Re: Des betteraves fantômes
Publié : ven. oct. 19, 2007 12:28 am
Bonjour à tous,
Je suis en pleine lecture d'"En campagne" 1914-1915, Impressions d'un officier de légère de Marcel Dupont.
Ormis une description de Reims en octobre 1914 , très intéressante, je ne peux résister à vous faire partager ce passage qui me rappelle une situation similaire sur le plateau de Confrécourt à cette même époque .
Les chasseurs à cheval sont désormais dans les tranchées et voici ce que raconte le lieutenant Dupont en novembre 1914 près de Bixschoote (Flandres belges).
"La lune maintenant brille d'un éclat incomparable et le brouillard au lieu d'en atténuer la clarté, semble, au contraire, la rendre plus complète et plus troublante. Les êtres prennent des formes bizarres et la taille des choses se trouve modifiée, agrandie. Nos yeux éblouis sont l'objet d'une sorte d'hallucination déprimante; les plus petits objets prennent des proportions effrayantes et il suffit que la moindre brise agite les feuillages du champ de betteraves qui s'étend devant nous pour que nous nous figurions voir s'élancer une ligne de tirailleurs. J'ai toute les peines du monde à empêcher mes hommes de commencer le feu.[...]La même prudence n'est pas observée partout car, par instant, on voit la ligne des tranchées s'illuminer brusquement sur un point où, pendant quelques secondes, la fusillade crépite inutilement. Puis tout retombe dans l'obscurité et l'immobilité."
Bon, les betteraves qui ne sont pas ramassées "montent en graine" ; nul doute que ceux d'en face aussi ont dû avoir des vapeurs... Il me semble que cela a continué les automnes suivants car les graines sont tombées en terre, ont germé et cette fois-ci au petit bonheur formaient des groupes disséminés dans le nomansland retourné par les obus.
Nicolas Offenstadt a fait un jour un brillant exposé sur les bruits de la bataille. Nul doute qu'une étude sur les visions nocturnes s'impose...
Je dédie évidemment cet extrait à J-L Pamart qui doit être aussi dans la betterave en ce moment...
Cordialement,
Ferns
Je suis en pleine lecture d'"En campagne" 1914-1915, Impressions d'un officier de légère de Marcel Dupont.
Ormis une description de Reims en octobre 1914 , très intéressante, je ne peux résister à vous faire partager ce passage qui me rappelle une situation similaire sur le plateau de Confrécourt à cette même époque .
Les chasseurs à cheval sont désormais dans les tranchées et voici ce que raconte le lieutenant Dupont en novembre 1914 près de Bixschoote (Flandres belges).

Bon, les betteraves qui ne sont pas ramassées "montent en graine" ; nul doute que ceux d'en face aussi ont dû avoir des vapeurs... Il me semble que cela a continué les automnes suivants car les graines sont tombées en terre, ont germé et cette fois-ci au petit bonheur formaient des groupes disséminés dans le nomansland retourné par les obus.
Nicolas Offenstadt a fait un jour un brillant exposé sur les bruits de la bataille. Nul doute qu'une étude sur les visions nocturnes s'impose...

Cordialement,
