant courir, nous nous enchevêtrons dans les lignes télégraphiques coupées par les éclats et retombées dans la rue, encore une petite émotion. Après une autre rafale, nous arrivons enfin à un carrefour où nous devons installer un poste. Je pars avec quelques camarades et, à travers champs, nous déroulons nos câbles. Toute la journée, nous reconstruisons le réseau d'Orbais en passant aux alentours du pays. L'après-midi, je fais un bond jusqu'à Orbais, passant entre deux rafales, j'arrive enfin au cantonnement. Aussi quelles émotions, j'ai éprouvé en traversant ce pays, personne dans les rues, tout le monde s'est sauvé, par endroits quelques cadavres, des arbres fauchés, des maisons éventrées, quel changement en quelques heures. Hier c'était la joie, aujourd’hui la mort a passé sur ce pays.
[/quotemsg]
L'Allemagne déclenchait la Friedensturm.
Marcel ERNIS est passé au travers du déluge.
Mais sur la liste que je constitue, ils sont 811 ce jour-là à tomber autour de Dormans. Puis d'autres centaines, les jours suivants. Leur sacrifice est loin d'être vain puisque l'offensive est bloquée et que la contre-offensive qui suit se poursuivra jusqu'en novembre 1918.
Quelques lignes, pour nous souvenir d'eux, de ce 15 juillet.
Arnaud