Re: Témoignage H.Ponsard - 15e Chasseurs A Pied Dans L'Hartmannsweilerkof
Publié : lun. avr. 21, 2008 2:25 am
Bonsoir à tous,
Je vous livre ici un témoignage d'un soldat (H.Ponsard) curé au 15ème Chasseurs à Pied daté de 1916 que j'ai retrouvé dans des archives privées.
En espérant que cela puisse en intéresser certains parmi vous, je vous souhaite bonne lecture! Quelqu'un connaît-il ce soldat ? Son histoire ?
Je trouve que la portée de ce témoignage est immense : comment ce Monsieur Ponsard arrive-t-il à "se trouver de meilleure façon" en dépit de l'enfer qu'il décrit et qu'il vit de l'intérieur ?
Quel courage! Il fallait des tripes fichtrement bien accrochées pour endurer pareilles conditions de vie!
La photo de l'Hartmannsweilerkof est pour moi saisissante!!! Pour un peu, on verrait presque surgir un "boche" de derrière un de ces troncs d'arbres...froid dans le dos...BRRRrrrrrrrrr
Le moindre commentaire est le bienvenu! [:le gaillard:3]
A bientôt,
Marc
-------------------------------------------
25/4/16
Madame,
Comme vous avez beaucoup contribué à me procurer un autel portatif, je me fais un plaisir de vous envoyer une petite photo, souvenir d'une messe en plein air un dimanche à l'Hartmannsweilerkof en février, à 3 ou 400 mètres des boches, au milieu d'un cimetière, et dans la neige. Je suis persuadé que cela vous fera plaisir. J'ai célébré déjà plusieurs messes pour les personnes qui m'ont envoyé cet autel, entre autres à toutes les grandes fêtes comme dimanche dernier. De plus, j'en ai aussi célébré plusieurs spécialement à votre intention à un moment où je n'avais pas d'intentions de messes.
En ce moment je la célèbre tous les matins dans une petite cagnat à 60 mètres des Boches.
Nous sommes en effet en 1ère ligne depuis le dimanche des Rameaux, et ma Cie se trouve au plus mauvais coin de l'Har..., à 10 mètres des Boches par endroit, et où tombe en abondance : grenades à fusil, obus et torpilles. Déjà plusieurs blessés; séance à peu près tous les jours; hier pendant 2 heures ça été épouvantable; tous les obus de gros calibres et des grosses torpilles; les tranchées ont été nivelées par endroits, des cagnats défoncées, etc...; et cependant malgré cette dépense énorme de munitions pas un seul blessé dans tout le bataillon, alors que parfois quelques marmites arrivent à faire plusieurs morts et blessés. Nous avons des sapes solides dans lesquelles on descend parfois avec une échelle, et qui ont 4 ou 5 mètres de roches et de terre dessus. Elles ont 1 mètre environ de largeur seulement; les torpilles n'y peuvent rien sinon de boucher l'entrée ainsi qu'il est déjà arrivé plusieurs fois.
Aujourd'hui, nous avons un peu de beau temps, mais voici 8 jours que nous avons passés dans l'eau, pluie et neige tous les jours, ce qui n'arrête pas le travail de jour et de nuit, et de coucher ensuite dans des cagnats pleines d'eau; avec le froid c'est vraiment pénible et il y a eu déjà encore des cas de pieds gelés.
L'emplacement que représente la photo est un des moins abîmés de l'Hartmann.
Depuis février, les obus tombent beaucoup plus, et les arbres entiers y deviennent très rares. Sur plusieurs kilomètres, tous sont parterre ou tronqués, surtout au sommet.
Je vais toujours bien, et j'ai même meilleure façon qu'autrefois.
J'espère que vous êtes de même ainsi que toute votre famille.
Recevez, Madame, l'expression de mes sentiments reconnaissants,
H. Ponsard
au 15e Chass. à pied
6e Cie s.p. 190
FACE AVANT DE LA PHOTO =

FACE ARRIERE DE LA PHOTO =

Je vous livre ici un témoignage d'un soldat (H.Ponsard) curé au 15ème Chasseurs à Pied daté de 1916 que j'ai retrouvé dans des archives privées.
En espérant que cela puisse en intéresser certains parmi vous, je vous souhaite bonne lecture! Quelqu'un connaît-il ce soldat ? Son histoire ?
Je trouve que la portée de ce témoignage est immense : comment ce Monsieur Ponsard arrive-t-il à "se trouver de meilleure façon" en dépit de l'enfer qu'il décrit et qu'il vit de l'intérieur ?
Quel courage! Il fallait des tripes fichtrement bien accrochées pour endurer pareilles conditions de vie!
La photo de l'Hartmannsweilerkof est pour moi saisissante!!! Pour un peu, on verrait presque surgir un "boche" de derrière un de ces troncs d'arbres...froid dans le dos...BRRRrrrrrrrrr

Le moindre commentaire est le bienvenu! [:le gaillard:3]
A bientôt,
Marc
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25/4/16
Madame,
Comme vous avez beaucoup contribué à me procurer un autel portatif, je me fais un plaisir de vous envoyer une petite photo, souvenir d'une messe en plein air un dimanche à l'Hartmannsweilerkof en février, à 3 ou 400 mètres des boches, au milieu d'un cimetière, et dans la neige. Je suis persuadé que cela vous fera plaisir. J'ai célébré déjà plusieurs messes pour les personnes qui m'ont envoyé cet autel, entre autres à toutes les grandes fêtes comme dimanche dernier. De plus, j'en ai aussi célébré plusieurs spécialement à votre intention à un moment où je n'avais pas d'intentions de messes.
En ce moment je la célèbre tous les matins dans une petite cagnat à 60 mètres des Boches.
Nous sommes en effet en 1ère ligne depuis le dimanche des Rameaux, et ma Cie se trouve au plus mauvais coin de l'Har..., à 10 mètres des Boches par endroit, et où tombe en abondance : grenades à fusil, obus et torpilles. Déjà plusieurs blessés; séance à peu près tous les jours; hier pendant 2 heures ça été épouvantable; tous les obus de gros calibres et des grosses torpilles; les tranchées ont été nivelées par endroits, des cagnats défoncées, etc...; et cependant malgré cette dépense énorme de munitions pas un seul blessé dans tout le bataillon, alors que parfois quelques marmites arrivent à faire plusieurs morts et blessés. Nous avons des sapes solides dans lesquelles on descend parfois avec une échelle, et qui ont 4 ou 5 mètres de roches et de terre dessus. Elles ont 1 mètre environ de largeur seulement; les torpilles n'y peuvent rien sinon de boucher l'entrée ainsi qu'il est déjà arrivé plusieurs fois.
Aujourd'hui, nous avons un peu de beau temps, mais voici 8 jours que nous avons passés dans l'eau, pluie et neige tous les jours, ce qui n'arrête pas le travail de jour et de nuit, et de coucher ensuite dans des cagnats pleines d'eau; avec le froid c'est vraiment pénible et il y a eu déjà encore des cas de pieds gelés.
L'emplacement que représente la photo est un des moins abîmés de l'Hartmann.
Depuis février, les obus tombent beaucoup plus, et les arbres entiers y deviennent très rares. Sur plusieurs kilomètres, tous sont parterre ou tronqués, surtout au sommet.
Je vais toujours bien, et j'ai même meilleure façon qu'autrefois.
J'espère que vous êtes de même ainsi que toute votre famille.
Recevez, Madame, l'expression de mes sentiments reconnaissants,
H. Ponsard
au 15e Chass. à pied
6e Cie s.p. 190
FACE AVANT DE LA PHOTO =

FACE ARRIERE DE LA PHOTO =

